Quand ce n’est pas l’actualité de la pandémie ou les nouvelles tensions internationales entre Chine et États-Unis qui bousculent les diplomates du Quai, les surprises proviennent du plus haut niveau de l’État. Comme en cette fin d’août 2019 à l’Élysée, pour la traditionnelle « conférence des ambassadeurs et des ambassadrices ». Rassemblés face au chef de l’État, les diplomates écoutent silencieusement plusieurs mises au point présidentielles. C’est l’occasion pour Emmanuel Macron de discourir sur sa vision de la politique étrangère : « Nous sommes en train de vivre la fin de l’hégémonie occidentale sur le monde. Nous nous étions habitués à un ordre international qui, depuis le XVIIIe siècle, reposait sur une hégémonie occidentale. Les choses changent. » Face aux diplomates, ce jeune président est bien obligé de reconnaître que, dans ce contexte international bouleversé, la place de la France est menacée : « Cela doit nous conduire à interroger notre propre stratégie : les deux qui ont les vraies cartes en main sont les États-Unis d’Amérique et les Chinois. Et ensuite, nous avons un choix face à ce grand basculement : décider d’être des alliés minoritaires de l’un ou l’autre, ou un peu de l’un et un peu de l’autre, ou décider d’avoir notre part du jeu, et de peser. » Rester dans le jeu : voilà l’objectif d’une France en voie de marginalisation.