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Sur la faillite de Silicon Valley et du risque de contagion, l’analyse du Pr. Omar Aktouf (vidéo 1h04)

dimanche 26 mars 2023, par bouhamidi mohamed (Date de rédaction antérieure : 26 mars 2023).

le Pr. Omar Aktouf a accordé un entretien à Sputnik Afrique sur la nature de la faillite de Silicon Valley et ses suites immédiates. La question principale reste celle de la maîtrise revendiquée par les Etats US pour Silicon Valley, Suisse pour Crédit Suisse et son rachat, Allemand pour Deutsch Bank et la réalité qui imprime une autre logique aux processus actuels.

https://www.youtube.com/watch?v=Zsc…

Faillite bancaire et risque de contagion mondiale :
Tout va bien ou tout va bien madame la Marquise ?

Afrique émergente * 24 mars 2023 - Pr Omar Aktouf

Cliquer ici pour télécharger la vidéo

La faillite de la banque américaine Silicon Valley Bank (SVB), classée (19e), puis Signature Bank (21e) mais aussi Silvergate Bank, inquiètent sérieusement les marchés financiers mondiaux, suite au repli des principaux indices de Wall Street. En effet, si l’on rajoute l’état d’autres banques systémiques comme le Crédit Suisse, le recul des indices d’autres banques comme la JP Morgan qui a chuté de 5%, durant la séance de vendredi 10 mars et le décrochage des bourses européennes, font craindre une crise financière internationale, comme celle des subprimes en 2007-2008, qui avait provoqué une récession mondiale.

Qu’est-ce qui a provoqué cette nouvelle crise ? En fait, la Silicon Valley Bank a profité en 2020 de la planche à billet, dans le contexte de la pandémie de Covid-19, qui a accéléré le boom des valeurs technologiques, passant du simple au triple entre 2020 et 2022. Les taux d’intérêt étant faibles, nuls, voir négatifs par moment, la SVB avait placé cet argent dans les bons du Trésor du gouvernement américain. Mais à cause de l’inflation, la Fed a dû augmenter les taux d’intérêt et la banque a commencé à subir des pertes comptables. Les startups ayant besoin de trésorerie, elles ont retiré leurs fonds et la SVB a été contrainte de vendre les bons du Trésor qui valaient 20-30% moins cher. À cause de ces pertes, un Bank run s’est déclenché et 45 milliards de dollars ont été retirés en une semaine, provoquant la faillite de la banque SVB, qui a entrainé dans sa chute Signature Bank, Silvergate Bank.

Comme à l’accoutumée dans ce genre d’événements, les responsables occidentaux fusent de déclarations pour rassurer leurs citoyens et éviter la panique du système bancaire. Ainsi, et le Président Joe Biden, la Fed et la Federal Deposit Insurance Corporation ont décidé d’agir pour éviter une contagion vers les banques systémiques, surnommées « Too big to fail » « trop grosses pour faire faillite ». Par quelle alchimie, on ne sait pas, Dieu seul le sait. En effet, le gouvernement US et la FED ont annoncé une garantie de dépôt jusqu’à 250.000 dollars. Mais encore une fois une question se pose : jusqu’à quand et jusqu’à combien ?

En Europe, même topo concernant les déclarations de responsables, assurant qu’il n’y avait aucun risque de contagion. Autrement dit, le même son de cloche qu’en 2007-2008. À titre d’exemple, le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, a affirmé qu’il n’y avait « pas de risque de contagion en France ». Or, comme il en dit tellement, à l’instar de sa guerre totale contre le système financier et l’économie russes en février 2022, qui, selon lui, allait provoquer l’effondrement économique de la Russie et ferait mordre la poussière aux Russes, alléluia, alléluia, alléluia, on serait bien tenté, et sur ce coup je crois que beaucoup de nos amis et auditeurs français seraient d’accord avec nous, qu’il faudrait terminer sa phrase par Madame la Marquise. : « Pas de risque de contagion en France, Madame la Marquise ! ». D’autant plus qu’un évènement du même type s’est déjà produit en Europe, en Italie plus précisément, avec la faillite de l’assurance-vie Eurovita.

