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La Chine des Ming n’était pas impérialiste (vidéo 5’57)

lundi 23 juillet 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 23 juillet 2018).

Vidéo malheureusement non-sous-titrée

Cliquer sur l’image ou le vide ci-dessus pour voir la vidéo.

Pourquoi ? Quand la Chine faisait des découvertes navales et répandait l’islam… elle a refusé de devenir capitaliste

La question à peine abordée dans cette vidéo, c’est pourquoi l’empereur de Chine a décidé de stopper ces expéditions et a fait détruire les navires gigantesques de la flotte de Zheng Hi …Ce fut pourtant expliqué dans l’édit impérial faisant détruire la flotte : …Si la Chine menait une politique d’expansion navale mondiale, elle serait amenée à imposer son genre de vie, ses structures politiques et ses intérêts à des peuples très différents et cela aboutirait à corrompre ces peuples et aussi l’équilibre interne de la Chine en la transformant en pays conquérant (…l’islam étant en Chine considéré alors comme une partie du patrimoine national aux côtés des autres courants religieux et philosophiques, d’origine chinoise ou indienne). Bref, on doit poser la question pourquoi la structure sociale chinoise de l’époque qui avait les moyens techniques de faire de la Chine un pays capitaliste expansionniste, impérialiste donc, n’a pas fait d’elle ce que la même situation a fait avec les puissances occidentales ? Ce qui pose une question philosophique : La base matérielle et sociale de l’expédition maritime chinoise étant là …pourquoi la "bourgeoisie" chinoise n’est pas devenue …bourgeoise ? Quel est le rôle de la base matérielle et quel est le rôle de l’idéologie, c’est à dire de la représentation idéale d’un modèle possible à développer à partir d’une base sociale existante ?

Vous noterez que l’argumentaire de l’empereur Ming de l’époque est à peu près, mais en mode réadapté, l’argumentaire du Parti communiste chinois aujourd’hui, "nous n’avons pas à exporter un modèle politique mais à aider des pays à se développer pour qu’ils puissent aider notre propre dynamique de développement" …Il y a donc prise en compte du fait que la mondialisation est irréversible, que la Chine doit y participer et en profiter, mais qu’elle ne peut pas le faire en utilisant les moyens des puissances capitalistes occidentales …La différence avec l’époque des Ming, c’est qu’il existe aujourd’hui une bourgeoisie chinoise bien enracinée dans le secteur privé et liée à la circulation des capitaux …mais dont les politiques sont contrôlées par le plan macro-économique d’Etat, et en concurrence avec le secteur public (2/3 du PIB chinois) qui, lui, mène une politique économique qui se veut gagnant-gagnant sur le long terme …et qui ne correspond donc pas à une logique capitaliste classique.

Bruno DRWESKI

À cet égard voir cet article :

La Chine et l’Afrique

Par Pavel Nastine le 9 juillet 2018, Observateur politique sur l’Asie et l’Afrique, exclusivement pour le magazine en ligne New Eastern Outlook.

Traduction le Saker Francophone

Source : https://journal-neo.org/2018/07/09/china-and-africa/

Vendredi 20 juillet 2018, par Comité Valmy

La Chine applique en Afrique une stratégie de politique étrangère qui à la fois fait partie intégrante de la doctrine de Beijing en la matière et s’y entremêle. Son objectif principal est de transformer le continent africain en un atout stratégique de la Chine, dont le but serait de renforcer la puissance économique et politique de la République populaire et de permettre à la Chine de se positionner comme une superpuissance. Aux yeux de Beijing, l’Afrique est riche de ressources de valeur et, avec sa population de 1.2 milliard d’habitants, est un grand et vaste marché pour ses marchandises ; le continent est aussi l’un des plus grands bénéficiaires des investissements chinois. Les projets à long terme comprennent la transformation de l’Afrique en une zone manufacturière où la Chine, qui a investi à grande échelle, pourrait déplacer son appareil de production afin d’être plus proche des sources de matières premières et de la main-d’œuvre. Enfin, cela permettra à la Chine de se libérer des anciennes technologies et d’ouvrir la voie à la quatrième vague d’innovation.

L’intérêt de la RPC à transformer l’Afrique en une zone pacifiée fait aussi partie de cette stratégie, parce que seul un tel scénario justifierait des investissements massifs sur ce continent et y assurerait des ventes constantes de marchandises chinoises.

