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Daech n’est pas Daech, seule l’Arabie Saoudite est Daech !

samedi 28 novembre 2015, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 28 novembre 2015).

L’Arabie est Daesh qui a réussi : Riad veut juger ceux qui l’assimilent à Daesh

http://www.almanar.com.lb/french/ad…

26-11-2015 - 19:14

Par l’équipe du site al-Manar, télévision du Hezbollah, la résistance libanaise antisioniste, censurée en France par les partisans de la liberté d’expression des charlots, ou des charlie, je sais plus…

L’Arabie saoudite semble de plus en plus agacée par les accusations qui se font plus fortes depuis les attentats de Paris selon lesquelles le Royaume aurait aidé à la création et au financement de Daesh. Le pays a décidé de réagir devant la justice.

Plus encore, depuis ces attentats, les liens entre Daesh et Wahhabisme, lecture rigoriste de l’islam, sont de plus en plus dévoilés par les médias occidentaux. Le wahhabisme étant la religion d’Etat de l’Arabie, les accusations n’en sont que plus fortes encore.

Dernièrement l’écrivain algérien et prix Goncourt Kamel Daoud a expliqué à la Une du New York Times que « l’Arabie saoudite est une Daesh qui a réussi ». S’étonnant de ce qu’il a considéré être « le déni de l’Occident face à ce pays », il a déploré son double jeu, « en menant la guerre contre l’un, et en serrant la main de l’autre ».

« On veut sauver la fameuse alliance stratégique avec l’Arabie saoudite tout en oubliant que ce royaume repose sur une autre alliance, avec un clergé religieux qui produit, rend légitime, répand, prêche et défend le wahhabisme, islamisme ultra-puritain dont se nourrit Daesh », a-t-il écrit.

Daoud dénigre les estimations selon lesquelles l’Arabie est une cible potentielle de Daesh, car elles négligent selon lui « le poids des liens entre la famille régnante et le clergé religieux qui assure sa stabilité ». Selon lui, ce même clergé saoudien qui « produit l’islamisme qui menace le pays assure aussi la légitimité du régime ».

Dans sa rhétorique, le royaume wahhabite oppose à ces accusations le fait que si quelques-unes des lois pénales en vigueur dans le pays peuvent effectivement ressembler aux punitions dans l’organisation terroriste, il n’en demeure pas moins que le royaume saoudien est un État souverain qui respecte la primauté du droit et utilise ces peines avec légalité.

C’est oublier comment s’est fondé cet Etat. En effet, les horreurs de Daesh en Irak et en Syrie en ce début du 21e siècle rappellent celles commises au début du 20e siècle par l’armée d’Abdel Aziz Ben Saoud, qu’il avait appelée "Les Frères", pour amener les différentes tribus d’Arabie à embrasser le Wahhabisme et à se plier à la dynastie des Saoud. A la diférence que les premières sont médiatisées, et les dernières non connues.

Face à cette stigmatisation, la presse saoudienne affirme que les autorités du pays ont décidé d’une nouvelle tactique contre ceux qui le comparer à Daesh : les poursuivre en justice.

Selon un rapport publié dans le journal pro-gouvernemental Al-Riyad, le ministère de la justice saoudien envisage de poursuivre par exemple un utilisateur de Twitter qui a suggéré que la peine de mort récente d’un artiste palestinien pour apostasie était de la même veine que ce que pratique Daesh

Le ministère a précisé qu’il n’hésiterait pas à poursuivre tous les médias qui « calomnieraient la magistrature religieuse du royaume ».

Tout en ajoutant que l’utilisation de la peine capitale telle la décapitation fait partie d’un système juridique basé sur la charia, ce qui garantirait, selon le ministère saoudien, l’équité, le ministère qui ajoute dans son communiqué : « Daesh n’a pas de légitimité à décider de tuer des gens ».

Conclusion qui en découle : Daesh n’est pas Daesh, seule l’Arabie est Daesh !

Avec RT

1 Message

  • L’Arabie saoudite, un Daesh qui a réussi

    http://www.nytimes.com/2015/11/21/o…

    By KAMEL DAOUDNOV. 20, 2015

    Daesh noir, Daesh blanc. Le premier égorge, tue, lapide, coupe les mains, détruit le patrimoine de l’humanité, et déteste l’archéologie, la femme et l’étranger non musulman. Le second est mieux habillé et plus propre, mais il fait la même chose. L’Etat islamique et l’Arabie saoudite. Dans sa lutte contre le terrorisme, l’Occident mène la guerre contre l’un tout en serrant la main de l’autre. Mécanique du déni, et de son prix. On veut sauver la fameuse alliance stratégique avec l’Arabie saoudite tout en oubliant que ce royaume repose sur une autre alliance, avec un clergé religieux qui produit, rend légitime, répand, prêche et défend le wahhabisme, islamisme ultra-puritain dont se nourrit Daesh.