Quelle est la nature de cette crise engendrée par la faillite de ces trois banques américaines ? Y-a-t-il risque de contagion partout en Occident qui pourrait provoquer l’explosion du système financier et monétaire international ?

Tous les développements sur toutes ces questions fondamentales dans quelques instants avec mon invité le Pr Omar Aktouf, professeur titulaire à HEC Montréal et membre du conseil scientifique d’ATTAC au Québec.

3 Messages de forum

    • Bonsoir, camarade Do !

      En fait, j’ai failli zapper dès le départ, déjà, à cause du titre « putaclic » actuellement fort répandu sur le thème « C’est le krach de 2008 qui recommence ! », quand ce n’est pas de celui de 1929, tant qu’à faire, du reste évoqué dans cette vidéo…

      La conception cyclique de l’histoire est fondamentalement antidialectique, stérile et gonflante, en plus.

      J’ai néanmoins fait l’effort d’endurer la première question, laborieuse, même dans ce genre de poncifs, étant donné que le Pr Omar Aktouf a trouvé tout de suite des trucs intelligents à répondre, démentant ainsi fort heureusement l’adage « question idiote-réponse idiote » !

      Aktouf développe même pas mal d’éléments d’analyses et d’idées intéressantes, avec néanmoins quelques grosses confusions qui en rendent parfois la compréhension incertaine, à mon sens, pour les auditeurs non « avertis » en matière économique, c’est-à-dire, malheureusement, la plupart !

      Chronologiquement, le premier point pour le moins « discutable » est la référence à BlackRock en matière d’ « avertissement ». Il est clair, pourtant, que des institutions comme BlackRock ont tout intérêt, actuellement, à jouer à la baisse des valeurs, et donc à « alimenter » l’ambiance de panique, plutôt que de la calmer. On ne peut donc pas prendre leur parole officielle pour autre chose que ce qu’elle est : une manipulation !

      Mais la très grosse confusion, qui conditionne malheureusement une bonne partie de cette interview, vient bien de Aktouf lui-même, vers 44:00 :

      « …ça c’est la logique du capital. Alors c’est ça que
      je voulais expliquer aussi…

      « …il faut comprendre comment fonctionne le capital. Le capital : il a un pivot essentiel, pratiquement fondamental, c’est le pivot de l’offre de crédit.

      « Sans offre de crédit le capital ne fonctionne pas. C’est ça la base du capital.

      « Donc, l’offre de crédit… Qui est-ce qui offre les crédits ?
      C’est les banques, c’est les banques centrales, je sais pas quoi…, c’est les bourses, les fonds d’investissement, les tout ce qu’on voudra…

      « Et donc il faut une offre de crédit qui alimente la chaîne emprunt-intérêt-consommation et intérêt qui revient aux banques et c’est ce cercle qui alimente le fonctionnement du Capital. Donc offre de crédit, intérêt, consommation, consommation, intérêt, consommation, production, production, emprunt, emprunt, intérêt, etc, etc… »

      Or, précisément, ce n’est pas ça, la base du capital !!!

      La base du capital, c’est l’investissement productif et sa valorisation-élargissement par la plus-value engendrée par le travail productif.

      Même si elles sont rares, il existe encore des entreprises, et parfois importantes, qui s’autofinancent, sur leurs fonds propres, sans recours à la dette.

      A l’origine du capital industriel, le recours à la dette n’est pas primordial, par rapport à l’autofinancement.

