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Compilation d’article sur la crise financière actuelle

dimanche 19 mars 2023, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 18 mars 2023).

Redressement, démantèlement, fusion… Quatre scénarios pour l’avenir de Credit Suisse

https://www.letemps.ch/economie/red…

Publié jeudi 16 mars 2023 à 17:35
Modifié jeudi 16 mars 2023 à 19:38

Mathilde Farine, Sébastien Ruche

Après l’aide de la BNS, la banque s’est stabilisée. Sa restructuration pourra-t-elle être menée à bien ? Ou faut-il envisager un démembrement ou une injection de capital ?

Credit Suisse à Zurich. — Ennio Leanza / keystone-sda.ch

Jeudi, après l’intervention de la Banque nationale suisse (BNS), qui a offert des liquidités à Credit Suisse, l’action de cette dernière a bondi de 26% à l’ouverture de la bourse suisse, atteignant 2,25 francs après avoir touché un nouveau plus bas historique la veille, à 1,55 franc.

Le prix des CDS, des instruments financiers de protection contre un risque de défaillance, est redescendu jeudi matin du sommet historique atteint mercredi. Cette évolution indique que les investisseurs sont moins inquiets d’un risque de défaillance de la banque, même si le niveau de ces assurances reste élevé.

L’urgence vitale semble être derrière pour la deuxième banque du pays, mais ce soutien sera-t-il suffisant pour lui permettre de se stabiliser et d’effectuer sa restructuration ? Ou est-il déjà trop tard ? Quatre scénarios se dessinent.

1. Le statu quo : le plan va fonctionner

Le plan de restructuration annoncé par Credit Suisse en octobre dernier repose sur une logique simple : se séparer d’entités ou d’activités nécessitant beaucoup de capital et qui ont essentiellement produit des pertes ces derniers trimestres.

Une banque doit en effet mettre du capital de côté pour couvrir ses encours, pondérés par leur niveau de risque (plus un actif est risqué, plus une banque doit constituer un matelas de sécurité important).

En conséquence, Credit Suisse va se séparer de certaines activités ou de certains actifs risqués. Cela réduira ses besoins en fonds propres. Même si l’opération s’effectue à perte (le prix de vente des actifs étant bas, par exemple, car les acheteurs savent que la banque doit absolument vendre), elle peut se révéler positive si les fonds propres qu’elle permet de libérer sont supérieurs aux pertes subies par l’établissement.

L’ampleur des sorties de fonds sera déterminante pour savoir si ce scénario prévaut. Au dernier trimestre de 2022, celles-ci se montaient à 110 milliards de francs. Cet exode se poursuivait, mais à un rythme beaucoup plus lent, admettaient les responsables de Credit Suisse en début de semaine. Reste à voir si les turbulences de ces derniers jours l’auront accéléré à nouveau.

Selon l’avocat Carlo Lombardini, la deuxième banque du pays « pourrait rencontrer des problèmes de liquidités si les retraits se poursuivent, ce qui est dangereux puisque la liquidité est aussi importante que les fonds propres. De toute façon, la banque va avoir un problème de rentabilité, car les gens qui retirent leur argent d’une banque ne vont pas conclure de nouvelles affaires avec elle. »

2. Une nouvelle injection de capital

De plus en plus d’experts doutent ainsi de la capacité de Credit Suisse à mettre en œuvre sa restructuration pour redevenir rentable. Johann Scholtz, analyste chez Morningstar, qui a placé la note de la dette de la banque sous surveillance, estime ainsi qu’elle sera obligée de lever à nouveau du capital pour restaurer la confiance des prêteurs et des clients. Car, d’après l’agence de notation, « les coûts de financement de Credit Suisse sont devenus si prohibitifs que la perte de 2023 augmentera jusqu’à risquer de rendre son niveau de capital inadéquat ».

