VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > LUTTER CONTRE L’AUSTÉRITÉ, C’EST PAS ASSEZ !

LUTTER CONTRE L’AUSTÉRITÉ, C’EST PAS ASSEZ !

lundi 14 décembre 2015

L’ARTICLE EST DISPONIBLE SUR LE WEBMAGAZINE LES7DUQUEBEC.COM http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…

Conscience « citoyenne » et « objecteurs de croissance »

Je veux bien que l’on propose de développer ma conscience « citoyenne » et mes capacités de réfléchir par moi-même http://2ccr.unblog.fr . Je reconnais comme l’auteur de l’article « que la flexibilité n’a jamais empêché la hausse du chômage », elle l’a plutôt accéléré (1). Mais, je ne puis acquiescer quand l’économiste affirme : « Aucune société démocratique ne peut accepter que des pans entiers de sa population ne puissent pas vivre décemment ». Chaque jour, les sociétés « démocratiques » fomentent et organisent la déprédation des populations laborieuses et de l’armée de réserve des travailleurs – chômeurs et désœuvrés – ainsi que des masses paysannes et artisanes dans les pays en voie de sous-développement. Chaque jour, plus de deux-milliards d’êtres humains disposent de moins de deux dollars pour survivre. Chaque jour, des tonnes de victuailles sont jetées aux orties, javellisées, plutôt que de garnir la table de ceux qui ont faim. Il faut être frappé de cécité pour prétendre, en pleine crise économique systémique que le problème de l’humanité c’est la « croissance consumériste », et pour se poser en « Objecteur de croissance » en pleine période de décroissance décadente. Depuis plus de dix ans, la guerre impérialiste fomentée au Congo a exterminé plus de cinq millions d’êtres humains, le saviez-vous ? Est-ce de la croissance ?

Je m’insurge contre ces prétentions « démocratiques » et j’affirme que chaque société bourgeoise exige que la majorité de la population trime dure pour survivre et chaque société démocratique bourgeoise accepte de sacrifier une partie de sa population considérée inutile – parce que non-productrice de plus-value – en attendant de la lancer dans des guerres fratricides pour le repartage des moyens de production, d’échanges et de communication, entre grands conglomérats capitalistes multinationaux.

Poursuivons l’analyse du texte incriminé. L’auteur écrit : « Les remèdes du patronat, soutenus largement par le gouvernement français, ont fait preuve de leur inefficacité. Cela fait des années qu’une organisation comme l’OCDE (…) reconnait que le marché du travail en France est suffisamment flexible. Et pourtant, cette flexibilité accrue n’a pas empêché la hausse du chômage, au contraire. La seule voie raisonnable pour sortir de cette situation est de rompre avec l’austérité qui va de pair avec la dévalorisation du travail. Le président de la République (François Hollande) a clairement opté pour l’économie de l’offre, autrement dit pour des politiques de dévaluations internes, de dévalorisation du travail et de réduction des services publics. Dans cette perspective, les décisions de la BCE sont saluées, surtout en ce qui concerne la baisse de la valeur externe de l’euro ; une dévaluation censée permettre la hausse des exportations françaises. L’essentiel de nos exportations se fait avec les autres pays membres (de l’Union européenne), lesquels se trouvent dans la même situation » (2).

En effet, l’essentiel du commerce extérieur des pays européens se fait entre pays européens. De plus, si, conformément aux préconisations des tenants de « l’économie de l’offre », tous les pays européens veulent augmenter leurs exportations, alors que partout il y a une insuffisance de demande, on se dirige vers une course au moins-disant social et une mise en concurrence plus féroce des salariés européens.

Flexibilité du travail et surexploitation des salariés

Arrêtons-nous pour examiner le cul-de-sac dans lequel l’auteur s’enfonce inexorablement. Il part de constats pertinents et véridiques, à savoir que le marché du travail français – et nous pourrions ajouter de tous les pays capitalistes – est flexible. Flexible, signifie que le patronat peut embaucher, saquer, déplacer, sous-payer, exploiter à volonté la main-d’œuvre embaucher. L’auteur a raison de souligner que cette condition est indispensable pour assurer la profitabilité des entreprises multinationales installées dans les pays européens, l’UE formant un seul et même marché transnational intégré et globalisé, il est donc inutile de dévaluer la monnaie commune pour forcer la concurrence, à moins que cette mesure vise à attirer vers les bourses européennes des capitaux spéculatifs venus prélever leur livre de chair à même le labeur de la classe ouvrière.

