VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > Mexique : Pourquoi n’y a-t-il pas d’indignation internationale face à la (...)

Mexique : Pourquoi n’y a-t-il pas d’indignation internationale face à la violence ?

dimanche 24 juin 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 24 juin 2018).

http://bolivarinfos.over-blog.com/2…

23 Juin 2018, 16:32pm |

Publié par Bolivar Infos

A peine quelques jours avant les élections présidentielles au Mexique le 1° juillet, sort aux Etats-Unis « Le tueur à gages 2 », un film avec Benicio Del Toro, beaucoup d’explosions et de morts centré sur la guerre contre les cartels de la drogue au Mexique.

Mais bien que le succès internationale de cette sorte de films démontre que le public s’intéresse à cette sorte de fiction, la véritable horreur que vit le Mexique semble peu importer au monde. Pourquoi ?

« La violence, au Mexique, est réellement alarmante et l’indifférence envers ce qui passe ici est très grande de a part du reste du monde, » dit Oscar Arias, ex-président du Costa Rica et Prix Nobel de la Paix en 1987 dans une conversation avec BBC Mundo.

En effet, le pays subit la pire vague de violence de son histoire avec 25 340 homicides volontaires enregistrés l’année dernière, selon les chiffres officiels. Cela fait presque 70 par jour en moyenne.

Et depuis que le Gouvernement a engagé en 2006 ce qu’on appelle la guerre contre la drogue, plus de 200 000 personnes sont mortes au Mexique, une grande partie d’entre elles à cause du conflit lui-même.

Et tout indique que la situation empire.

Seulement pendant le 1° trimestre de cette année, il y a eu 6 557 homicides dans le pays , selon le décompte officiel. Ce chiffre est supérieur de 13% à celui enregistré l’année dernière pendant la même période.

Le Mexique découvre des gens morts des façons les plus cruelles : accrochés à des ponts, dissous dans l’acide, démembrés, etc…

Des milliers ne sont même pas retrouvés : le Gouvernement admet la disparition de 32 000 personnes depuis 2006.

On ignore combien de ces disparitions sont l’œuvre des autorités elles-mêmes ou de particuliers mais le total est 10 fois supérieur aux 3 065 morts qu’il y a eu officiellement au

Chili sous le Gouvernement de fait d’ Augusto Pinochet (1973-1990).

De plus, le sang colore la campagne électorale comme jamais dans l’histoire moderne du Mexique avec 122 hommes politiques assassinés de septembre à ce jeudi. Cela suppose une augmentation de 470% par rapport aux élections de 2015, selon les données du cabinet de conseil Etellekt.

Cette réalité causerait probablement plus d’indignation dans le monde si elle se produisait autre part.

Mais il semble qu’on voie le Mexique d’une façon particulière, comme s’il s’agissait d’un film d’Hollywood, prévisible et inévitable.

« Tourner la page »

Ce n’est pas la première fois que le Mexique subit une vague de violence intérieure qui passe inaperçue à l’étranger.

Le pays a vécu une « guerre sale » dans les années 70 quand le Gouvernement a utilisé des tactiques illégales pour combattre les opposants et les guérilléros comme dans d’autres parties de l’ Amérique Latine mais plus sournoisement.

Dans le cadre de la Guerre Froide, les Etats-Unis ont gardé le silence pendant qu’ils se chargeaient de la menace communiste sur son « flanc sud. » Et la gauche régionale dont beaucoup des exilés avaient trouvé refuge au Mexique n’a pas non plus donné la priorité à ce problème.

Maintenant, le Mexique semble à nouveau éludé

Ce mois-ci, l’Assemblée Générale de l’Organisation des Etats Américains (OEA) à Washington a mis parmi les points principaux de son ordre du jour les crises au Venezuela et au Nicaragua, quelque chose de compréhensible face aux dénonciations de graves abus des Gouvernements des 2 pays.

Mais, bien que le secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, ait prévenu en mars que le rythme de la violence au Mexique était « absolument inacceptable pendant des élections » et que l’organisation ait envoyé des observateurs dans le pays, ce sujet n’a pas été traité lors de son principal forum politique.

Le chancelier mexicain Luis Videgaray a dit à la presse en arrivant à cette rencontre que son Gouvernement était inquiet à cause de la violence mais a nié que les élections soient en danger.

« Le Mexique est l’un des meilleurs systèmes électoraux au monde, » a-t-il déclaré.

Cependant, l’ex-secrétaire général de l’ONU Prix Nobel de la Paix en 2001, Kofi Annan, a prévenu le mois dernier qu’au Mexique, « sans contrôle, la violence criminelle représente une sérieuse menace pour les institutions démocratiques et, sans doute, pour la démocratie même. »

Et la délégation de l’Union Européenne au Mexique a émis un communiqué la semaine dernière exprimant sa préoccupation pour le « niveau de violence et d’intimidation » dans le processus électoral du pays.

Le Conseil de Sécurité de l’ONU n’a pas non plus abordé la « guerre contre la drogue » au Mexique, contrairement à la fréquente attention u’il accorde à Haïti ou à la Colombie où il a installé une mission de Contrôle de l’accord de paix avec la guérilla des FARC.

Critères de mesure

Les autorités mexicaines ont l’habitude de dire que le taux d’homicides pour 100 000 habitants au Mexique est plus bas que dans certaines villes des Etats-Unis ou que dans certains pays d’Amérique Latine.

Mais le taux d’homicides dans tous les Etats-Unis est presque 4 fois plus bas qu’au Mexique et la violence rampante au Salvador, Honduras et au Guatemala est liée à la violence mexicaine, à la drogue et à la demande dévorante de drogues des Etats-Unis.

