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Du temps où nous mangions tous "bio"... par Jean LEVY

dimanche 18 février 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 18 février 2018).

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Il est loin le temps où nous mangions tous bio… sans se poser de questions, tel le bourgeois gentilhomme faisait de la prose sans le savoir. Nous pensions naïvement que la laitue, les radis, les haricots verts, les fraises, les tomates ne pouvaient pousser qu’en plein air dans une terre fertile. La science et la technique ne nous avaient pas encore appris que leur récolte serait plus abondante - et en toute saison - sous serre et grâce uniquement à l’eau judicieusement amenée par forces canaux et surtout à l’aide de produits toxiques qui permettent en toutes saisons d’obtenir des hologrammes de fruits rouges sans saveur, mais ô combien rémunérateurs, produits en Espagne ou au bout du monde.

Dans cette préhistoire alimentaire,nous en étions encore à l’archaïque idée que la culture maraîchère visait à pourvoir la population d’une alimentation abondante et naturellement saine. Et que la production de blé servait à faire de la farine, alimentant nos boulangeries qui nous offraient des miches et des baguettes légères et dorées qui complétaient nos repas.

Le souci des gros agrariens ne se focalisait pas encore sur l’indice boursier et la cotation quotidienne des céréales à Toronto ou à Melbourne. L’exportation n’était pas l’unique horizon des producteurs de blé de Beauce et de Brie.

Les penseurs de l’économie mondialisée et de la libre concurrence des marchandises parlaient encore dans le désert.

Oui, nous en étions là dans les années 70.

Nous ne pensions pas alors un seul instant que des décennies plus tard, les produits "bio" seraient réservés à une minorité de la population, en mesure de se les procurer. Et encore, sans certitude qu’il n’y avait pas tromperie sur la marchandise…

C’était l’époque où journaux et bouquins, mots croisés et lainages tricotés meublaient les instants d’un voyage matinal dans le métro en direction du boulot.

Les voyageurs n’avaient pas encore appris les bienfaits de l’industrie numérique, celle de la haute technologie, de l’informatique, de la robotique. La Silicone Valley n’avait pas atteint la renommée des "verts paradis" vantés par la Bible. Ses produits estampillés GAFA étaient encore inconnus du grand public.

Pensez-donc : à cette époque, nul ne pouvait dix fois de suite annoncer à un proche, en l’apprenant à l’ensemble des passagers du bus, que vous rouliez "entre la Bastille et la République" et que vous rapporterez des clémentines le soir à la maison. Chacun , autour de vous, pouvait connaître la localisation du correspondant en réponse aux nombreux "TE OU" à haute voix prononcée.

Rendez-vous compte : les "portables" étaient encore inconnus dans cette civilisation préhistorique.

C’est incroyable !

Plus incroyable encore, les trains arrivaient à l’heure et le prix des trajets s’évaluait au km, quel que soit la destination, le jour ou l’heure du voyage. Les billets étaient achetés aux guichets, pourvus du personnel nécessaire.

La SNCF à maillage serré n’avait pas encore rationalisé son fonctionnement et se contentait d’être un service public envié partout dans le monde par sa ponctualité et sa sécurité.

Ses usagers n’étaient pas alors en proie aux délicieuses incertitudes d’aujourd’hui lorsqu’ils déchiffraient le tableau des trains en retard.

Telles sont les facettes du monde où nous vivions, il y a encore trente ans, en pleine croyance d’un progrès social éternel.

Il nous avait échappé alors que le Capital ne l’entendait pas ainsi, que ses lois le conduisaient à se concentrer, à se mondialiser, à se financiariser.

Déjà, en 1992, les portes de ce monde chaotique et dangereux s’ouvraient toutes grandes avec le traité de Maastricht qui établissait les bases de l’Union européenne et les règles que le Capital imposaient aux peuples. Tout, les sciences, les techniques, les industries de pointe en premier, étaient confisquées par les plus grosses puissances d’argent pour que celles-ci en tirent le maximum de profit au dépend des peuples, de leur niveau de vie, de leur aliénation totale, de la civilisation même.​​​​​​​​​​​​​​

Laisserons-nous faire ?

That is the question, comme dirait le Président de la République, dans sa langue de banquier.

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