VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > Blackbuster (vidéo 1’09)

Blackbuster (vidéo 1’09)

mercredi 14 février 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 14 février 2018).

Blackbuster

https://www.letemps.ch/opinions/blackbuster

Stéphane Gobbo
Publié mardi 13 février 2018 à 18:37
modifié mardi 13 février 2018 à 18:46

EDITORIAL. Parti cette semaine à l’assaut du box-office mondial, « Black Panther » est la première superproduction de l’histoire reposant entièrement sur un héros noir

Pour expliquer à quel point Black Panther est un film important, un flash-back s’impose. On dit de David W. Griffith qu’il est l’inventeur du langage cinématographique, mais d’une certaine manière, l’Américain est aussi le père du blockbuster – sorti en 1915, Naissance d’une nation est la première superproduction de l’histoire. Mais ce très long métrage a également contribué, et c’est moins glorieux, à imposer un archétype, celui du Noir primitif et violent.

Dire que durant son âge d’or le cinéma hollywoodien a ensuite relégué dans les marges les personnages afro-américains relève de l’euphémisme. L’historien du cinéma Donald Bogle a le premier établi une typologie des différentes représentations des Noirs au cinéma. En marge du « Buck », maléfique et menaçant, il a mis en avant la figure du « Tom », serviable et soumis, du « Coon », idiot et maladroit, de la « Mammie », nounou rondelette et joviale, et enfin de la « Mulâtre », jeune fille à la peau claire et aux amours contrariées.

Dans les années 1950, lorsque Sidney Poitier accède au rang de star, il joue souvent – à l’instar de Denzel Washington plus tard – des personnages rassurants avec lesquels les Blancs peuvent être amis. Le politiquement correct est en marche. Mais deux nouveaux clichés se mettent en place : celui du Noir comme victime, puis du Noir comme copain du héros blanc. C’est alors, dans les années 1970, que débarque avec fracas la blaxploitation, à savoir des films réalisés par des Noirs, avec des Noirs et pour des Noirs. Shaft, en 1971, deviendra un exemple canonique de ce cinéma de série B destiné à satisfaire, enfin, le public afro-américain. Las, les héros noirs n’essaimeront pas – ou très peu – dans le cinéma dominant, qui encore et encore reproduit les mêmes schémas éculés.

Mais voici que Black Panther explose tous les codes. Premier blockbuster à s’inscrire dans l’héritage de la blaxploitation, le film va même plus loin puisqu’il se déroule sur le continent africain. On n’y dénombre que deux Blancs, dont un est rapidement évacué, tandis que l’autre est au service du (super-) héros Noir. Que le film sorte dans l’Amérique de Trump et non durant le mandat d’Obama, qui avait vu plusieurs films revenir sur la période sombre de l’esclavagisme, comme si enfin les Etats-Unis pouvaient tenter un mea culpa, est un symbole fort.

Un casting à 98 % noir !

Cliquer sur l’image pour voir la vidéo.

Impossible de ne pas interpréter ce Black Panther comme un message envoyé à la face de ceux qui ont fait de « Make America Great Again » leur mantra en occultant au passage le génocide du peuple amérindien. Reste que c’est ailleurs, dans les chiffres, que va se jouer l’avenir d’un possible retour, en version mainstream, de la blaxploitation. En cas d’échec au box-office, le costume high-tech de la panthère noire pourrait vite devenir relique muséale.


« Black Panther », comme un air de Black Lives Matter

https://www.letemps.ch/culture/black-panther-un-air-black-lives-matter

Valérie de Graffenried
Publié mardi 13 février 2018 à 13:34
modifié mardi 13 février 2018 à 18:48

Le film de super-héros, qui sort mercredi en Suisse et vendredi aux Etats-Unis, est très attendu au sein de la population afro-américaine, toujours plus stigmatisée dans l’Amérique de Trump

Le film de super-héros Black Panther a, forcément, un écho particulier aux Etats-Unis. D’abord parce qu’il sort – vendredi dans son pays – en plein Black History Month, et qu’il met en scène Wakanda, un pays afro-futuriste qui n’a jamais été colonisé, alors que Donald Trump vient de traiter des pays africains de « shithole countries ». Mais surtout parce qu’il est impossible de ne pas penser au mouvement Black Lives Matter, qui défend les droits des Afro-Américains et s’érige contre les discriminations raciales et les violences policières. Le film est déjà sur les écrans romands dès mercredi.

« Plus riche que Gates, plus intelligent que Musk »

Aux Etats-Unis, des Noirs meurent encore « par erreur » sous les balles de policiers. Selon un décompte du Washington Post, 19 Noirs non armés ont été tués par les forces de l’ordre en 2017. Ils étaient 17 en 2016, 36 en 2015. Dans l’Amérique de Trump, ils se sentent toujours plus stigmatisés. Alors un super-héros noir, encensé par la critique, « plus riche que Bill Gates, plus intelligent qu’Elon Musk et plus élégant que Denzel Washington », selon les propos de l’auteur Jonathan Gray, ça donne forcément des ailes.

« Il n’y a jamais eu autant d’excitation et d’espoir parmi le public afro-américain pour un film depuis Malcom X (1992) de Spike Lee », assure le New York Times, enthousiaste. Campagnes de crowdfunding pour permettre à des enfants d’aller le voir, séances spéciales organisées : Black Panther risque bien de devenir un phénomène, prédit le quotidien. Et de rappeler cette vidéo qui a fait un buzz en décembre, où l’on voit deux Afro-Américains tout excités devant l’affiche du film montrant tant de stars noires. Une vidéo qui a été rapidement twittée avec le commentaire suivant : « C’est ça, ce que ressentent les Blancs TOUT LE TEMPS ?!!!! » Elle a fait plus de 2,5 millions de vues.

Cliquer sur l’image pour voir la vidéo.

ABC relève qu’il ne s’agit pas juste d’un film d’action, mais qu’il explore ce qu’être Afro-Américain signifie réellement. #WhatBlackPantherMeansToMe est d’ailleurs devenu un hashtag à la mode sur Twitter. Pour Shawn Taylor, cofondateur d’un festival de comics noirs cité par la chaîne, « ce film va humaniser la négritude comme elle ne l’a jamais été auparavant ».

« Un acte de résistance »

« Après l’ère Obama, rien ne devrait paraître révolutionnaire. Mais ça l’est. En pleine époque culturellement et politiquement régressive, alimentée en partie par le mouvement des nativistes blancs, l’existence même de Black Panther ressemble à un acte de résistance », écrit Time. « Les thèmes abordés dans le film défient les préjugés institutionnels, ses personnages font la nique aux oppresseurs et le récit met en exergue la vie et les traditions noires. Le fait que Black Panther soit excellent ne fait que l’aider. »

L’actrice oscarisée Octavia Spencer est bien décidée à louer un cinéma et à offrir des places gratuites « pour que tous nos enfants bruns puissent se voir comme des super-héros ». Elle l’a fait savoir sur son compte Instagram. Elle avait déjà agi ainsi en 2016 pour Les Figures de l’ombre, un film dans lequel elle joue, qui a également beaucoup marqué la communauté noire américaine.

1 Message

Répondre à cet article

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0