      Ce n’est qu’avec l’apparition du stade impérialiste que le capital bancaire a pris le pas sur le capital industriel, par le biais des crédits. Néanmoins, même à ce stade, celui de l’impérialisme si bien décrit par Lénine, c’est la rentabilité de l’investissement productif qui reste la base de l’économie, et non le cycle du crédit, ni même le cycle du capital « fictif », à tel point que Lénine le voyait même « disparaître », selon cette logique monopoliste.(*)

      Dans la définition d’Aktouf, l’élargissement du capital se limite à l’intérêt des banques sur le cycle production-consommation, qui est typiquement le cycle du capital fixe, c’est à dire le cycle de la reproduction de sa valeur d’usage, à travers les objets et produits de consommation, et donc, typiquement, le cycle du banco-centralisme, en fait, et non plus celui du capitalisme, qui n’y apparaît, en fait, quasiment plus !!!

      C’est le cycle de reproduction du capital fixe qui, arrivé à un stade avancé de modernisation des forces productives, repose nécessairement, faute de plus-value réelle suffisante sur le travail humain productif, sur le cycle du crédit, et donc de la dette. La dette qui ne peut donc que s’accroître avec l’élargissement du capital fixe et la modernisation des forces productives.

      Sans même parler, ici, de la ponction exercée par les parasites accrochés au sommet du système… Ponction qui n’est donc elle-même, pour l’essentiel, qu’une fraction de l’élargissement de la dette, par le crédit…

      …D’où, malheureusement, la conclusion manquante chez Atkouf qu’au lieu de « taxer les superprofits », il y a tout simplement lieu de les abolir carrément : ils sont tout simplement un alourdissement inutile de la dette !

      Le cycle d’une économie moderne ne peut donc pas se passer tout à fait du cycle de la dette, mais la gestion du crédit doit logiquement être faite pour orienter et répartir les forces productives en fonction des besoins sociaux réels.

      A un moment donné, vers 41:00, Atkouf évoque l’idée de la « monnaie-hélicoptère »… Evidemment, il oublie de préciser qu’il s’agit d’une métaphore du « Quantitative Easing pour le peuple », ou distribution d’argent type « revenu universel ». Dans la mesure où il s’agit de relancer un capitalisme à l’agonie, c’était évidemment une absurdité, mais le principe peut malheureusement devenir un moyen de bétonner le banco-centralisme, à l’avenir, en « synergie » avec la MNBC, monnaie numérique de Banque Centrale, ce qui nous mettra à la merci des moindres volontés du système, question de survie.

      Dans une économie réellement moderne et sociale, par contre, où le crédit est utilisé pour une répartition sociale des forces productives, il serait tout à fait légitime, et même logique, de l’utiliser également pour assurer le partage équitable du travail et des revenus, et donc l’équilibre du cycle production-consommation, en éliminant ainsi radicalement le chômage.

      Sans ponction parasite, un équilibre du cycle de la dette, même avec la croissance encore éventuellement utile du capital fixe (moyens de production), est nécessairement comptablement possible. Ce qui mettra évidemment un frein, voire un coup d’arrêt, à la loi du marché.

      Le premier pas de la transition étant donc la prise de contrôle démocratique des Banques Centrales, du crédit et des moyens de circulation monétaire.

      Vers 38:00 Aktouf tente, assez justement, de distinguer les « crises subie » des « crises provoquées ».

      Depuis 2008, en fait, ce n’est tout à fait ni l’un ni l’autre. Avec la cristallisation, dans sa première forme, du banco-centralisme, il y a incontestablement un apprentissage du « pilotage des crises », en quelque sorte. La force et la résilience de ce nouveau système, par rapport au capitalisme, c’est qu’il a déjà suffisamment appris sur lui-même pour anticiper, ou, à tout le moins, réagir rapidement. On le voit aujourd’hui encore, avec la mesure de garantie des dépôts, non seulement jusqu’à 250 000 dollars, comme évoqué ici, mais même « sans limite », le cas échéant. Par contre, pas de garantie pour les actionnaires des banques suffisamment « petites », comme la SVB, tout étant relatif, pour être « éliminées » par le système. Une stratégie de survie "systémique" assez efficace, manifestement, et que Aktouf ne semble pas bien comprendre.

