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Irak - Blair savait qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive

samedi 28 novembre 2009, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 28 novembre 2009).

http://www.liberation.fr/monde/0101…

Après trois jours d’audience, la Commission d’enquête sur la participation du Royaume-Uni en Irak a déjà permis d’éclaircir quelques points, notamment celui des armes de destruction massive dont la supposée existence a servi à justifier l’invasion de l’Irak en mars 2003.

Tony Blair savait que l’Irak n’avait plus d’armes de destruction massive (ADM) avant d’envoyer ses troupes dans le pays. C’est ce qu’a indiqué mercredi William Ehrman, haut responsable au ministère britannique des Affaires étrangères entre 2000 et 2002, alors qu’il témoignait devant la commission Chilcot, qui va enquêter durant plusieurs mois sur les relations entre le Royaume-Uni et l’Irak de 2001 à 2009.

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William Ehrman a affirmé que Londres avait reçu, dans les jours précédant le début du conflit, des informations selon lesquelles Saddam Hussein avait renoncé à son programme d'ADM. «Nous obtenons dans les derniers jours avant l'engagement militaire quelques renseignements (selon lesquels) les armes chimiques et biologiques avaient été détruites et (l'Irak) pourrait ne pas avoir les munitions pour les lancer». «Il y avait des renseignements contradictoires», a-t-il toutefois tempéré. L'ancien responsable aux Affaires étrangères a finalement reconnu que les connaissances occidentales sur le programme d'ADM irakien étaient extrêmement parcellaires.

L'Irak pas en tête de liste des préoccupations

Un autre témoignage remet sérieusement en cause la raison invoquée par la coalition Bush-Blair pour envahir l'Irak, celui de Tim Dowse, chef du service de contre-prolifération nucléaire au ministère des Affaires étrangères entre 2001 et 2003. Ce dernier a expliqué que l'Irak n'était pas en 2001 «en tête de liste» des préoccupations britanniques pour le risque de prolifération nucléaire. Des propos corroborés par William Ehrman, qui témoignait en même temps: «Pour ce qui était de mes préoccupations quand je suis entré en fonction en 2001, je dirais que la Libye et l'Iran devançaient l'Irak».

Les deux anciens diplomates ont également nié l'existence de liens approfondis entre le régime de Saddam Hussein et le réseau terroriste Al Qaeda, avancée par l'ex-président américain pour mieux justifier l'intervention. «Nous avons trouvé des preuves de contacts entre des responsables irakiens et des membres d'Al Qaeda à la fin des années 1990», a expliqué Tim Dowse, «mais nous en sommes arrivés à la conclusion qu'il s'agissait de contacts très sporadiques (...), qu'il n'y avait rien qui s'apparente à une relation entre les Irakiens et Al Qaeda».

Influence de Bush sur Blair

Jeudi, la commission Chilcot a évalué comment une rencontre privée entre Bush et Blair dans le ranch de Crawford (Texas) en avril 2002 aurait influencé l'ancien résident de Downing Street. Christopher Meyer, ex-ambassadeur britannique à Washington a reconnu qu'il ne savait pas précisément «quel degré de convergence a été en quelque sorte signé au ranch de Crawford», mais a évoqué une coïncidence troublante puisque dès le lendemain, Tony Blair prononçait un discours mentionnant un «changement de régime en Irak». «A ma connaissance, je peux me tromper, mais c'était la première fois que Tony Blair parlait de changement de régime en public», a-t-il poursuivi.

S'il est possible d'envisager que les deux hommes se soient mis d'accord un an avant l'intervention militaire pour renverser Saddam Hussein, ce ne sont pour l'heure que des hypothèses. Et pour cause, la Commission manque de preuves pour mener son enquête. Les médias britanniques ont dénoncé l'existence de «documents diplomatiques cruciaux qui n'ont toujours pas été remis à la commission»: cinq télégrammes diplomatiques auraient été envoyés à Londres entre 2001 et 2003 dont un message destiné à Tony Blair juste avant sa rencontre en tête-à-tête avec le président américain, souligne le Times.

La légitimité même de la commission est toujours controversée. «Sir John Chilcot perpétue le sentiment que le Royaume-Uni ne peut tout simplement pas entendre la vérité quand cela revient à dévoiler la culpabilité du gouvernement britannique dans la fabrication délibérée d'une affaire de guerre contre l'Irak, dont tout le monde savait, ou aurait du savoir, qu'elle était fausse», s'est insurgé dans le Guardian Scott Ritter, ex-inspecteur des Nations-Unies en Irak.

1 Message

  • La commission Chilcot 28 novembre 2009 08:07

    Blair appelé à s’expliquer sur la guerre en Irak

    http://www.liberation.fr/monde/0101…

    Une commission d’enquête britannique débute ses auditions mardi pour faire la lumière sur l’engagement du Royaume-Uni dans la guerre en Irak. Tony Blair doit comparaître début 2010 et expliquer notamment pourquoi il a décidé de suivre George W. Bush dans cette offensive.

    Trois mois d'auditions, qui culmineront avec le témoignage de Tony Blair. C'est demain mardi que la commission d'enquête britannique sur la guerre en Irak entame ses audiences publiques. L'objectif est double: évaluer «la participation du Royaume-Uni» en Irak, entre 2001 et le retrait de l'essentiel des troupes britanniques à la mi-2009, mais aussi faire la lumière sur les conditions de l'engagement du pays au côté des États-Unis en mars 2003.

