VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > Georges Moustaki est mort (vidéos 3’02 ; 2’22 ; 3’12 ; 4’32)

Georges Moustaki est mort (vidéos 3’02 ; 2’22 ; 3’12 ; 4’32)

jeudi 23 mai 2013, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 23 mai 2013).

http://www.assawra.info/spip.php?article3398

Sans la nommer

Cliquer sur l’image pour écouter la vidéo.

Georges Moustaki est mort le 23 mai 2013 à l’âge de 79 ans d’un emphysème, une maladie incurable des alvéoles pulmonaires

Georges Moustaki (né le 3 mai 1934 à Alexandrie, mort le 23 mai 2013 à Nice), de son vrai nom Giuseppe (Iosif en grec, Youssef -état-civil égyptien-, Joseph en français) Mustacchi, était un auteur-compositeur-interprète français d’origine grecque.

Né à Alexandrie, en Égypte, de parents juifs grecs de langue judeo-italienne originaires de l’île de Corfou, il grandit dans un environnement multiculturel (juif, grec, turc, italien, arabe, français) et se passionne vite pour la littérature et la chanson française.

Venu à Paris en 1951, il exerce la profession de journaliste, puis de barman dans un piano-bar, ce qui l’amène à fréquenter des personnalités du monde musical de l’époque. Il entend ainsi Georges Brassens se produire un soir, et c’est pour lui une révélation. Il n’aura de cesse par la suite de faire référence à son maître, allant jusqu’à adopter son prénom. En 1958, il rencontre Édith Piaf, pour laquelle il écrira une de ses chansons les plus connues, Milord. Il aura avec elle une relation fougueuse, mais courte. Tout au long des années 1960, il se positionne comme un compositeur parolier pour les grands noms de la chanson française comme Yves Montand, Barbara et surtout Serge Reggiani. Il crée alors des chansons qui resteront parmi ses plus grands succès : Sarah, Ma solitude, Joseph et Ma liberté ou encore La Longue Dame brune qu’il interprète alors en duo avec Barbara. Sa devise est « l’homme descend du songe ».

En 1968, artiste engagé au moment des événements de mai 68, il écrit, compose et interprète Le Métèque, une ballade romantique qui parle d’un étranger un peu éthéré, doux rêveur, sans attache. C’est un grand succès international qui marque un nouveau début de sa carrière d’artiste. En janvier 1970, il fait son premier grand concert en vedette à Bobino. On découvre alors un artiste qui privilégie une ambiance chaleureuse, de proximité avec son public. Il est aussi proche des mouvements trotskistes comme le montre sa chanson Sans la nommer où il personnifie la révolution permanente, une des théories principales de Trotski.

Pendant les trois décennies suivantes, il parcourt le monde pour se produire, mais surtout pour trouver de nouvelles inspirations. Il a une fille, Pia, née en 1954 de son union avec Yannick, seule femme qu’il ait épousée.

En 2010, le premier Prix Georges-Moustaki de l’album autoproduit et/ou indépendant est créé par Thierry Cadet et Matthias Vincenot. Il sera remporté par Melissmell (2011), Vendeurs d’Enclumes (2012) et Askehoug (2013). « Ce Prix Georges-Moustaki me fait honneur par la qualité des artistes qui ont présenté leur candidature et par sa vocation de récompenser un album autoproduit ; c’est-à-dire réalisé en toute liberté et en toute indépendance. Je remercie tous ceux qui ont rendu cette aventure possible et le public qui participe à cette célébration. Je suis en phase avec les deux jeunes gens qui s’en occupent. J’avais quelques réticences à m’embringuer là-dedans, mais ils sont terriblement sympathiques, et ils savent ce qu’ils font. Ce sont des gens que j’estime beaucoup. J’ai eu envie de les suivre. Je vois ce qu’ils font tout au long de l’année. On est dans la même cour » déclarera-t-il au magazine Platine.

Le 8 janvier 2009, Georges Moustaki monte sur scène, à Barcelone, et explique au public que ses problèmes respiratoires ne lui permettent pas d’assurer le concert. Le 14 octobre 2011, le chanteur annonce à la presse qu’il est définitivement incapable de chanter.

