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Des manifestations de plus en plus tendues
autour de la base militaire française à Niamey
Les manifestants ont encerclé la base aérienne française de la capitale nigérienne, alors que Paris refuse toujours de rappeler son ambassadeur et les militaires présents à Niamey.
Ils avaient donné un mois à l’armée française pour évacuer le pays. L’échéance est arrivée à son terme dimanche 3 septembre, mais les 1 500 soldats français sont encore présents au Niger, lundi 4 août, malgré l’ultimatum lancé par les putschistes. Si rien n’a bougé, c’est parce que la France ne reconnaît pas la junte au pouvoir, et juge donc illégitime la demande de l’armée nigérienne.
À Niamey, l’ambassade de France est transformée en camp retranché, derrière les murs barbelés surmontés de caméras de surveillance. L’ambassadeur Sylvain Itté y vit reclus, protégé par sa garde rapprochée depuis que son immunité et son visa diplomatique lui ont été retirés.
Des manifestants encerclent la base militaire française
Au même moment, de l’autre côté de la capitale, l’étau se resserre aussi sur le camp de l’armée française. L’essentiel des forces françaises présentes au Niger est concentré à proximité de l’aéroport de Niamey, sur une base aérienne où sont également cantonnés des contingents italien et américain. Samedi 2 septembre, des milliers de manifestants se sont encore rassemblés devant. Concert de vuvuzelas, slogans contre la France… La colère gronde. La France dispose là d’une dizaine d’aéronefs : avions et hélicoptères de transport militaire, mais également hélicoptères d’attaque, drones bombardier Reaper et chasseurs Mirage 2000. Deux autres contingents français, dont des forces spéciales sont eux disposés dans le Nord Niger, proche de la zone dite "des trois frontières", avec le Mali et le Burkina Faso, là où les groupes djihadistes sont les plus actifs.
Or, depuis le 26 juillet, date du coup d’Etat, ces troupes sont à l’arrêt. Toute forme de coopération militaire avec l’armée nigérienne est, en effet, suspendue. Résultat : patrouilles au sol et reconnaissances aériennes ont complètement cessé et les soldats français restent dans leur casernement. Pas question pour le moment d’envisager une sortie du pays, qui, de toute façon, n’aurait probablement pas pu se faire en un mois. Les seules opérations militaires qui ont été menées durant le mois d’août, c’est l’évacuation d’un millier d’Européens présents à Niamey et celles de quelques dizaines de soldats présents à Arlit, dans l’Est nigérien, et qui n’avaient plus grand-chose à y faire. Ces hommes ont été rapatriés sur N’Djamena, au Tchad, où la France converse une base importante.
La crainte d’une escalade
Dans la rue, tous sont venus pour faire entendre leur colère contre la France, dont ils critiquent l’incapacité à endiguer la menace terroriste au Sahel. "Je ne peux pas comprendre, confie Ibrahim Mohamed, un géomètre qui a perdu son emploi à cause des attaques dans le Nord-ouest du pays. Avec tous les moyens que possède la France aujourd’hui avec des drones de surveillance, avec des engins lourds… Je ne comprends pas que des individus sur des motos viennent tuer nos populations de jour comme de nuit."
Sur le podium Maïkoul Zodi, le coordinateur national du mouvement Tournons la page, appelle ses partisans à maintenir la pression. "Vous avez constaté que nous avons encerclé cette base et nous allons camper ici jusqu’au départ des derniers soldats français sur notre sol avant de retourner à la maison", avertit-il. Certains ont passé la nuit ici. La crainte d’une escalade de violence monte. Pas question pourtant pour la France de céder face aux putschistes, a fait savoir le président Emmanuel Macron. Des propos qui ont encore agacé les autorités nigériennes. Ces dernières dénoncent l’ingérence de Paris dans la rue.
Les militants du M621, coalition de la société civile, haussent le ton et appellent à durcir leur mouvement jusqu’au départ du diplomate et des militaires français. Devant les manifestants, à l’intérieur du camp, les soldats français sont à leur poste et se tiennent prêts à tenir face à la rue. À Paris, l’Etat-major des armées prévient : les forces françaises sont prêtes à répliquer à toute atteinte contre ses emprises militaires et diplomatiques au Niger.
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