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Histoire de la NEP, récapitulatif

dimanche 15 mai 2022, par Luniterre

Histoire de la NEP, récapitulatif :

Le vocable/acronyme NEP n’apparait vraiment qu’en Mars 1921, au moment où la Russie, pas encore URSS, émerge à peine de la guerre civile.

Il s’agit précisément de sortir du « communisme de guerre », une politique économique basée essentiellement sur les réquisitions, et on comprend facilement pourquoi, dans une Russie déjà pas super-développée, à l’époque, et donc ravagée, en plus, par sept années de guerre, depuis 1914.

Le concept économique, lui, date de Mai 1918, à une période où Lénine pensait que la guerre civile allait trouver rapidement une issue favorable.

« Sur l’infantilisme "de gauche" et les idées petites-bourgeoises - Lénine - 5 mai 1918 »

http://ekladata.com/TxLr74LKsxRMiMPcllQXqi_hKFU/05_MAI_1918_Lenine_sur-linfantilisme-de-gauche.pdf

Projet que Lénine ressort donc quasiment à l’identique en Mars 1921, et qu’il défend dans les mêmes termes, les mois suivants.

Il s’agit donc de réutiliser provisoirement la dynamique spontanée du marché pour relancer essentiellement la production agricole.

Concernant l’industrie, cette dynamique « libérale », capitaliste, ne peut donc concerner que les secteurs non essentiels, alors que les essentiels, eux, sont, pour leur part, déjà socialisés.

Pour quelques secteurs essentiels encore déficients, néanmoins, un partenariat type « joint-venture » est proposé, avec participation possible de capitaux étrangers, donc, mais cela ne concernera jamais, en pratique, qu’une part infinitésimale de l’économie soviétique.

Il y a toujours débat historique sur le fait de savoir si Lénine voulait faire de la NEP un système pérenne ou non. Certains de ses derniers articles paraissent aller dans ce sens, mais sans amputer, pour autant, le secteur économique socialiste, déjà dominant en URSS, depuis 1918.

Mais Lénine est déjà gravement affaibli par sa maladie et meurt en 1924, alors que la première crise de ce « renouveau » du capitalisme, dite « crise des ciseaux », commence à peine à se résorber. Et une autre crise du même type, dite « crise des grains », démarre peu après, en1926, et qui sera donc fatale à la NEP.

Le « débat historique » a donc été tranché par la pratique…

Avec la fin de la NEP commence réellement l’essor de l’économie socialiste en URSS, qui permettra, quasiment en une seule décennie, de par le fait, 1930-1940, de hisser l’URSS à un niveau de développement et d’industrialisation qui lui permettra de vaincre le nazisme, reposant, lui, sur l’une des industries les plus anciennes et les plus avancées, technologiquement, de son temps !

Une période qui fait encore la fierté de la Russie, aujourd’hui, et notamment de Poutine, ce qui a le don d’ « énerver » le bobo occidental, sans même parler du banco-centraliste, qui en fait encore carrément des cauchemars…

Accessoirement, Wikipédia nous dit :

« Léon Trotski avait proposé la NEP dès 1920, mais l’idée n’avait alors pas été retenue. Lénine la proposa de nouveau en 1921. »

Comme on vient de le voir, c’est encore un mensonge « historique » de plus au sujet de l’histoire de l’URSS… !

Un mensonge ad hoc pour servir la soupe à la « gauche » actuelle éprise d’ « économie de marché » qu’il soit chinois ou autre…

Mais un demi-mensonge, seulement, en un sens, vu que Trotsky était lui-même réellement épris de l’économie de marché, comme on l’a vu lors du débat avec le « camarade Viriato », sur TML, en son temps !

Une évidence que les Trotskystes dissimulent plus ou moins, au gré des circonstances, comme dans la période post-soixante huitarde, où il était plutôt de bon ton de rappeler l’ « alliance » de Trotsky avec l’ « opposition de gauche » : c’était la grande époque du « Tout sauf Staline ! ».

C’est aussi l’époque où Michel Raptis, dit « Pablo », un des derniers réels compagnons de route de Trotsky, se fait vouer aux gémonies pour avoir simplement rappelé cette évidence du « socialisme de marché », façon Trotsky.

« Sur les conceptions économiques de Léon Trotsky - Michel Raptis »

http://ekladata.com/JGqbaWPSmjBD1wmX6F6pBLVPkRI/Sur_les_conceptions_economiques_de_Leon_Trotsky-Michel_Raptis.pdf

Trotsky était donc tout à fait le précurseur du « socialisme à la chinoise », quant au fond, ou « économie de marché socialiste », façon J-C Delaunay/Hervé Fuyet.