L’analyste reconnaît qu’une nouvelle émission d’actions aurait pour conséquence de diluer celles des actionnaires déjà présents. Il doute même qu’elle soit possible au vu des propos du président de Saudi National Bank, le plus important investisseur de Credit Suisse, qui a affirmé refuser de mettre un centime de plus pour soutenir la banque et provoqué les turbulences boursières de mercredi. Il a nuancé son propos jeudi en affirmant que Credit Suisse n’avait pas besoin de nouveaux capitaux.

Charles-Henry Monchau, responsable des investissements de la Banque Syz à Genève, estime également que les « mesures [des derniers jours] ne sont pas suffisantes pour que Credit Suisse soit complètement tiré d’affaire. Il s’agit de restaurer la confiance du marché via la sortie complète de la banque d’investissement, une garantie totale sur tous les dépôts par la BNS et l’injection de capitaux pour donner à la banque le temps de se restructurer. »

« Quelque chose doit être fait maintenant pour restaurer la confiance, qui est le véritable capital d’une banque », abonde Carlo Lombardini. Mais il précise qu’un « bail-in », qui consiste à transformer les obligations émises par une banque en fonds propres, « ne serait pas efficace, car Credit Suisse n’a en principe pas de problème immédiat de solvabilité ».

3. Séparation des entités

Comme beaucoup d’autres, Johann Scholtz envisage un démentèlement de Credit Suisse. Les activités en « bonne santé », dont la banque suisse, la gestion d’actifs, la gestion de fortune et peut-être même certaines parties de la banque d’investissement pourraient être vendues ou cotées séparément à la bourse.

Carlo Lombardini regrette d’ailleurs que Credit Suisse « ait rencontré d’importantes difficultés en s’aventurant en dehors de ses activités traditionnelles que sont la gestion de fortune et les services bancaires en Suisse, qui sont toutes deux très solides ». Une sortie de crise, selon lui, pourrait passer par le sauvetage de l’entité suisse de Credit Suisse : « Il faudrait que des investisseurs suisses rachètent cette partie du groupe, qui doit être sauvée en priorité, et Credit Suisse redeviendrait ce qu’il était à ses origines. »

Une telle opération aurait un autre avantage, estime Jean-Charles Rochet, professeur de finance à l’Université de Genève : « Cela permettrait de ne pas être tributaire de capitaux internationaux, qui peuvent être volatils pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la Suisse ou avec la santé de l’entreprise concernée. »

4. Un rapprochement avec UBS ou une autre banque

C’est un scénario évoqué à intervalles réguliers. Plusieurs analystes l’évoquaient à nouveau jeudi, mais il se heurte à des obstacles. Au niveau suisse, une telle opération poserait des questions de concurrence, le nouvel ensemble pourrait avoir une position dominante sur le marché local. Autre inconvénient, la réunion des deux plus grandes banques du pays se traduirait par des doublons dans la plupart des activités. Doublons qui seraient résorbés par des licenciements, probablement importants. Mauvais pour l’image, tant du côté de la banque reprise que du repreneur. Interrogés à ce sujet, le patron d’UBS, de même que celui de Julius Baer ont déclaré se concentrer sur leurs affaires.


SVB : de la vallée au gouffre

https://upml.org/2023/03/svb-de-la-…

13 mars 2023

Un lecteur nous transmet cet article

Nous publions ici des extraits d’un article,  un peu long, que nous a transmis un lecteur. A propos du mode production capitaliste nous notions dans notre projet de programme sur les Crises financières. Qu’en lien avec les taux de profits limités sur les marchés, le capital se dirige vers la spéculation pour de meilleurs rendements. Mais l’éclatement de bulles spéculatives en 2008 a déclenché au niveau mondial la plus importante et la plus longue crise économique…  Par conséquent, l’endettement des États a subi un développement jamais vu (au niveau mondial, ce sont 300% du Produit Mondial Brut (PMB) de dettes, en France environ 100% du Produit Intérieur Brut (PIB). Ceci est un fardeau pour l’avenir et la prochaine crise à venir sera d’autant plus profonde.” (Projet de programme Page 4 )

De la vallée des miracles au gouffre… financier

Vendredi, la banque californienne Silicon Valley Bank (SVB) est devenue la plus grande banque à faire faillite depuis la crise financière de 2008.  Dans un effondrement soudain qui a choqué les marchés financiers, elle a laissé en plan des milliards de dollars appartenant à des entreprises et à des investisseurs.

