Charles Gave est évidemment un adepte du capitalisme libéral et il n’en fait absolument pas mystère. Bien au contraire, il le revendique, et précisément contre la mondialisation actuelle, ce qui en fait, paradoxalement, en apparence, un « complotiste » !
Le paradoxe particulier de ce personnage est donc qu’il représente une fraction de la bourgeoisie libérale qui soutient les fractions nationalistes tournées vers le protectionnisme en économie, et donc aux antipodes de sa philosophie économique.
Comment expliquer cela ? Qu’est-ce que cela révèle ? A l’origine, le soutien de Charles Gave allait à Zemmour. Et on a pu voir qu’une fraction non négligeable de la grande bourgeoisie libérale apportait son soutien à l’ultra-nationaliste Zemmour. Pourquoi ? Quelle fracture au sein du système cela révèle-t-il ?
Il est remarquable, pour une oreille avertie et attentive, qu’au début de son intervention, Charles Gave dit ceci :
« On a l’impression qu’il y a une classe dangereuse qui a pris le pouvoir dans un certain nombre de pays, dont le notre, et qui a décidé d’imposer par la force, son pouvoir »
Charles Gave, à l’évidence, ne parle donc pas de la prise du pouvoir par sa propre classe de capitaliste, qui date de plus de deux siècles, mais bien d’une nouvelle classe !
En fait d’ « impression » il sait donc parfaitement de quoi il parle.
Il parle de la nouvelle classe mondialiste, qui n’a précisément rien de libérale, car si elle se moque des Etats, des Nations et des frontières, ce n’est pas pour imposer essentiellement le libre échange, qui n’est plus qu’une façade, mais le contrôle des flux économiques mondiaux par le contrôle monétaire banco-centralisé des marchés, y compris et surtout, financiers.
Dans le monde actuel les valeurs de marchés fluctuent en fonction de la politique monétaire des Banques Centrales, et non plus en fonction de la valeur réelle des entreprises. Cette valeur des entreprises elle-même est fonction des marchés financiers et donc directement des politiques monétaires des Banques Centrales et non plus de la valeur réelle de leur production, fondée sur le travail et même, et bien évidemment, son exploitation.
Depuis la fin du XXe siècle la tendance idéologique supposée « antisystème » et même « anticapitaliste » est d’associer mondialisation, développement des GAFAM et ultralibéralisme ou « néo-libéralisme ».
Or en réalité, ce que les crises de 2008 et 2020 révèlent, c’est précisément que les multinationales GAFAM ne sont liées aux marchés financiers que par les politiques monétaires des Banques Centrales. Les marchés financiers ne sont plus, en réalité, que la courroie de transmission des Banques Centrales pour contrôler l’économie mondiale.
C’est donc bien un nouveau monde, qui est issu des deux crises majeures de ce début de siècle, un nouveau monde dans lequel la véritable bourgeoisie libérale « classique », dont Charles Gave est un représentant typique, n’a tout simplement plus sa place en tant que classe réellement « dominante » sur la plus haute marche de la hiérarchie sociale, celle du pouvoir réel.
Elle y est donc supplantée par la classe bourgeoise mondialiste banco-centraliste, dont Macron est actuellement le « mignon » favori, façon Henri III, et à laquelle la bourgeoisie libérale « classique » se trouve donc asservie, vassalisée, en quelque sorte.
Il y a donc une partie marginale de la bourgeoisie libérale « classique » qui se rapproche de la fraction nationaliste populiste et qui croit pouvoir encore rêver à un retour au « monde d’avant ».
Ce « monde d’avant » qui subsiste encore dans certaines régions du globe non encore inféodées à la mondialisation banco-centraliste, comme précisément la Russie, l’Iran, le Vénézuela, etc… D’où ce rapprochement à priori « contre nature » entre libéraux « classiques » et nationalistes.
Les régimes nationalistes bourgeois ont évidemment des tendances assez naturellement autoritaires mais face aux puissances mondialistes désormais banco-centralisées ils ont besoin du soutien actif de leurs populations et sont donc amenés à des concessions sociales.
Comme l’a révélé la dite « crise du covid » le danger principal pour les peuples est bien le totalitarisme mondialiste induit par le banco-centralisme, et non pas le nationalisme bourgeois résiduel.
L’évolution de cette fracture « hiérarchique » au sein des classes dominantes n’est pas un simple « accident de parcours », une simple crise conjoncturelle de « croissance » du capitalisme, mais bien au contraire la marque de sa sénilité et même carrément, de son dépassement par le banco-centralisme, qui n’est pas à proprement parler une nouvelle forme « évoluée » du capitalisme mais bien un nouveau mode de domination de classe, en soi, reposant sur un nouveau mode de production, basé sur la domination du capital fixe, c’est-à-dire de la machinerie automatisée, robotisée, informatisée, par rapport à la production classique fruit essentiellement du travail humain, exploité ou non… !
Dans ce monde actuel le prolétariat cesse d’être essentiellement industriel et se trouve « éclaté », devient en quelque sorte « interclassiste » entre diverses catégories de travailleurs incluant une grande partie du secteur tertiaire.
Dans ce nouveau contexte l’émergence d’une conscience de classe réelle est évidemment problématique et ne peut se faire en un tournemain. Et d’autant moins que la « gauche » supposément sociale et même pseudo-« marxiste » est complètement passée à la Kollaboration de classe avec le mondialisme banco-centraliste.
Dans l’immédiat il n’y a donc pas d’autre choix tactique possible que de tenter de mettre un frein à la machine totalitaire mondialiste pourvoyeuse de guerre en lui faisant barrage avec ce qu’il y a en face lors de cette élection du 24 Avril : un pis aller provisoire face à l’agressivité déchaînée du macronisme, et à sa duplicité pseudo-« démocratique ».
Luniterre
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