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Italie - 31 mars 1993 - La collusion entre Rome et les mafieux de Palerme

mercredi 29 octobre 2014, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 29 octobre 2014).

Note de do : Ce sont en fait les Américains, quand ils débarquèrent en Italie en 1943, qui mirent la MAFIA au pouvoir dans ce pays. En effet, ils s’allièrent avec elle pour faciliter les opérations militaires lors de leur débarquement en Italie… qui commença par la Sicile.

La collusion entre Rome et les mafieux de Palerme

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/9d6ee706-5eda-11e4-802c-cf45623830fa

Antoine Bosshard Journal de Genève et Gazette de Lausanne 31 mars 1993

Archive mercredi 29 octobre 2014

Retour sur les scandales touchant la Démocratie chrétienne en Italie en 1993

« Je ne veux pas parler des liens qui unissent la mafia au monde politique romain, personne ne me croirait », avait déclaré, au cours de son interrogatoire, Tommaso Buscetta, mafioso repenti. Personne, sur ses seuls dires, ne l’aurait cru, en effet. Il aura fallu que tombe sur la table du Sénat un rapport épais sur la collusion annoncée entre les milieux du crime à Palerme et Giulio Andreotti, figure emblématique de la Démocratie chrétienne, pour que la vérité s’abatte sur les Italiens comme la foudre.

Tout est là : dans cette frontière impalpable mais bien réelle, qui sépare, dans les esprits, le fantasme de la réalité. Les liens entre les barons de la DC et la mafia ? Les Italiens en parlaient comme d’une évidence : dans ce vieux peuple rompu aux roueries de l’exercice politique, on s’était fait une raison de la malhonnêteté des dirigeants, corrompus par fonction. Comme les ramoneurs sont noirs de suie, et les marchandes de poisson ont la voix forte.

Or voilà que ces rumeurs sont soudain (ou enfin) avérées. C’est la panique : on expédie ses fonds dans les banques suisses, ou allemandes, et la lire se met à chuter. L’incroyable est arrivé.

Reste à se demander pourquoi ils ont tant attendu, nos voisins du Sud, pour s’en inquiéter. Quand, depuis des semaines, il n’est pas de jour sans qu’un homme politique, ou une figure importante de la république, soit interpellé par la justice. A vrai dire, tout remonte ici à la chute du communisme à la fin des années 80. En Italie depuis l’après-guerre, l’acteur obligé de toute la vie politique, jusque et y compris l’ouverture à gauche, aura été le Parti démocrate-chrétien. Bref : la DC a fourni à la patrie une ribambelle de consuls, qui disparaissaient ou réapparaissaient au gré de cabinets plus ou moins éphémères, auxquels ils donnaient – par leur seule étiquette – l’image de la permanence.

En jouant le rempart contre l’avènement du marxisme, ces hommes étaient appelés à remplir une mission sacrée. Gardiens assermentés de la démocratie libérale, ils ne pouvaient être qu’intouchables. Quel juge, quel policier, quel magistrat aurait osé s’en prendre à eux, sans attaquer l’édifice tout entier ? Donc ouvrir une brèche à la gauche communiste, qu’on a sans cesse empêchée d’entrer dans la citadelle ?

Depuis quelques heures, cet échafaudage s’est effondré. Non seulement les « petits juges » de Milan et de Palerme ont démasqué le personnage politique ordinaire, si l’on peut dire. Mais ils s’en prennent aux grands prêtres d’un système qui aura bientôt un demi-siècle. Et où, dans ce pays où fleurit le baroque, on a su faire jouer très longtemps l’illusion avec une virtuosité confondante.

Mieux : on fait appel, depuis quelques semaines, et plus particulièrement depuis hier, au leader de l’ex-Parti communiste, M. [Achille] Occhetto, visiblement sollicité d’entrer dans la coalition. S’il devait accepter, pour stabiliser le gouvernement, la boucle serait donc bouclée.

L’Italie bascule. Mais on ne perçoit pas encore si les magistrats des « mains propres », dans leur zèle, ne jettent pas le bébé avec l’eau du bain. La démocratie avec ses acteurs sempiternels. Rien n’est moins sûr. Renouvelée par le jeu, incroyable, de la purification, la vie politique italienne est peut-être en train de muer, tout simplement. »


Publication : Journal de Genève ; Date : Mar 31, 1993 ; Section : Front page ; Page : 1

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