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Le FMI appelle à consolider la croissance retrouvée

mardi 23 janvier 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 23 janvier 2018).

https://www.letemps.ch/economie/201…

Ram Etwareea
Publié lundi 22 janvier 2018 à 19:06

Le gendarme de l’économie mondiale a annoncé lundi des prévisions conjoncturelles révisées à la hausse pour 2018 et 2019. Mais il a aussi mis les dirigeants mondiaux en garde contre de nombreuses vulnérabilités, notamment financières

Durant les dix dernières éditions du Forum économique mondial de Davos (WEF), les dirigeants mondiaux ont eu maille à partir avec la crise financière et économique de 2007, qui avait ralenti, voire paralysé, l’économie mondiale et jeté des millions de travailleurs dans la rue. Le décor est tout autre en 2018 : le rendez-vous a lieu sous le signe de la croissance retrouvée. Le Fonds monétaire international (FMI) a confirmé la bonne nouvelle lundi en marge du sommet alpin. En substance, il a révisé ses estimations conjoncturelles à la hausse, avec une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 3,7% pour 2017, légèrement plus que les projections d’automne dernier. En 2018 comme en 2019, elle sera de 3,9%.

De nombreuses mesures ont contribué à ce redressement : les politiques d’assouplissement monétaire et taux d’intérêt très bas, les programmes de relance, des réformes structurelles et de la discipline budgétaire. A cette panoplie, Maurice Obstfeld, chef économiste du FMI, a ajouté le récent paquet fiscal américain. « La baisse d’impôts accordée aux entreprises, l’exemption fiscale sur les investissements ainsi que les dépenses publiques qui seront affectées aux grands travaux expliquent l’optimisme, a-t-il déclaré. Ces mesures doperont l’économie américaine, mais profiteront également à ses partenaires. »

Trois questions

« Les décideurs doivent toutefois comprendre que la dynamique actuelle est le résultat d’une confluence des facteurs qui ne va pas s’éterniser, a averti Maurice Obstfeld. La crise est sûrement derrière nous, mais sans la poursuite des réformes, la prochaine crise arrivera plus vite qu’on peut l’imaginer et sera plus difficile à maîtriser. » Et d’inviter les responsables politiques et économiques à se poser trois questions : comment pouvons-nous augmenter l’efficience et la productivité sur le long terme ? Comment renforcer la résilience et l’inclusion ? Et enfin comment s’assurer que les politiques adoptées aujourd’hui servent à combattre les crises de demain ? Allant dans le même sens, Christine Lagarde, directrice du FMI, a déclaré qu’« on répare la toiture lorsqu’il fait beau ».

Le chef économiste du Fonds a redit que le dynamisme retrouvé concerne la majorité des pays, y compris des pays comme la Russie ou le Brésil qui émergent de la récession. Mais il a tenu à expliquer qu’il y a aussi des perdants, autant des pays que des populations, notamment au Proche-Orient et en Afrique noire, dont le niveau de vie s’est plutôt détérioré ces dernières années. Il a aussi fait remarquer que malgré la reprise et la création des milliers d’emplois, les populations se disent désabusées, s’opposent aux réformes, élisent des gouvernements nationalistes et rejettent l’ouverture des frontières. « Il est certes tentant de profiter des rayons de soleil qui apparaissent, mais la priorité est de consolider des mesures préventives pour éviter de nouvelles crises », a poursuivi Maurice Obstfeld.

Vulnérabilité

Le FMI a mis aussi en garde contre les vulnérabilités financières liées à une correction boursière pouvant entamer la confiance et la croissance, à la fin des politiques monétaires accommodantes, à la hausse des taux d’intérêt qui pourraient provoquer un flux désordonné des capitaux ou encore à des fluctuations incontrôlables des taux de change.

Dans un autre registre, Maurice Osbtfeld s’est félicité de la reprise du commerce mondial dans le sillage de la confiance retrouvée des investisseurs et des consommateurs et a demandé de rejeter les tentations protectionnistes, en référence aux slogans comme « America First » du président américain Donald Trump et « Buy European » du président français Emmanuel Macron.

La reprise ne réduit pas le nombre de working poor

Le chômage mondial se stabilise enfin, mais la pauvreté au travail ne recule que très peu. Elle concerne plus de 700 millions de personnes dans les pays émergents et en développement. Reprise économique oblige, le monde du travail va mieux. Mais cette amélioration ne profite pas à tous les travailleurs de manière égale. C’est, en substance, la conclusion du rapport annuel de l’Organisation internationale du travail (OIT), publié mardi.

Si le taux de chômage au niveau mondial s’est stabilisé à 5,6% l’an dernier, c’est surtout grâce à la reprise dans les pays développés. A l’inverse, la croissance de l’emploi dans les pays émergents et les pays en développement « ne devrait pas suffire à combler l’augmentation de la population active », signale le rapport.

Cette augmentation de personnes en âge de travailler a un autre effet : elle limite la réduction du nombre de working poor dans ces régions. Dans les pays émergents, le phénomène recule, certes. Mais ceux que l’OIT appelle « les personnes se trouvant dans l’extrême pauvreté au travail » devraient atteindre le nombre de 176 millions en 2018, soit 7,2% des actifs.

Moins de 1,90 dollar par jour

Dans les pays en développement, pas moins de 40% des travailleurs se trouvent dans cette situation. Soit 114 millions de personnes. Au total, ce sont donc près de 300 millions de travailleurs qui, dans les pays émergents et en développement, gagnent moins de 1,90 dollar par jour. Ils sont par ailleurs 430 autres millions à recevoir un salaire quotidien compris entre 1,90 et 3,10 dollars. « Les emplois de faible qualité et la pauvreté au travail sont les principaux défis auxquels ces régions doivent faire face », selon l’auteur du rapport, Stefan Kuhn.

Sur le continent africain, presque 250 millions de travailleurs vivent dans la pauvreté ou l’extrême pauvreté, selon l’OIT. Ce chiffre devrait augmenter de quatre millions par an, en raison des progrès insuffisants pour lutter contre ce phénomène, en plus du vieillissement de la population. L’Afrique subsaharienne est dans la situation la plus critique, puisque plus de la moitié de travailleurs y gagnent moins de 1,90 dollar par jour.

Dans la région Asie-Pacifique, en revanche, l’OIT salue une nette progression. Les working poor représentent certes encore 23% des actifs, mais ils étaient 44% en 2007. Le sud de l’Asie reste le plus concerné.

Transition vers le tertiaire

L’OIT ne s’est pas intéressée à la situation des working poor des pays développés. Elle note en revanche que les plus exposés à la pauvreté au travail sont les employés qui travaillent de manière informelle ou dont la place de travail est particulièrement vulnérable. C’est, d’après le rapport, la transition vers de nouveaux secteurs, et notamment celui du tertiaire, qui permettra de réduire le phénomène.

Mais la règle n’est pas absolue. Dans les pays en développement, le taux d’emplois informels et vulnérables est plus élevé dans la restauration que dans l’agriculture. Dans ce cas-ci, l’amélioration des conditions de travail passera d’abord par la modernisation et l’amélioration de la productivité.

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