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Biographie de Manuel Valls, Le Sarkozy "de gauche"

lundi 31 mars 2014, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 31 mars 2014).

Manuel Valls, un "Suisse" à Paris ?

http://www.lacote.ch/fr/suisse/manu…

14.05.2012, 00:01 - Suisse
Actualisé le 09.01.14, 14:09

Par MATHIEU VAN BERCHEM ET GEMMA D’URSO - SWISSINFO.CH

Des origines tessinoises et espagnoles, le député-maire d’Evry serait sur la liste des grands ministrables.

A un jour de la passation des pouvoirs à l’Elysée, les paris sont ouverts. Qui sera le premier ministre de François Hollande ? Quels seront les principaux membres du gouvernement de gauche ?

Une cote qui monte

La cote de Manuel Valls monte d’heure en heure. A 49 ans, le député-maire d’Evry, une cité populaire de la région parisienne, pourrait décrocher le Ministère de l’intérieur. Un poste clef : Clemenceau, Mitterrand, Chirac et Sarkozy sont passés par l’Intérieur avant de parvenir au sommet de l’Etat.

Certains observateurs le verraient même premier ministre. Pendant la campagne présidentielle, Manuel Valls s’est beaucoup rapproché de François Hollande, devenant son "sherpa", son porte-parole et l’un de ses stratèges. Dynamique, direct, parfois dur, ce socialiste pragmatique se situe plutôt à la droite du parti, plaidant pour une politique économique de lutte contre les déficits et un combat sans concession contre la criminalité.

Manuel Valls revendique son statut de fils d’immigré. Fier d’être l’un des rares politiciens français naturalisé, à l’âge de 20 ans. Son père Xavier Valls, peintre catalan, s’installe à Paris en 1949. Sa mère, Luisangela Galfetti, est une Tessinoise de Ludiano, près de Biasca.

Origines tessinoises

Le Tessin : "J’y suis beaucoup allé, quand j’étais gamin, racontait Manuel Valls en 2008 à Swissinfo.ch. Ma grand-mère nous accueillait. J’aimais beaucoup les balades, les dîners dans les grotti, les petites chapelles le long des chemins de montagne, au milieu des chèvres… presque une ’carte postale Heidi’ côté italien".

Enracinée dans le Val Blenio, au nord du Tessin, la famille Galfetti doit émigrer pour trouver du travail à l’étranger, témoigne l’oncle de Manuel, l’architecte Aurelio Galfetti. "Mon père avait émigré en Sierra Leone, où il pratiquait le commerce d’or. Il est mort en Afrique."

Manuel Valls louera quelques années une maison au-dessus de Ludiano. "L’été, Manuel venait en voiture avec ses quatre enfants et nous le retrouvions chez mes parents, se rappelle Aurelio Galfetti , architecte réputé pour sa rénovation du château Castelgrande de Bellinzone, inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco. Mais on ne le voit plus. Trop occupé sans doute !"

Style simple et direct

Pas simple de revendiquer ses origines helvétiques par les temps qui courent. La campagne électorale a réduit la Suisse à son statut de refuge pour millionnaires français. Dans sa biographie officielle, Manuel Valls s’en tient à une version abrégée : "Je suis le fils d’un artiste peintre espagnol et d’une mère suisse italienne qui ont choisi la France pour sa beauté, pour sa grandeur, pour sa douceur."

Manuel Valls n’a pas acquis la nationalité suisse. Mais les origines parlent d’elles-mêmes. De la Suisse, il a peut-être hérité son style simple et direct, sa prédilection pour le terrain. "Manuel a gardé un côté helvétique, note son oncle. Par son goût des langues - il parle parfaitement l’italien et le catalan. Son pragmatisme aussi." Et son sens du consensus ? "Il est très fier d’administrer une commune qui compte sept à huit églises de confessions différentes. Un bel exemple de tolérance religieuse !"

Evry. Sa grande mosquée, sa synagogue, sa pagode bouddhiste, la plus vaste d’Europe. Et sa célèbre cathédrale cylindrique, oeuvre de l’architecte tessinois - encore un ! - Mario Botta.

A l’époque de la construction de l’édifice (1988-96), Manuel Valls n’est encore qu’un obscur secrétaire national du Parti socialiste, tendance réformiste. Mais Mario Botta le croisera plus tard, lors d’une brève visite à Evry. "Je me souviens d’un homme très dynamique et engagé, rapporte le grand architecte suisse. Il ne correspond pas, à mon avis, au style traditionnel des hommes politiques français."

Le "Sarkozy de gauche"

Quand Valls sort du bois en 2007 avec un livre décapant, Pour en finir avec le vieux socialisme… et être enfin de gauche, la presse le décrit comme le "Sarkozy de gauche" . Même volonté de rupture avec le passé, même activisme forcené.

Le quadragénaire, plutôt court de taille et toujours bronzé, propose de rebaptiser le parti en supprimant le terme "socialiste" . Hérésie ! Plus tard, il prônera, comme le président Sarkozy, la réduction des charges pesant sur les entreprises, compensée par une hausse de la TVA.

Lors de primaire socialiste à l’automne 2011, Manuel Valls se situera clairement à la droite du PS, une position saluée par l’hebdomadaire libéral "The Economist". Sa bonne connaissance en matière de sécurité intérieure, ses critiques du "laxisme" supposé de la gauche font de lui un possible ministre de l’Intérieur.

