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L’échec de la non-violence (livre et vidéo)

mardi 28 mars 2023, par Dominique (Date de rédaction antérieure : 18 mars 2018).

La non-violence a perdu le débat, au cours des 20 dernières années, de plus en plus de mouvements sociaux et de rébellions contre l’oppression et l’exploitation ont vu le jour à travers le monde, et au sein de ceux-là, nombreux sont ceux qui ont compris, avec le temps, que la non-violence ne fonctionne pas. Ils apprennent que les histoires des prétendues victoires non-violentes ont été falsifiées, que des actions ou méthodes spécifiques pouvant être décrites comme non-violentes fonctionnent mieux lorsqu’elles sont accompagnées d’autres actions ou méthodes illégales ou combatives. Ils apprennent qu’il n’y a aucune chance pour que la non-violence dogmatique et exclusive entraîne un changement révolutionnaire dans la société, pour qu’elle parvienne à la racine de l’oppression et de l’exploitation et pour qu’elle renverse ceux qui sont au pouvoir.

Au mieux, la non-violence peut obliger ceux au pouvoir à changer de masques, à placer un nouveau parti politique sur le trône et possiblement à étendre les secteurs sociaux représentés au sein de l’élite, sans changer le fait fondamental de l’existence d’une élite qui dirige et bénéficie de l’exploitation de tous les autres. Et si nous observons les principales rébellions des deux dernières décennies, depuis la fin de la guerre froide, il apparait que la non-violence n’est en mesure d’implémenter ce changement de façade que si elle bénéficie de l’aide d’une grande partie de l’élite — en général, des médias, des riches, et au moins d’une partie de l’armée, parce que la résistance non-violente n’a jamais été en mesure de résister à la pleine puissance de l’Etat.

Lorsque les dissidents ne bénéficient pas du soutien de l’élite, la non-violence pure semble être la meilleure façon de tuer un mouvement, comme ce fut le cas lors de l’effondrement total du mouvement anti-guerre en 2003, ou lors de l’effondrement du mouvement étudiant en Espagne, en 2009.

Au sein de douzaines de nouveaux mouvements sociaux autour du globe, des individus descendent dans les rues pour la première fois, en pensant que la non-violence est le chemin à suivre, puisque, contrairement aux affirmations de nombre de pacifistes, notre société nous enseigne que la violence des gouvernements peut être acceptable, tandis que les petites gens qui veulent changer les choses doivent toujours être non-violents. C’est pourquoi, du mouvement Occupy aux USA au mouvement d’occupation des places en Espagne, en passant par le mouvement étudiant au Royaume-Uni, des dizaines de milliers de gens qui participaient à une lutte pour la première fois de leurs vies, n’ayant entendu parler des concepts de révolution et de résistance qu’à travers le prisme de la télévision ou des écoles publiques (c’est-à-dire, par le biais des médias ou du gouvernement) croyaient largement en la non-violence. Tout autour du globe, l’expérience enseigna à ces gens qu’ils avaient tort, que les pacifistes, ainsi que les médias et le gouvernement, leur avaient menti, et qu’afin de changer quoi que ce soit, ils devraient riposter.

Cet apprentissage collectif se produit sur la planète entière, et se dirige de plus en plus de la non-violence vers une diversité de tactiques — l’idée que nous ne pouvons pas imposer de limite aux tactiques, ni imposer une seule méthode de lutte à tout un mouvement, que nous devons pouvoir choisir parmi un éventail de tactiques, que les luttes sont plus robustes lorsqu’une variété de tactiques les composent, et que nous devons pouvoir choisir individuellement notre méthode de lutte (les tactiques pacifiques, ainsi, font partie de cet éventail de tactiques, tandis que la non-violence exclut toutes les autres méthodes et tactiques).

Il y a 8 ans, il y eut de nombreux débats entre les partisans de la non-violence et les partisans d’une diversité de tactiques. À l’automne 2004, j’ai écrit Comment la non-violence protège l’Etat [un livre que nous allons bientôt publier en français, NdT], un des ouvrages polémiques qui furent publiés à l’époque (les arguments que je présente dans ce livre, ainsi que ses critiques, sont discutés dans l’appendice). Dans le contexte du mouvement antimondialisation, qui fut lourdement faussé par la non-violence en raison de l’institutionnalisation des mouvements sociaux qui existaient avant nous, et en raison de la forte participation d’ONG, le débat eut l’air d’une rude bataille, bien que nombre d’entre nous reçurent aide et inspiration de la découverte de textes republiés issus des luttes des générations précédentes, comme le livre de Ward Churchill, Le pacifisme comme pathologie dont vous pouvez lire l’introduction, écrite par Derrick Jensen, et traduite en français ici, ou Les damnés de la Terre de Frantz Fanon.

