VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > Les néocons de la gauche

Les néocons de la gauche

vendredi 14 juin 2013, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 14 juin 2013).

L’œuvre de Marx contient 3 composantes : la philosophie, la critique du capitalisme et le développement du socialisme scientifique. Ou encore, comme il le disait lui-même, la philosophie et l’économie politique.

Ce qui me fait retenir Marx est le fait que le dogme de base de sa philosophie est un dogme scientifique, le travail. Mais pas n’importe quel travail, pour Marx, l’être humain est capable, ici maintenant et consciemment, de se fixer des buts et de travailler à leur réalisation. Ainsi, l’être humain est capable de forger consciemment son avenir. Cette capacité à un nom : la transcendance.

De plus, quand le fruit de son travail ne lui profite pas, un être humain est forcément aliéné :

"De même que, dans la religion, l’activité propre de l’imagination humaine, du cerveau humain et du cœur humain, agit sur l’individu indépendamment de lui, c’est-à-dire comme une activité étrangère divine ou diabolique, de même l’activité de l’ouvrier n’est pas son activité propre. Elle appartient à un autre, elle est la perte de soi-même.

On en vient donc à ce résultat que l’homme (l’ouvrier) ne se sent plus librement actif que dans ses fonctions animales, manger, boire et procréer, tout au plus encore dans l’habitation, qu’animal. Le bestial devient l’humain et l’humain devient le bestial.

Manger, boire et procréer, etc., sont certes aussi des fonctions authentiquement humaines. Mais, séparées abstraitement du reste du champ des activités humaines et devenues ainsi la fin dernière et unique, elles sont bestiales."

Cette similitude entre la religion et le capitalisme n’est pas fortuite, car l’histoire des religions nous montre que l’exploitation de la nature et de l’homme par l’homme apparaît avec les religions organisées propres aux peuples de guerriers, ceci au début de l’antiquité. Le capitalisme n’est que la dernière version à la mode d’une forme de société basé sur l’exploitation généralisée de la nature et de l’homme, forme de société qui a toujours utilisé la guerre organisée pour se développer.

Critique du marxisme

Dans La conception matérialiste de l’histoire de Gheorgi Plekhanov, nous pouvons lire :

"Marx va plus loin. Il demande quelles sont les causes déterminan­tes de la société civile, et il répond que c’est dans l’économie politique qu’il faut chercher l’anatomie de la société civile. Ainsi c’est l’état économique d’un peuple qui détermine son état social, et l’état social d’un peuple détermine à son tour son état po­litique, religieux et ainsi de suite. Mais, demanderez-vous, l’état économique n’est pas sans cause non plus ? Sans doute, comme toutes choses ici-bas, il a sa cause à lui, et cette cause, cause fondamentale de toute l’évolution sociale et partant de tout mouve­ment historique, c’est la lutte que l’homme mène avec la nature pour son existence. "

La dernière partie de ces affirmations contient une erreur fondamentale. La cause fondamentale de toute évolution sociale et partant de tout mouvement historique n’est pas la lutte de l’homme avec la nature pour son existence mais son rapport avec la nature. Cela est fondamental car un rapport peut être basé sur autre chose qu’une lutte, par exemple et dans ce cas sur la conscience de faire partie de la nature, d’en être dépendant et par conséquent sur la nécessité de devoir respecter notre seule source de vie.

Comme nous allons le voir, réduire le rapport de l’homme avec son environnement est une vision ethnocentrique propre à la représentation occidentale du monde.

Pendant des centaines de milliers d’années, que ce soit avec les sociétés animistes de chasseurs puis plus tard avec celles d’agriculteurs et leurs religions de fécondation, l’homme a vécu en harmonie avec la nature car il la respectait. De plus, des choses comme le commerce, la guerre organisée et l’exploitation des uns par les autres n’existent pas dans ces deux formes de sociétés. L’homme n’est pas en lutte contre la nature, il est conscient d’en faire partie et d’en être dépendant. C’est (toujours) sa seule source de vie.

Comme les indiens d’Amérique du nord nous l’ont fait remarquer, eux qui voyaient des colons puritains les massacrer et massacrer les bisons et qui dirent à ces colons, alors qu’ils n’avaient pourtant jamais lu Plekhanov, un être humain qui ne respecte pas son environnement est incapable de respecter ses semblables.