La SVB recevait des dépôts et accordait des prêts à des entreprises situées au cœur du secteur technologique américain.  La Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) (Corporation Fédérale de Dépôts et Assurances) agit actuellement en tant qu’administrateur judiciaire.

La FDIC est une agence gouvernementale indépendante qui assure les dépôts bancaires et supervise les institutions financières, ce qui signifie qu’elle liquidera les actifs de la banque pour rembourser ses clients, y compris les déposants et les créanciers.

Qu’est-il arrivé à la SVB et s’agit-il d’un cas isolé ou d’un signal annonçant d’autres krachs financiers ?  L’événement immédiat a été l’annonce par la SVB qu’elle avait vendu à perte une série de titres dans lesquels elle avait investi et qu’elle devrait vendre 2,25 milliards de dollars d’actions nouvelles pour tenter de consolider son bilan.

Cela a déclenché une panique parmi les principales entreprises technologiques de Californie qui détenaient leurs liquidités auprès de la SVB.  Il y a eu une ruée classique sur la banque.  À la vitesse de l’éclair, la banque a dû empêcher les déposants de retirer leurs liquidités. Le cours de l’action de la société s’est effondré, entraînant les autres banques dans sa chute.

La négociation des actions de SVB a été interrompue, puis SVB a abandonné ses efforts pour lever des capitaux ou trouver un acheteur, ce qui a conduit la FDIC à prendre le contrôle de la banque.

Bien que relativement peu connue en dehors de la Silicon Valley, la SVB figurait parmi les 20 premières banques commerciales américaines (la 16e), avec 209 milliards de dollars d’actifs totaux à la fin de l’année dernière, selon la FDIC. C’est le plus grand prêteur à faire faillite depuis la Washington Mutual, qui s’est effondrée en 2008 lors de la crise financière mondiale.

Contrairement à certaines informations, SVB n’est donc pas un petit poucet. Elle offrait des services à près de la moitié des entreprises technologiques et de soins de santé financées par le capital-risque aux États-Unis.  La SVB détenait de l’argent pour ces “capital-risqueurs” (ceux qui investissent dans les nouvelles entreprises en phase de démarrage).

Mais elle a également réalisé des investissements avec les dépôts en espèces qu’elle recevait, en accordant des prêts parfois risqués aux fondateurs d’entreprises technologiques, tant à titre personnel que pour leurs sociétés. Mais ses investissements ont commencé à être déficitaires.

 SVB avait parié sur l’achat d’obligations d’État américaines apparemment sûres.  Cependant, lorsque la Réserve fédérale a entamé son cycle de hausse des taux d’intérêt pour “contrôler l’inflation”, la valeur de ces obligations d’État a fortement chuté et le bilan de la SVB a commencé à prendre l’eau.

Lorsque la SVB a informé le monde financier qu’elle vendait ces obligations à perte pour faire face aux retraits d’argent de ses clients, la ruée sur la banque a commencé.  N’ayant pas réussi à obtenir des fonds supplémentaires en vendant des actions, SVB a dû se déclarer en faillite et se placer sous la tutelle de la FDIC.

Certains écartent l’idée que l’effondrement de SVB est un signe avant-coureur.  “SVB était petite, avec une base de dépôts très concentrée”, a déclaré Ciaran Callaghan, responsable de la recherche sur les actions européennes chez Amundi. Elle n’était pas préparée à l’afflux de dépôts, ne disposait pas des liquidités nécessaires pour couvrir les remboursements de dépôts et a donc été contrainte de vendre des obligations, ce qui a entraîné une augmentation de capital et créé la contagion. « Il s’agit d’un cas très isolé et idiosyncrasique ».

