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LA TYRANNIE EN RÉPUBLIQUE DU NDARWA

mercredi 25 décembre 2013, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 25 décembre 2013).

Une parodie à travers le "Discours de la servitude volontaire" d’Étienne de la Boétie.

Il existe trois sortes de tyrans. Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race. Ceux qui ont acquis le pouvoir par le droit de la guerre s’y comportent comme en pays conquis. Ceux qui naissent rois regardent les peuples comme leurs serfs héréditaires. Quant à celui qui tient son pouvoir du peuple, il considère presque toujours la puissance que le peuple lui a déléguée comme devant être transmise à ses enfants. La particularité du despote ndarois, c’est qu’il combine les trois formes si bien qu’il traite le Ndarwa tantôt comme son trophée, tantôt comme son troupeau mais bien souvent comme sa propre entreprise.

Comment comprendre que tant d’intellectuels ndarois formés, tant de militaires instruits, tant de politiciens démocrates, tant d’acteurs éveillés de la société civile, tant d’acteurs économiques prospères, tant de religieux vertueux, tant de journalistes impartiaux, tant d’artistes et artisans talentueux, … et tant de paysans attentifs supportent un despote "Made in Oudanga" qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent, qui n’a pouvoir de leur nuire qu’autant qu’ils veulent bien l’endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s’ils n’aimaient mieux tout souffrir de lui que de le contredire.

Chose vraiment étonnante - et pourtant si commune qu’il faut plutôt en gémir que s’en ébahir -, de voir onze millions de Ndarois misérablement asservis de nouveau, la tête sous le joug, non qu’ils y soient contraints par une force majeure surnaturelle, mais parce qu’ils sont fascinés et pour ainsi dire ensorcelés par un « superman pyromane », que pourtant ils craignent (parce qu’il s’est autoproclamé libérateur), et haïssent (parce qu’il dépasse les limites de l’inhumain et de la cruauté).

Mais qu’il est incroyable de voir comme le peuple Ndarois, dès qu’il est assujetti comme avant 1959, tombe soudain dans un si profond oubli de sa liberté et des acquis de la République qu’il lui est impossible de se réveiller pour les reconquérir. Il sert si bien, et si volontiers, qu’on dirait à le voir s’y complaire qu’il n’a pas seulement perdu sa liberté et sa souveraineté mais bien gagné la pleine servitude de la monarchie d’antan. Oui telle a toujours été la faiblesse des Ndarois devant les régimes totalitaires pourtant annoncées puis dénoncées.

Si donc toute une nation, soumise au pouvoir d’un seul homme, a été conquise par la ruse et par la force des armes, hélas, il ne faut pas s’étonner ni se plaindre que les Ndarois et les Ndaroises ne sont plus et ne peuvent plus être lucides. Contraints à l’obéissance, obligés de temporiser en se refugiant dans les cultes occultes modernes, officiellement le peuple ndarois a choisi la sagesse, celle de supporter le malheur et l’humiliation avec patience, et préfère se (pré)réserver pour un avenir hypothétique meilleur. Oui l’espoir se nourrit de l’incertitude mais le rêve entretient mieux l’illusion !

Sauf qu’on peut se demander si réellement les Ndarois et les Ndaroises sont créés pour supporter l’obédience, surtout ceux de l’ethnie tuhu maudite plus touchés par la fatalité historique et qui ont toujours tendance à vouloir ingurgiter toute recette d’ailleurs de peur d’être taxés de "sauvages". Les voici maintenant dans une campagne d’auto-culpabilisation collective, juste pour légitimer leur malheur d’évoluer dans une servitude mentale, morale et sociale. Telle est leur (sur)vie et eux-mêmes n’en reviennent pas ! Pourtant ils devraient logiquement bien savoir que comme ils "font leurs lits ils se couchent".

