Israël-Palestine : un seul ou deux Etats ?
La problématique est-elle encore de mise ?
A l’heure ou près de deux millions de réfugiés n’ont plus nulle part où aller, plus le moindre recoin de sécurité, la question n’est-elle pas devenue purement "théorique" et complètement déconnectée des réalités urgentes de la simple survie humaine ? Néanmoins, elle préoccupe encore quelques intellectuels militants, et nous avons donc reçu par mail ce projet de proposition, en faveur d’une "nouvelle solution à Etat unique", certainement animée des meilleures intentions, à la suite duquel nous formulons donc une réponse sur ce point, et plus générale, sur le contexte.
EN RÉPONSE À :
Conflit israélo-palestinien : la solution d’un État unique
Source ACDN :
https://www.acdn.net/spip/spip.php?article1334&lang=fr
En doc PDF :
Conflit israélo-palestinien - la solution d’un État unique - ACDN.pdf
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Bonjour !
Un ou deux Etats ?
J’ai eu récemment l’occasion d’en débattre, en marge de cet article :
Tsahal Vs Hamas : la guerre est-elle un « spectacle privé » pour journalistes et députés ?
3306 visites 29 nov. 2023 - 67 réactions - Luniterre + Partager
…dont ce n’était pourtant pas le sujet immédiat.
La solution à deux Etats, étant donné le fossé actuellement creusé entre les deux communautés ethniques, pourrait être une sorte de « sas de décompression », avant la mise en place d’une structure réellement intercommunautaire. Néanmoins, cela implique, même à titre provisoire, une continuité des territoires, à priori compliquée, et surtout, un partage équilibré des ressources économiques, y compris en eau, par exemple.
Mais pour l’instant cela relève déjà de l’utopie, avant même de penser à aller plus loin, vers une Palestine intercommunautaire unique, éventuellement plus ou moins « fédérale ».
Actuellement, c’est donc la solution d’un Etat d’apartheid, avec quelques « bantoustans » palestiniens résiduels, dont Gaza, qui prévalait. Cela était appelé à changer avec le projet « Nouveau Moyen Orient » présenté par Netanyahou, sans plus la moindre trace de « Palestine ».(*)
Projet contre lequel la majorité des Etats arabes, parties prenantes, au départ, n’ont émis que des protestations de pure forme, concernant la disparition totale de la Palestine.
C’est dans ces conditions que le Hamas, teneur officiel du « bantoustan » Gaza, et appointé depuis plus de quinze ans déjà par Israël et la « communauté internationale » pour tenir ce territoire, se voyant « dépossédé » dans cette perspective, a donc décidé de jouer son va-tout, le 7 Octobre.
Il l’a néanmoins fait en respectant un plan élaboré à l’avance et parfaitement connu de l’Etat-major israélien, qui lui a donc habilement laissé le « champ libre » pendant quelques heures, au prix « modeste » de finalement 1200 vies israéliennes et quelques 240 « otages », afin de « bénéficier » du choc ainsi créé dans l’opinion israélienne et internationale pour tenter d’éradiquer carrément le « bantoustan » Gaza en chassant sa population vers le Sinaï égyptien, via Rafah.
Mauvais calcul, sur ce point, puisque l’Egypte, gouvernée par l’intelligent Sissi, a refusé de jouer ce jeu.
Néanmoins, Netanyahou, relativement pris à son propre piège, ne peut plus reculer avant d’avoir au moins entamé sérieusement l’infrastructure militaire du Hamas, ce qui est loin d’être « achevé », même à un stade suffisamment significatif pour qu’il puisse revendiquer une « victoire » sur un tas de ruines.
Pour l’instant il n’y a donc pas de solution du tout, ni à un, ni à deux Etats, mais bien simplement une nouvelle masse de « réfugiés » sans toits, sans eau, sans ressources alimentaires, sans électricité : une masse de 1,5 à 2 millions de personnes humaines. (1,9 million, aujourd’hui, selon l’ONU)
C’est, dans les semaines et les mois à venir le véritable problème que la « communauté internationale », qui a laissé cette situation se développer, avec quelques protestations de pure forme, devra donc « résoudre », bien avant d’aller plus loin.
Israël n’a jamais existé, on s’en rend compte aujourd’hui, autrement que comme entreprise colonialiste, depuis 1948. Etat colonialiste et « proxy » stratégique des Etats-Unis au Moyen-Orient.
Pour l’instant, on ne voit pas que les USA laissent « tomber » cet « allié », en réalité, ce pion, essentiel pour eux. Bien au contraire, on voit plutôt qu’ils choisiront de laisser tomber un autre pion, le régime de Zelensky, en Ukraine, pour concentrer leurs moyens désormais « raccourcis » pour soutenir plutôt Israël.
Dans un cas comme dans l’autre, Palestine ou Ukraine, la situation, et la solution éventuelle, dépend en grande partie du contexte géopolitique mondial.
Un monde multipolaire tente courageusement de naître, à travers les BRICS, notamment, en opposition à l’hégémonie US. Une Palestine plus ou moins « fédérale » et intercommunautaire aura certainement sa place dans un tel monde, mais pour l’instant, ce n’est pas encore gagné…
Idem pour la question du désarmement : l’initiative de l’armement nucléaire provient des USA et de leur volonté hégémonique, à la fin de la 2e GM, en 1945. Ensuite les autres Etats, dont la France du Général De Gaulle, ont voulu s’armer pour défendre leur indépendance. L’idée de désarmement n’est revenue qu’avec le relatif et précaire « équilibre des forces » dû à la « guerre froide ». A présent elle ne pourrait revenir que dans un monde multipolaire réellement abouti et donc débarrassé de la volonté hégémonique US.
Pour l’instant un tel monde relève lui aussi de l’utopie, mais au moins, il y a l’amorce d’un mouvement… !
Mais dans l’instant précis de Gaza, après avoir « vidé » le nord pour le sud, Tsahal « vide » maintenant le sud pour nulle part, vu que la frontière est fermée, à Rafah :
"Nous voulons comprendre. S’ils veulent nous tuer, qu’ils nous encerclent dans un seul endroit et nous éliminent tous ensemble. Mais nous pousser à nous déplacer d’un endroit à l’autre, ce n’est pas juste. Nous ne sommes pas de simples chiffres. Nous sommes des êtres humains" , espère encore un gazaoui, interrogé par l’AFP.
Pourtant, aujourd’hui, Israël mène sa guerre à l’aide de l’« intelligence artificielle ». Chiffres ou pas, malgré sa supposée sophistication technologique, elle ne connaît qu’une opération : la soustraction.
L’addition de la « reconstruction » dont on ne peut même pas encore imaginer quoi, elle, restera néanmoins à payer, et par qui ? Par la « communauté internationale », qui a laissé faire ces massacres ?
Luniterre
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(* Un "Nouveau Moyen-Orient", revu et "corrigé" par Netanyahou :
Crimes de guerre du Hamas et "Effet Pearl Harbour" :
avec ou sans préméditation ?
http://cieldefrance.eklablog.com/crimes-de-guerre-du-hamas-et-effet-pearl-harbour-avec-ou-sans-premedit-a214883557
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Egalement dans le contexte du 7 octobre :
Crimes terroristes : après le discours de Macron, Arras, la "piqûre de rappel" ???
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