Il s’agit donc d’un cas unique.  Mais est-ce bien le cas ?  L’effondrement de la SVB est dû à un événement plus large, à savoir les hausses agressives des taux d’intérêt décidées par la Réserve fédérale au cours de l’année écoulée.  Lorsque les taux d’intérêt étaient proches de zéro, les banques comme la SVB se sont lancées dans l’achat de bons du Trésor à long terme, apparemment peu risqués. Mais lorsque la Fed a relevé les taux d’intérêt pour “lutter contre l’inflation”, la valeur de ces actifs a chuté, laissant de nombreuses banques avec des pertes non réalisées.

La hausse des taux a également frappé de plein fouet le secteur technologique, en réduisant la valeur des actions de ce secteur et en rendant difficile la collecte de fonds.  Les entreprises technologiques ont donc commencé à retirer leurs dépôts en espèces à la SVB pour payer leurs factures.

………………………

“Les défis institutionnels de SVB reflètent un problème systémique plus large et plus répandu : le secteur bancaire est assis sur une tonne d’actifs à faible rendement qui, grâce à la dernière année d’augmentation des taux, sont maintenant largement sous l’eau – et coulent”, a déclaré Konrad Alt, cofondateur de Klaros Group.  M. Alt estime que les hausses de taux ont “effectivement anéanti environ 28 % de l’ensemble du capital du secteur bancaire à la fin de 2022”.

La faillite de SVB est peut-être un cas unique, mais les krachs financiers commencent toujours par les plus faibles ou les plus téméraires.  Il s’agit d’une banque qui était sous l’emprise des ciseaux d’un effondrement imminent : baisse des bénéfices dans le secteur technologique et chute des prix des actifs provoquée par la hausse des taux d’intérêt.

SVB, dont les actifs atteignaient environ 209 milliards de dollars et dont la clientèle se concentrait sur les jeunes pousses technologiques, s’est révélée particulièrement vulnérable à l’impact d’une hausse rapide des taux d’intérêt. Mais les pertes de SVB sur les ventes d’obligations se répètent pour de nombreuses autres banques.  La FDIC a récemment indiqué que les banques américaines sont assises sur 620 milliards de dollars de pertes cumulées non réalisées dans leurs portefeuilles de titres.

Entre-temps, après que les derniers chiffres de l’emploi ont continué à montrer un marché du travail “tendu”, la Réserve fédérale semble prête à continuer à augmenter les taux d’intérêt encore plus rapidement et plus fortement que les investisseurs financiers ne le prévoyaient.

…………………..

Et comme l’a dit Larry Summers, gourou keynésien et ancien secrétaire au Trésor, “nous devons être prêts à continuer à faire ce qui est nécessaire pour contenir l’inflation”.  Peut-être au point de faire tomber des pans entiers du secteur bancaire et des entreprises.


La chute de la Silicon Valley Bank. Une autre expression de la crise capitaliste [L’Agora]

https://www.breizh-info.com/2023/03…

19 mars 2023

José Castillo

José Castillo, dirigeant de Izquierda Socialista, section argentine de l’UIT-QI, nous adresse cette tribune parue en espagnol ici et que nous reprenons.

Le vendredi 12 mars eut lieu., la faillite de la Silicon Valley Bank. Elle a déclenché une secousse durant tout le week-end et une forte chute des cotations des banques dans les bourses du monde entier. Un nouveau signe d’un capitalisme impérialiste en crise chronique. Quelle que soit l’issue de cet épisode, les grands capitalistes tenteront d’en faire payer le prix à la classe ouvrière et aux peuples du monde.

La Silicon Valley Bank est une institution financière spécialisée dans le financement des entreprises technologiques, qu’il s’agisse de grandes sociétés ou de jeunes « startups » plus modestes. Elle était la 16ᵉ banque des États-Unis. Sa faillite est la deuxième plus importante de l’histoire des États-Unis (la plus grave, en 2008, est celle de Lehman Brothers, au plus fort de la crise de l’époque).

Plus de la moitié des entreprises technologiques de la région de la Silicon Valley en Californie avaient déposé de l’argent dans la banque, y compris la grande majorité des soi-disant « startups ».