    Pourquoi cette enquête ? Comment sera-t-elle menée ?

    Deux enquêtes ont déjà été menées sur les conditions de déclenchement de la guerre en Irak (Butler Review et Hutton Inquiry). Elles n'avaient jamais directement mis en cause le gouvernement britannique. Six ans après l'offensive de mars 2003 contre le régime de Saddam Hussein, alors que la plupart des responsables de l'époque ne sont plus en poste et que la situation en Irak s'est améliorée, le timing apparaît désormais plus propice.

    La commission d’enquête sera présidée par un haut fonctionnaire de 70 ans, Sir John Chilcot, assisté de quatre autres personnes. Jusqu’en février, elle doit auditionner plusieurs dizaines de chefs militaires, diplomates, hauts fonctionnaires et responsables politiques.

    Parmi les premiers témoins figureront d'anciens responsables du MI6 (services de renseignement extérieur), dont John Scarlett. C'est lui qui, entre 2001 et 2004, avait présidé le comité ayant supervisé le fameux «dossier» où le gouvernement de Tony Blair, alors Premier ministre, affirmait que l'Irak de Saddam Hussein disposait d'armes de destruction massive, une menace jamais avérée.

    Quels sont les moyens de la commission Chilcot ?

    La commission Chilcot a pu effectuer un important travail préparatoire, en accédant à de nombreux rapports secrets et documents d'archive. Pour son président, cela devrait dissuader quiconque de mentir lors de sa déposition.

    La commission a également auditionné une partie des familles des 179 tués britanniques en Irak. Autre réussite de John Chilcot, le fait que la plupart des audiences seront publiques, hormis celles où des éléments classés secret-défense seront évoqués.

    Ces derniers jours, plusieurs rapports ont fuité dans la presse, témoignant d'une atmosphère de «grand déballage» sur ce qui est de plus en plus considéré comme un fiasco de la politique étrangère britannique. Ainsi, le Sunday Telegraph a dévoilé samedi un rapport du gouvernement sur les «leçons» à tirer de cette guerre, révélant des lacunes «consternantes» dans la préparation militaire du conflit.

    Pêle-mêle, des problèmes de matériel et d'équipement sont évoqués. L'armée n'aurait en outre rien planifié pour l'après-Saddam et les suites de la chute de Bagdad et Bassorah (sud), selon l'hebdomadaire. D'après le Guardian, les responsables militaires qui s'apprêtent témoigner vont livrer un constat sévère à l'encontre des responsables politiques, accusés d'avoir «saboté» le dossier présenté à l'opinion publique pour le tromper.

    Que risque Tony Blair ?

    C'est le temps fort attendu de cette enquête. Tony Blair, qui avait pris la décision en tant que Premier ministre d'engager le Royaume-Uni et 45.000 soldats dans cette guerre, doit témoigner début 2010, probablement en janvier, devant la commission Chilcot. Plusieurs de ses ministres de l'époque sont également concernés.

    L'enquête devra notamment déterminer si Blair a été trompé par les rapports erronés de ses services secrets, ou s'il a sciemment menti à l'opinion publique britannique pour engager son pays dans la guerre en Irak. Politiquement, le travailliste a payé cher son soutien aux Américains. Qualifié de «caniche de Bush», il a dû quitter le pouvoir en 2007. Son récent échec au poste de président du conseil européen est également peut-être dû à cette image peu flatteuse.

    Désormais, sa réputation et son avenir politique sont en jeu. Il pourrait ressortir fortement affaibli s'il est confirmé que la mauvaise préparation de l'offensive a mis en danger la vie de soldats de la Couronne. Principale cause de cette improvisation, le fait que l'armée cherchait à ne pas alerter le Parlement et les Nations-unies sur la détermination de Blair à lancer l'opération.

    Quel est l'agenda de cette commission ? Son travail est-il indépendant ?

    John Chilcot a prévenu: «l'enquête n'est pas un tribunal et personne n'est en procès». Cela signifie que les conséquences de son travail ne seront que politiques, pas judiciaires. Chilcot a eu beau promettre un rapport «complet et perspicace» et affirmer que la commission «ne renoncera pas à son droit à critiquer», les doutes sur son indépendance ne manquent pas. Certains représentants de l'opposition se sont ainsi demandés pourquoi les témoins n'étaient pas interrogés par des avocats.

    Le rapport ne sera rendu que fin 2010, au plus tôt, afin de ne pas interférer avec les élections législatives de juin prochain. L'impact des auditions pourrait néanmoins causer du tort aux travaillistes.

    Comment cette enquête est-elle perçue outre-Manche ?

    D'un côté, le Guardian souligne que ce rapport doit permettre de «soigner les blessures de la guerre» et favoriser la réconciliation entre la classe politique et l'opinion publique. Néanmoins, prévient le quotidien, «si on débouche sur une mise en scène, la profonde désillusion provoquée par la guerre n'en sera que plus grande».

    Le Times, lui, est beaucoup plus sceptique sur l'utilité de ce travail. Les conclusions sont attendues et ne reflètent que le «mépris avec lequel l'élite politique traite l'électorat (...): ceux au pouvoir retardent si longtemps les révélations sur ce qui fâche que la plupart des personnes qui étaient impliquées sont soit mortes, soit appartiennent au passé».

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