Or les Ndarois et les Ndaroises n’ont pas besoin de combattre à feu et à sang le rebelle-tyran venu d’ailleurs, ni de l’abattre comme le préconise ses princes rivaux. Il peut se défaire de lui-même, pourvu que huit millions de l’ethnie maudite tuhu ne consentent point à leur servitude. Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner. L’histoire nous apprend encore une fois que ce sont les peuples eux-mêmes qui se laissent faire, ou plutôt qui se font malmener, puisqu’ils en seraient quittes en cessant de servir. C’est le peuple qui s’asservit et qui se coupe la gorge ; qui, pouvant choisir d’être soumis ou d’être libre, repousse la liberté et prend le joug ; qui consent à son mal, ou plutôt qui le recherche…

Certes, comme le feu d’une petite étincelle grandit et se renforce toujours, et plus il trouve de bois à brûler, plus il en dévore, mais se consume et finit par s’éteindre de lui-même quand on cesse de l’alimenter. De même, plus les tyrans légendaires pillent, plus ils exigent ; plus ils ruinent et détruisent, plus on leur fournit, plus on les sert. Ces suce-peuples se fortifient d’autant, deviennent de plus en plus frais et dispos pour tout anéantir et tout détruire. Mais si on ne leur fournit rien, si on ne leur obéit pas, sans les combattre, sans les tasser, ils restent nus et défaits et ne sont plus rien, de même que la branche, n’ayant plus de suc ni d’aliment à sa racine, devient sèche et morte.

Pourtant, ce ne sont pas les armes qui défendent l’homme fort du Ndarwa, mais (on aura peine à le croire quoique ce soit l’exacte vérité) six hommes qui le soutiennent et qui lui ont soumis tout le pays. Ces six mercenaires zélés ont dressé si bien leur chef qu’il est devenu cruel envers la société, non seulement de sa propre hostilité mais encore des leurs. Ces six en ont sous eux six cents, qu’ils ont corrompus autant qu’ils ont dressé le dictateur. Ces six cents en tiennent à leur tour sous leur dépendance six mille, qu’ils ont apprivoisés et élevés au rang de dignitaires.

On a assuré à ces valets les postes clés et les avantages dans le gouvernement, l’armée, les services de sécurité, les administrations territoriales, les sociétés paraétatiques, les missions diplomatiques, les organismes internationaux, afin de les (re)tenir par leur avidité ou par leur cruauté. Tous, ils exercent à point nommé leur pouvoir spécifique et font d’ailleurs tant de mal qu’ils ne puissent se maintenir que sous l’ombre du réseau de la « bande de six » et ne puissent s’exempter des lois et des peines que grâce à sa protection. Grande est la série de ceux qui les suivent. Et qui voudra en débobiner le fil verra que, non pas six mille, mais si cent mille tiennent au tyran par cette chaîne ininterrompue qui les soude et les attache au tyran-libérateur.

C’est ainsi que le pseudo-libérateur a asservi les sujets les uns par les autres de la République du Ndarwa. Et quand on pense que ces gens flattent le tyran pour exploiter le peuple, on ne peut qu’être dégouté de leur cruauté et de leur trahison qu’affecté de leur manque de personnalité et d’humanisme. Car à vrai dire, s’approcher du tyran du Ndarwa, copie conforme de Staline, ce n’est autre chose que s’éloigner de sa propre liberté et, pour ainsi dire, embrasser et serrer à deux mains sa propre servitude. Ces valets criminels devraient moins se souvenir de ceux qui ont gagné beaucoup auprès des tyrans que de ceux qui, s’étant gorgés quelque temps, y ont perdu peu après les biens et la vie. Ils devraient moins songer au grand nombre de ceux qui y ont acquis des richesses qu’au petit nombre de ceux qui les ont conservées.

