Dans ma réponse, camarade, il y a ceci :
« De plus il n’y a pas de « volonté » particulière d’une nouvelle classe dominante à remplacer l’ancienne, mais simplement la nécessité d’établir des nouveaux rapports de production pour survivre en tant que classe dominante. Une nouvelle classe dominante sort le plus souvent des rangs de l’ancienne, dont elle constitue en quelque sorte « l’avant-garde » en termes d’adaptation à l’évolution des forces productives. »
Ce qui correspond assez bien, voire même, est autre une façon de dire exactement la même chose que ta dernière proposition :
« Ou bien faut-il admettre qu’il n’y a qu’un seul courant mondialiste et qu’il n’est banco-centraliste qu’à regret ? »
Il est évident que pour la classe dominante, ce qui est primordial, c’est de le rester, dominante, et non pas spécialement par tel ou tel type de rapport social, capitaliste, féodal, esclavagiste, ou autre…
Le rapport de domination capitaliste est néanmoins un truc assez simple, évident, sans trop de complication à maintenir, tant que le capitalisme, en tant que phénomène économique, est dans sa phase ascensionnelle, d’expansion, ou simplement en bonne condition de « rentabilité » sur les bases qui sont normalement les siennes.
Le problème est évidemment que les cycles de développement économiques humains, comme tous les phénomènes naturels, ont un début et une fin, de par leur principe même. (Cf. Marx, Grundrisse)
Donc, effectivement, tenter de faire « durer » le capitalisme reste une tentation permanente, même pour les banco-centralistes « avertis », ceux qui ont bien compris qu’une « transition » était nécessaire pour la survie de la classe dominante.
C’est typiquement ce que l’on a vu en 2019, au cours de l’année précédent la dite « crise du covid », année 2019 au cours de laquelle a donc été faite une tentative de simplement commencer à « résorber » au moins une partie significative de la masse monétaire « excédentaire » due au Quantitative Easing des années précédentes :
http://interfrsituation.eklablog.com/paradoxe-et-suspense-economique-en-2021-le-capital-atteindra-t-il-ou-n-a209197288
C’est une étude assez longue et complexe mais qui commence essentiellement par ce sujet. Les prémisses de la crise dite « du covid », c’est d’abord et avant tout la récession causée par cette tentative.
Le banco-centralisme est un truc particulièrement complexe à mettre en œuvre et dont la nouvelle classe dominante cherche en permanence les « réglages » les meilleurs possibles pour que ça fonctionne et pour avancer vers une situation plus stable et plus « durable » qui reposera essentiellement sur les monnaies numériques de banque centrale (MNBC), qui faciliteront à la fois les « réglages économiques » et le contrôle des populations que ce nouveau système rend absolument nécessaire, et bien plus que sous le capitalisme.
Parmi tes autres propositions il faut encore analyser plus finement : le mode de production banco-centraliste ne repose pas sur la dynamique « spontanée » des marchés, mais au contraire sur une répartition contrainte, définie par les orientations agréées par les banco-centralistes, et qui aboutissent à « arroser », financièrement, les secteurs qui ont leurs « préférences » et/ou, plus exactement, où sont leurs « amis ».
Ce qui abouti à maintenir ou même créer et développer à partir de zéro des secteurs qui autrement n’existeraient peut être même pas ou bien de façon très marginale, comme le secteur des bagnoles électriques, la production des pseudo-« vaccins », etc…
Donc cela peut aussi avoir l’apparence du « capitalisme », alors que ce n’en est pas vraiment, voire même, bien au contraire : c’est en quelque sorte le « Canada dry » du capitalisme, et c’est aussi ce que l’on peut considérer comme la version « moderne » de « l’Effet Cantillon », du nom d’un économiste ancien qui a étudié l’effet de l’arrivée sur l’économie du « surplus » d’or en provenance de l’Amérique, considéré par certains comme la première étude sur l’effet d’une masse monétaire excédentaire diffusée de manière « centralisée ».
Sauf qu’à notre époque il s’agit seulement de la « planche à billet » électronique, autrement dit, du vent…
Mais tes autres propositions résument aussi d’autres aspects de la réalité dialectique de notre époque : il y a évidemment encore toute une frange de la bourgeoisie ultralibérale qui s’imagine que le capitalisme peut revenir et surmonter la crise, sans le secours de la manne banco-centraliste. Charles Gave me semble être un exemple de ce type de raisonnement, même s’il l’associe à un penchant nationaliste. Les partisans originels du bitcoin sont aussi typiquement des ultralibéraux opposés au banco-centralisme, et pas du tout nationalistes.
Certains tenants de grands monopoles mondialisés, comme Zuckerberg, peuvent éventuellement être tentés de reprendre leur « autonomie » par rapport aux Banques Centrales, comme avec sa tentative « Libra » (…qui lui a finalement coûté « un bras » !).
Et puis évidemment, il y a donc les « résistances » de bourgeoisies nationales diverses, qui s’allient entre elles, sans être « mondialistes » pour autant…
Mais globalement, c’est le cas de le dire, la majorité des bourgeoisies déjà « mondialistes » sous leur vieille forme impérialiste n’ont pas d’autre choix que d’avancer vers le banco-centralisme, même si en traînant quelque peu les pieds, pour une grande partie, devant la difficulté et la complexité de la mutation.
C’est pourquoi je pense que ta dernière formulation est relativement la plus appropriée à résumer la réalité de notre époque.
Bien à toi,
Amicalement,
Luniterre