À ce moment-là, des partisans de la non-violence émergeaient souvent de leur tour d’ivoire pour débattre avec des partisans de la diversité des tactiques. Mais durant les années intermédiaires, quelque chose changea. Des insurrections se produisirent dans le monde entier, tandis que les mouvements non-violents s’avérèrent mort-nés ou moralement défaillants. Même au sein du mouvement antimondialisation, les manifestations les plus puissantes et communicatives furent celles ouvertement organisées autour d’une diversité de tactiques, tandis que les rébellions dans le Sud économique, qui gardaient en vie le mouvement, étaient tout sauf pacifiques.

Pacifier la résistance

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Nombre des partisans de la non-violence s’inspiraient de la riche histoire, quelque peu falsifiée, des mouvements sociaux pacifiques, comme le mouvement de solidarité de l’Amérique Latine aux USA ou les mouvements antimilitariste ou antinucléaire en Europe. Mais nombre de ces anciens pacifistes ont disparu, tandis que ceux qui demeurent actifs sont rarement présents au sein des nouveaux mouvements non-violents de masse. Face à ses défaites, la non-violence ne n’est pas nourrie de l’expérience des mouvements sociaux, qui lui donnait régulièrement tort, mais s’est ancrée grâce au soutien des médias de masse, des universités, des riches donateurs et des gouvernements eux-mêmes. La non-violence est de plus en plus devenue extérieure aux mouvements sociaux, et s’est imposée à eux.

Tandis que cela se produisait, le débat direct entre l’idée de la non-violence et celle d’une diversité de tactiques s’est fait de plus en plus rare. Les critiques de la non-violence publiées durant ces années soulignaient un certain nombre d’arguments qui, à ce jour, attendent encore d’être reconnus ou réfutés pour qu’un débat honnête puisse continuer. Parmi ceux-ci :

  • L’accusation selon laquelle les partisans de la non-violence, conjointement à l’Etat, ont falsifié l’histoire du mouvement contre la guerre du Vietnam, de la lutte pour les droits civiques aux USA, et du mouvement pour l’indépendance de l’Inde, afin de dépeindre ces luttes, dont les tactiques étaient diverses, comme des mouvements non-violents, et pour faire passer une victoire partielle ou limitée pour une victoire complète.
  • L’argument selon lequel l’Etat parvint à empêcher le mouvement d’atteindre son but, que ce soit dans le cas du mouvement pour les droits civiques ou dans celui de l’indépendance de l’Inde, à cause de la collaboration des pacifistes avec le gouvernement, et à cause de leurs attaques contre ceux de leurs mouvements qui utilisaient des tactiques plus combatives.
  • Le fait que les partisans de la non-violence, en particulier ceux qui sont blancs et issus de la classe moyenne, ont largement édité les enseignements de Martin Luther King et de Gandhi afin d’en ôter leurs propres processus d’apprentissage respectifs et leur radicalisation des dernières années, et d’éliminer leurs critiques de leurs alliés blancs progressistes, ou leur soutien des mouvements non-pacifistes, dont les émeutiers urbains et les mouvements de libération armés.
  • La documentation du soutien gouvernemental, policier et médiatique vis-à-vis de la non-violence au sein des mouvements sociaux, incluant des dossiers gouvernementaux stratégiques qui montrent que l’Etat préfère affronter un mouvement pacifique plutôt qu’un mouvement combatif.
  • Les preuves de paternalisme et de racisme des organisations non-violentes vis-à-vis des luttes des pauvres et des personnes de couleur.
  • L’argument selon lequel le gouvernement et les institutions commerciales sont structurellement insensibles à tout « changement d’avis » et qu’historiquement aucun mouvement strictement non-violent n’a jamais provoqué une mutinerie de masse au sein de l’armée, de la police ou d’autres institutions, comme l’ont fait des mouvements de résistance combatifs ou diversifiés.
  • Une longue liste de gains obtenus par des mouvements qui utilisaient une diversité de tactiques.
  • L’argument selon lequel la « violence » est une catégorie intrinsèquement ambiguë permettant plus de manipulations analytiques que de précisions.
  • L’argument selon lequel la majorité des soi-disant problèmes qui accompagnent la violence révolutionnaire sont en réalité des problèmes pouvant être attribués aux mouvements autoritaires qui utilisaient la violence, et pas aux mouvements anti-autoritaires qui font usage de la violence.