L’auteur, ne comprend pas que la résultante inévitable de ses justes constats est qu’il est totalement hors propos – sous peine de mort pour les filiales d’entreprises multinationales installées en France – de tolérer « des mesures d’urgence comme l’augmentation immédiate du SMIC à 1700 euros bruts mensuels, ainsi que dans les mêmes proportions les minimas sociaux, les indemnités chômage, et les minimums retraites, et surtout, interdire les licenciements dans les entreprises qui font des profits, interdire également les délocalisations dans le seul but de verser plus de dividendes aux actionnaires alors que l’entreprise est viable ». Mais où se croit-il cet « objecteur de croissance » ? Il voudrait dicter les lois de l’économie politique capitaliste aux capitalistes. Depuis quand l’État bourgeois peut-il imposer la diminution de la plus-value, et légiférer pour la faillite des multinationales apatrides ?

L’auteur en remet et pousse le courage jusqu’à exiger de « diminuer le temps de travail (…) Une 6e semaine de congés payés, voire 8 semaines, ainsi qu’une durée de travail de 30h/semaine. En fait, il faudrait que le travail disponible soit réparti entre tous les ouvriers existants, cette répartition déterminant la longueur de la semaine de travail. Ne plus écouter le discourt archaïque de la droite patronale qui a toujours pleuré dans le gilet de l’État lorsqu’il a fallu qu’elle cède une partie de l’argent et du pouvoir qu’elle a escroqués aux citoyens comme en 1936 ».

Ces réclamations se retrouvent dans le programme électoral de toutes les gauches bourgeoises. Un programme qui ne peut et qui ne sera pas appliqué, par aucun parti électoraliste de gauche. Et chacun de ces partis électoralistes ou de ces groupes altermondialistes ou de ces « objecteurs de croissance » le sait fort bien. S’il présente ces programmes loufoques, c’est qu’il désire obtenir quelques votes, en pensant que le jour improbable où la bourgeoisie leur proposera le pouvoir, ils feront comme Syriza et trahiront leur programme électoral, sinon ils ne verront jamais Matignon, l’Élysée, la Maison-Blanche, le 10 Downing Street, ou le 24 rue Sussex Drive de l’intérieur (3).

Les « acquis » qui s’enfuient

Nous sommes aujourd’hui très loin du temps bénis de l’État « providence », des fronts populaires, des fronts unis démocratiques bourgeois et des alliances de la gauche populiste et de ses « Programmes communs ». Le panorama ne serait pas complet sans le couplet proudhonien sur l’injustice distributive de la richesse dans les sociétés capitalistes déjantées « Si on arrêtait de distribuer sans compter de l’argent au MEDEF, premier assisté de France, on trouverait de l’argent pour financer tout ce dont on a besoin. Sachant que la dernière tranche d’aide de 25 milliards a abouti à la création de seulement 100 000 emplois, soit 250 000 euros par emploi … de qui se fout-on ? Devant des inégalités de plus en plus criantes, il devient urgent pour la classe capitaliste d’allumer des contrefeux » (4).

C’est vrai, les subsides que l’État bourgeois verse à ses maitres corporatifs servent à absorber leurs concurrents (opération OPA), et à acheter de la machinerie robotisée et informatisée, à accroitre la productivité du travail salarié et à détruire des emplois davantage qu’ils n’en créent. Mais l’État bourgeois n’a pas le choix dans ce monde globalisé où chaque concurrent fait face à tous les autres, l’actionnariat ayant le choix de ses maigres « retombées » d’emplois. De fait, l’économiste préconise que le capitalisme ne soit plus le capitalisme, mais que nous demeurions sous le capitalisme « rénover », tâche homérique et désespérée. C’est sa contribution, comme celle de toute la gauche bourgeoise, pour tenter de sauver ce mode de production moribond. Car le plus triste dans cette affaire c’est qu’en investissant pour augmenter la productivité du travail salarié l’État des riches ne fait qu’approfondir le fossé dans lequel il s’est engagé. La composition organique du capital ne fait qu’augmenter et corrélativement le taux de profits ne fait que diminuer.