Cette stratégie a été développée au début des années 2000 et elle a été systématiquement mise à jour depuis lors. Des Livres blancs sur la politique de la Chine en Afrique ont été publiés depuis 2006, et ils se focalisent de plus en plus sur la sécurité du continent et sur la lutte contre le terrorisme. Du point de vue de Beijing, la sécurité est étroitement liée à l’élimination de la pauvreté et du sous-développement, et ce sont des processus auxquels la Chine aimerait prendre part avec ses marchandises, ses technologies et ses investissements.

Pour la Chine, la sécurité et le développement sont interdépendants et priment sur les doctrines activement promues par l’Occident, qui lient les droits de l’homme à la démocratie libérale ainsi qu’à une gestion appropriée au progrès économique. Guidée par sa propre expérience, Beijing ne souscrit pas à cette doctrine et passe son temps à promouvoir activement sa propre vision, basée sur la nécessité de soutenir le développement économique et d’assurer la sécurité, tout en ignorant pour l’essentiel les progrès accomplis par divers pays dans les domaines de la démocratie et des droits de l’homme.

En outre, la Chine pense qu’elle ne devrait pas s’immiscer dans les affaires internes de l’Afrique ou participer à des interventions militaires, comme le font les pays occidentaux afin d’atteindre leurs propres buts économiques et politiques. La priorité de la Chine est de sauvegarder ses intérêts en prenant part à de nombreuses missions de rétablissement de la paix sur le continent, garantissant ainsi la sécurité de ses investissements.

Dans la pratique, cela signifie que la Chine est devenue l’un des participants les plus actifs parmi les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies dans les opérations de maintien de la paix en Afrique. Le 30 juin 2017, 2 515 soldats chinois ont participé à des opérations de rétablissement de la paix en Afrique. En 2015, le président de la République populaire de Chine, Xi Jinping, avait annoncé qu’il projetait d’augmenter le nombre de ses troupes de maintien de la paix à 8000 soldats. La vérité est que les Chinois ne prennent pas part aux opérations militaires et font plutôt partie des unités de ravitaillement. Pourtant, la présence militaire chinoise en Afrique a commencé en 2013, année où Beijing a envoyé une unité de 197 personnes en mission au Mali, et en 2015, 700 soldats ont été déployés au Soudan, où la Chine a d’importants intérêts pétroliers.

Au même moment, Beijing aidait l’Union africaine sur le plan de la sécurité régionale. En 2017, la Chine a accordé un don de 100 millions de dollars US à l’Union africaine, destiné à l’achat de matériel militaire pour ses troupes de maintien de la paix en Afrique. En outre, elle a aidé la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) à combattre les activités terroristes d’Al-Shabaab en dépensant des sommes importantes pour la préparation de la Force de défense du peuple ougandais et de la Force de défense du Kenya, qui participent activement à l’AMISOM. 

La Chine apporte également une contribution importante à la lutte contre la piraterie. De 2008 à 2015, environ 16 000 marins chinois et 1 300 soldats de la Marine et des forces spéciales faisaient partie de convois armés.

En 2015, un contrat a été signé pour la construction de la première base militaire chinoise en Afrique, à Djibouti. Des militaires chinois y sont déjà stationnés depuis 2017. Selon le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, l’établissement de cette base « reflète le désir de la Chine de jouer un rôle constructif dans la résolution des problèmes internationaux et régionaux et de créer des conditions plus sûres, plus stables pour ses activités à l’étranger ».

Les raisons de ces actions deviennent claires si on est conscient du fait qu’à l’heure actuelle, plus de 2 000 entreprises chinoises et plus d’un million de Chinois travaillent sur le continent africain et ont besoin d’assurer leur sécurité.

Certes, cette stratégie chinoise a, dans l’ensemble, porté ses fruits. Le chiffre d’affaires entre Beijing et le continent africain a atteint 180 à 200 milliards de dollars par an, tandis que les investissements chinois ont augmenté à 100 milliards de dollars depuis 2000. Les principaux partenaires de la Chine en Afrique sont l’Égypte ; le Nigeria ; l’Afrique du Sud ; l’Éthiopie ; la République démocratique du Congo ; la Zambie ; l’Angola ; le Maroc ; le Niger ; le Cameroun ; le Tchad et quelques autres.

Pour promouvoir ses intérêts, Beijing utilise également des moyens tels que l’aide sous forme de dons, des prêts sans intérêt ou à faible intérêt, l’annulation de dette, des projets de construction caritatifs, l’exonération de taxes à l’importation pour certaines marchandises africaines, l’envoi de spécialistes aux pays africains, la création de centres de santé et la formation d’étudiants. Tout cela conduit à l’influence croissante de la Chine, la langue chinoise devenant même la langue de communication transnationale entre étudiants, comme c’est le cas au Kenya.

