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Angola : la justice pour tous ?

mercredi 27 mai 2015, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 27 mai 2015).

Pour Albert Camus, « l’homme peut s’autoriser à dénoncer l’injustice totale du monde et revendiquer alors une justice totale ». Pour autant, l’air de la calomnie n’est jamais le meilleur moyen de faire entendre ses idées, Rafael Marques de Morais et José Joaquim Pereira da Gama, sont sur le point de le comprendre…

José Joaquim Pereira da Gama et Rafael Marques de Morais sacrifient la déontologie ?

Après la mort tragique de deux manifestants, le blogueur de Club-K.net, José Joaquim Pereira da Gama, a encore fait preuve de légèreté dans son traitement de l’information. Celui qui a préféré s’exiler en Afrique du Sud où il vivrait dans une luxueuse villa à Pretoria, a relayé sur son site de nouvelles informations calomnieuses…

Alors que la société civile s’était rassemblée pour manifester contre le retard dans le versement des soldes des militaires, Sebastião Cassule et António Alves Kamulingue ont été assassinés. Pour faire toute la vérité sur cette affaire, la justice a enquêté et a tranché : sept hommes ont été emprisonnés tandis que l’ancien Ministre de l’intérieur, Sebastião José António Martins, a dû démissionner. Pour l’analyste senior du International Crisis Group, « ce que montre ce procès, c’est que lorsque l’opposition et la société civile se mobilisent (…) elles peuvent avoir un impact et mettre en branle la machine judiciaire ». Nonobstant l’enclenchement de cette procédure démocratique, le responsable du Club-K.net a souhaité instrumentaliser cette affaire en relayant des rumeurs portées à l’encontre du président José Eduardo dos Santos, lui incombant indirectement la responsabilité de ce drame.

A titre de comparaison, en France, la mort de l’activiste sur le barrage de Sivens avait provoqué des émeutes à Toulouse et à Nantes mais le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve dirige toujours la place Beauvau. A l’occasion de cette polémique, le leader du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon – parfois qualifié à tort de populiste – avait demandé la démission du chef de la police « pour des raisons politiques, et non de justice », sans pour autant oser mettre en cause la responsabilité du président dans ce qui ressemble de plus en plus à une « erreur policière » !

Si José Joaquim Pereira da Gama n’est pas officiellement journaliste, les métiers de l’information en général peuvent-ils ainsi s’exonérer de toute déontologie ? C’est du moins ce que laisse penser son attitude lorsqu’il choisit de diffuser de pareilles informations qui seront par la suite instrumentalisées, tout en refusant d’assumer la responsabilité de ses articles.

Désormais, les commentateurs comme l’activiste Rafael Marques de Morais et Xavier de Figueiredo spéculent. Tandis que le premier affirme que Monsieur Martins a été préservé pour éviter une fracture au sein du parti majoritaire (MPLA), le second assure que les liens de ce dernier avec l’église catholique lui garantissent une immunité judiciaire, au détriment de l’Etat de droit.

L’Angola, un Etat de droit en mesure de juger des opposants politiques

Parallèlement, le même Rafael Marques de Morais est justement convoqué sur le banc des accusés pour « dénonciation calomnieuse ». A l’origine du blog MakaAngola.org, il est l’auteur de plusieurs publications qui visent des responsables du gouvernement angolais, tout en ignorant les nombreux crimes impliquant des responsables de l’Unita, dont il serait proche.

Rafael Marques de Morais peut aussi compter sur le soutient des USA et de plusieurs ONG occidentales. Avant que le verdict ne soit prononcé, plusieurs ONG (Transparency International, Reporters sans frontières, Amnesty International…) ont lancé une pétition en ligne pour demander « un procès équitable ». Ces soutiens massifs, loin de le disculper rappellent plutôt son parcours dans les prestigieuses universités britanniques et ses allégeances au monde anglo-saxon. En effet, dans le cas de l’Arabie Saoudite, les ONG avaient été beaucoup moins pressées par exemple de prendre la défense du blogueur Raif Badawi dont le site est pourtant aujourd’hui fermé… Sous la pression de l’opinion publique, la Commission européenne était finalement intervenue.

Pour mémoire, Jean Bodin démontrait déjà au XVIe siècle que la souveraineté d’un Etat se concrétise notamment par la capacité à rendre des décisions judiciaires. Par ailleurs l’article 2, paragraphe 7, de la Charte de l’Organisation des Nations unies (ONU) « pose le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat ». Toutefois, il est vrai que les ONG et les instances supranationales disposent d’une forme juridique idéale pour contourner ces traditions comme l’a parfaitement expérimenté le néoconservateur Bernard Kouchner.

Au-delà de ces considérations de philosophie politique, la nouvelle star de l’UMP – parti d’opposition en France – Thierry Solère, s’exprimait sur le plateau d’On n’est pas couché de la façon suivante : « il y a une justice qui est la même pour tout le monde (…) ne confondez pas le droit, la morale et la politique. Le droit c’est le droit : laissons les juges rendre la justice, quand on est innocent on sera innocenté, quand on est coupable on sera condamné ». Une déclaration qui avait pour objectif de prendre la défense de l’ancien chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy, mais qui devrait surtout être écoutée par les ONG, souvent financées par les Etats-Unis et qui servent aussi des intérêts politiques, directement ou indirectement !

Malheureusement, comme disait Charles Péguy, « la calomnie est en politique moins gênante que la manifestation de la vérité »…

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