Le fondement de la crise économique systémique

Sous le mode de production capitaliste – dont l’État n’est que le porte-faix des ordres reçus du patronat (et non pas le thuriféraire du citoyen lambda que l’on ne consulte pas, surtout s’il risque de voter du mauvais côté) – la classe capitaliste a tous les droits, et c’est son devoir d’assurer la valorisation du capital (la livraison des dividendes à l’actionnariat comme l’écrit l’économiste). D’assurer, la reproduction élargie de la plus-value. La crise économique systémique ne provient pas de la surproduction des marchandises et/ou des capitaux. La crise économique systémique de décroissance ne provient pas d’une trop forte « croissance » qu’il faudrait « objecter ». La crise économique systémique découle du fait que les capitalistes mondiaux parviennent difficilement à valoriser le capital – à produire une abondante plus-value. D’où, les panacées financières, monétaires, boursières, cherchant à produire artificiellement de la valeur d’échange sans création de valeur d’usage… quelle absurdité !

Si l’économiste veut faire œuvre utile pour sauver le capitalisme qu’il explique aux capitalistes qu’ils creusent leur tombe avec ces micmacs alambiqués consistants à imprimer de l’argent de pacotille, non adossé à des valeurs marchandes représentant des valeurs d’usage gorgées de surtravail (5). Aucune tactique spéculative autour « d’actifs boursiers dérivés », gonflés, qui dégonfleront comme baudruche au prochain choc financier, ne peut fonctionner pour l’éternité.

L’État bourgeois et la « politique de l’offre »

Revenons au concept d’État bourgeois en qui la gauche bourgeoise place toutes ses complaisances. L’État capitaliste n’est pas l’État de tous les citoyens (ces citoyens qui seraient fraternels, libres, égalitaires, solidaires, etc.). L’ÉTAT est l’appareil administratif – le fonctionnariat exécutif – des citoyens de la classe dominante, patrons et propriétaires des moyens de production, d’échanges, de communication et de la finance. Sachant ceci l’auteur a raison de souligner que les conditions de vie et de travail se détériorent pour les « citoyens » de la classe ouvrière qui ne souffrent surtout pas de « surabondance de biens et de services ». Mais cela n’est pas la conséquence de la décision du Président de gouvernement – cette potiche – courroie de transmission de l’État des « citoyens » riches, « d’opter pour une économie de l’offre » (sic). Ça n’existe pas une « économie de l’offre ». L’économie capitaliste est conçue pour reproduire le capital – à l’infini –. Elle est construite pour valoriser le capital, lui faire produire non pas de l’offre ou de la demande, mais pour produire de la plus-value qui devra être réinvestie pour produire encore plus de capital valoriser (enrichi de plus-value). Et cela dans chaque pays capitaliste européen pour reprendre l’exemple de l’auteur.

Voilà ce qui explique que les politiques économiques de tous les pays d’Europe sont identiques (sur le modèle des autres pays capitalistes en crise incidemment). Ce sont des politiques économiques capitalistes qui répondent aux exigences présentes du mode de production capitaliste en phase de crise systémique. Et nulle part sur Terre ils ne peuvent assurer la reproduction élargie de la plus-value, sans attaquer sa contrepartie – le travail nécessaire, le salaire (direct et indirect). Les « objecteurs de croissance » en pourfendant ce qu’ils appellent le « consumérisme » des pauvres et des travailleurs de la misère, et en proposant que les salariés se serrent la ceinture et consomment moins, sont les portevoix des capitalistes qui pensent eux aussi que les journaliers gagnent trop – comparés aux ouvriers de Chine et de l’Inde et qu’ils devraient travailler plus pour gagner moins.

Les attaques systématiques contre les salaires directs et indirects

Les attaques contre le salaire direct des ouvriers sont bien identifiées par l’auteur de l’article, ce sont l’allongement du temps de travail, l’intensification des termes du travail (cadences, alternances), les hausses de productivité par l’innovation technologique, la robotisation et l’informatisation des tâches. Les attaques contre le salaire indirect, les bénéfices marginaux, et la part du salaire provisionnée par l’État sont également bien identifiés par l’auteur. C’est le report de l’âge de la retraite, la diminution des prestations de retraite et des allocations sociales, la démolition des services publics (soins de santé, médicaments, éducation et formation, garderies) qui assurent la reproduction élargie de la force de travail.

C’est imparable. Tout État et toute société capitaliste qui ne met pas ces oukases en pratique (couper dans les salaires et les « acquis » – réduire les "avantages" sociaux - et les services sociaux) est voué à sa perte. Voué à voir ses concurrents capitalistes – les multinationales d’en face – soutenus par les États capitalistes adverses – au service des monopoles ennemis, absorber ou détruire les monopoles de l’autre côté du mur de verre qui sépare les conglomérats impérialistes transnationaux. Par contre, tout État qui applique ces « remèdes » pour ramener les profits à leur niveau antérieur court également à sa perte.