      Dans le genre "crise à moitié provoquée" la prétendue « crise du covid », en 2020, a été le cache-sexe idéal du début de récession amorcé fin 2019(**), et, avec la « casse » délibérée d’une bonne partie de l’économie, a permis une relance inflationniste qui était en réalité nécessaire, dans une fourchette de 2 à 3%, voire un peu plus, provisoirement.

      Le « surplus » d’inflation s’est donc effectivement trouvé « pérennisé » par la guerre en Ukraine, et il est donc douteux que les USA aient réellement voulu la déclencher dès 2022, même si elle faisait nécessairement partie de leurs plans à plus long terme.

      Néanmoins, après une période de « flottement » ils ont malheureusement réussi à s’adapter, et même, finalement, à tirer partie de cette guerre, économiquement, selon une vieille habitude, chez eux !

      Comme beaucoup d’observateurs et d’analystes, Aktouf n’arrive pas vraiment à cerner le rôle de la Chine, qui est nécessairement ambigu, de par son type de développement lui-même.

      Par rapport au cycle des économies industrielles occidental, le cycle chinois est logiquement « décalé » dans le temps, mais avec la modernisation accélérée de son industrie et le début de « tertiairisation » de sa population elle a très probablement déjà dépassé le « sommet » de sa courbe de productivité, atteint chez nous dans les années 70, comme on l’a vu, précisément, avec les graphes cités dans l’article en lien (***).

      Outre ce fait, elle n’a jamais réussi à avoir un développement endogène depuis son intégration au marché mondial et reste donc dépendante à la fois de ses exportations de produits industriels et de ses importations de matières premières et de produits agricoles.

      Le projet « routes de la soie » est une bonne illustration de cette dépendance, et présente déjà le risque de remplacer, pour les pays participants, une dépendance par une autre… !

      Cela illustre aussi le fait que le cycle de reproduction du capital fixe commence aussi à y dominer les forces productives, et son interdépendance avec l’économie US est loin d’avoir tout à fait disparue, ce qui la lie à un type de relation bien illustré par la récente sortie de Biden affirmant haut et fort qu’elle n’a pas livré d’armes à la Russie…(****)

      Que ce soit vrai ou faux, le fait est que Biden tient à limiter les risques d’affrontement direct avec la Chine, cette interdépendance étant également un frein relatif aux volontés hégémoniques des USA. Il ne faut jamais oublier que la mèche du développement économique chinois actuel a été allumée par les USA, en 1972, comme contre-feu de la puissance, alors encore considérable, de l’URSS.

      Pour finir, dans les dernières minutes de la vidéo, Aktouf développe l’idée excellente des « échanges directs en nature », en quelque sorte, entre pays souhaitant s’extirper de la dépendance au dollar et au système occidental, en général.

      Excellente à ceci près qu’il y greffe une sorte de « division internationale du travail » qui peut être particulièrement dangereuse si elle empiète sur le caractère endogène des économies locales.

      Luniterre

      (* En relisant Lénine… qui parlait déjà de la fin du capital "fictif"… !

      http://cieldefrance.eklablog.com/en-relisant-lenine-qui-parlait-deja-de-la-fin-du-capital-fictif-a213834439 )

      (** Paradoxe et suspense économique : le Capital atteindra-t-il, ou non, le Nirvana par la Dette Mondiale ?

      http://interfrsituation.eklablog.com/paradoxe-et-suspense-economique-en-2021-le-capital-atteindra-t-il-ou-n-a209197288 )

      (*** "Il est vrai que le capitalisme n’est plus ce qu’il était, il est en passe de devenir autre chose". Parmi les réactions, un constat… Le banco-centralisme en débat sur Agoravox…

      http://mai68.org/spip2/spip.php?article14712 )

      (**** https://www.lepoint.fr/monde/joe-biden-assure-que-la-chine-n-a-pas-livre-a-ce-stade-d-armes-a-la-russie-24-03-2023-2513467_24.php )

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