    Le wahhabisme, radicalisme messianique né au 18e siècle, a l’idée de restaurer un califat fantasmé autour d’un désert, un livre sacré et deux lieux saints, la Mecque et Médine. C’est un puritanisme né dans le massacre et le sang, qui se traduit aujourd’hui par un lien surréaliste à la femme, une interdiction pour les non-musulmans d’entrer dans le territoire sacré, une loi religieuse rigoriste, et puis aussi un rapport maladif à l’image et à la représentation et donc l’art, ainsi que le corps, la nudité et la liberté. L’Arabie saoudite est un Daesh qui a réussi.

    Le déni de l’Occident face à ce pays est frappant : on salue cette théocratie comme un allié et on fait mine de ne pas voir qu’elle est le principal mécène idéologique de la culture islamiste. Les nouvelles générations extrémistes du monde dit « arabe » ne sont pas nées djihadistes. Elles ont été biberonnées par la Fatwa Valley, espèce de Vatican islamiste avec une vaste industrie produisant théologiens, lois religieuses, livres et politiques éditoriales et médiatiques agressives.

    On pourrait contrecarrer : Mais l’Arabie saoudite n’est-elle pas elle-même une cible potentielle de Daesh ? Si, mais insister sur ce point serait négliger le poids des liens entre la famille régnante et le clergé religieux qui assure sa stabilité — et aussi, de plus en plus, sa précarité. Le piège est total pour cette famille royale fragilisée par des règles de succession accentuant le renouvellement et qui se raccroche donc à une alliance ancestrale entre roi et prêcheur. Le clergé saoudien produit l’islamisme qui menace le pays mais qui assure aussi la légitimité du régime.

    Il faut vivre dans le monde musulman pour comprendre l’immense pouvoir de transformation des chaines TV religieuses sur la société par le biais de ses maillons faibles : les ménages, les femmes, les milieux ruraux. La culture islamiste est aujourd’hui généralisée dans beaucoup de pays — Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Egypte, Mali, Mauritanie. On y retrouve des milliers de journaux et des chaines de télévision islamistes (comme Echourouk et Iqra), ainsi que des clergés qui imposent leur vision unique du monde, de la tradition et des vêtements à la fois dans l’espace public, sur les textes de lois et sur les rites d’une société qu’ils considèrent comme contaminée.

    Il faut lire certains journaux islamistes et leurs réactions aux attaques de Paris. On y parle de l’Occident comme site de « pays impies » ; les attentats sont la conséquence d’attaques contre l’Islam ; les musulmans et les arabes sont devenus les ennemis des laïcs et des juifs. On y joue sur l’affect de la question palestinienne, le viol de l’Irak et le souvenir du trauma colonial pour emballer les masses avec un discours messianique. Alors que ce discours impose son signifiant aux espaces sociaux, en haut, les pouvoirs politiques présentent leurs condoléances à la France et dénoncent un crime contre l’humanité. Une situation de schizophrénie totale, parallèle au déni de l’Occident face à l’Arabie Saoudite.

    Ceci laisse sceptique sur les déclarations tonitruantes des démocraties occidentales quant à la nécessité de lutter contre le terrorisme. Cette soi-disant guerre est myope car elle s’attaque à l’effet plutôt qu’à la cause. Daesh étant une culture avant d’être une milice, comment empêcher les générations futures de basculer dans le djihadisme alors qu’on n’a pas épuisé l’effet de la Fatwa Valley, de ses clergés, de sa culture et de son immense industrie éditoriale ?

    Guérir le mal serait donc simple ? A peine. Le Daesh blanc de l’Arabie Saoudite reste un allié de l’Occident dans le jeu des échiquiers au Moyen-Orient. On le préfère à l’Iran, ce Daesh gris. Ceci est un piège, et il aboutit par le déni à un équilibre illusoire : On dénonce le djihadisme comme le mal du siècle mais on ne s’attarde pas sur ce qui l’a créé et le soutient. Cela permet de sauver la face, mais pas les vies.

    Daesh a une mère : l’invasion de l’Irak. Mais il a aussi un père : l’Arabie saoudite et son industrie idéologique. Si l’intervention occidentale a donné des raisons aux désespérés dans le monde arabe, le royaume saoudien leur a donné croyances et convictions. Si on ne comprend pas cela, on perd la guerre même si on gagne des batailles. On tuera des djihadistes mais ils renaîtront dans de prochaines générations, et nourris des mêmes livres.

    Les attaques à Paris remettent sur le comptoir cette contradiction. Mais comme après le 11 septembre, nous risquons de l’effacer des analyses et des consciences.


    Kamal Daoud, chroniqueur au Quotidien d’Oran, est l’auteur de “Meursault, contre-enquête.”

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