Les rumeurs de faillite de la banque ont entraîné une ruée jeudi et vendredi, durant laquelle 42 milliards de dollars ont été retirés. Finalement, la Réserve fédérale américaine a déclaré la banque en faillite. L’US Federal Deposit Insurance Corporation, une entité publique, a été laissée comme « liquidateur » et chargée des 175 milliards de dollars de dépôts. Le problème est que les dépôts ne sont garantis qu’à hauteur de 250 000 dollars par compte, ce qui ne couvre que 7 % des dépôts.

Pourquoi y avait-il autant de dépôts importants sur les comptes de la Silicon Valley Bank ? Parce que la plupart d’entre eux appartenaient à des entreprises de nouvelles technologies, les « startups ». Une startup est une nouvelle entreprise, généralement de petite taille, qui, puisqu’elle se situe dans le domaine des nouvelles technologies, vise à se développer très rapidement. Elles dépendent des capitaux de tiers, qu’il s’agisse de spéculateurs, d’autres grandes entreprises ou de banques. Les start-ups ont souvent du mal à obtenir un financement auprès des banques plus traditionnelles, car elles ne satisfont pas aux exigences en matière de sécurité. La Silicon Valley Bank était une banque spécialisée dans l’octroi de ces prêts « à risque ».

Les start-ups n’ont généralement pas beaucoup de revenus : elles paient leurs employés et d’autres factures avec les liquidités qu’elles collectent en vendant des actions à des investisseurs en capital-risque. Et, elles conservent l’excédent de liquidités qu’elles recueillent. Nombre d’entre elles l’ont placé dans des comptes à la Silicon Valley Bank. Ainsi, c’est cette même banque qui leur a accordé des prêts que d’autres banques plus importantes leur avaient refusés.

Une bulle qui se dégonfle

Ce qui s’est passé est un nouveau chapitre de l’éclatement habituel des bulles spéculatives. En 2021, ces sociétés de capital-risque technologique avaient levé 330 milliards de dollars de financement. Tout cela dans un contexte avec lequel, après la pandémie, elles se développaient rapidement. Mais, ensuite, leurs activités sont devenues moins rentables. Elles ont aussi commencé à se contracter (l’une des manifestations de ce phénomène est le licenciement de centaines de milliers de travailleurs dans toutes les entreprises du secteur technologique). Dans le même temps, la Réserve fédérale a commencé à relever les taux d’intérêt pour tenter de réduire l’inflation, rendant le crédit plus cher.

La Silicon Valley Bank, pour sa part, avait placé ses dépôts dans des bons du Trésor à 40 ans. Lorsque la Réserve fédérale a relevé les taux d’intérêt, les anciennes obligations, dont les taux étaient plus bas, ont perdu de la valeur et leur valeur a commencé à chuter. Les déposants des entreprises technologiques, confrontés au fait que leurs affaires n’étaient pas rentables, ont tenté de retirer leur argent des banques. Mais, la banque ne pouvait pas les rembourser : elle n’avait que ces obligations dévaluées comme contrepartie. La Silicon Valley Bank a tenté de vendre ses propres actions pour se procurer des liquidités, mais celles-ci ont également commencé à chuter. C’est alors que la ruée et la faillite se sont produites.

La faillite de la Silicon Valley Bank est une conséquence de la hausse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale qui, pour réduire l’inflation élevée aux États-Unis, s’apprête à entrer en récession. Avec des taux élevés, l’argent est plus cher et plus rare, ce qui déclenche des crises comme celle qui a détruit la Silicon Valley Bank. C’est aussi une conséquence du dégonflement de la bulle spéculative dans les entreprises technologiques et chaque investisseur tente désespérément de sauver son argent.