Lors de l’élection présidentielle 2012, il donne son soutien au candidat du NPA Philippe Poutou.

(23-05-2013 - Avec les agences de presse)


Le métèque

Cliquer sur l’image pour voir la vidéo.


La marche de Sacco et Vanzetti

Cliquer sur l’image pour voir la vidéo.

Révolution Permanente

Bonjour bonsoir la nuit,

1° aout 1981

Cliquer sur l’image pour voir la vidéo.


Moustaki par Libération 23 mai 2013 Louise Molière

Cliquer sur l’image pour voir la vidéo.

1 Message

  • Moustaki, l’ami Georges

    http://next.liberation.fr/musique/2…

    23 mai 2013 à 20:36
    Par RENÉ SOLIS

    Disparition. Né à Alexandrie, disciple de Brassens, parolier pour Piaf, Barbara et Reggiani : l’auteur du « Métèque », pâtre grec épicurien, est mort hier à 79 ans.

    Dans le duplex de l’île Saint-Louis (Paris IVe), la poussière s’accumulait depuis longtemps sur les guitares. Les problèmes respiratoires des dernières années n’avaient rien arrangé, mais le maître des lieux n’avait de toute façon jamais été un acharné du boulot. Grand seigneur bohème, fainéant heureux, proche des cossards tendrement décrits par son compatriote Albert Cossery, Georges Moustaki n’avait aucun compte à régler avec le monde.

    La scène se déroule à Paris, en 1967. Georges Moustaki passe alors plusieurs heures par jour vautré sur le divan de Barbara, chez qui il vient regarder la télévision. « Elle m’a menacé de faire disparaître le poste si je ne lui écrivais pas une chanson. Je lui ai fait la Longue Dame brune, ça m’a pris une heure. » (1) Pas sûr que Milord lui ait demandé beaucoup plus de temps. C’était en 1959, peu avant la fin de son histoire d’amour avec Edith Piaf. Il avait griffonné un brouillon de la chanson. Un soir, la chanteuse place la feuille chiffonnée à côté de la machine à écrire du jeune homme. Une commande, en somme. De Gréco (Ma Fille bonjour) à Henri Salvador (Il n’y a plus d’amandes) en passant par Dalida (la Fille aux pieds nus) ou Nicoletta (Rien n’a changé), ils sont ainsi quelques-uns qui n’ont pas eu à regretter d’avoir soutiré à Moustaki une heure de son temps. A ce jeu, Serge Reggiani n’est pas le plus mal loti : Ma Liberté, Ma Solitude, Sarah, Votre fille a 20 ans… rien que des titres gravés dans des millions de mémoires.

    Cabarets. Dilettante, le mot ne faisait pas peur à celui qu’à peu près toute la presse, à l’époque de sa liaison avec Piaf, surnommait « le gigolo ». Il a 24 ans alors, et elle, 47. Il en avait 17 quand il a débarqué à Paris, en 1951, de son Alexandrie natale. Juifs venus de Grèce, Nessim et Sarah Mustacchi, les parents, y tiennent une librairie. Grand séducteur, Nessim embarque volontiers les clientes « visiter le sous-sol où il n’y avait que des livres pour enfants et une petite chambre à coucher » (1). Un exemple paternel que Giuseppe Mustacchi (Youssef pour l’état civil égyptien), qui francise son nom peu après son arrivée en France, n’aura de cesse de suivre toute sa vie.

