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Grâce à la blockchain, un verre de montre infalsifiable pour contrer faussaires

lundi 4 juillet 2022, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 4 juillet 2022).

https://www.letemps.ch/economie/gra…

Publié dimanche 3 juillet 2022 à 14:05
Modifié dimanche 3 juillet 2022 à 16:08

Fanny Noghero

Le modèle Mission to heart, de la marque française Awake, est équipé d’un verre à identité numérique infalsifiable. — DR

L’arrestation la semaine dernière en France et à Anvers de 33 personnes suspectées d’appartenir à un réseau criminel international de grande envergure dans le recel de montres de luxe met une fois de plus la lumière sur la difficulté pour les marques de se prémunir contre le crime organisé.

Des Rolex, Audemars Piguet, Richard Mille, Patek Philippe et autres étaient en tête de liste des objets ciblés par les criminels. Des garde-temps oscillant entre 10 000 et 400 000 francs, qui représentent un nouveau moyen de blanchir le fruit de leurs crimes. Il est effectivement plus simple de se déplacer avec trois ou quatre montres, dont la revente permet l’achat d’un bien immobilier ou d’un véhicule de luxe, que de transporter des mallettes remplies de coupures bancaires.

Selon Le Monde, en août 2021 déjà la police s’était alarmée d’une recrudescence des vols de montres de luxe à Nice, Saint-Tropez et Paris ainsi que dans plusieurs métropoles touristiques européennes. Des vols pas anodins, puisque régulièrement commis avec violence, voire sous la menace d’une arme ou donnant lieu à une séquestration. Le chef de l’antenne de la police judiciaire de Nice a expliqué, lors d’une conférence de presse le 27 juin à Marseille, que les montres font désormais l’objet d’un marché spéculatif. « Les prix ont explosé, suscitant la convoitise comme objet de prédation pour les voyous ou comme objet de thésaurisation pour des investisseurs qui peuvent ainsi détenir plusieurs centaines, voire plusieurs millions d’euros dans un coffre. »

La blockchain contre les faussaires

Si plusieurs grandes maisons concernées avouent, de manière informelle, être parfois désemparées face à la sophistication des méthodes utilisées par les trafiquants, c’est une petite marque française qui pourrait avoir trouvé la parade en collaboration avec une entreprise suisse. Awake, qui produit 5000 à 6000 montres par année, présente officiellement ce 1er juillet une première mondiale. Un garde-temps dont le verre saphir est muni d’une puce invisible, qui le relie à la blockchain.

« La technologie blockchain a été conçue pour garantir l’authenticité́ et la sécurité des informations qui y sont stockées », explique Lilian Thibault, fondateur d’Awake. Chaque montre est ainsi dotée d’un identifiant unique, infalsifiable, incrusté dans son verre saphir. Un antivol redoutable et un bouclier imparable pour lutter contre la contrefaçon, à l’heure où les malfrats disposent de toutes les capacités techniques pour maquiller complètement les montres. Ce qui a été mis en lumière par l’enquête menée par la police française.

Les premiers éléments recueillis démontrent, en effet, que le numéro des pièces saisies a été « refrappé ». Elles sont, de surcroît, accompagnées d’un vrai faux certificat d’authentification, ainsi que de l’emballage d’origine. Du travail d’orfèvre. Toujours selon Le Monde, dans le carnet d’adresses des malfaiteurs, les enquêteurs ont retrouvé des spécialistes de haut vol, et notamment des personnes issues des fabricants de montres de luxe, capables de modifier des pièces et de les renuméroter. » Les talents de ces bijoutiers faussaires sont tels que certains garde-temps d’une série classique ont pu être transformés en exemplaires de séries spéciales limitées, vendues deux ou trois fois plus chères.

Puce infalsifiable

« Pour donner tout son intérêt à la technologie blockchain, il fallait que celle-ci soit directement intégrée dans la montre et non plus en externe par le biais d’une carte ou d’un accessoire. Un projet que nous avons développé en collaboration avec le fabricant suisse Stiss et le protocole Arianee, ce dernier étant un acteur majeur du Web 3.0 (3e génération d’internet qui permet d’interconnecter les données entre elles de manière décentralisée afin d’échapper à l’emprise des géants du numérique). Cela aura nécessité plus de six mois de développement », explique Lilian Thibault.

Et de préciser : « Notre objectif est d’offrir un maximum de transparence, de pérennité de l’information et de permettre à nos clients d’avoir toujours leurs certificats à disposition. » Le Français souligne qu’il ne s’agit pas d’une montre-concept et que cette technologie sera systématiquement intégrée dans tous les nouveaux modèles de la marque.

Joé Courtine, fondateur et directeur général de Winwatch, propriétaire de Stiss (Swiss Technology Inside Smart Sapphire), précise que le procédé intégrant la puce au verre a été développé l’année dernière et commercialisé en novembre. « Le verre à identité numérique offre la possibilité de suivre le cycle de vie de la montre tout en permettant aux acheteurs de se connecter aux données sur son origine. »

« Notre puce ne peut être piratée »

La difficulté principale réside dans le fait de devoir contourner les effets de la cage de Faraday (qui bloque les champs électromagnétiques) afin que les informations puissent être transmises sans puce active. « Notre puce étant passive, elle fonctionne de manière totalement autonome sur le plan énergétique, et ne peut ainsi pas être piratée », détaille Joé Courtine. Fondée en 2012, Stiss a déjà lancé un système de paiement sans contact également intégré dans le verre des montres. Cette première avec Awake ouvrira peut-être à l’entreprise valaisanne les portes des grandes manufactures les plus sujettes au recel.

Du côté de la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH), Jean-Daniel Pasche reconnaît ne pas avoir entendu, à titre personnel, parler de Stiss, mais souligne l’importance de toute innovation permettant de lutter contre les vols et autres contrefaçons. Non sans attirer l’attention sur le fait que 55% des personnes qui acquièrent une fausse montre le font sciemment.

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