Le Brésil a aussi de graves problèmes de sécurité mais l’assassinat de la conseillère Marielle Franco en mars a provoqué une vague de protestations et a eu des répercussions mondiales comme n’en a eu aucun des plus de 100 assassinats de personnalités politiques et de candidats lors de la campagne électorale au Mexique.

Il est évident que dans le monde, il y a d’autres drames dont on n’ s’occupe pas mais le cas du Mexique attire l’attention et certains lui attribuent un double critère de mesure.

Dans un article publié en février dans la revue étasunienne Current Affairs, les journalistes Brianna Rennix et Nathan Robinson soutiennent que la couverture de la violence quotidienne au Mexique est insuffisante dans leur pays et que cela « montre jusqu’à quel point, nous donnons de la valeur à la vie humaine selon si cette vie est vécue du côté A ou du côté B d’une ligne géographique arbitraire. »

Arias pense que l’explication de l’indifférence passe aussi par une réticence des autorités mexicaines elles-mêmes à envisager le problème avec plus de hardiesse hors des frontières.

« Celui qui a le plus intérêt à mettre ces choses sur le tapis devrait être le Gouvernement du Mexique. Ce qui l’intéresse sans doute le plus, c’est de tourner la page et qu’on n’en discute ni à l’OEA ni nulle part ailleurs, » a dit l’ex-président costaricien.

« Un problème international »

Bien sûr, de temps en temps, un organisme international tire le signal d’alarme à propos du Mexique. Le bureau du Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme a prévenu récemment sur les « forts indices » que des forces de sécurité mexicaines ont participé à la disparition de 26 personnes à Nuevo Laredo, état de Tamaulipas.

La Commission Inter-américaine des Droits de l’Homme (CIDH) avait déjà publié des rapports sur la violence dans cette partie et dans d’autres parties du Mexique comprenant des exécutions extra-judiciaires, la torture, le féminicide et l’assassinat de journalistes dans l’un des pays les plus dangereux du monde pour exercer cette profession.

La CIDH a au Mexique un mécanisme spécial pour suivre l’affaire de la disparition de 43 étudiants de l’Ecole Normale d’Ayotzinapa en 2014 et ce mois-ci, elle a soutenu la sentence d’un tribunal local qui ordonne de créer une « commission de la vérité » pour enquêter sur cette affaire.

« Il me semble qu’il y a une attention internationale croissante, au moins du système des Droits de l’Homme, » a dit le représentant du Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme dans le pays, Jan Jarab, à BBC Mundo.

Le Gouvernement mexicain a l’habitude de répondre aux signalements internationaux avec des promesses de mesures ou de réformes. Mais ceux qui pensent que la pression de l’étranger a été insuffisante sur le Mexique sont nombreux.

Face à la revendication de l’ONU por les disparitions à Nuevo Laredo, le Gouvernement d’ Enrique Peña Nieto s’est engagé à ce qu’il y ait une enquête du procureur général qui ,e protège pas les responsables même si ce sont des militaires de la Marine comme l’assurent des familles de victimes.

Cependant, Raymond Ramos, le président du Comité des Droits de l’Homme de Nuevo Laredo, soutient que ceux qui ont disparu là sont plus que ceux qui sont connus de l’ONU.

A son avis, il manque la volonté des autorités locales d’appliquer la loi et la solidarité de la communauté internationale pour agir au Mexique. La situation d’insécurité impliquerait d’avoir des missions permanentes de la CIDH ou d’organisations européennes, » a déclaré Ramos à BBC Mundo.

« C’est un problème international, » ajoute-t-il, « les Etats-Unis ne font pas pression suffisamment sur le Gouvernement mexicain pour qu’il augmente ses niveaux de protection des Droits de l’Homme, pas avec le même intérêt par exemple, avec lequel il assiste ses Forces Armées en échangeant des informations en matière de terrorisme ou de sécurité. »

Mais pour que cela change réellement, certains pensent que le premier signe doit venir du Mexique lui-même. Comme dit le proverbe, charité bien ordonnée commence par soi-même.

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

Source en espagnol :

http://www.resumenlatinoamericano.o…

2 Messages de forum

  • Pour répondre à la question : Parce que l’utopie fait si peur aux gens et aux politiques que les premiers préfèrent se comporter en robots prêts à se transformer en zombie quand les deuxièmes leur ordonnent de partir à la guerre dont ils ne veulent pas. Ils préfèrent cela pour leurs enfants, enfants à qui ils apprennent très tôt à renoncer à l’utopie pour devenir encore plus bêtes que des moutons. Même quand on leur parle de la sixième extinction de masse galopante qui se passe sous nos yeux, ils restent la tête dans le sable et le cul en l’air comme des ballots.

    Quand aux politiques, quelque soit leur couleur, leur peur de l’utopie les a toujours fait s’allier au complexe-militaro industriel et à ses souteneurs les banques. Pour être sur que rien ne change, ils ont inventé le secret d’état et des affaires pour couvrir les agissements mafieux de ce complexe criminel. Ils ont financé la révolution industrielle avec les bénéfices de la guerre de l’opium contre la Chine et aujourd’hui c’est pire que jamais. Un seul chiffre, il n’y a jamais eu autant d’esclaves qu’aujourd’hui, et leur nombre ne cesse d’augmenter.

    Comme disait Coluche, ce n’est pas parce qu’ils sont beaucoup à avoir tord qu’ils ont raison. Et c’est bien vrai, sans l’utopie, nous n’arrêterons jamais la sixième extinction de masse. Sans utopie c’est la fuite en avant pour les élites et la politique de l’autruche pour les masses, donc la fin assurée du vivant tel que nous le connaissons. Le minéral s’en sortira toujours, nous nous sommes très, très mal barrés.

    Répondre à ce message

Répondre à cet article

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0