J’ai même la naïveté de croire qu’aujourd’hui, avec notre niveau technologique et un rapport avec la nature basé sur son respect, il serait possible de développer l’âge d’or de l’humanité sur cette planète. Où je sais que cette naïveté est utopique, c’est quand je vois tous les parents, qui au lieu de tenir leurs enfants par la main pour les accompagner à l’école, utilisent pour cela des véhicules qui polluent l’air des autres. Et l’air des autres est aussi l’air de leurs enfants. Voilà la notion du respect de la chair de leur chair qu’ont nombre de parents après des millénaires d’exploitation de la nature et de l’homme par l’homme et deux siècles d’industrialisation.

C’est exemple de la voiture et de nos enfants est le meilleur exemple que je connaisse du lien hiérarchique entre respect de la nature et respect des autres. Les indiens d’Amérique du nord, qui n’avaient jamais lu Marx, rajoutèrent : « Vous ne comprendrez que l’argent ne se mange pas que le jour où il ne restera rien d’autres », et ce n’est pas ce qui se passe aujourd’hui quand les capitalistes de toute la planète délocalisent leurs usines là où la protection de l’environnement et celle des travailleurs avoisinent le zéro absolu qui leur donnera tort, bien au contraire. Chez nous on bétonne les Alpes, chez les pauvres, on les fait crever à la tâche et on rend leur environnement impropre à la vie, cela juste pour produire les biens de consommation qui inondent nos supermarchés. Et ici, les seuls qui ont encore le choix achètent ces produits de la mort.

La formulation de Plékhanov est un dogme, un parti pris qui ne correspond qu’à la réalité des peuples de guerriers mais ni à celle des peuples de chasseurs ni à celle des peuples d’agriculteurs, lesquels et contrairement à nous vivaient en harmonie avec la nature. Cette harmonie ne les a pas empêchés d’évoluer pour nous donner d’abord l’agriculture et ensuite la guerre organisée. Ce dernier pas dans l’évolution de l’homme a renversé non seulement les rapports humains mais aussi le rapport de l’homme avec la nature.

Cette évolution prend tout son sens quand nous regardons les dogmes des religions qui sont apparues avec les peuples de guerriers de l’antiquité. Ces dogmes, dans toutes les religions organisées (cette dénomination est de James W. Prescott, un des plus grands psychologues de la deuxième moitié du XX siècle), commencent par attribuer des qualités surnaturelles aux choses : bien, mal, yin, yang, … Cette attribution de caractéristiques surnaturelles touche l’essence même des choses et elle sert ainsi de caution morale à la plus grande arnaque intellectuelle de tous les temps : la création de deux hiérarchies basées sur ces caractéristiques surnaturelles.

La première de ces hiérarchies est établie entre les dieux, les hommes et le reste de la création. C’est d’abord la caution morale de toutes les formes d’exploitation et de destruction de la nature par l’homme. C’est ensuite ce qui rend possible moralement la deuxième hiérarchie.

La deuxième hiérarchie est établie entre les hommes, certains se retrouvent ainsi plus près des dieux que les autres, ou plus égaux que les autres, ou plus riches que les autres. C’est la justification morale de l’exploitation des uns par les autres.

Ces deux hiérarchies servent de base morale à ce que nous appelons une civilisation. Cette base morale est une double exploitation, il s’agit d’abord de fixer la base du rapport de l’homme avec la nature comme un rapport d’exploitation afin de pouvoir exploiter la nature et afin de pouvoir introduire et justifier le même rapport d’exploitation comme base morale des rapports humains.

La boucle est ainsi bouclée. Le rapport de l’homme avec la nature détermine l’état économique de sa société, lequel détermine son état social, et l’état social d’un peuple détermine à son tour son état po­litique et religieux. Et comme ce sont les dogmes politiques et religieux qui servent de caution morale au rapport de l’homme avec la nature, ainsi qu’aux rapports humains, ces dogmes servent de base à tout l’édifice humain, que ce soit l’état économique, social et politico-religieux.

Wilhelm Reich ne dit pas autre chose quand il dit que l’homme mystique (la majorité des gens sur terre) est sensible à la mystique des religions, mysticisme qui encombre le mode de pensée de nos sociétés depuis des millénaires, et qui transforme l’être humain en une créature frustrée incapable de profiter des plaisirs de la vie, et par voie de conséquence, incapable d’être rationnelle. L’homme ne retrouvera sa liberté que le jour ou il retrouvera son indépendance et son auto-détermination sexuelle. Cela implique aussi que l’homme doit retrouver sa place qui est celle d’une créature qui fait partie de la nature et qui en est dépendante (la nature est toujours notre seule source de vie). A partir de la consciente de cette place, l’homme doit respecter la nature de façon inconditionnelle s’il entend rester à sa place.