C’est-à-dire du capitalisme le plus « libéral » qui soit, en fait, fondé précisément sur la « main du marché », même si désormais gantée, en Chine comme ailleurs, par le pouvoir de la Banque Centrale PBoC, dont le PCC n’est plus que la façade « politique ».

« En acceptant ou en rejetant les marchandises, le marché, arène de l’échange, décide si elles contiennent ou ne contiennent pas de travail socialement nécessaire, détermine ainsi les quantités des différentes espèces de marchandises nécessaires à la société, et, par conséquent, aussi la distribution de la force de travail entre les différentes branches de la production. » L. Trotsky – Le marxisme et notre époque - 1939

https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1939/04/lt19390418b.htm

Pour Trotsky, ce qui constituait encore l’industrie socialiste, sous la NEP, et qui dominait encore plus, en 1936, aurait selon lui du se plier à la loi du marché… :

« L’assainissement des relations économiques avec les campagnes constituait sans nul doute la tâche la plus urgente et la plus épineuse de la Nep. L’expérience montra vite que l’industrie elle-même, bien que socialisée, avait besoin des méthodes de calcul monétaire élaborées par le capitalisme. Le plan ne saurait reposer sur les seules données de l’intelligence. Le jeu de l’offre et de la demande reste pour lui, et pour longtemps encore, la base matérielle indispensable et le correctif sauveur. »

https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/revtrahie/frodcp2.htm

Mais, heureusement, Trotsky et ses adeptes ayant perdu le pouvoir, l’industrialisation rapide de l’URSS a donc permis la défaite du nazisme.

Aujourd’hui la situation est bien différente et la problématique actuelle est de faire échec au banco-centralisme, ce qui implique, pour l’ensemble des classes sociales concernées par cette lutte, de prendre le contrôle de la création monétaire (le crédit) et de la rediriger, de façon démocratique, vers les forces productives répondant à la satisfaction des besoins sociaux réels et urgents.

Cela équivaut donc à une planification démocratique de tous les secteurs essentiels, et non à leur « libéralisation ». Dans ce processus il y a encore une place importante pour la survie des TPE-PME actuellement broyées par le banco-centralisme, dans la mesure, évidemment, où ces TPE-PME joueront le jeu démocratique de contribuer à répondre aux besoins sociaux.

Par la suite, la possibilité d’accéder à un véritable socialisme du 21e siècle ne dépend plus que du niveau de conscience et du degré de mobilisation des forces populaires et prolétariennes.

Contrôler démocratiquement la création monétaire et le crédit, cela n’est possible qu’en reprenant, nationalement, le contrôle de la Banque de France, actuellement statutairement sous la coupe réglée de la BCE. Ce n’est pas le concept de « frexit » qui est déterminant, en soi, mais bien la pratique directe du « BCExit », comme résultat d’une mobilisation de masse de toutes les compétences qui seront acquises au cours de la lutte sociale.

Luniterre

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PS >>> Encore une précision historique nécessaire, sur la NEP, à propos du post de M. J-P Cruse. En effet il nous dit :

« Il[Lénine] conçoit donc la N.E.P., "Nouvelle Politique Économique", dans le cadre, écrit-il, d’un " capitalisme d’Ètat sous dictature du prolétariat". »

Ce qui sous-entend que la politique économique léniniste se résumerait au « capitalisme d’Etat » !

Or ce n’est pas du tout ce qu’il a dit ou écrit. Pour Lénine le « capitalisme d’Etat » n’était qu’un de cinq éléments constitutifs de l’économie de transition :

« Mais que veut dire le mot transition ? Ne signifie-t-il pas, appliqué à l’économie, qu’il y a dans le régime en question des éléments, des fragments, des parcelles, à la fois de capitalisme et de socialisme ? Tout le monde en conviendra. Mais ceux qui en conviennent ne se demandent pas toujours quels sont précisément les éléments qui relèvent, de différents types économiques et sociaux qui coexistent en Russie. Or, là est toute la question. Enumérons ces éléments :

1. l’économie patriarcale, c’est-à-dire, en grande mesure, l’économie naturelle, paysanne ;

2. la petite production marchande (cette rubrique comprend la plupart des paysans qui vendent du blé) ;

3. le capitalisme privé ;

4. le capitalisme d’Etat ;

5. le socialisme.

La Russie est si grande et d’une telle diversité que toutes ces formes économiques et sociales s’y enchevêtrent étroitement. Et c’est ce qu’il y a de particulier dans notre situation. »

« Sur l’infantilisme "de gauche" et les idées petites-bourgeoises - Lénine - 5 mai 1918 »

http://ekladata.com/TxLr74LKsxRMiMP…

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