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Relations Chine-USA : Peut-on dîner avec le Diable et quand même déguster le dessert ?

mardi 20 septembre 2022, par Luniterre

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Même dans la situation conflictuelle actuelle l’économie chinoise continue son essor, comme un défi quasi permanent à la crise. Enfin quelque chose qui va bien, et qui a néanmoins besoin de porte-voix pour que ce soit dit. Pourquoi pas ? Incontestablement M. Bruno Guigue est l’un d’entre eux, mais pour ne pas avoir trop l’air de réciter un chapelet, il lui faut donc se faire interviewer… :

"Si les Occidentaux sont si hargneux, c’est parce qu’ils voient s’effriter leur suprématie"

http://mai68.org/spip2/spip.php?article12650

« Etre pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour » , c’est effectivement une sorte de préjugé systématique stupide et malheureusement fort répandu dans tout ce qui se prétend « anti-système ». Ainsi, lors de la « première manifestation nationale » du prétendu « Collectif des Maires Résistants » à Roanne, le 13 Novembre 2021, une sympathique mais stérile illusion provisoirement entretenue par deux maires villageois des Ardennes, la foule, « galvanisée », par la présence, entre autres, du non moins sympathique Francis Lalanne, s’est vue servir dans la foulée un étonnant discours en faveur de l’« Etat Indépendant de la Savoie et du Comté de Nice », qu’elle a très majoritairement applaudi à tout rompre, comme le reste… Sans plus d’ « analyse »…

Depuis, le « Collectif des Maires Résistants » en est resté à ses deux « fondateurs » et la Savoie et le « Comté de Nice » sont fort heureusement restés français, malgré les nombreux malheurs y afférents, et qu’il nous reste donc à combattre, par d’autres moyens…

Ici, dans l’article "Si les Occidentaux sont si hargneux, c’est parce qu’ils voient s’effriter leur suprématie", on a un prétendu « Entretien avec Mendelssohn Moses, journaliste indépendante », tellement « indépendante » qu’elle n’a manifestement, et jusqu’à preuve du contraire, pas la moindre existence en dehors de cet « entretien »…

Il s’agit donc simplement d’ « entretenir » une prose hagiographique d’une « merveilleuse démocratie » chinoise, par comparaison, effectivement intéressante sur certains points, avec l’occidentale. Fort habilement, l’auteur de l’ « entretien » évite de nous resservir la fable du prétendu « socialisme à la chinoise », fondé sur une hypothétique « économie de marché socialiste » ou autre chimérique « remake de la NEP », etc…

Le « socialisme à la chinoise » ayant à peu près la même consistance que l’« Etat indépendant de la Savoie et du Comté de Nice », c’est toujours ça de gagné, en termes de réalisme politique.

Mais à défaut de « socialisme » l’auteur enfourche ici une autre « comparaison » de nature « mythique » entre la Chine d’aujourd’hui et la France Gaullienne d’hier. Là encore, pourquoi pas… ?

L’auteur nous rappelle de façon réaliste la « diplomatie du ping-pong » sino-US et ses « débouchés » économiques :

« Contrairement à ce qu’on dit parfois, c’est Mao Zedong lui-même qui a lancé ce processus en 1972 en rétablissant les relations avec les États-Unis. Pour développer le pays, il fallait dîner avec le diable, et les communistes chinois ont appris à le faire. »

Et par comparaison, en effet, si De Gaulle n’a pas eu d’autre choix que de « dîner avec le Diable », à Londres et dans l’immédiat après guerre, il n’a eu de cesse, une fois durablement au pouvoir, que d’affirmer l’indépendance de la France, tout en bâtissant, effectivement, une relative prospérité, dans les limites du capitalisme monopoliste d’Etat.

Une comparaison qui paraît donc relativement « tenir la route », et d’autant plus en nous épargnant la fable du « socialisme à la chinoise », réalistement ramené, dès l’époque maoïste, au capitalisme monopoliste d’Etat qu’il était réellement, avec néanmoins cette « nuance » de taille selon laquelle si Mao a pour le moins « dîné avec le Diable » financier US, et effectivement dès 1972, à la suite de sa rencontre « historique » avec Nixon, c’est bien précisément la démarche inverse de celle du Général De Gaulle qui a donc été suivie par la Chine de Mao, et ensuite, de Deng Xiaoping et successeurs, en matière d’« indépendance économique », en arrimant le développement de l’économie chinoise à la finance US, et en commençant précisément, dès 1972, par les entreprises d’Etat chinoises vendues sous forme de titres « Red Chips » à la bourse de Hong Kong…

http://ekladata.com/vxTEd9dQI7BrB83AhNXtJxKHY9U/Chine-USA-2014-2019-Chronique-d-une-guerre-economique-annoncee-..pdf

Aujourd’hui, même les « Entreprises d’Etat » (State Owned Enterprises) des secteurs clés sont des sociétés par actions cotées en bourse, et pour certaines, y compris à la bourse de New York, même si un mouvement de « rapatriement » sur la place de Hong Kong est sérieusement amorcé de ce côté, mi-opportun mi-contraint, « transparence boursière » US l’exigeant…

De plus, est considérée comme une SOE (State Owned Enterprise), en Chine, une entreprise ou l’Etat dispose d’une participation au capital à partir de 1%, qui lui donne 1 siège au Conseil d’Administration…