Des banques sans contrôle

Une question pertinente est de savoir pourquoi la Silicon Valley Bank a été autorisée à avoir une telle exposition au risque, jouant avec les dépôts de ses clients en les plaçant dans des obligations qui ont fini par perdre de la valeur. La réponse est qu’en 2015, le gouvernement de Donald Trump avait démantelé la quasi-totalité des réglementations mises en place lors de la crise de 2008 pour éviter que cela ne se reproduise. C’est Greg Becker, le président de la Silicon Valley Bank, qui a été le principal lobbyiste au Sénat américain pour réduire la réglementation sur les banques dont le capital est inférieur à 250 milliards de dollars (à l’époque, toutes les banques, ayant des actifs de plus de 50 milliards de dollars, étaient soumises à des contrôles stricts). Avec l’assouplissement des contrôles, des centaines de banques, dont la Silicon Valley Bank, ont eu les mains libres pour toutes sortes de manœuvres spéculatives.

La faillite de la Silicon Valley Bank a affecté un grand nombre d’entreprises technologiques diverses tailles qui, si elles ne récupèrent pas leur argent, ne sont même pas en mesure de payer les salaires de ce mois-ci. C’est le cas de Roku (appareils de streaming à bas prix), Circle (technologie de gestion des paiements électroniques), Roblox (plateforme de jeux en ligne), BlockFi (prêteur de crypto-monnaies), Compass Coffee (café en ligne), Camp (magasin de jouets en ligne), Axsome Therapeutics (produits pharmaceutiques), Rippling (gestion des paiements), parmi les plus importantes.

Premier pas vers un nouveau krach ?

La faillite de la Silicon Valley Bank est sans doute celle qui a fait le plus de bruit. Mais, auparavant, il y avait déjà eu la faillite de la banque spécialisée dans les crypto-monnaies, Silvergate, et ce lundi, la Réserve fédérale elle-même a dû déclarer la fermeture de la Signature Bank.

Lundi, les cours de toutes les banques ont chuté sur les principales places boursières mondiales, craignant un effet de contagion. Les succursales des banques touchées commencent d’apparaître en dehors de la zone des entreprises de la Silicon Valley. Des entreprises technologiques en Israël et en Inde semblent être impliquées. En Grande-Bretagne également, où HSBC aurait racheté la succursale britannique de la Silicon Valley Bank pour une seule livre sterling.

Pour éviter que la panique ne se propage, la Réserve fédérale, le département du Trésor et la Federal Deposit Insurance Corporation ont publié une déclaration commune garantissant que tous les dépôts seraient remboursés. Le président américain Joe Biden a dû lui-même prendre la défense du système bancaire, en déclarant qu’il y aurait de nouvelles réglementations, une question difficile à mettre en œuvre avec la composition actuelle du Congrès américain. Cependant, aucune de ces annonces n’a réussi à ramener le calme, et à la clôture des principaux marchés lundi, l’incertitude demeurait.

Nous ne pouvons pas prévoir si nous sommes déjà confrontés à un nouveau krach du type de celui qu’a connu le capitalisme impérialiste en 2008, ou si les grands banquiers, les gouvernements impérialistes et les organisations financières internationales parviendront à contrôler la situation. Ce que nous pouvons dire, c’est que ce qui se passe n’est qu’un nouveau chapitre d’une crise chronique du capitalisme impérialiste qui dure déjà depuis un demi-siècle, avec d’innombrables situations de ce type, dont beaucoup se sont terminées par des crises mondiales aiguës. Et, qui, dans tous les cas, a commencé par l’éclatement de bulles spéculatives générées par des profits fictifs, face au fait concret que dans le capital productif, les taux de profit continuent de baisser. Il y a des milliers de milliards de dollars placés dans la spéculation financière, boursière et immobilière, dans des entreprises de nouvelles technologies totalement surdimensionnées ou dans l’ascension et la chute des crypto-monnaies. Celles-ci peuvent exploser à tout moment. Et, puis, comme toujours, on essaiera de faire payer la crise aux travailleurs et aux peuples soumis de la planète.

Tout cela montre une fois de plus que le capitalisme ne va pas plus loin, puisqu’il n’a que la crise, la faim, la misère et le pillage à offrir. Il est plus que jamais nécessaire que les travailleurs gouvernent sur la voie du socialisme.

José Castillo

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