L’Egypte rend la gifle
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Editorial | 19. août 2013 - 4:54
Par Kamel Moulfi
De plus en plus d’organisations égyptiennes demandent de reconsidérer la question de l’aide américaine brandie à chaque occasion comme un chantage et dans une forme qui trahit la volonté d’humilier l’Egypte et son peuple.
Est-ce un hasard si une commission de sénateurs américains a choisi le 23 juillet, c’est-à-dire jour de fête nationale en Egypte, pour proposer de conditionner une partie de l’aide américaine à l’obligation d’organiser une « élection démocratique » ? Difficile de le croire.
Pour punir l’Egypte de son « mauvais comportement » à l’égard des Frères musulmans, les Etats-Unis ont annoncé qu’ils pourraient revoir leur aide annuelle à ce pays qui s’élève à 1,55 milliard de dollars. « Chiche ! » a répondu le mouvement Tamarod qui a été, on s’en souvient, à l’origine des manifestations grandioses qui ont amené l’armée à intervenir pour destituer Morsi.
Tamarod et d’autres organisations en ont marre des ingérences américaines et demandent que l’aide financière ou sous toute autre forme venant des Etats-Unis soit refusée carrément. Ils savent que cette aide couvre 80% des dépenses d’équipements de l’armée égyptienne et concerne essentiellement des contrats passés avec des industriels de la défense américains. En d’autres termes, il s’agit plutôt d’une aide indirecte à l’économie américaine.
Autre moyen de pression : les Etats-Unis ont annulé les manœuvres militaires conjointes avec l’Egypte prévues en septembre, comme si l’armée égyptienne était disposée à y participer dans les circonstances que traverse le pays. Mais qu’à cela ne tienne, l’Egypte a riposté indirectement en annulant les manœuvres militaires prévues avec la Turquie, un membre important de l’Otan et un exécutant de la politique américaine dans la région.
Les dirigeants américains n’arrivent pas à comprendre qu’ils traitent avec une autre Egypte que celle qui était soumise à leurs intérêts. Le pays des Pharaons a pris un impressionnant virage à 180 degrés en se tournant vers la Russie, son ancien allié, qui vient de déclarer qu’elle opposera son veto au Conseil de sécurité de l’ONU en cas de résolution contre l’Egypte.
Le signe du sursaut patriotique de l’Egypte est partout dans les faits et déclarations des autorités, des médias, des organisations de ce pays. Ils défendent l’armée syrienne contre l’« opposition armée », s’attaquent ouvertement aux Etats-Unis, louent le courage des Vénézuéliens…
L’Egypte ne sera plus jamais comme avant. Elle a définitivement relevé la tête.
K. M.
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