Les partisans de la non-violence de ces dernières années n’ont toujours pas reconnu ces critiques, que ce soit pour les réfuter ou pour revoir leurs propres positions. Ils continuent à répéter les clichés, la désinformation, les déclarations vagues et perpétuent le name-dropping (ou lâcher de noms) de Gandhi et de Martin Luther King, qui sont précisément à l’origine de ces critiques. Mais, le plus souvent, ils évitent simplement toute communication directe. Dans les mouvements sociaux du monde entier, ils commencent à répandre la rumeur selon laquelle le Black Bloc, en particulier, ou les émeutiers masqués en général, sont des provocateurs de la police et des agents du gouvernement. Peu importe que dans chacun des nombreux pays où cette accusation a été proférée, des camarades, au sein des mouvements sociaux, argumentent en faveur de l’autodéfense contre la police, ou de la prise des rues et de la destruction des banques  ; peu importe qu’ils aient déjà publié des explications de leurs actions ou qu’ils soient par ailleurs prêts à s’asseoir et à discuter de tout cela avec ceux qui ne partagent par leur point de vue  ; et peu importe que nombre d’entre eux aient dédié leurs vies entières aux mouvements sociaux — pas simplement à l’attaque de banques mais à la solidarité sous toutes ses formes, ainsi qu’à de nombreuses créations et auto-organisations.

De plus en plus fréquemment, des partisans peu scrupuleux de la non-violence propagent cette accusation, souvent sans aucune preuve, selon laquelle d’autres membres d’un mouvement social sont des provocateurs de la police, et le font précisément parce qu’ils ont peur de débattre. Ils privent ainsi leurs adversaires de toute légitimité et empêchent ceux qui sont extérieurs au problème de comprendre qu’un débat existe, que le mouvement social comprend des croyances et des pratiques contradictoires. En répandant de fausses rumeurs d’infiltration et en divisant le mouvement, ils exposent ceux qu’ils accusent de violence, qu’il s’agisse de la violence d’une arrestation ou de celle de camarades protestataires. À de nombreuses reprises, la police a traqué et arrêté ces « mauvais manifestants » qui sont accusés d’être des infiltrés, afin de laver son honneur. Des partisans de la non-violence ont souvent aidé la police à identifier ces « mauvais manifestants ». Et après avoir organisé ou participé des centaines de fois à des débats sur la non-violence en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, je suis persuadé que ceux qui ont le plus souvent agressé des camarades manifestants sont des partisans de la non-violence. C’est certainement confirmé par ce que j’ai pu observer de mes yeux. Cet épisode s’est joué tant de fois qu’il en a perdu tout caractère humoristique : des partisans de la non-violence attaquent ceux avec qui ils ne sont pas d’accord, au motif qu’ils utilisent des tactiques qui ne sont pas pacifiques.

Autrefois, les seules personnes assez malhonnêtes pour répéter l’accusation selon laquelle le Black Bloc ou d’autres manifestants masqués sont des infiltrés de la police étaient des stalinistes. Aujourd’hui, c’est devenu un argument ressassé non seulement par les zinzins de la conspiration mais aussi par des pacifistes qui s’esquivent derrière Gandhi et Martin Luther King. Les mensonges et les manipulations sont les armes de ceux qui ont perdu le débat mais qui n’ont pas la décence de l’admettre.

Dans le mouvement d’occupation des places, en Espagne, des leaders autoproclamés imposaient une stricte adhérence à la non-violence, jusqu’à interdire le blocage des rues ou le ripolinage des banques, tout en boycottant le débat à ce sujet. À Barcelone, ils faisaient même disparaître les prospectus lorsque des anarchistes tentaient de réserver le Sound System pour organiser un tel débat. Et durant Occupy, un certain nombre de journalistes grand public se présentant comme des amis du mouvement publièrent des dénonciations pleines de manipulations et de désinformations dans une tentative insidieuse de criminaliser une partie du mouvement.

[…] La plupart des partisans de la non-violence se sont tournés vers l’élite et ont obtenu le soutien du système lui-même. De grandes entreprises, lucratives, publient leurs livres par millions, en un flux qui accélère à mesure que les mouvements sociaux combatifs gagnent du terrain. Les médias grand public, à but lucratif, proposent des interviews d’activistes non-violents tandis qu’ils diabolisent ceux qu’ils qualifient de violents. Les professeurs d’université et les employés d’ONG vivant de subventions gouvernementales ou de riches donateurs (et vivant dans le confort, par rapport à la plupart des autres participants des luttes sociales), ont aussi tendance à pencher du côté de la non-violence, emportant avec eux d’importantes ressources institutionnelles. Ressources qui surpassent largement celles des petits sites web de contre-information, des stations de radio pirates, et des organisations de presse volontaires et indépendantes que comprend le mouvement. Pour chaque livre que nous publions, souvent coupés et reliés à la main, ils peuvent en imprimer mille. Les partisans de la non-violence, une fois encore, ont peu scrupuleusement choisi de travailler avec et pour le système dans un pacte faustien leur octroyant ressources, sécurité économique, sécurité face à la répression, et même célébrité, mais ne vous y trompez pas : ils exposent ainsi leur faillite morale. Plus l’on s’approche du DIY (fait soi-même), de l’auto-organisé, et des structures de financement participatives de notre mouvement révolutionnaire, plus l’on s’immerge dans les rues, dans les luttes de ceux qui combattent pour leurs propres vies, et plus l’on est susceptible de trouver là du soutien vis-à-vis d’une diversité de tactiques. Et plus l’on s’approche des ONG, des grandes maisons d’éditions, des médias grand public ou des soi-disant « alternatifs » richement financés, des élites universitaires, des carriéristes des médias et des grands halls des riches et des privilégiés, plus l’on risque de trouver le soutien d’une stricte non-violence.