    Le jeune homme aime la fête mais est plutôt timide. Il écrit volontiers, vivote (barman, pianiste). Il apprend. Auprès de Brassens, premier et seul « maître » revendiqué, au point de lui « emprunter » son prénom. Et dans les cabarets « rive gauche » où, de Trois Baudets en Rose rouge et de Colombe en Echelle de Jacob, il rencontre Vian, Ferré, Trenet, Montand, Mouloudji, Brel et tous les autres. Le jeune Alexandrin ne s’y pousse pas du col, toujours réticent à interpréter ses propres textes, peu sûr d’une voix à l’amplitude limitée (ce qui lui vaudra plus tard le délicat qualificatif de « mou chantant »). Un « métèque » séducteur et timide qui écrit des chansons pour les autres : Moustaki est bien à cet égard frère de Gainsbourg, son double « gentil », moins tourmenté. Mais pas forcément moins radical. En avance sur son temps lui aussi. De 1968, Moustaki n’est pas un héritier mais un précurseur. Barbe et cheveux longs, non-violence, liberté sexuelle, le « pâtre grec » n’a pas attendu le mouvement de masse pour être en rupture. Mais c’est presque par hasard qu’il se retrouve en 1969 icône de son époque en tête du hit-parade. C’est parce que Reggiani a décidé de ne pas interpréter le Métèque, d’ailleurs créé sur scène par Pia Colombo, qu’il s’y est collé. Il n’a que 35 ans, mais déjà une figure sans âge, de « juif errant » au cuir tanné, « au soleil de tous les étés » et à la barbe blanchie.

    Sur le même disque, un autre titre donne une bonne idée de l’envergure du bonhomme : Gaspard, mise en musique exemplaire du poème de Verlaine, autre portrait de « métèque », version douleur profonde : « Je suis venu, calme orphelin,/ Riche de mes seuls yeux tranquilles,/ Vers les hommes des grandes villes :/ Ils ne m’ont pas trouvé malin […]. Suis-je né trop tôt ou trop tard ?/ Qu’est-ce que je fais en ce monde ? /Ô vous tous, ma peine est profonde : /Priez pour le pauvre Gaspard ! »

    Fort du succès, il enchaîne alors, au long des années 70, disques et concerts. Et voyage, beaucoup, notamment du côté du Brésil (cf. l’adaptation de Aguas de Março, de Tom Jobim, devenue les Eaux de mars en 1973). Mais l’accélération est relative. Une seule escapade, par exemple, pour jouer au cinéma, en 1971, dans l’adaptation de Mendiants et orgueilleux, le roman de Cossery, avec lequel il coécrit le scénario. Il préfère largement amener les filles en promenade sur sa moto, et ne se trompe ni sur la monture - ces dernières années, une Norton Dominator 600cc - ni sur la passagère. « Chacune me laisse un sentiment de gratitude pour le plaisir toujours unique », disait-il en 2000 (1).

    Aucune soif de reconnaissance, assez d’argent pour vivre confortablement et dépanner les amis : les défis que se lance Moustaki sont d’ordre strictement personnel. Ainsi quand il décide d’apprendre l’hébreu en trois mois, suite à un pari avec Paco Ibañez. Ou qu’il devient joueur de ping-pong classé après avoir perdu un match contre Henry Miller. Ou encore lorsqu’il apprend les échecs rien que pour le plaisir de battre un voisin de l’île Saint-Louis. Même discrétion du côté de l’engagement politique, à l’extrême gauche, fidèle et sans ostentation. Jusqu’à la campagne présidentielle de 2012 où il choisit de soutenir Philippe Poutou, le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste, qu’il trouve « attendrissant » mais dont il partage bien les « revendications radicales et justes ».

    « Exquis ». En janvier 2009, il avait dû annuler un concert à Barcelone en raison de son emphysème, et avait depuis renoncé à toute prestation en public. Hospitalisé dans les environs de Nice ces dernières semaines, des tuyaux dans la gorge, il avait déclaré dans une interview à Nice-Matin en février n’avoir qu’un seul regret : ne plus pouvoir chanter dans sa salle de bains.

    Dans la foule des hommages, celui signé Juliette Gréco (sur RTL), les résume tous : « C’était un homme absolument exquis, un homme bien élevé, c’était un homme raffiné, c’était un homme élégant qui avait une douceur infinie - et puis le talent. »

    A Alexandrie, la librairie paternelle s’appelait « la Cité du livre ». C’est aujourd’hui un magasin de porcelaine. Dans l’île Saint-Louis, une autre librairie est installée au rez-de-chaussée de l’immeuble où Georges Moustaki a vécu durant plus de cinquante ans. Elle porte l’enseigne d’« Ulysse ». Le voyage fut heureux.

    (1) Citations extraites du portrait de Der paru dans « Libération » du 8 juillet 2000.

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0