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Jeudi 15 août 2013 23h10
Depuis son lieu de vacance sur l"île de Martha"s Vineyard, sur la côte de la Nouvelle Angleterre, Barack Obama a dénoncé jeudi les violences en Egypte, condamnant la répression exercée par l’armée à l’encontre des civils et annonçant l’annulation de manoeuvres militaires égypto-américaines prévues dans ce pays en septembre.
CHILMARK, Massachusetts (Reuters) - Barack Obama a dénoncé jeudi les violences en Egypte, condamné la répression exercée par l’armée à l’encontre des civils et annoncé l’annulation de manoeuvres militaires conjointes prévues dans ce pays en septembre.
"Les Etats-Unis condamnent avec fermeté les mesures qui ont été prises par le gouvernement intérimaire égyptien et les forces de l’ordre", a déclaré le président américain de son lieu de vacance sur l’île de Martha’s Vineyard, sur la côte de la Nouvelle Angleterre.
"Nous déplorons les violences exercées contre les civils", a-t-il ajouté. "Nous soutenons les droits universels essentiels à la dignité de l’homme, y compris le droit de manifester pacifiquement."
Barack Obama a annoncé que les Etats-Unis avaient informé l’Egypte de l’annulation des manoeuvres militaires "Bright Star", qui ont lieu tous les deux ans depuis 1981 et qui sont considérées comme un élément central des relations militaires entre Washington et Le Caire.
Ces manoeuvres, qui ont débuté après la signature en 1978 des accords de Camp David entre Israël et l’Egypte, avaient été annulées en 2011 à la suite des troubles politiques qui ont suivi l’éviction du pouvoir de l’ancien président Hosni Moubarak, un allié de Washington.
"Alors que nous voulions maintenir nos relations avec l’Egypte, notre coopération traditionnelle ne peut plus continuer comme d’habitude au moment où des civils sont tués dans les rues et où l’on revient sur leurs droits", a dit jeudi Barack Obama.
CONDAMNATION DE L’ÉTAT D’URGENCE
"Le peuple égyptien mérite mieux que ce que nous avons observé au cours des derniers jours", a-t-il continué. "Et au peuple égyptien, je dis ceci : le cycle des violences et de l’escalade doit s’arrêter."
Des centaines de partisans des Frères musulmans ont incendié un bâtiment officiel jeudi au Caire, exprimant la colère d’une partie de la population au lendemain des violences qui ont fait au moins 623 morts dans tout le pays selon le dernier bilan diffusé par le ministère de la Santé.
Barack Obama a demandé jeudi que l’état d’urgence, proclamé mercredi par les autorités égyptiennes, soit levé et qu’un processus de réconciliation nationale soit engagé. Il a aussi rappelé que les Etats-Unis ne soutenaient aucun camp en particulier.
"Nous avons été critiqués par des partisans de Morsi", a-t-il dit. "Nous avons été critiqué par l’autre camp comme si nous étions des partisans de Morsi. Ce type d’approche n’aidera en rien les Egyptiens à obtenir l’avenir qu’ils méritent."
Le département d’Etat a réitéré peu après l’opposition de Washington à l’état d’urgence, mais a également condamné l’assaut des partisans de Mohamed Morsi contre le bâtiment officiel.
"Nous allons continuer à examiner et à réétudier notre aide (à l’Egypte) sous toute ses formes", a ajouté Jen Psaki, porte-parole du département d’Etat.
Chuck Hagel, secrétaire américain à la Défense, a lui annoncé qu’il avait téléphoné à son homologue égyptien, le général Abdel Fattah al Sissi, également chef d’état-major de l’armée et vice-Premier ministre, pour le prévenir que les violences mettaient en danger des "éléments importants" de la coopération militaire entre les deux pays.
Chuck Hagel a néanmoins assuré Abdel Fattah al Sissi que le Pentagone maintiendrait des relations militaires avec l’Egypte, malgré l’annulation de l’exercice bilatéral.
Steve Holland, Jeff Mason et Andrea Shalal-Esa ; Jean-Loup Fiévet et Julien Dury pour le service français