Il faut cessez de répandre parmi la classe ouvrière ces fumeroles à propos des « acquis sociaux, et des concessions arrachées dans les années 1936 et en mai-68 ». En ce temps-là, au sein même des forces productives des pays capitalistes avancés il était encore possible d’obtenir des « gains de productivité » (lire, intensifier la surexploitation de la force de travail salarié), si bien que des concessions temporaires étaient encore envisageables pour le capital. En ce temps-là, l’impérialisme mondial triomphant était encore en expansion vers des continents encore vierges des forces productives capitalistes (contrairement à ce que Lénine avait laissé entendre sur la fin prématurée du capitalisme avec son entrée en phase impérialiste suprême décadente). En ce temps-là des milliards de paysans-artisans-métayers restaient à métamorphoser en prolétaires salariés surexploités. Ceci est maintenant réalisé. Maintenant, nous pouvons dire que la Terre entière a été partagée (ce qui comprend la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Amazonie, La Nouvelle Guinée-Papouasie, le Congo et le Nigéria, etc.) entre les puissances impérialistes et que seuls les repartagent des marchés, des sources de matières premières, de la rente énergétique, des sphères financières et des secteurs d’appropriation de la plus-value prolétarienne sont possibles. Il ne reste plus de terres nouvelles à harnacher pour le système impérialiste globalisé. Les dernières zones dans la Russie et la CEI profonde, l’Inde rurale et la Chine paysanne sont en cours d’intégration, ce que ni Staline, ni Gandhi, ni Mao n’étaient parvenus à réaliser.

Le temps des grands affrontements

Voici maintenant revenu le temps des grands affrontements, classe contre classe (comme en 1914, comme en 1939), où les grands camps impérialistes retranchés s’affrontent pour savoir quelle alliance absorbera les forces productives de l’autre camp et ses capacités de valoriser le capital par la surexploitation de la force de travail de milliards de prolétaires qui n’ont toujours - aujourd’hui comme hier - que leurs bras à offrir pour survivre.

Il est faux de prétendre que sous le mode de production capitaliste : « Le seul but de l’activité économique devrait être de satisfaire les besoins de chaque membre de la communauté, pas de créer des profits à gogos », c’est impossible. Ce mode de production n’a pas été conçu pour « satisfaire les besoins communautaires ». Une seule solution, détruire ce mode de production qui n’existe que pour reproduire le capital et donc faire réaliser des « profits à gogos » et en construire un nouveau.

Les contrefeux

L’économiste a raison d’écrire que : « Devant des inégalités de plus en plus criantes, il devient urgent pour la classe capitaliste d’allumer des contrefeux : détourner l’attention de la crise, par la dette, la menace terroriste, etc.…Mais une des valeurs sures des riches c’est de faire battre les pauvres contre les plus pauvres, le chômeur contre le précaire, le salarié du privé contre celui du public… » de tous les faire lutter contre les mesures d’austérité et pour préserver leurs « acquis » biens éphémères en laissant croire que le prolétariat peut gagner sur le terrain des réformes, ou sur le terrain électoral.

Il n’y a qu’une porte de sortie pour la classe ouvrière du monde entier – et ce n’est pas de faire obstacle à la croissance, ni à la décroissance, ni aux politiques d’austérité, ce qu’elle serait bien incapable de faire démunie qu’elle est de tout pouvoir. L’alternative c’est de comprendre que toutes ces guerres pseudo-antiterroristes (les terroristes sont dans les parlements et dans les officines de l’État gouvernant) et toutes ces attaques contre leurs conditions de survie et de travail visent à faire tourner les usines et à engranger les profits de guerre et à permettre aux riches de régler leurs comptes sur le dos de la classe prolétarienne (6). Il faut donc congédier les capitalistes et leur mode de production moribond.


(1) http://2ccr.unblog.fr/ Textes de J.P Acasoca http://2ccr.unblog.fr/search/acasoca

(2) http://www.les7duquebec.com/ 7-dailleurs/la-flexibilite-na-jamais-empeche-la-hausse-du-chomage Et http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…

(3) http://www.les7duquebec.com/actuali…

(4) https://2ccr.wordpress.com/?s=temps…

(5) Robert Bibeau (2015) Le dessous des cartes dans l’affrontement russo-américain.

(6) Gérard Bad (2015) http://www.les7duquebec.com/actuali…

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0