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Guy Debord - Histoire du CMDO (Sorbonne Mai 68)

dimanche 29 novembre 2009, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 29 novembre 2009).

 

CMDO = Comité pour le Maintien Des Occupations

Les pages 2 et 3 sont agrandissables en cliquant dessus. Et surtout, Dans le commentaire juste en dessous de l’article, il y a une transcription plus facile à lire.

Mais que cela ne vous empêche pas de lire aussi ceci :

Histoire du CMDO au format PDF :

http://mai68.org/spip/IMG/pdf/Debor…

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3 Messages de forum

  • Rapport sur l’occupation de la Sorbonne

    http://juralibertaire.over-blog.com…

    L’occupation de la Sorbonne, à partir du lundi 13 mai, a ouvert une nouvelle période de la crise de la société moderne. Les événements qui se produisent maintenant en France préfigurent le retour du mouvement révolutionnaire prolétarien dans tous les pays. Ce qui était déjà passé de la théorie à la lutte dans la rue est maintenant passé à la lutte pour le pouvoir sur les moyens de production. Le capitalisme évolué croyait en avoir fini avec la lutte des classes : c’est reparti ! Le prolétariat n’existait plus : le revoilà.

    En livrant la Sorbonne, le gouvernement comptait pacifier la révolte des étudiants, qui avait déjà pu tenir toute une nuit dans ses barricades un quartier de Paris, durement reconquis par la police. On laissait la Sorbonne aux étudiants pour qu’ils discutent enfin paisiblement de leurs problèmes universitaires. Mais les occupants décidèrent aussitôt de l’ouvrir à la population pour discuter librement des problèmes généraux de la société. C’était donc l’ébauche d’un conseil, où les étudiants mêmes avaient cessé d’être étudiants : ils sortaient de leur misère.

    Certes, l’occupation n’a jamais été totale : on tolérait certains restes de locaux administratifs, et une chapelle. La démocratie n’a jamais été complète : les futurs technocrates du syndicat U.N.E.F. prétendaient se rendre utiles, d’autres bureaucrates politiques voulaient aussi manipuler. La participation des travailleurs est restée très partielle : bientôt la présence de non-étudiants en vint à être mise en cause. Beaucoup d’étudiants, de professeurs, de journalistes ou d’imbéciles d’autres professions venaient en spectateurs.

    Malgré toutes ces insuffisances, qui ne doivent pas étonner du fait de la contradiction entre l’ampleur du projet et l’étroitesse du milieu étudiant, l’exemple de ce qu’il y avait de meilleur dans une telle situation a pris immédiatement une signification explosive. Les ouvriers ont vu en actes la libre discussion, la recherche d’une critique radicale, la démocratie directe, un droit à prendre. C’était, même limité à une Sorbonne libérée de l’État, le programme de la révolution se donnant ses propres formes. Au lendemain de l’occupation de la Sorbonne, les ouvriers de Sud-Aviation à Nantes occupaient leur usine. Au troisième jour, le jeudi 16, les usines Renault de Cléon et Flins étaient occupées, et le mouvement commençait aux N.M.P.P. et à Boulogne-Billancourt, à partir de l’atelier 70. À la fin de la semaine 100 usines sont occupées, cependant que la vague de grèves, acceptée mais jamais lancée par les bureaucraties syndicales, paralyse les chemins de fer et évolue vers la grève générale.

    Le seul pouvoir dans la Sorbonne était l’assemblée générale de ses occupants. À sa première séance, le 14 mai, elle avait élu, dans une certaine confusion, un Comité d’occupation de 15 membres, révocables chaque jour par elle. Un seul d’entre ces délégués, appartenant au groupe des Enragés de Nanterre et Paris, avait exposé un programme : défense de la démocratie directe dans la Sorbonne, et pouvoir absolu des conseils ouvriers comme but final. L’assemblée générale du lendemain reconduisit en bloc son Comité d’occupation, lequel n’avait jusqu’alors rien pu faire. En effet, tous les organismes techniques qui s’étaient installés dans la Sorbonne suivaient les directives d’un occulte Comité, dit « de coordination », composé d’organisateurs bénévoles et lourdement modérateurs, ne rendant de comptes à personne. Une heure après la reconduction du Comité d’occupation, un des « coordinateurs » essayait en privé de le déclarer dissous. Un appel direct à la base, fait dans la cour de la Sorbonne, entraînait un mouvement de protestation qui obligea le manipulateur à se rétracter. Le lendemain, jeudi 16, treize membres du Comité d’occupation ayant disparu, deux camarades seulement, dont le membre du groupe des Enragés, se trouvaient investis de la seule délégation de pouvoir consentie par l’assemblée générale, alors que la gravité de l’heure imposait des décisions immédiates : la démocratie était bafouée à tout moment dans la Sorbonne, et à l’extérieur les occupations d’usines s’étendaient. Le Comité d’occupation, regroupant autour de lui tout ce qu’il pouvait réunir d’occupants de la Sorbonne décidés à y maintenir la démocratie, lançait à quinze heures un appel à « l’occupation de toutes les usines en France et à la formation de conseils ouvriers ». Pour obtenir la diffusion de cet appel, le Comité d’occupation dut en même temps rétablir le fonctionnement démocratique de la Sorbonne. Il dut faire occuper, ou recréer parallèlement, tous les services qui étaient en principe sous son autorité : haut-parleur central, impression, liaison inter-facultés, service d’ordre. Il méprisa les criailleries des porte-parole de divers groupes politiques (J.C.R., maoïstes, etc.) en rappelant qu’il n’était responsable que devant l’assemblée générale. Il entendait rendre compte le soir même, mais la première marche sur Renault-Billancourt (dont on avait appris entre-temps l’occupation), unanimement décidée par les occupants de la Sorbonne, reporta la réunion de l’assemblée au lendemain, à quatorze heures.