La non-violence a échoué au niveau mondial. Elle s’est avérée être une grande amie des gouvernements, des partis politiques, des départements de police et des ONG, ainsi qu’une traîtresse envers nos luttes pour la liberté, la dignité et le bien-être. La grande majorité de ses partisans ont quitté le navire pour faire copain-copain avec les médias, l’Etat, ou les riches donateurs, à l’aide de ruses mesquines, de manipulation, ou d’une forme de violence (comme l’attaque de camarades manifestants ou l’aide de policiers lors d’arrestations) qui se montre pratique pour gagner ce concours, même si cela signifie la division et la mort du mouvement. Nombre d’entre eux se sont révélés être des opportunistes, des politiciens ou des carriéristes  ; tandis qu’une minorité ancrée sur des principes, restée fidèle envers ses mouvements historiques, n’a toujours pas répondu aux critiques des échecs passés et à celles des faiblesses actuelles.

En réponse à Comment la non-violence protège l’Etat, quelques supporters de la non-violence, à cheval sur leurs principes (écrivant dans Fifth Estate ou sur l’Indymedia de Richmond, par exemple), ont critiqué le ton dur du livre tout en acceptant les critiques, et ont appelé d’autres pacifistes à le lire afin de résoudre certaines de leurs erreurs. À travers ce livre, j’espère reconnaître qu’un désaccord respectueux est possible, et bien que je critique beaucoup d’exemples de non-violence qui, pour moi, démontrent de l’opportunisme, de l’autoritarisme ou de l’hypocrisie, je veux garder en tête qu’il y a d’autres partisans de la non-violence qui soutiennent et respectent le principe de solidarité.

Dans ce livre, j’argumente en faveur d’une diversité de tactiques. À la base, le concept d’une diversité de tactiques n’est rien de plus que la reconnaissance de ce que différentes méthodes de luttes coexistent côte à côte. Mon but n’est pas de faire en sorte que d’autres pensent comme je pense ou soutiennent les mêmes tactiques et méthodes que moi. Pour moi, il est non seulement inconcevable qu’un mouvement repose sur des méthodes homogènes, mais ce n’est également pas souhaitable. Censurer un mouvement pour le changement social afin que tout le monde utilise les mêmes méthodes relève de l’autoritarisme. C’est pourquoi je pense que la non-violence — à savoir une tentative d’imposer des méthodes non-violentes à un mouvement entier — est autoritaire et appartient à l’Etat. Pour la même raison, je ne souhaite pas imposer mes méthodes aux autres. Même si cela pouvait être accompli à l’aide de l’usage de la pure force de la raison, convaincre tout le monde (ce qui n’est pas possible, puisqu’aucun groupe humain ne pense de façon uniforme, Dieu merci) serait une grave erreur. Nous ne pouvons jamais savoir si nos analyses et nos méthodes sont mauvaises, sauf de temps à autre, grâce à des indices. Nos mouvements sont plus solides lorsqu’ils emploient diverses méthodes et analyses et que ces différentes positions se critiquent les unes les autres. Ceux d’entre nous qui ont essayé de créer une lutte plus conflictuelle ont parfois eu tort, et ont parfois été aidés par les critiques de ceux qui sont plus dans le soin et la réconciliation que dans le conflit. Mais ce genre de critiques mutuelles et de soutien n’est possible que si ceux qui aujourd’hui s’isolent en se déclarant pacifistes décident de manière univoque de toujours soutenir ceux qui luttent, et de toujours lutter contre les pouvoirs oppresseurs.

Mon but, à travers ce livre, n’est pas de convertir ou de délégitimer celui qui préfère la non-violence. Au sein d’une lutte composée d’une diversité de tactiques, il y a de la place pour ceux qui préfèrent les méthodes pacifiques tant qu’ils n’essaient pas d’écrire les règles de la totalité du mouvement, tant qu’ils ne collaborent pas avec la police et les autres structures de pouvoir, et tant qu’ils acceptent que d’autres camarades de lutte usent d’autres méthodes, selon leur situation et leur préférence. Qu’ils reconnaissent les échecs historiques de la non-violence aiderait aussi, mais ceci n’est leur problème que s’ils souhaitent développer des méthodes non-violentes efficaces qui puissent véritablement être prises au sérieux, contrairement aux formes confortables et creuses de non-violence qui ont prévalu au cours des dernières décennies.

