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Corée du Nord - 19 mai 2018 - Kim Jung Un va dénucléariser sans dénucléariser !

samedi 19 mai 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 19 mai 2018).

Note de do : Pas folle la guêpe !


Dénucléarisation de la Corée du Nord : la stratégie des petits pas

https://www.letemps.ch/monde/denucl…

Philippe Pons (Le Monde)
Publié lundi 14 mai 2018 à 20:26

Les autorités de Pyongyang ont annoncé le démantèlement de leur site d’essais nucléaires de Punggye-ri. Mais elles conserveront de quoi tester et fabriquer rapidement des bombes

La Corée du Nord, qui a annoncé samedi 12 mai le démantèlement de son site d’essais nucléaires de Punggye-ri, dans le nord-est du pays, entend donner à l’événement un écho mondial en invitant des observateurs et des journalistes étrangers à la cérémonie, qui aura lieu sur place, entre les 23 et 25 mai. Selon l’agence de presse officielle KCNA, le démantèlement du site où furent effectués six essais nucléaires souterrains depuis 2006 consistera à dynamiter les tunnels creusés dans la montagne et à en bloquer les entrées.

Un grand spectacle qui ne sera pas sans rappeler la destruction de la tour de refroidissement de la centrale de Yongbyon, en juin 2008, après un accord passé dans le cadre des négociations à six (Chine, les deux Corées, Etats-Unis, Japon et Russie), qui resta sans suite en raison d’un différend avec Washington sur la vérification du démantèlement de l’arsenal nucléaire nord-coréen. Quatre mois plus tard, Pyongyang annonçait la reprise de son programme de retraitement de l’uranium.

Avancées et interrogations

Aujourd’hui, la situation est différente. Un sommet historique entre le président américain, Donald Trump, et le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, a été décidé pour le 12 juin, à Singapour. Pyongyang a donné un autre signe de bonne volonté en libérant trois Américains retenus prisonniers en République populaire démocratique de Corée (RPDC). Un geste salué par Donald Trump, qui l’a qualifié de « très intelligent et aimable ». Des avancées, certes. Mais des interrogations demeurent à la fois sur la signification du démantèlement du site de Punggye-ri et sur les marges de négociation que s’accordent les Etats-Unis et la RPDC dans les pourparlers de Singapour.

Selon certains analystes, le démantèlement du site ne constitue pas une véritable concession de la part de Pyongyang : après six essais, il serait devenu instable et inutilisable. Ce que conteste la RPDC, qui affirme que deux tunnels sont encore opérationnels. Les analyses d’images satellites par les experts de 38 North, site web consacré à la Corée du Nord, semblent corroborer les déclarations de Pyongyang. Le démantèlement du site indique surtout que la RPDC a désormais assez confiance dans ses capacités nucléaires pour se passer d’essais souterrains.

Lors d’une réunion du comité central du Parti des travailleurs en avril, Kim Jong-un a déclaré que des essais nucléaires et balistiques n’étaient plus utiles, révélant aussi pour la première fois que la RPDC était capable de procéder à des essais simulés sur ordinateur, comme le font des puissances nucléaires telles que les Etats-Unis, la Russie et la Chine. En d’autres termes, la RPDC peut sans doute se dessaisir des armes dont elle s’est dotée, mais elle n’entend pas renoncer à sa technologie nucléaire.

Graduel ou immédiat ?

La grande inconnue du sommet du 12 juin à Singapour demeure le degré de compromis que chaque partie est prête à accepter. Pour l’instant, les positions sont éloignées : les Etats-Unis et leurs alliés exigent un processus de dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible. Et apparemment rapide : selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, citant des sources anonymes, Washington demanderait que Pyongyang transfère ses armes nucléaires et les matières fissiles dont il dispose dans un pays tiers au cours des mois qui suivront le sommet.

Pour Pyongyang, le processus doit être graduel : donnant-donnant. Chaque concession ayant sa contrepartie. Une approche à laquelle souscrivent la Chine et la Corée du Sud (aucun calendrier n’a été mentionné dans le communiqué conjoint à la suite du sommet, en avril, entre le président Moon Jae-in et le dirigeant Kim Jong-un). En revanche, les deux Corées se disent favorables à une « dénucléarisation de toute la péninsule coréenne ». Aucune référence n’est faite à une dénucléarisation unilatérale de la RPDC. Ce qui pose la question du « parapluie » nucléaire américain sur la Corée du Sud et, plus largement, du système d’alliance des Etats-Unis en Asie du Nord-Est.

Des garanties de sécurité

En échange de concessions sur son armement nucléaire, Pyongyang demande des garanties de sécurité, dont la signature d’un traité de paix mettant fin à la guerre de Corée (1950-1953), suspendue à un simple armistice qui a laissé depuis près de 70 ans deux armadas sur le pied de guerre de chaque côté de la zone démilitarisée séparant les deux pays. En quête d’un succès diplomatique, Donald Trump y serait disposé. Mais, outre ce traité, qui mènerait à la normalisation entre les deux pays, quelles sont les garanties que peut attendre Pyongyang ?

Une simple déclaration de non-agression suffirait-elle, alors que le retrait des Etats-Unis de l’accord avec l’Iran indique le peu de cas que Washington fait désormais de ses engagements. Désarmer, dans un tel contexte, serait pour le régime prendre un risque considérable. La maladroite référence à la Libye par John Bolton, conseiller pour la sécurité nationale de Donald Trump, comme précédent à suivre dans la dénucléarisation de la RPDC, n’a fait que rappeler aux dirigeants nord-coréens un exemple, la fin de Mouammar Kadhafi, qui les a incités à accélérer leurs efforts pour se doter d’une force de dissuasion.

Même si la RPDC est prête à renoncer aux armes actuellement en sa possession, encore faudrait-il savoir leur nombre exact – de 10 à 16 en 2016 – et où elles se trouvent. De plus, le régime ne semble pas prêt à se défaire d’une technologie nucléaire avancée qui lui permettrait, le cas échéant, d’en fabriquer rapidement de nouvelles. Et il disposera toujours d’armes chimiques.

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