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Au procès Tarnac, la défense accuse la police

samedi 31 mars 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 31 mars 2018).

https://www.letemps.ch/monde/proces-tarnac-defense-accuse-police

Richard Werly, Paris
Publié vendredi 30 mars 2018 à 20:19
Modifié vendredi 30 mars 2018 à 20:19

Les avocats des militants d’ultra-gauche, accusés de sabotage ferroviaire, dénoncent des manipulations

Une personnalité aura fait l’unanimité lors du procès dit « de Tarnac » achevé vendredi : la présidente de la 14e chambre du Tribunal correctionnel de Paris, Corinne Goetzmann.

Face aux huit prévenus, et notamment face à Julien Coupat présenté depuis dix ans comme le meneur de cette équipée de militants d’ultra-gauche dans les années 2000, la présidente s’est efforcée de réduire la tension. L’accusation grave de sabotage nocturne d’une ligne TGV les 7-8 novembre 2008 a donc été disséquée sous toutes les coutures. Y compris lors d’un déplacement de tous les prévenus, de leurs avocats, du procureur, des trois magistrats du tribunal et de la presse en Seine-et-Marne, sur les lieux où fut retrouvé le crochet en fer posé sur une caténaire.

Ambiance calme

Idem du contexte politique de l’époque. Sous le quinquennat Sarkozy, la ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie avait vanté les succès policiers après l’interpellation de neuf membres présumés du groupe le 11 novembre 2008, accusés d’avoir formé à partir du village de Tarnac, en Corrèze, une « cellule invisible » spécialisée dans la subversion. Tous les faits, toutes les contradictions de l’enquête et de l’instruction ont donc été examinés du 13 au 30 mars, dans une ambiance calme malgré la présence d’un imposant comité de soutien à l’intérieur et à l’extérieur du tribunal.

Qu’est-il resté de cette enquête devenue encore plus controversée après l’abandon, en janvier 2017, de la qualification de « terrorisme » ? Que retenir des accusations portées contre les huit prévenus, dont un Suisse mis en examen en 2009 pour « falsification de documents publics et recel de documents volés » ?

Le miroir de dérives

La réponse était contenue, jeudi et vendredi, dans les vigoureuses plaidoiries des avocats des deux principaux accusés, Julien Coupat et Yildune Lévy. Leur principale cible ? Les policiers français de l’antiterrorisme dont les procès-verbaux n’ont, selon Me Jérémie Assous, « même pas été pris au sérieux par les gendarmes » également impliqués. Et de citer une longue litanie de contradictions, d’imprécisions, et de « manipulations » pour satisfaire le ministère et la presse « avide de scoops et d’infos ».

Leur autre angle d’attaque ? L’instruction bâclée par des juges qui « ne voulaient pas la vérité » malgré le fait que « tous les éléments à charge se soient révélés être des éléments à décharge ». Leur conviction ? Que policiers et magistrats sont allés jusqu’à faire pression sur des témoins, et à mettre en examen le militant suisse un an après les premières interpellations, pour relancer une enquête alors en panne. « Il est un dommage collatéral », a tonné vendredi l’avocat de Julien Coupat. L’autre leçon du procès est la volonté manifeste de la justice française de classer ce dossier devenu le miroir de certaines dérives.

Devant les représentants de la SNCF qui s’était portée partie civile, le procureur s’est montré nuancé dans son réquisitoire, avant tout destiné à punir « proportionnellement » ces jeunes gens à ses yeux coupables, et à laver les soupçons sur les forces de l’ordre. Résultat : 4 ans d’emprisonnement dont 42 mois avec sursis et 2 ans dont 22 mois avec sursis pour les deux principaux accusés du sabotage. Peines qui, si elles sont retenues, n’entraîneront pas leur retour en prison compte tenu de la détention provisoire déjà effectuée. Un an de prison avec sursis a été requis contre le militant suisse.

Et les faits ? Quid des responsables de ce sabotage ferroviaire dont les militants de Tarnac – l’accusation a reconnu que leur groupe était une « construction policière » – ont toujours attribué la responsabilité à des antinucléaires allemands résolus à empêcher le transit d’un train de déchets radioactifs annoncé sur la voie endommagée lors de cette soirée ?

A ces questions, les trois semaines d’audience n’ont paradoxalement pas apporté de réponse claire. « On ne doit pas laisser passer une chose pareille. On ne peut pas, après dix ans d’un tel emballement médiatique, accepter un tel impressionnisme policier. L’administration de la preuve a été déloyale de bout en bout », a fustigé l’avocate de Yildune Lévy. Presque comme si les forces de l’ordre, les juges et la presse avaient purement et simplement inventé la pose d’un fer à béton, une nuit de novembre 2008, pour stopper le trafic TGV…

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