    Dans la nuit, pendant que des milliers de camarades étaient à Billancourt, des inconnus improvisèrent une assemblée générale, qui se dispersa d’elle-même quand le Comité d’occupation, ayant appris son existence, lui eût envoyé deux délégués pour en rappeler le caractère illégitime.

    Le vendredi 17, à quatorze heures, l’assemblée régulière vit son estrade longuement occupée par un service d’ordre factice, appartenant à la F.E.R., et dut en outre s’interrompre pour la deuxième marche sur Billancourt, à dix-sept heures.

    Le soir même, à vingt et une heures, le Comité d’occupation put enfin rendre compte de ses activités. Il ne put en aucune manière obtenir que soit discuté et mis aux voix son rapport d’activité, et notamment son appel sur l’occupation des usines, que l’assemblée ne prit pas la responsabilité de désavouer, et pas davantage d’approuver. Devant une telle carence, le Comité d’occupation ne pouvait que se retirer. L’assemblée se montra tout aussi incapable de protester contre un nouvel envahissement de la tribune par les troupes de la F.E.R., dont le putsch semblait viser l’alliance provisoire des bureaucrates J.C.R. et U.N.E.F. Les partisans de la démocratie directe constataient, et ont fait savoir sur-le-champ, qu’ils n’avaient plus rien à faire à la Sorbonne.


    À bas le crapaud de Nazareth !
    Ceux qui font des révolutions à moitié ne font que se creuser un tombeau ! (Saint-Just)

    C’est au moment même où l’exemple de l’occupation commence à être suivi dans les usines qu’il s’effondre à la Sorbonne. Ceci est d’autant plus grave que les ouvriers ont contre eux une bureaucratie infiniment plus solide que celle des amateurs étudiants ou gauchistes. En outre les bureaucrates gauchistes, faisant le jeu de la C.G.T. pour se faire reconnaître là une petite existence en marge, séparent abstraitement des ouvriers les étudiants qui « n’ont pas à leur donner de leçon ». Mais en fait les étudiants ont déjà donné une leçon aux ouvriers : justement en occupant la Sorbonne, et en faisant exister un court moment une discussion réellement démocratique. Tous les bureaucrates nous disent démagogiquement que la classe ouvrière est majeure, pour cacher qu’elle est enchaînée, d’abord par eux (présentement, ou bien dans leurs espérances, selon le sigle). Ils opposent leur sérieux mensonger à « la fête » dans la Sorbonne, mais c’est précisément cette fête qui portait en elle le seul sérieux : la critique radicale des conditions dominantes.

    La lutte étudiante est maintenant dépassée. Plus encore dépassées sont toutes les directions bureaucratiques de rechange qui croient habile de feindre le respect pour les staliniens, en ce moment où la C.G.T. et le parti dit communiste tremblent. L’issue de la crise actuelle est entre les mains des travailleurs eux-mêmes, s’ils parviennent à réaliser dans l’occupation de leurs usines ce que l’occupation universitaire a pu seulement esquisser.

    Les camarades qui ont appuyé le premier Comité d’occupation de la Sorbonne : le « Comité Enragés-Internationale situationniste », un certain nombre de travailleurs, et quelques étudiants, ont constitué un Conseil pour le maintien des occupations : le maintien des occupations ne se concevant évidemment que par leur extension, quantitative et qualitative ; qui ne devra épargner aucun des régimes existants.

    Paris, le 19 mai 1968
    Conseil pour le maintien des occupations
  • Guy Debord - Histoire du CMDO (Sorbonne Mai 68) 29 novembre 2009 12:24, par zerd12

    coucou rouloucou

    Pour voir la même image en plus grand, cliquer ici :

    http://mai68.org/spip/IMG/jpg/Queve…

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