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Des soignants malades de l’hôpital ...

mardi 8 juillet 2014, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 8 juillet 2014).

« Travailler comme ça, non, ça n’est plus possible »

…voici l’histoire (courte ou longue nous verrons bien jusqu’ou courront mes doigts) d’un hôpital, d’un pôle, de services, d’une salle de sport (et oui une infirmière ça court), de personnes (les infirmières qui sont à la fois « personne » pour certains : leurs responsables et « tout » pour d’autres : les patients !

Il est 17h30 – une infirmière (au repos) fait les courses avec son enfant et sent son portable qui vibre – tient…le numéro de l’hôpital : « Oui bonjour excusez moi de vous déranger (encore) sur vos repos mais vous pourriez venir travailler demain il manque du monde ? Je sais que c’est votre repos mais on est « vraiment » embêté » Ceux qui n’ont jamais été dérangés de cette façon ne comprendront sans doute pas la violence cette phrase et toutes les questions qu’elle peut soulever chez toute infirmière qui se respecte et respecte son travail : o Non, je ne peux pas, j’ai prévu autre chose o Oui parce que si je ne viens pas qui va venir et si personne ne vient qui va s’occuper des patients ? … les collègues bien entendu, oui mais elles sont fatiguées, très fatiguées, elles non plus n’ont pas le nombre de repos règlementaires, font des heures supplémentaires (mal payées et taxées) … et si je viens les cadres seront soulagés, eux aussi sont fatigués, mais en même temps … pourquoi ne font-ils pas appel aux intérimaires ? o Non, je ne peux pas, j’ai une famille o Oui pour soulager mes collègues, pour ne pas être « celle qui dit non » et qui met tout le monde dans le jus parce qu’elle a osé avoir deux jours de repos consécutifs pour la première fois depuis 3 semaines …

Ce discours, complètement brouillon et mal conçu est typique de ce qui peut se passer dans la tête d’une infirmière à ce moment précis ! Que faire… alors de temps en temps… on dit oui…de temps en temps… on dit non… et on apprend en revenant au travail que ça a été l’horreur, que le service était plein de patients lourds, nécessitant une prise en charge complète et chronophage et on voit la tête de nos collègues déconfites et décomposées, et la honte nous envahit : mince, j’ai osé avoir mes deux premiers jours de repos consécutifs depuis 3 semaines… La violence de cette situation est fréquente. Trop fréquente. Quand on ne nous demande pas de venir travailler la veille pour le lendemain. On nous demande le matin (ou même 1h avant), quand on a travaillé de 6h30 à 14h06, si par hasard on ne serait pas disponible pour venir travailler la nuit (de 20h45 à 6h45) puisque le lendemain on est de garde (de 13h30 à 21h06) ! N’y a-t-il rien qui vous choque dans tout ça ? … une infirmière, dans un service de pathologie aiguë, où les fins de vie sont fréquentes, ou les soins sont techniques, ou le stress est présent, va venir travailler 3 fois en deux jours parce que ses chefs lui ont demandé avec leurs voix de chiens battus, malheureux et désœuvrés si par hasard elle était « disponible » !

Cette situation est un simple exemple de ce qui peut se produire dans un hôpital ces derniers temps … les métiers d’infirmières et d’aides-soignantes ont ceci de pervers qu’il en va de la prise en charge de patients … les infirmières et aides-soignantes aiment leur travail et ne conçoivent pas d’abandonner leurs patients ! Alors elles disent oui, à tout, à n’importe quoi, jusqu’à partir du travail en pleurs, épuisées, vidées, et dégoutées !

Un hôpital est un paquebot – et l’hôpital dont je parle est le Titanic (… ceux qui y travaillent auront vite fait de comprendre de quel hôpital il s’agit) … …pas de moyen, du matériel au rabais, pas de personnel, mais des patients : encore PLUS de patients et énormément d’anxiété et de tristesse ressentie par le personnel : anxiété de ne pas finir à temps, de mal prendre en charge les patients et leurs familles, et tristesse d’être témoin et acteur de tout ça et de ne voir aucune solution, aucune aide, aucun intérêt de leurs responsables face à leurs difficultés et leurs craintes ! Certaines partiront, d’autres pas …

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