James W. Prescott ne dit pas autre chose quand il démontre que les cause de la violence chez l’être humain adulte sont au nombre de trois :

La privation sensorielle des nouveaux-nés. Ceux-ci ont besoin que leurs parents leur donnent des preuves physiques de l’amour qu’ils éprouvent pour eux : des bisous, des câlins, des etreintes, des massages, des jeux avec des contacts physiques, etc.

Le manque de tolérance envers la sexualité pré-maritale. La sexualité des ados est leur sexualité, c’est à eux entre eux de la découvrir, et tout comme un pédophile n’a pas à leur montrer une sexualité d’adulte, les parents ne doivent pas interférer.

Les tabous que les religions organisées véhiculent dans la société et qui sont la cause directe des deux causes précédentes de la violence des adultes.

Il y a une différence fondamentale entre la violence d’une activité comme la chasse chez les peuples de chasseur, violence qui est bénéfique à l’ensemble de la société, et la violence d’une activité comme la guerre organisée ou le tabassage de son conjoint chez les peuples de guerriers, violence qui n’est bénéfique qu’à une petite minorité de la société. La première forme de violence est rationnelle et bénéfique pour la société. La deuxième forme de violence est irrationnelle, elle est le résultat de l’accumulation de frustrations, accumulation qui transforme les sentiments en ressentiments, ce qui ouvre la porte à toutes les formes irrationnelles de violences. Elle conduit la société ou le couple qui la subit à sa perte.

Le rapport de tout ça avec le marxisme ? J’y viens.

Nous savons que l’être humain est l’espèce dominante sur cette planète depuis des milliers d’années, et que par conséquent il n’a pas besoin de lutter avec la nature pour sa survie. Réduire le rapport de l’homme avec la nature à une lutte est donc bel et bien poser un dogme sans signification scientifique et qui donc ne peut être que superstitieux et pseudo-religieux.

Poser le respect de la nature comme principe de base du rapport de l’homme avec la nature permettrait de développer un autre état économique de la société. Ne pas le faire équivaudra à développer une version de plus du système d’exploitation de la nature par l’homme, et à partir de là, de l’homme par l’homme, qui nous pourrit la vie depuis l’antiquité. Ceci est pour moi l’erreur fondamentale des marxistes, lesquels pour la plupart, croient qu’il serait possible de développer un système économique durable qui permette de subvenir à tous les besoins humains sans subordonner ce système économique à la satisfaction des besoins de la nature, notre seule source de vie.

Les marxistes sont en train de commettre la même erreur avec l’écologie que celle qu’ils ont commise avec le fascisme dans les années 30. Et comme le fascisme s’est développé et internationalisé pendant les années 30, les capitalistes aujourd’hui sont en train de récupérer et d’internationaliser l’écologie au nom des nouvelles technologies : les nouvelles technologies vont résoudre les problèmes causés par les anciennes. Nous savons tous que c’est faux, la seule chose qui intéresse ces gens-là (les capitalistes) est de consolider leurs bénéfices et l’écologie n’est pour eux que du marketing pour vendre leurs produits. Leur conceptions de l’écologie ne fait que rajouter de nouvelles sources d’épuisement des ressources non renouvelables et de pollution à celles existantes. Ce qui ne changera jamais notre rapport avec la nature, et par conséquent pas non plus notre rapport avec les autres, et encore moins notre système économique.

Revenons au texte de Plékhanov. Nous avons vu que le rapport de l’homme avec la nature est le rapport qui conditionne tous les rapports humains. Cela implique que le respect de la nature est la forme de respect qui conditionne toutes les autres formes de respect. Par conséquent, le respect de la nature et de nos semblables n’existeront que si nous posons le respect de la nature comme principe fondamental de toutes les actions humaines.

Ce texte ne saurait être complet sans parler d’anthropologie et particulièrement des travaux de Philippe Descola. Pour ce scientifique, il y a autant de forme de rapports de l’être humain avec la nature qu’il y a de formes de société.

Philippe Descola utilise les concepts d’intériorité et de physicalité pour établir 4 grandes familles ou ontologies de sociétés humaines :

L’animisme dans lequel les non-humains ont les mêmes attributs d’intériorité que les humains, mais se distinguent par leurs caractères physiques.

Le totémisme où il y a des continuités morales et physiques entre des humains et des non-humains, ainsi qu’une discontinuité massive avec un autre groupe d’humains et de non-humains qui présentaient, entre eux, des continuités.

L’analogisme où il n’y a que des discontinuités entre les qualités physiques et morales des objets du monde.