Tandis que toute lutte qui n’essaie pas d’imposer l’homogénéité doit accepter l’existence d’une diversité de tactiques, je ne souhaite pas donner à qui que ce soit l’impression que nous avons collectivement fait un bon travail dans la construction de cette lutte, ou que le cadre de la diversité de tactiques est adéquat à nos besoins. Nous avons besoin de luttes sociales bien plus fortes si nous voulons vaincre l’Etat, le capitalisme, le patriarcat — toutes ces forces qui nous oppriment et nous exploitent — pour créer un monde basé sur l’entraide, la solidarité, l’association libre et des relations saines avec la Terre et entre nous. À cet effet, je conclurai par une discussion sur les luttes qui ont ouvert de nouvelles voies prometteuses, et sur comment nous pouvons aller au-delà d’une diversité de tactiques afin que différentes méthodes de luttes puissent se soutenir de manière critique et respectueuse.

Peter Gelderloos

Traduction : Nicolas Casaux

En complément, quelques citations tirées des chapitres suivants du livre L’échec de la non-violence :

« Seuls ceux qui sont impliqués dans des causes radicales, ou ceux qui en font personnellement l’expérience, ont tendance à percevoir les dommages structurels comme de la violence. Les élèves d’une classe typique d’université n’associent pas le fait de payer des impôts ou l’achat de vêtements dans une friperie à de la violence. Ceux qui ont été expulsés, ou ceux qui participent à la lutte contre les expulsions, identifient une expulsion à de la violence. Les activistes pour les droits des animaux associent le fait de manger de la viande à de la violence. Les défenseurs des petits paysans et les défenseurs de la forêt tropicale associent les plantations de soja à de la violence. Personne, ou presque, ne juge violent le fait de conduire une voiture, bien que ce soit objectivement la chose ayant entrainé et entrainant certainement le plus de morts. »

***

« En plus de l’incorrection ou de l’hygiène, le principal terme utilisé pour déclencher une panique morale et mobiliser une action de la part de l’élite était « violence ». Au sein de l’élite, hier comme aujourd’hui, à Barcelone comme dans le monde anglophone, « violence » était un euphémisme pour une menace contre l’ordre établi et son illusion de paix sociale, qui servait à masquer la lutte des classes, la brutalité du patriarcat, et le caractère meurtrier du colonialisme. Les journaux ne parlaient pas de violence lorsque les policiers tuaient des grévistes, lorsque des propriétaires fonciers expulsaient des familles, ou lorsque des pauvres mourraient de faim [et pas non plus, comme récemment, lorsqu’un couple se suicide pour loyers impayés, NdT]. Ils parlaient de violence lorsque des travailleurs se mettaient en grève, lorsque des locataires cessaient de payer leurs loyers, lorsque des vendeurs à la sauvette refusaient de livrer leurs marchandises à la police (qui les harcelait au profit des propriétaires de magasins), et lorsque des anarchistes commettaient des actes de sabotage ou organisaient des manifestations non-autorisées. »

***

« Nous devrions également éviter d’utiliser comme critère le fait qu’un mouvement mène ou pas à une augmentation de la répression. Je me souviens d’innombrables débats lors desquels des partisans de la non-violence essayèrent de dépeindre quelque lutte comme un échec en raison du haut niveau de répression qu’elle entraîna. Les mouvements non-violents semi-efficaces du passé ont tous entrainé une augmentation de la répression gouvernementale dès lors qu’ils encourageaient une désobéissance civile étendue. La croyance des pacifistes modernes, que ni Gandhi ni Martin Luther King ne partageaient, selon laquelle une lutte pacifique pourrait éviter des conséquences policières et militaires brutales, a été efficacement utilisée comme argument de vente pour remplir les rangs des mouvements non-violents d’opportunistes, de weekenders, d’amis des beaux jours, de lâches, de carriéristes et de citoyens naïfs qui pensent que changer le monde peut se faire simplement et sans heurts. »

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« Une des principales fonctions de la non-violence, à la fois historiquement et au cours des deux dernières décennies, a été d’attaquer les mouvements qui menacent réellement l’État. Ces dernières années, cela s’illustre par le fait que de plus en plus d’activistes non-violents endossent le rôle de la police en aidant à criminaliser et à marginaliser ceux qui se révoltent, qu’il s’agisse d’anarchistes dans un Black Bloc ou d’habitants de ghettos urbains. »

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« Peut-être que le plus important des arguments contre la non-violence est que la violence est un concept ambigu au point d’être incohérent. C’est un concept sujet à la manipulation, et sa définition est entre les mains des médias et du gouvernement  ; c’est pourquoi ceux qui fondent leur lutte sur son évitement agiront selon et suivront toujours les recommandations de ceux au pouvoir. »

