Le ministre français du Budget se serait adjoint pendant de nombreuses années les services d’un homme de confiance gestionnaire de fortune, Hervé Dreyfus, proche de Nicolas Sarkozy.
Les liaisons genevoises de Jérôme Cahuzac
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Par Alexis Favre le jeudi 13 décembre 2012
L’homme de confiance du ministre proche d’un banquier suisse
L’affaire Jérôme Cahuzac n’en finit pas de rebondir. Selon les dernières informations du site Mediapart, publiées mardi, le ministre français du Budget se serait « adjoint pendant de nombreuses années les services d’un homme de confiance, Hervé Dreyfus, gestionnaire de fortune ». Lequel, affirme le site d’information, l’aurait aidé à « gérer son importante fortune personnelle, constituée pour partie d’avoirs non déclarés ».
D’après Mediapart, c’est avec Hervé Dreyfus que Jérôme Cahuzac aurait eu, fin 2000, une conversation téléphonique enregistrée, au cours de laquelle il aurait mentionné l’existence d’un compte en Suisse. Hervé Dreyfus, poursuit le site, a donné son nom à la société Hervé Dreyfus Finance. Au capital de laquelle figurait, à sa fondation, « un influent financier suisse, Dominique Reyl, fondateur de la Compagnie financière d’études et de gestion, devenue Reyl & Cie en 1988 ».
Or, selon nos informations, les liens entre Hervé Dreyfus – homme de réseaux, proche de Nicolas Sarkozy et de son ex-épouse Cécilia – et Dominique Reyl sont bien plus serrés que ne l’écrit Mediapart : ils sont demi-frères. Contacté, le directeur général de Reyl & Cie, François Reyl – fils du président et fondateur – n’a pas tenu à confirmer ces informations : « Nous n’avons pas pour habitude de commenter l’actualité, si ce n’est de notre propre initiative. »
Démentis multiples
Depuis la publication des premières accusations de Mediapart – Jérôme Cahuzac aurait détenu un compte non déclaré à UBS Genève jusqu’en 2010 –, le ténor socialiste multiplie les démentis.
Non, il n’a « jamais disposé d’un compte en Suisse ou ailleurs à l’étranger », affirme-t-il. Non, poursuit le ministre – publication du plan de financement à l’appui –, l’achat de son appartement parisien n’a jamais été financé par des fonds dont « l’origine reste douteuse », comme l’affirme Mediapart. Et, enfin, non, Jérôme Cahuzac ne serait pas venu clôturer son compte suisse en 2010 à Genève. « J’ai effectué un déplacement à Genève, reconnaissait-il à demi-mot le 5 décembre sur RTL. Je recevais des informations de nature fiscale de la part d’informateurs qui me paraissaient plus ou moins sérieux. Il est donc probable que j’aie effectué un déplacement à cette occasion, là ou ailleurs, pour voir ce qu’il en était des accusations qui pouvaient être formulées par certains qui, peut-être, ne souhaitaient pas entrer sur le territoire français… »
En 2010, année où il accède à la présidence de la Commission des finances de l’Assemblée nationale, Jérôme Cahuzac est donc bien venu à Genève. Mais seulement, dit-il, pour y mener une enquête personnelle. Qu’en pense la place financière ? « Je ne sais pas quelle était la nature de ce déplacement, répond Michel Dérobert, secrétaire général de l’Association des banquiers privés suisses. Mais je pars de l’idée qu’il n’était pas en service commandé. Si c’était le cas, il aurait dû le dire. Dans le cas contraire, il est libre de ses déplacements et de rencontrer qui il veut. »