Le naturalisme où les non-humains ont les mêmes attributs de physicalité que les humains, mais se distinguent par leurs caractères moraux.

Une ontologie est à la fois une représentation du monde et un système de société. L’animisme est l’ontologie, par exemple, des peuples de la forêt amazonienne. Son contraire, le naturalisme, est l’ ontologie occidentale moderne. Nous pouvons trouver le totémisme chez les peuples aborigènes d’Australie. Quand à l’analogisme, il se retrouve en occident de la Grèce antique à la Renaissance, ainsi qu’en Chine encore aujourd’hui.

Voir sur ce sujet une conférence de Philippe Descola, Médaille d’or du CNRS 2012 sur Daily Motion. Descolla est un américaniste, mais nous sommes assez grand pour établir les parallèles entre ses travaux et ceux d’Engels. Quand au mythe de Plekhanov, il achève de le démolir et permet de le mettre dans son contexte : celui d’une vision du monde totalement ethnocentrique.

Il n’est pas possible de se placer du point de vue de l’une de ces ontologies pour en comprendre une autre. Au contraire, pour comprendre une ontologie, il est nécessaire de se placer du point de vue de la représentation du monde propre à cette ontologie. L’ontologie d’une forme de société ne dépend pas d’un processus historique mais de quelque chose de plus fondamental, de la forme de son rapport avec la nature et de sa représentation de ce qu’est la nature. Et c’est dans ce contexte ontologique des relations entre la nature et l’être humain, et entre les hommes, que s’inscrit le processus historique d’une société. Ceci implique que le marxisme, qui est une vision du monde matérialiste et naturaliste, ne peut prétendre appréhender correctement les sociétés correspondant à d’autres ontologies que le naturalisme. Au contraire, il importe de comprendre ces différences ontologiques pour pouvoir établir les bonnes connexions entre ces différentes cultures et ultimement, entre les gens qui les composent.

Voir aussi Entretien avec Philippe Descola : autheur de Par delà nature et culture.

«  L’anthropologie répond 
à des questions fondamentales sur l’homme, les fameuses interrogations de Kant  : 
d’où venons-nous, 
que sommes-nous, que nous est-il permis d’espérer…  »

Comprendre le monde :

«  Les choses changent et sans vouloir imiter ce que d’autres sociétés ont fait ailleurs ou à d’autre époques, le fait même que d’autres sociétés aient pu les faire et que ce soit si différent de ce que nous faisons est une indication que notre futur est infiniment ouvert. »

Les néocons de la gauche

Pour comprendre le monde d’aujourd’hui, il faut revenir aux fondamentaux. L’occident domine le monde à coups de trique et de fusil depuis des siècles, et ce qui rend cette domination possible est la vision ethnocentrique et raciste du monde de l’occident. Cette vision du monde est la base morale de ce que les anthropologues appellent une ontologie, et que Plekhanov dans "La conception matérialiste de l’histoire" appelle la cause de tous les autres rapports humains.

L’ontologie occidentale contemporaine repose sur le dogme biblique de l’immuable conflit du bien et du mal. Ce dogme superstitieux est la base de notre vision du monde, et même quelqu’un comme Plekhanov n’est pas arrivé à lui échapper :

« Marx va plus loin. Il demande quelles sont les causes déterminan­tes de la société civile, et il répond que c’est dans l’économie politique qu’il faut chercher l’anatomie de la société civile. Ainsi c’est l’état économique d’un peuple qui détermine son état social, et l’état social d’un peuple détermine à son tour son état po­litique, religieux et ainsi de suite. Mais, demanderez-vous, l’état économique n’est pas sans cause non plus ? Sans doute, comme toutes choses ici-bas, il a sa cause à lui, et cette cause, cause fondamentale de toute l’évolution sociale et partant de tout mouve­ment historique, c’est la lutte que l’homme mène avec la nature pour son existence. »

Plekhanov a raison de dire que le rapport de l’homme avec la nature est la cause fondamentale de toute l’évolution sociale et partant de tout mouve­ment historique. Mais en affirmant que cette cause est une lutte, il se place dans la même perspective que la bible qui considère que ce rapport est un conflit, ou que les capitalistes qui considèrent que c’est une exploitation.

Et c’est une perspective néfaste car la première conséquence pratique de tels dogmes religieux est de permettre une hiérarchie entre les dieux (le bien), les hommes et la nature (le mal), et ainsi de séparer l’homme de son environnement. Cette hiérarchie rend à son tour possible de créer une deuxième hiérarchie entre les hommes, certains se retrouvent plus près des dieux, ou plus riche, ou plus égaux que les autres.