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« Le territoire et les habitants contrôlés par l’État sont tout ce qu’il possède, et il est prêt à tout pour ne pas les laisser libres. Pour cette raison, des luttes plus fortes impliquent une répression accrue, avec la police ou même l’armée qui nous intimideront, emprisonneront, tortureront ou massacreront pour nous faire obéir. Il s’agit là d’une autre raison pour laquelle la situation doit empirer avant de s’améliorer. Afin de renverser les structures de pouvoir établies, nous devons non seulement être assez forts pour les menacer – ce qui n’a eu lieu que peu de fois au cours des 20 dernières années  ; mais également assez forts pour survivre à la privation que le capitalisme nous infligera, et pour surmonter la brutalité que l’État déchainera à notre encontre. »

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« Cette attitude démontre une autre caractéristique essentielle de la non-violence : la tendance à rechercher la sécurité plutôt qu’à accepter le danger  ; à justifier la répression étatique plutôt qu’à s’y opposer  ; et à avaler la croyance démocratique selon laquelle en évitant la violence ils peuvent éviter la répression, selon laquelle il est possible d’avoir une révolution sans conséquences. Ironique, quand on sait que les deux principales figures dont ils exploitent systématiquement l’image et dont ils altèrent si lourdement la philosophie ont fini tuées pour leurs efforts. Mais, répétons-le, la non-violence est une idée illusoire. »

En deuxième complément, quelques citations tirées du livre Comment la non-violence protège l’Etat :

[…] On peut discerner un schéma récurrent de manipulation historique et de blanchiment flagrant dans chacune des victoires revendiquées par les activistes non-violents. La position pacifiste requiert que le succès puisse être attribué aux tactiques pacifistes et à elles seules, alors que nous autres pensons que le changement provient de l’ensemble des tactiques utilisées dans toute situation révolutionnaire, pourvu qu’elles soient déployées de façon efficace. Parce qu’aucun conflit social majeur ne présente une uniformité de tactiques et d’idéologies – autrement dit on trouve dans tous les conflits de ce genre le recours à des tactiques pacifistes et à des tactiques résolument non-pacifistes –, les pacifistes doivent effacer la part d’histoire qui est en désaccord avec leurs affirmations ou au contraire attribuer leurs échecs à la présence au sein du mouvement concerné d’une forme de lutte violente.

On nous raconte qu’en Inde, guidés par leur leader Gandhi, les gens construisirent au fil des décennies un mouvement non-violent de masse et s’engagèrent dans la protestation, la non-coopération, les boycotts économiques, des grèves de la faim exemplaires et des actes de désobéissance pour bloquer la machinerie de l’impérialisme britannique. Ils subirent des massacres et répliquèrent par une ou deux émeutes mais, dans l’ensemble, le mouvement fut non-violent et, après avoir persévéré pendant des décennies, le peuple indien gagna son indépendance, délivrant ainsi une victoire pacifiste certifiée. L’histoire réelle est plus compliquée, puisque des poussées violentes ont également influencé la décision de retrait des Britanniques. Ceux-ci avaient perdu la capacité de maintenir leur pouvoir colonial, après que des millions de leurs soldats meurent et qu’une grande quantité de ressources diverses soient anéanties au cours de deux guerres mondiales extrêmement violentes, dont la seconde dévasta tout spécialement la mère patrie. Les luttes armées des militants arabes et juifs en Palestine entre 1945 et 1948 continuèrent d’affaiblir l’empire britannique, et rendirent alors évidente la menace que les Indiens pourraient abandonner la désobéissance civile et prendre les armes en masse si l’on continuait de les ignorer encore longtemps  ; tout ceci ne peut être exclu des facteurs qui déterminèrent la décision des Britanniques de renoncer à une administration coloniale directe.

On réalise que cette menace était encore plus directe lorsque l’on comprend que l’histoire pacifiste du mouvement d’indépendance indien brosse un tableau sélectif et incomplet : la non-violence n’était pas universelle en Inde. La résistance à la colonisation britannique comprenait bien assez de lutte violente ou armée pour que l’on considère de façon plus exacte que la méthode gandhienne était l’une des différentes formes concurrentes de résistance populaire. Dans leur dérangeante démarche d’universalisation, les pacifistes effacent ces autres formes de résistance et contribuent à propager l’histoire fausse selon laquelle Gandhi et ses disciples étaient la seule boussole de la résistance indienne. Sont ainsi passés sous silence d’importants dirigeants militants comme Chandrasekhar Azad , qui combattit les armes à la main contre les colons britanniques, et des révolutionnaires comme Bhagat Singh, qui s’attira un soutien massif en commettant des attentats à la bombe et des assassinats au profit d’une lutte visant le renversement du capitalisme tant indien que britannique .

