Courrier International, 25 novembre 2023 :
À plusieurs reprises, avant le 7 octobre, elles ont signalé des activités inhabituelles du Hamas. Des alertes restées sans suivi. Aucune attention n’a été accordée à leurs avertissements répétés avant l’infiltration du Hamas, le Samedi noir. Des avertissements auxquels Tsahal, leur semble-t-il, est restée sourde.
Cela inclut des rapports sur les préparatifs du Hamas près de la clôture à la frontière, les activités de ses drones ces derniers mois, ses tentatives pour neutraliser les caméras, son recours massif aux camionnettes et aux motos, et même des répétitions d’attaques sur des blindés.
Les observatrices pensent que le Hamas s’est même montré plutôt brouillon : il n’a pas cherché à se cacher, ses agissements étaient visibles de tous. Mais tout au long de cette période, ajoutent-elles, des officiers supérieurs de la division de Gaza et du commandement sud ont refusé de tenir compte de leurs alertes.
Note de do : Normal, puisque le Mossad voulait que ces événements se produisent. L’arrogance et le sexisme ont bon dos !
Témoignages. Ces soldates israéliennes qui ont alerté sur l’attaque du 7 octobre et ont été ignorées par sexisme
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25 novembre 2023
À plusieurs reprises, avant le 7 octobre, elles ont signalé des activités inhabituelles du Hamas. Des alertes restées sans suivi. Et depuis le “Samedi noir”, ces femmes soldats ayant survécu au massacre déplorent l’absence de suivi psychologique. Aujourd’hui, elles dénoncent, dans les pages de “Ha’Aretz”, des failles structurelles au sein de Tsahal.
Trois jours après le massacre du 7 octobre dans le sud d’Israël, Mai – une observatrice qui sert dans la division de Gaza de l’armée israélienne et a survécu à l’assaut meurtrier du Hamas sur sa base, près de la frontière – a reçu un appel téléphonique chez elle.
C’était un membre du département des ressources humaines de l’armée. “Si vous ne retournez pas à votre poste, l’a-t-il avertie, c’est un abandon de poste en temps de guerre, ça peut vous valoir jusqu’à dix ans de prison.”
Ses collègues de la base ont eu droit à des appels identiques, elles qui, comme elle, en ce Samedi noir, s’étaient retrouvées enfermées dans une salle de situation, avec pour seules armes leurs téléphones portables, alors que les terroristes du Hamas se déchaînaient.
“On a essayé d’expliquer qu’on ne pouvait pas y retourner, raconte Mai. Qu’on a perdu nos camarades. Qu’on a passé des heures à se cacher, parmi les cadavres, dans cette salle de situation.”
D’après Mai (un pseudonyme, comme les noms de toutes les personnes interrogées pour cet article), certaines des jeunes femmes qui ont survécu à l’attaque sont actuellement prises en charge dans des hôpitaux psychiatriques, tandis que d’autres sont encore trop terrorisées pour se faire soigner.
(Le travail d’“observatrice” consiste à fixer un écran pendant des heures d’affilée, pour scruter les transmissions des caméras de surveillance, en quête d’activités suspectes. De nos jours, c’est une mission dont ne s’acquittent que des femmes.)
Des alertes ignorées par arrogance et sexisme
Shir, elle, a décidé qu’elle retournerait à la base – mais pas à cause des menaces et de l’intimidation. “Il est important de bien montrer qu’on ne revient que pour nos amies qui ont été assassinées ou enlevées, affirme-t-elle, et pas pour ceux qui nous ont abandonnés là-bas.”
D’une certaine façon, Shir et ses collègues ne sont pas surprises de l’attitude des autorités. Depuis leur service militaire, elles disent s’être habituées au fait qu’elles “ne comptent pas”. De même qu’aucune attention n’a été accordée à leurs avertissements répétés avant l’infiltration du Hamas, le Samedi noir. Des avertissements auxquels Tsahal, leur semble-t-il, est restée sourde.
Cela inclut des rapports sur les préparatifs du Hamas près de la clôture à la frontière, les activités de ses drones ces derniers mois, ses tentatives pour neutraliser les caméras, son recours massif aux camionnettes et aux motos, et même des répétitions d’attaques sur des blindés.
Les observatrices pensent que le Hamas s’est même montré plutôt brouillon : il n’a pas cherché à se cacher, ses agissements étaient visibles de tous. Mais tout au long de cette période, ajoutent-elles, des officiers supérieurs de la division de Gaza et du commandement sud ont refusé de tenir compte de leurs alertes. Selon elle, cela est entre autres dû à un problème d’arrogance, mais aussi de sexisme.
Sous certains aspects, les heures qui ont précédé le matin du 7 octobre ont été tout à fait banales. Noga, une observatrice stationnée dans l’unité du renseignement de l’armée israélienne à Kissoufim, près de la frontière de Gaza, a repéré la présence inhabituelle d’un homme à l’air suspect, debout devant une des barrières levantes installées le long de la bande de Gaza.
Son rapport est parvenu au lieutenant-colonel Meir Ohayon, commandant du 51e bataillon de la brigade Golani, qui, à 3 heures du matin, s’est rendu sur place, puis, après avoir vu l’homme en question, lui a tiré dessus avec des gaz lacrymogènes. Le suspect a fait demi-tour et s’est dirigé vers un poste d’observation du Hamas à quelque 300 mètres de la clôture, la distance que les Palestiniens sont autorisés à atteindre. L’observatrice a identifié plusieurs autres personnes sur la même position et il lui a semblé qu’une réunion s’y tenait.
Tous ces événements lui ayant paru inhabituels et inquiétants, elle en a fait part aux autres observatrices, ainsi qu’à l’officier de service. Mais à l’issue de cette discussion qui a duré environ une minute dans la salle de situation, et en consultation avec la division, il a été décidé de revenir à la normale.
“Il y a quelque chose de bizarre”
“Désolée d’avoir dû vous réveiller à une heure pareille, a dit l’observatrice à Ohayon en lui présentant ses excuses, mais je continue à penser qu’il y a quelque chose de bizarre, là.” Imperturbable, Ohayon lui a répondu qu’il valait toujours mieux se montrer vigilant afin d’éviter les surprises. Quelques heures plus tard, il est devenu évident que cette “vigilance” n’avait pas empêché la surprise.
Mais ce n’était que la dernière pièce du puzzle. Avec le recul, quand elle a saisi la portée de la catastrophe, et après avoir perdu des dizaines d’amis tués ou enlevés par le Hamas, l’observatrice a pris toute la mesure de cette faille.
Alors qu’elle s’efforçait de comprendre qui était cette personne suspecte et ce qu’elle préparait, l’armée et le Shin Bet, le service de renseignement intérieur israélien, s’étaient déjà entretenus à la suite d’un avertissement au sujet d’une
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