Suite à une décision personnelle, l’unité 8200 n’était pas opérationnelle le 7 octobre
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28 novembre 2023, 12:28
Selon Kan, un haut gradé avait conclu que les alertes concernant le Hamas ne viendraient pas de sources classiques, et décidé que l’unité SIGINT n’opérerait ni la nuit ni le Shabbat.
Des terroristes du Hamas franchissent la barrière frontalière entre Israël et Gaza le 7 octobre 2023 (Crédit : capture d’écran de Kan TV ; utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur les droits d’auteur)
L’unité de renseignement militaire 8200 (SIGINT) n’était pas opérationnelle le matin fatidique du 7 octobre près de la frontière de Gaza, suite à une décision prise il y a deux ans de réduire le personnel et de suspendre les opérations pendant la nuit et les week-ends, selon un nouveau reportage diffusé lundi.
Cette décision, dont les détails ont été révélés par la chaîne publique Kan, a privé l’armée d’un outil essentiel pour les écoutes téléphoniques et le décryptage de codes, et semble avoir largement contribué à la confusion et au chaos qui ont empêché l’armée de réagir efficacement à l’attaque terroriste du mois dernier.
Ce samedi matin, environ 3 000 terroristes du Hamas sont entrés dans le sud d’Israël par la frontière de Gaza, massacrant au moins 1 200 personnes, pour la plupart des civils, dans plus de 20 communautés différentes, et prenant quelque 240 otages. Près de 360 personnes ont été assassinées lors d’une rave en plein air près de la frontière, et des familles entières ont été sauvagement tuées dans leurs maisons, dont beaucoup ont été incendiées.
Selon Kan, à la suite de consultations privées, un officier de haut rang du corps de renseignement de l’armée israélienne a réduit les effectifs de l’unité il y a deux ans, après avoir conclu que les méthodes de collecte de renseignements utilisées par le 8200 ne permettraient pas de détecter une menace en provenance de Gaza en temps réel.
« Une alerte en provenance de la bande de Gaza ne viendra pas de sources classiques », aurait déclaré l’officier.
La décision a considérablement réduit les activités opérationnelles de l’unité dans la région frontalière de Gaza et a mis fin à toutes les opérations pendant la nuit et les week-ends.
Selon le reportage, l’unité 8200 n’aurait pas pu empêcher l’attaque du 7 octobre à elle seule, même si elle avait été opérationnelle aux premières heures du matin, mais ses effectifs auraient pu permettre d’avoir une vision plus claire de ce qui se passait aux premières heures de l’assaut et éventuellement de localiser les forces d’élite de la Nukhba du Hamas au moment où elles se déplaçaient dans le sud d’Israël, sous le couvert de milliers de roquettes, massacrant sans discernement tous ceux qui se trouvaient sur leur passage.
Dans les semaines qui ont suivi le 7 octobre, plusieurs reportages ont attesté que de hauts responsables de Tsahal, y compris ceux du 8200, ont ignoré les avertissements de leurs subordonnés concernant des activités suspectes le long de la frontière de Gaza.
Selon un reportage diffusé jeudi dernier par la Douzième chaîne, des soldates de l’unité auraient averti que le Hamas préparait une invasion massive d’Israël, hautement organisée et méticuleusement planifiée. Pour toute réponse, on leur a dit que leurs préoccupations étaient « fantaisistes ».
Des habitants de Gaza célèbrent la destruction d’un char israélien près de la barrière frontalière entre Israël et Gaza, à l’est de Khan Younis, le 7 octobre 2023. (Crédit : Yousef Masoud/AP)
Une sous-officier de l’unité 8200 avait compilé un rapport basé sur un ensemble de données brutes du renseignement, détaillant un scénario qui préfigurait essentiellement l’invasion du 7 octobre, a indiqué la Douzième chaîne.
Elle avait également rapporté, en collaboration avec une jeune recrue, un exercice organisé par le Hamas un mois avant l’attaque, qui comprenait les préparatifs d’une invasion massive avec de multiples points d’entrée en Israël.
Les deux soldates avaient fait part de leurs inquiétudes à un haut gradé de Tsahal – mais pas à un officier du 8200 – qui a qualifié leurs avertissements de « fantaisistes » et n’a pas donné suite à l’information, a précisé la Douzième chaîne.
Confirmant les informations diffusées par la Douzième chaîne, Kan a ajouté que la sous-officier avait averti que l’exercice du Hamas prévoyait l’utilisation de véhicules pour mener l’attaque et que les terroristes s’entraînaient à prendre d’assaut des villes israéliennes.
Cette sous-officier avait également signalé que l’attaque planifiée par le Hamas était d’une telle ampleur qu’elle risquait de déclencher une guerre totale dans la région, une estimation qui s’est avérée en partie exacte.
À la suite du massacre du 7 octobre, Israël a juré d’éliminer le Hamas de la bande de Gaza et a lancé une campagne aérienne, suivie d’une offensive terrestre, la première depuis 2014 et d’une ampleur bien plus grande, pour atteindre ses objectifs.
Outre les rapports transmis par l’unité 8200, les soldates chargées de l’observation au sein du corps de renseignement de combat qui ont survécu à l’attaque du Hamas contre leur base à Nahal Oz ont expliqué à Kan en octobre que les responsables du renseignement avaient rejeté leurs signalements d’activités inhabituelles à la frontière de Gaza en les qualifiant de routiniers et d’insignifiants.
Pendant au moins trois mois avant le 7 octobre, les soldates avaient signalé les activités d’agents du Hamas qui s’entraînaient plusieurs fois par jour, creusaient des trous et posaient des explosifs le long de la frontière.
Toutefois, les officiers à qui elles ont fait part de ces informations les ont ignorées et ne les ont pas transmises aux échelons supérieurs de la chaîne de commandement.
Les rapports sur les manquements des services de renseignement israéliens avant le 7 octobre semblent corroborer une affirmation publiée par l’agence de presse Reuters le 9 octobre, selon laquelle le Hamas aurait intentionnellement dupé Israël, en menant une campagne de plusieurs années visant à leurrer le pays en lui faisant croire à la possibilité de maintenir un calme relatif par le biais de stimuli économiques.