L’histoire pacifiste de la lutte indienne ne peut rendre compte du fait que Subhas Chandra Bose, le candidat favorable à l’usage de méthodes de luttes non exclusivement pacifiques, fut élu deux fois président du Congrès National Indien, en 1938 et 1939. Si Gandhi fut peut-être la figure la plus remarquablement influente et populaire dans la lutte pour l’indépendance de l’Inde, la position dirigeante qu’il assuma ne lui valut pas toujours un soutien unanime des masses. Il perdit tellement de soutien des Indien-ne-s lorsqu’il appela au calme après l’émeute de 1922 que « pas le moindre murmure de protestation ne se fit entendre en Inde quand les Britanniques l’arrêtèrent ensuite. »

De façon significative, l’histoire se souvient de Gandhi plus que de tous les autres non pas parce qu’il représentait la voix unanime de l’Inde, mais de par l’attention particulière que lui porta la presse britannique et la prééminence que lui valut le fait d’être pris comme interlocuteur lors d’importantes négociations avec le gouvernement colonial britannique. Si l’on se rappelle que l’histoire est écrite par les vainqueurs, une autre strate du mythe de l’indépendance indienne s’effrite.

Mais l’aspect le plus désolant de l’affirmation des pacifistes que l’indépendance de l’Inde est une victoire pour la non-violence est qu’elle donne tête baissée dans la manipulation historique élaborée dans l’intérêt des États impérialistes et partisans de la suprématie blanche, qui ont colonisé les pays du Sud. Le mouvement de libération de l’Inde échoua. Les Britanniques ne furent pas contraints à quitter l’Inde. Ils choisirent au lieu de ça de transférer le territoire d’une administration coloniale directe à une administration néocoloniale. Quelle sorte de victoire autorise les perdants à dicter le calendrier et les modalités de l’ascension des vainqueurs  ? Les Britanniques rédigèrent la nouvelle constitution et remirent le pouvoir entre les mains de successeurs qu’ils choisirent. Ils attisèrent les flammes du séparatisme ethnique et religieux afin que l’Inde soit affaiblie par des divisions internes, empêchée de bénéficier de la paix et de la prospérité, et dépendante de l’aide militaire et autres formes de soutien de la part des États euro-américains.

L’Inde est toujours exploitée par des entreprises euro-américaines (bien que plusieurs nouvelles entreprises indiennes, principalement des filiales, se soient jointes au pillage), et continue de fournir des ressources et des marchés aux États impérialistes. Par bien des façons, la pauvreté de son peuple s’est aggravée et l’exploitation est devenue plus efficace. L’indépendance à l’égard du pouvoir colonial a donné à l’Inde plus d’autonomie dans quelques zones, et a certainement permis à une poignée d’Indiens de s’asseoir dans les fauteuils du pouvoir, mais l’exploitation et la marchandisation des ressources s’est approfondie. Qui plus est, l’Inde a perdu la nette opportunité que représentait une lutte d’émancipation riche de sens menée contre un oppresseur étranger aisément identifiable. Aujourd’hui, un mouvement d’émancipation aurait à s’opposer aux dynamiques déconcertantes du nationalisme et de la rivalité ethnique et religieuse pour abolir un capitalisme et un gouvernement domestiques bien plus développés que dans leurs formes d’alors. Tout bien pesé, le mouvement d’indépendance a donc bien échoué.

***

[…] Il est quelque peu étrange que les pacifistes revendiquent comme victoire l’arrêt de la course aux armements nucléaires. Une fois encore, le mouvement ne fut pas exclusivement non-violent  ; il comprenait des groupes qui menèrent un nombre considérable d’attentats à la bombe et autres actes de sabotage ou de guérilla. Et là encore, c’est une victoire douteuse. Les traités de non-prolifération, si peu respectés au demeurant, n’ont été signés qu’après que la course aux armements eut déjà été gagnée, les États-Unis exerçant une hégémonie incontestée par la possession de plus d’armes nucléaires qu’il ne pourrait être utilisé en pratique. Et il paraît clair que la prolifération continue en fonction des besoins, actuellement au travers du développement d’armes nucléaires tactiques et de la planification d’une nouvelle vague de centrales nucléaires. Il semble véritablement que toute la question ait été soldée plus comme un problème politique interne au gouvernement lui-même que comme un conflit entre un mouvement social et un gouvernement. Tchernobyl et plusieurs fusions évitées de justesse aux États-Unis ont montré que l’utilisation de l’énergie nucléaire (un composant indispensable du développement des armes nucléaires) n’était pas la moindre des responsabilités, et il n’est pas besoin de protestataires pour mettre en question l’utilité, même pour un gouvernement s’obstinant à conquérir le monde, de gaspiller d’incroyables ressources dans la prolifération nucléaire lorsqu’on a déjà assez de bombes pour faire exploser toute la planète, et alors que les guerres et les actions clandestines menées depuis 1945 l’ont toutes été, sans exception, avec d’autres technologies.