Le « contrôle communiste » à la chinoise, dans ces conditions, est tout de même bien une réalité politique, dans la mesure où les principaux détenteurs du capital financier chinois sont aussi les membres les plus éminents du dit « Parti Communiste Chinois », mais c’est bien en tenant compte de la longueur finalement très relative de la cuillère avec laquelle il « dîne avec le Diable » qu’il faut comprendre cette réalité telle que :

« En Chine, l’État tient fermement le gouvernail du développement économique, la propriété publique reste dominante et le secteur financier privé est sous contrôle. En confiant au Parti communiste chinois une responsabilité sans précédent, la révolution chinoise lui a aussi donné la légitimité sans laquelle il n’aurait pu arracher à la misère le cinquième de l’humanité. »

Dans le cadre du quasi conflit mondial actuel, non seulement le manche de la cuillère est déjà brûlant, mais le constat est bien que la Chine ne peut pas le lâcher complètement, au risque de se voir privée de sa soupe financière quotidienne, sur laquelle s’est effectivement bâtie une relative prospérité, qui n’a donc rien, malheureusement, de « Gaullienne », même dans les limites du capitalisme monopoliste d’Etat.

Bien entendu, le désir des financiers « communistes » chinois de se libérer de l’emprise du roi dollar est sans doute un désir bien réel, désormais, mais concrètement ils restent pourtant prisonniers du fait que le Yuan n’est toujours pas librement convertible, en dépit des « promesses » réitérées depuis des années (1) :

« Contrairement à ses homologues occidentales, la banque centrale chinoise n’a pas pour première et seule mission de contrôler l’inflation. Sous influence du régime, elle obéit à des objectifs économiques variés, dont le fait de jouer sur la monnaie pour rendre les produits chinois attractifs. Ainsi, la devise chinoise est loin d’être entièrement et librement convertible. Chaque jour, la banque centrale fixe un taux pivot. Seule une fluctuation de plus ou moins 2% de sa monnaie autour de ce taux est tolérée. »

https://www.latribune.fr/economie/international/pour-soutenir-le-yuan-faible-la-banque-centrale-chinoise-abaisse-un-taux-929234.html

La monnaie chinoise reste tributaire de la dépendance du pays à ses exportations, mais aussi à ses besoins incontournables en importations, y compris pour faire tourner sa gigantesque machine à exporter…

En clair, la Chine reste pour l’essentiel tributaire du taux de change Yuan/Dollar, qu’elle doit donc manier constamment, et avec précaution, pour maintenir à niveau la balance de son commerce extérieur, tant en termes de marchandises que de circulation de capitaux.

Le « miracle » économique chinois n’existe que par le contrôle constant de l’« interface » entre marché mondial et marché intérieur. Ce qui n’est pas en soi nécessairement une tare, mais pose de manière néanmoins tout à fait constante la contradiction entre protectionnisme et volonté affichée de faire du Yuan une monnaie de réserve internationale.

Et pourtant, on ne peut pas dire que la Chine, sur ce plan monétaire, n’a pas les encouragements de la communauté internationale occidentale, avec une entrée du Yuan au panier de monnaies des Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI, dès 2016 (2), et une part portée récemment dans le calcul de ces droits à 12,28% (3), alors que la part du Yuan dans les paiements internationaux peine à dépasser 2%. (4)

Dans le cadre du conflit actuel en Ukraine, et bien que le PIB de la Chine soit carrément de l’ordre de 10 fois celui de la Russie, on comprend ainsi hélas mieux la portée des « avertissements » en forme de menace à peine voilée de Biden à Xi Jinping (5) au sujet de l’aide que la Chine serait éventuellement tentée d’apporter à la Russie, histoire de mettre ses actes en accord avec ses bonnes paroles « diplomatiques »

Ce qui ne lui interdit apparemment pas, et presque heureusement en un sens, de profiter de la situation pour faire quelques bonnes affaires en matières premières et en énergies russes…

Mais le fait est que si la Russie continue de résister, elle le doit, pour l’essentiel, à ses propres forces. Ce qui fait précisément, au regard des peuples et des nations libres, tout le sens de son combat.

Luniterre

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(_1_ https://www.lesechos.fr/2015/08/comment-fonctionne-le-nouveau-systeme-de-fixation-du-yuan-269847

https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/yuan-le-fonctionnement-dune-monnaie-atypique-1125149)

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(_2_ En 2016, déjà une histoire de diable…!

"Entrée « historique » du Yuan aux DTS du FMI : Ou le bal des diables boiteux…"

https://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/entree-historique-du-yuan-aux-dts-185223 )

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(_3_ https://www.ladiplomatie.fr/2022/07/29/yuan-dollars-augmentent-influence-fmi/)

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(_4_ http://french.china.org.cn/business/txt/2022-07/21/content_78335109.htm)

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(_5_ https://www.lefigaro.fr/flash-eco/biden-alerte-xi-sur-une-violation-des-sanctions-imposees-moscou-20220919)

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Le discours atypique, courageux, et même carrément "décalé" de Pierre De Gaulle sur la question ukrainienne !

https://mai68.org/spip2/spip.php?article12425

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http://cieldefrance.eklablog.com/la-france-en-paix-dit-stop-otan-stop-guerre-a212801533

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Discours de Pierre de Gaulle, petit-fils du Général De Gaulle à l’occasion de la Fête Nationale de la Fédération de Russie - TEXTE INTÉGRAL - VIDÉO -

http://cieldefrance.eklablog.com/discours-de-pierre-de-gaulle-petit-fils-du-general-de-gaulle-a-l-occas-a212801269

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