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Mediapart, le site qui fait trembler les politiques français

lundi 8 avril 2013 (Date de rédaction antérieure : 8 avril 2013).

http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRPAE93709C20130408?sp=true

lundi 8 avril 2013 19h51

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - Signe d’une soudaine notoriété internationale, Mediapart, le journal en ligne qui a fait tomber le ministre socialiste français du Budget Jérôme Cahuzac, est assailli d’appels et de demandes de visites de grands médias internationaux.

Lundi, c’est une équipe de la BBC qui s’est installée au milieu de la salle de rédaction pour interviewer son directeur-fondateur, Edwy Plenel, au premier étage d’un immeuble moderne aux fenêtres dissimulées par des moucharabiehs d’acier, dans un passage discret du 12e arrondissement de Paris.

"Je pense que c’est un début, avec M. Cahuzac", confie en anglais avec gourmandise l’ancien directeur de la rédaction du Monde, cheveux noirs malgré ses 60 ans et moustache fournie.

Seul autre signe du séisme déclenché par l’affaire Jérôme Cahuzac, qui a admis la détention d’un compte clandestin à l’étranger révélé par Mediapart en décembre dernier : la nervosité de membres de la rédaction indignés par la "une" de Libération mettant en cause le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, sur la base de rumeurs d’enquête de Mediapart.

Le sujet est jugé si grave que le journaliste de Reuters, invité à la conférence de rédaction, est prié de sortir.

"Il y a une ambiance particulière depuis une semaine", explique plus tard Christophe Gueugneau, animateur de cette réunion. "Nos conférences de rédaction ne sont plus vraiment normales. Avec l’explosion de l’affaire Cahuzac, Mediapart a été du jour au lendemain sous les feux de la rampe."

Les médias internationaux ne sont pas seuls à s’intéresser à ce site internet par lequel le scandale arrive. La rédaction est assaillie d’informations farfelues. "Nous avons toutes sortes de fous qui viennent nous voir", souligne Christophe Gueugneau.

La rançon de la gloire pour ce journal en ligne auquel peu croyaient quand Edwy Plenel et trois autres journalistes l’ont lancé en 2008 et qui, depuis, fait trembler la classe politique.

OBJECTIF 100.000 ABONNÉS

Aujourd’hui, Mediapart emploie 45 personnes dont une trentaine de journalistes, revendique 65.000 abonnés payants et près de 1,6 million visiteurs uniques par an.

Le site a équilibré ses comptes en 2010 et a été bénéficiaire en 2011 (570.000 euros) et en 2012 (700.000 euros) pour un chiffre d’affaires de six millions d’euros.

"Pour moi, il faudra qu’on soit à 100.000 abonnés pour que notre indépendance soit solide, pour qu’on soit vraiment à l’abri de tout coup du sort", estime cependant Edwy Plenel.

Selon lui, le site enregistre depuis l’éclatement de l’affaire Cahuzac plus d’un millier de nouveaux abonnés par jour, au lieu d’une centaine.

Une accélération que Mediapart a déjà connue lors des révélations qui ont conduit à la mise en cause de l’ancien ministre UMP du Budget Eric Woerth dans l’affaire Bettencourt.

Le 6 juin 2010, le site avait dévoilé des enregistrements effectués clandestinement par le majordome de la milliardaire Liliane Bettencourt mettant en lumière ses relations avec celui qui était aussi le trésorier de l’UMP et un proche de Nicolas Sarkozy, mis en examen dans un des volets de cette saga.

Edwy Plenel, qui revendique son passé de militant trotskiste, s’est fait un nom dans le journalisme d’investigation au Monde. Notamment par ses enquêtes sur la cellule antiterroriste de l’Elysée sous la présidence de François Mitterrand et sur le sabordage du navire amiral de Greenpeace, le Rainbow Warrior, par les services secrets français, en 1985, en Nouvelle-Zélande.

"UN JOURNAL COMPLET"

Ses méthodes parfois contestées, son long règne à la tête de la rédaction du Monde entre 1994 et 2005 et la poursuite de sa chasse aux turpitudes de la classe politique française lui ont valu de solides inimitiés, voire de véritables haines, y compris au sein de la presse et de son ancien journal .

"Pour moi, ça a toujours été mystérieux. Je pense que cette focalisation sur ma personne, alors que je pense ne faire qu’un travail de journaliste normal, est un symptôme des faiblesses du journalisme français", dit-il.

Il se défend de vouloir faire de Mediapart un "Canard enchaîné quotidien" - allusion à l’hebdomadaire satirique dont la chasse aux scandales politiques est le fond de commerce.

"Mediapart se veut un journal complet et traite du débat d’idées, des enjeux économiques, des affaires internationales", explique Edwy Plenel. "Ce que je défends, c’est une vision très classique du journalisme."

"Cela veut dire que nous devons être capables de publier des informations qui dérangent, y compris nos convictions et nos lecteurs. Ça ne devrait pas être un problème", ajoute-t-il.

Edité par Yves Clarisse

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