***

[…] Le mouvement pour les droits civiques des Noirs américains est l’un des épisodes les plus importants de l’histoire pacifiste. Dans le monde entier, les gens le considèrent comme un exemple de victoire non-violente. Mais, à l’instar des autres exemples discutés ici, ce mouvement ne fut ni une victoire ni non-violent. Il réussit à abolir la ségrégation en droit et à permettre l’expansion de la minuscule et insignifiante bourgeoisie noire, mais ce n’était pas là les seules exigences de la majorité des personnes qui prirent part au mouvement. Ils voulaient une complète égalité politique et économique, et beaucoup voulaient également l’émancipation des Noirs sous la forme du nationalisme noir, de l’inter-communalisme noir, ou autre forme d’indépendance à l’égard de l’impérialisme blanc. Aucune de ces exigences ne fut remplie – pas l’égalité, et certainement pas l’émancipation.

L’idée que l’on se fait en général (avant tout chez les progressistes blancs, les pacifistes, les éducateurs, les historiens et les officiels du gouvernement) du mouvement contre l’oppression raciale aux États-Unis est qu’il était avant tout non-violent. Mais bien au contraire, malgré le fait que des groupes pacifistes tels que la SCLC (Southern Christian Leadership Conference) de Martin Luther King Jr aient eu un pouvoir et une influence considérables, le soutien populaire au sein du mouvement se cristallisait de façon croissante autour de groupes révolutionnaires comme le Black Panther Party , particulièrement chez les Noir-e-s pauvres. Selon un sondage mené en 1970 par l’institut Harris, 66 % des Afro-Américain-e-s déclaraient que les activités du Black Panther Party les rendaient fiers, et 43 % que ce parti incarnait leurs propres vues . En fait, la lutte violente a longtemps été partie intégrante de la résistance des Noirs à la suprématie blanche. Mumia Abu-Jamal documente de façon solide cette histoire dans son livre de 2004, « We want freedom ».

Il y écrit : « Les racines de la résistance armée plongent en profondeur dans l’histoire des AfroAméricains. Seuls ceux qui ignorent ce fait considèrent le Black Panther Party comme quelque chose d’étranger à notre héritage historique commun. » En réalité, les fractions non-violentes ne peuvent être distillées et séparées des franges révolutionnaires du mouvement (même si la désaffection et les rancunes, encouragées par l’État, ont souvent existé entre elles). Les activistes pacifistes de la classe moyenne, y compris Luther King, ont tiré une grande part de leur pouvoir du spectre de la résistance noire et de l’existence de révolutionnaires noir-e-s armé-e-s.

L’affirmation que le mouvement pacifiste américain a réussi à mettre fin à la guerre contre le Vietnam présente le même ensemble de faiblesses. Ward Churchill et d’autres ont déjà fort bien formulé la critique, je me contenterai donc de la résumer. Avec une impardonnable suffisance, les activistes pacifistes négligent que trois à cinq millions d’Indochinois-es sont mort-e-s dans le combat contre l’armée américaine  ; que des dizaines de milliers de soldats américains furent tués et des centaines de milliers blessés  ; que bien d’autres, démoralisés par le bain de sang, étaient devenus hautement inefficaces et réfractaires , et que les États-Unis étaient en train de perdre de leur capital politique (et de s’acheminer vers une banqueroute fiscale) à tel point que les politiciens pro-guerre commencèrent à réclamer un retrait stratégique (en particulier une fois que l’offensive du Têt eut démontré que la guerre était « ingagnable », selon les mots de beaucoup de monde à l’époque). Le gouvernement américain ne fut pas contraint à se retirer par les protestations pacifiques  ; il fut défait politiquement et militairement. À l’appui de cette affirmation, Ward Churchill cite la victoire du Républicain Richard Nixon et l’absence du moindre candidat pacifiste au sein du Parti Démocrate en 1968, presque à l’apogée du mouvement anti-guerre. On pourrait y ajouter la réélection de Nixon en 1972, après quatre années d’escalade et de génocide, pour démontrer l’impuissance du mouvement pacifiste à « dire la vérité au pouvoir ». En fait, le mouvement pacifiste imbu de principes se dissout en même temps que les États-Unis retirèrent leurs troupes (un retrait achevé en 1973). Il fut moins sensible à la campagne de bombardement de civile-s la plus intense de l’histoire, qui s’intensifia après le retrait des troupes, ou à l’occupation du Sud-Vietnam qui continuait par une dictature militaire entraînée et financée par les États-Unis. En d’autres termes, le mouvement se replia (et récompensa Nixon en le réélisant) une fois que les Américains, et non les Vietnamien-ne-s, furent en sécurité. Le mouvement pacifiste américain échoua à apporter la paix. L’impérialisme américain continua de plus belle, et bien que la stratégie militaire qu’il avait choisie ait été défaite par les Vietnamiens, les États-Unis atteignirent dans l’ensemble leurs objectifs politiques en temps voulu, précisément parce que le mouvement pacifiste échoua à faire advenir un quelconque changement sur le plan intérieur.

Le livre Comment la non-violence fait le jeu de l’État de Peter Gederloos :

http://mai68.org/spip2/IMG/pdf/pete…

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