Pour en finir avec Plekhanov, je ne m’étonne pas que ceux qui font référence à cette citation ci-dessus sont souvent ceux qui prônent une vision néo-conservatrice de l’internationalisme qui assimile la lutte de libération du peuple palestinien désarmé avec le mouvement colonial juif, son État de l’apartheid et sa quatrième armée du monde, et qui réduit la révolution cubaine à ses seuls chefs et met sur le même pied ses instituteurs et ses médecins avec les guerres néo-coloniales de l’empire. Ces groupuscules minoritaires ne font ainsi, même s’ils s’en défendent, que prétendre que la lutte contre les états propre à l’internationalisme doit rimer avec une autre lutte, celle-ci contre les peuples. Leur programme réel est donc le même que celui des néocons de la droite : mener une lutte à mort contre tous les peuples du monde.

De plus, les anthropologues ont prouvé qu’il y a autant de formes de rapport de l’homme avec la nature que de formes de société, et qu’il est impossible de sa placer du point de vue d’une ontologie (vision du monde au sens large qui inclut le mode de vie) pour en décrire une autre. Là aussi Plekhanov à tord. En se situant dans la même vison du monde que les bourgeois, il se place dans un cadre ethnocentrique qui ne peut expliquer que le monde bourgeois et il ampute le marxisme de ce qui fait sa raison d’être : un instrument pour changer le monde en profondeur.

Le problème aujourd’hui, comme hier, si nous voulons changer le monde n’est pas de provoquer un simple changement d’ordre économique, mais de provoquer un changement ontologique. Nous devons changer le fondamental, cette cause de toutes les causes que Plekhanov identifie bien, mais dont il fait un dogme biblique.

Et de toutes les options possibles, je n’en vois qu’une qui soit porteuse d’avenir, c’est que l’être humain doit accepter sa putain de place dans la création, la Terre est notre seule source de vie, et en tant que telle notre devoir est de la respecter. Toute autre attitude relève du suicide, et ce n’est pas ce qui se passe aujourd’hui avec la pollution généralisée engendrée par notre mode de vie qui me donnera tord, bien au contraire.

Mais de cela aussi les néocons de la gauche ne nous en parleront pas. Au contraire, ils ne font que proposer d’en rajouter une couche avec leur communisme basé sur la lutte de tous contre la nature. Eux (ceux d’aujourd’hui, ceux du passé, on a vu, de Lénine à Staline, c’est la même continuité dans le totalitarisme d’un gang d’opportunistes de parti) qui n’ont jamais fait la moindre révolution, pas même une petite juste de quoi prétendre qu’ils savent de quoi ils parlent, veulent nous faire croire qu’une fois que leur vision du communisme basé sur la lutte de tous contre la nature sera advenu, tous nos problèmes, même ceux liés à l’environnement seront résolus comme par enchantement. Le Saint-Esprit serait-il communiste ? A les écouter, on pourrait le croire. - :)

Un peu de sérieux, nous devons remplacer le conflit, la lutte et l’exploitation propre à la représentation occidentale du monde par leur antidote, le respect. De la même façon, les peuples soumis aux ontologies du reste du monde (basées sur le dogme confucéen de la complémentarité du yin et du yang, complémentarité qui autorise la même hiérarchie superstitieuse entre les dieux, les hommes et la nature) doivent remplacer ces dogmes par leur antidote, le respect. Il y a encore d’autres ontologies, mais elles ne sont pas en état de dominer quoi que ce soit. De plus nous vivons en occident et sommes donc mieux placer pour changer la nôtre que celles des autres.

Le respect n’a jamais empêché de lutter. Bien au contraire il permet aussi bien de donner un but à la lutte qui soit autre chose que la lutte pour la lutte, que de favoriser la solidarité nécessaire à une lutte victorieuse.

Être solidaire implique aussi de ne pas nous laisser manipuler par ces "traceurs de voie" et autres "avant-garde éclairée" des dictatures de demain. Pour cela, il n’y a qu’une solution :

Comme le dit très bien Wilhelm Reich, nous devons prendre nos responsabilités, assumer le fait d’être les maîtres de notre destinée et être nos propres libérateurs.

Sur cette voie, notre principal ennemi est nous-même, car cela fait tellement longtemps que nous refusons de cultiver notre bonheur, que nous le laissons partir quand il se présente. En d’autres termes, il nous est plus facile de conquérir la liberté que de la garder. La révolution de Paris à donné Pétain et Laval, celle de Viennes Hitler, et celle de Moscou Lénine, Trotsky et Staline.

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0