Obésité maladie du pauvre et compléments alimentaires pour les riches

Dans tout pays et régions du monde, les populations n’ont pas toutes, dans leur disparité, les mêmes habitudes alimentaires dans l’ensemble. Les revenus et niveaux d’instruction des populations sont entre autres des déterminants du clivage alimentaire.

Il est acquis désormais que les populations les plus touchées par les diverses formes de malnutrition sont les couches les plus pauvres. S’il est aisé de convenir que le dénuement de ces couches se traduit par une sous-nutrition, il est beaucoup plus difficile de convenir de ce que de telles populations puissent se nourrir à l’excès. Pourtant il est un fait que la sur-nutrition touche majoritairement les populations les plus pauvres en occident. Une situation entretenue, selon sagessesanté, par la nature obésogène des cultures et aliments proposés à moindre coût, par le déséquilibre en nutriments des plats quotidiennement consommés par cette frange.

De nombreuses enquêtes révèlent que les populations plus riches, en plus de manger équilibré, font le plus de sport, et consomment le plus de compléments alimentaires. Elles se tournent vers des superaliments pour améliorer leur vitalité, affiner leur ligne, alors qu’elles pourraient bien s’en passer.

Une hygiène de vie d’une classe à l’autre

En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) mène périodiquement par intervalle de 7 ans une enquête sur l’évolution des habitudes alimentaires des populations. Appelée INCA, cette “photographie actualisée des consommations” dont la dernière édition a été menée courant 2014-2015, a révélé des différences dans les comportements pouvant favoriser prise ou perte de poids, selon qu’on est d’une classe sociale plutôt qu’une autre. Tabac, sports, activités sédentaires, les personnes les mieux payées ne font rien comme celles qui le sont le moins.

En 2013, l’INSERM révélait que les personnes les plus riches, en plus d’être celles les moins touchées par le surpoids, sont également celles qui fument le moins, 25 % contre 19 %. INCA3 a également révélé que chez les adultes, plus âgées sont les populations, moins elles font du sport ; mais que, plus instruites sont les populations plus elles font du sport. Ainsi 17 % des adultes de 18 à 44 ans pratiquent des activités physiques contre 4,6 % chez les adultes de 65 à 79 ans. Ces chiffres augmenteraient de 13 % quand on en vient à rechercher les hommes d’un niveau d’étude primaire ou collège, et de 27 % pour ceux ayant un niveau d’étude de BAC+4.

Alors que la sédentarisation est l’un des traits de reconnaissance des personnes en surpoids, INCA3 a constaté que 80 % des adultes passaient plus de 3 h par jour dans des activités sédentaires. Les adultes ayant un niveau d’instruction de BAC+4 se livreraient plus à des activités de type sédentaire, avec un temps moyen au-delà de 7 h par jour. Ils seraient 54 % contre 30 % de ceux avec un niveau d’étude primaire ou collège.

Par contre ; les enfants (entre 3 et 17 ans) à la charge des personnes les plus instruites semblent passer le moins de temps dans des activités sédentaires. Seulement 26 % des enfants de gens ayant BAC+4 développeraient de tels comportements contre 52 % des enfants de gens au niveau d’étude collège ou moins. Dans l’ensemble, les plus jeunes, ayant entre 3 et 17 ans, passeraient plus de temps moyen journalier devant un écran que lors de la précédente enquête INCA2 (2006-2007). Une augmentation de l’ordre de 20 min entre INCA2 et INCA3.

Les compléments alimentaires, bons plans de riche

Le marché des compléments alimentaires a explosé en France. Aussi, selon l’Anses, la part de ceux qui y ont recours est toujours plus grande. Elle aurait crû de 50 % entre INCA2 et INCA3 et 29 % des adultes (18-79 ans) auraient par exemple consommé au moins un complément alimentaire durant ces douze derniers mois en France.

Les populations les plus aisées et instruites sont celles qui sont prêtes à payer ces produits médicamenteux non remboursés par la sécurité sociale. Elles seraient en effet deux fois plus nombreuses que les personnes ayant au mieux « un niveau d’études collège » à acheter des compléments alimentaires.

Selon le professeur Jean-Michel Lecerf, chef du service nutrition de l’Institut Pasteur de Lille, ce sont les riches qui sont prêts à payer ces solutions “qui ne sont pas toutes efficaces” et qui “sont surtout utilisées pour le confort plus que pour la santé”. Les riches se livrent donc à une automédication qui court-circuite les professionnels de la santé, puisqu’ils consomment des produits sans leur avis, anaca 3 pour perdre quelques kilos, suppléments de protéines pour perdre du muscle ou encore compléments multivitaminés en fonction de leurs supposés besoins.

Les sources d’information sur la nutrition

Il ne faut jamais hésiter à approfondir ses recherches sur un domaine aussi essentiel que la santé. Dans un contexte où l’information permet de prévenir les affections les plus fréquentes de notre époque, les populations ne s’informent pas toutes de la même manière. Internet est devenu la première source d’information passant de 24 % lors de INCA2 à 45 % lors de INCA3. Une situation inquiétante quand on sait que seulement 18 % des personnes interrogées ont recours à un diététicien ou nutritionniste et qu’Internet est pris d’assaut par des conseillers à la qualité douteuse.