En effet, qu’on parcoure toutes les histoires anciennes et qu’on rappelle toutes celles qu’on se souvienne, on verra combien nombreux sont ceux qui, arrivés par de mauvais moyens jusqu’à l’oreille des princes, soit en flattant leurs mauvais penchants, soit en abusant de leur naïveté, ont fini par être écrasés par ces mêmes princes, qui avaient mis autant de facilité à les élever que d’inconstance à les défendre. Parmi le grand nombre de ceux qui se sont trouvés auprès des mauvais souverains, il en est peu ou presque pas qui n’aient éprouvé eux-mêmes la cruauté du tyran, qu’ils avaient auparavant attisée contre d’autres. Souvent enrichis, dans l’ombre de sa faveur, des dépouilles d’autrui, ils l’ont à la fin enrichi eux-mêmes de leur propre dépouille. En vérité, quelle amitié attendre de celui qui a le cœur assez dur pour haïr toute une République qui ne fait que lui obéir, et d’un être qui, ne sachant aimer, s’appauvrit lui-même et détruit son propre empire. Il ne peut y avoir d’amitié là où se trouvent la cruauté, la déloyauté, l’injustice comme celles qu’on retrouve en République du Ndarwa. Entre méchants, lorsqu’ils s’assemblent, c’est un complot et non une société. Ils ne s’aiment pas mais se craignent. Ils ne sont pas amis, mais complices.

Quand bien même cela ne serait pas, il serait difficile de trouver chez le tyran du Ndarwa un amour patriotique, parce qu’étant au-dessus de tous et n’ayant pas de pairs, il est déjà au-delà des bornes du patriotisme. Normalement celui-ci fleurit dans l’égalité, dont la marche est toujours égale et ne peut jamais clocher. Voilà pourquoi il y a bien, comme on le dit, une espèce de bonne foi parmi les voleurs lors du partage du butin, parce qu’alors ils y sont tous pairs et compagnons. S’ils ne s’aiment pas, du moins se craignent-ils car ils ne veulent pas amoindrir leur force en se désunissant.

Mais ces hommes à tout faire de la race maudite, quand comprendront-ils qu’ils ne peuvent jamais compter sur un despote à qui ils ont appris qu’il est la Puissance, la Vérité et la Raison, qu’il n’a pas d’égal et qu’il est le maître absolu du Ndarwa ? N’est-il pas déplorable que, malgré tant d’exemples éclatants, sachant le danger si omniprésent, personne ne veuille tirer la leçon du passé et que tant de gens se précipitent encore si volontiers devant ce tyran-libérateur en décadence pour quémander les faveurs en croyant sauver leurs mises alors qu’ils trahissent leur peuple ?

Ces misérables, voyant reluire les trésors pillés chez eux et ailleurs du rebelle-tyran, tout ébahis ils admirent les éclats de sa magnificence. Alléchés par cette lueur, ils s’approchent sans s’apercevoir qu’ils se jettent dans une flamme qui ne peut manquer de les dévorer. Mais à supposer encore que ces mange-peuples échappent aux mains de celui qu’ils servent, dans tous les cas ils ne se sauveront jamais de celles du souverain qui lui succède. S’il est bon, il leur demandera de rendre simplement des comptes en soumettant à la raison ; s’il est mauvais, il ne manquera pas leur prendre la liberté, les biens et même la vie.

Comment donc ce tyran trouve-t-il encore quelqu’un pour servir un maître paranoïaque aux mains souillées de sang de dix millions d’innocentes victimes de toutes ethnies et races confondues ? Quelle peine, quel martyre, Ô Grand Mana de Ndarwa ! Être occupé nuit et jour à plaire à un homme, et se méfier de lui plus que de tout autre au monde. Avoir toujours l’œil aux aguets, l’oreille aux écoutes, pour épier d’où viendra le coup, pour découvrir les embûches, pour tâter la mine de ses concurrents, pour deviner le traître. Sourire à chacun et se méfier de tous, n’avoir ni ennemi ouvert ni ami assuré, montrer toujours un visage riant quand le cœur est transi ; ne pas pouvoir être joyeux, ni oser être triste !

Apprendre donc et bien apprendre, comprendre donc et mieux comprendre… que tous les tyrans finissent toujours par être tués et déchus par l’histoire. Certainement celui de la République du Ndarwa ne fera pas exception… À moins qu’il ne se livre lui-même à la CPI à l’instar de son compère Terminator qui a préféré sauver sa peau et sa famille avant qu’il ne soit attrapé et jeté à la cage aux lions. Entre la guillotine et trente ans de privation de liberté (bien à l’abri des curieux), c’est à H.E César Paulus de choisir entre les deux maux !

Stefanie du Ndarwa

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