Premier ministre ? Pour l’heure, il fait figure d’outsider, face à des personnalités mieux installées dans le parti telles que Jean-Marc Ayrault ou Martine Aubry. "C’est un animal politique de premier ordre , résume son oncle Aurelio Galfetti. Il est peut-être un peu jeune pour atteindre le sommet de l’Etat." Mais qui sait, dans deux ou trois ans ?

BIOGRAPHIE

NAISSANCE EN 1962 à Barcelone, d’un père artiste peintre espagnol réfugié en France et d’une mère tessinoise.

IL ADHERE AU PARTI SOCIALISTE à 17 ans - trois ans avant d’acquérir la nationalité française !

LORSQU’IL EST ETUDIANT EN HISTOIRE A PARIS, il anime le syndicat étudiant socialiste, l’UNEF-ID, et rejoint les réseaux rocardiens.

EN 1986, il est élu conseiller régional d’Île-de-France. A 24 ans, c’est le plus jeune à occuper cette fonction dans le pays.

DEUX ANS PLUS TARD, il intègre le cabinet de Michel Rocard, alors premier ministre, en tant que conseiller pour les affaires étudiantes.

EN 1997, c’est Lionel Jospin qui l’appelle à Matignon. Manuel Valls devient son chargé de la communication et de la presse.

AUX LEGISLATIVES DE 1997, il subit une défaite à Argenteuil face au communiste Robert Hue.

EN 2001, il est élu maire d’Evry, une ville de 50 000 habitants, ancrée à gauche, en banlieue parisienne. L’année dernière, 60% des votants l’ont réélu à ce poste.

DEPUIS 2002, il est aussi député de l’Essonne, réélu en 2007.

AU PS, il appartient à l’aile droite du parti, dite "blairiste" ou sociale-démocrate. Il appelle à la refondation du parti, à la conciliation entre la gauche et la pensée libérale .

LE TROISIEME LIVRE DE MANUEL VALLS EST : "Pour en finir avec le vieux socialisme… et être enfin de gauche".

Politicien, avant d’être français !

A 17 ans, le jeune Valls étudie l’histoire à la Sorbonne. C’est là qu’il rencontre l’amour de sa vie : la politique. Il commence alors comme animateur d’un syndicat étudiant, quelques années avant sa naturalisation ! Il devient le plus jeune conseiller régional de son époque, travaille avec deux premiers ministres, est élu maire, et devient enfin député. Un parcours sans faute.

"C’est quelqu’un de très solitaire. Déterminé. Audacieux. Il possède une grande capacité à ne pas trop tenir compte de l’opinion d’autrui et c’est ce qui fait sa force" , explique le socialiste Jean-Paul Huchon, qui le connaît depuis son passage au cabinet de Michel Rocard, premier ministre en 1988, l’un de ses premiers postes à responsabilité.

Mais Valls peut aussi déranger. "Trublion d’Evry", "électrochoc pour socialistes", "la relève" , c’est ainsi que les médias parlent de lui. Car le maire d’Evry défend des positions atypiques pour le parti socialiste : ’oui’ aux quotas d’immigration, à l’allongements des années de travail ou encore aux sélections à l’entrée de l’université. Des positions défendues par la droite actuellement au pouvoir. D’ailleurs, les mauvaises langues le surnomment le "Sarko de gauche". Ces prises de position, il les assume au quotidien dans sa commune. Ses leitmotivs : sécurité et laïcité. A Evry, une ville jeune et populaire de la banlieue parisienne, il double la police municipale, approuve l’instauration du couvre-feu lors des émeutes de novembre 2005 et s’oppose à un supermarché qui ne vend que des produits halal.

VALLS, AUBRY ET NICOLE CASTIONI

Martine Aubry, première secrétaire du PS, est en moyenne la préférée des électeurs de gauche pour le poste de premier ministre après la victoire de François Hollande, mais Jean-Marc Ayrault est aussi bien placé, selon trois sondages publiés hier.

A la question de savoir quelle personnalité ils souhaitent que François Hollande nomme à Matignon, 26% des personnes interrogées citent la maire de Lille, et autant le député-maire d’Evry (Essonne) Manuel Valls, selon un sondage de Ipsos/Logica Business Consulting réalisé du 3 au 5 mai auprès de 3123 personnes. Martine Aubry, cependant, est très nettement préférée par l’électorat de gauche (41% contre 17% à Manuel Valls).

Une autre Suisse serait pressentie en la personne de Nicole Castioni, pour le poste de ministre de la Condition féminine. Née à Genève, Nicole Castioni, 53 ans, est actuellement candidate socialiste aux élections législatives françaises des 3 et 17 juin pour la récente circonscription incluant la Suisse.

Son histoire difficile la démarque. Abusée dès l’âge de 8 ans, elle se prostitue et devient cocaïnomane à Paris, une période qu’elle raconte dans un livre intitulé "Le soleil au bout de la nuit". En 1985, revenue à Genève, elle reprend des études universitaires, notamment en droit. En 1991, elle est élue conseillère municipale socialiste à Plan-les-Ouates. Entre 1993 et 2001, elle siège au Grand Conseil genevois. Elle sera ensuite juge au Tribunal des vaux et loyers.

Par MATHIEU VAN BERCHEM ET GEMMA D’URSO - SWISSINFO.CH

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