Pour donner vie à ses politiques ambitieuses, la Chine a créé un arsenal d’outils et de mécanismes. Sous les auspices des organismes d’État, les projets d’investissement sont stratégiquement mis en œuvre par la Banque chinoise de développement et la China Investment Corporation, qui est un fonds souverain.

Parmi les organismes d’aide spécialisés, il faut mentionner le Fonds de développement Chine-Afrique (CAD Fund), le Fonds pour le développement de capacités productives, le Fonds de développement des petites et moyennes entreprises, le Fonds Route de la soie, l’Institut Confucius et la Fondation pour le développement des sources humaines.

Le Fonds de développement Chine–Afrique se distingue des autres instruments utilisés par la Chine pour étendre son influence en Afrique. En 2007, la Banque chinoise de développement a fourni le capital nécessaire pour créer cette organisation, qui est un fonds d’investissement enregistré selon le droit privé de la RPC. En d’autres termes, il ne s’agit pas d’un fonds souverain, mais la part de son capital fourni par la Banque chinoise de développement permet à l’État de contrôler cette institution.

Contrairement à d’autres organisations chinoises similaires, le Fonds CAD n’accorde pas de lignes de crédit mais investit directement en Afrique en finançant des projets d’affaires dont le but est de collaborer avec les pays africains. Le fonds couvre généralement un tiers du capital nécessaire, jouant ainsi un rôle d’investisseur passif. Le reste est financé par des investisseurs chinois et étrangers.

Jusqu’à présent le Fonds CAD a investi 3.2 milliards de dollars dans 91 projets dans 36 pays africains sur une période de 10 ans. Au total, les investissements chinois en Afrique s’élèvent à 100 milliards de dollars.

En pratique, le Fonds investit du capital dans le secteur de l’énergie, les infrastructures, l’exploitation minière et la transformation des ressources naturelles, et l’agriculture. Ces types de projets chinois comprennent la construction de plus de 100 parcs industriels, dont plus de 40% sont déjà opérationnels. Fin 2016, 5 756 kilomètres de voies de chemin de fer, 4 335 km de routes, 9 ports, 14 aéroports, 34 centrales électriques ainsi que 10 grandes et des milliers de petites centrales hydroélectriques ont été construites !

Ainsi, la Chine a atteint des résultats impressionnants en Afrique au cours de ces 10 ou 12 dernières années. Ayant développé la bonne stratégie à long terme, soutenue par des instruments financiers et politiques efficaces ainsi que par des ressources financières, elle a développé la politique la plus fructueuse, qui réussit actuellement beaucoup mieux que celle d’autres pays. Et c’est quelque chose dont tout le monde devra tenir compte.

Pavel Nastine
Le 9 juillet 2018

3 Messages de forum

  • Sympathiques petits articles de propagande pour le capitalisme financier chinois…

    M. Drweski est peut être un "pro" dans ce domaine, mais il ne s’embarrasse pas trop avec les sources, pour ses chiffres mirifiques…

    "…La différence avec l’époque des Ming, c’est qu’il existe aujourd’hui une bourgeoisie chinoise bien enracinée dans le secteur privé et liée à la circulation des capitaux …mais dont les politiques sont contrôlées par le plan macro-économique d’Etat, et en concurrence avec le secteur public (2/3 du PIB chinois) qui, lui, mène une politique économique qui se veut gagnant-gagnant sur le long terme …et qui ne correspond donc pas à une logique capitaliste classique."

    Effectivement, un capitalisme "néo-classique" en quelque sorte… Concernant les "2/3" de PIB générés par le secteur public, il faudrait donc une rentabilité exponentielle des entreprises de ce secteur, qui représentent, selon Wikipédia, 22% de la production du pays…! Et, de plus, sont précisément parmi les plus endettées :

    "Le FMI a alerté les autorités chinoises le 11 juin 2016 sur l’endettement excessif des entreprises chinoises, en particulier les entreprises publiques : alors que la dette de l’État et celle des ménages restent raisonnables (40 % du PIB chacune), celle des entreprises atteint 145 % du PIB ; or les entreprises d’État représentent à elles seules 55 % de la dette totale des entreprises, alors que leur part dans la production totale du pays n’est que de 22 %."

    Les chiffres, concernant ce ratio, semblent difficile à trouver, du reste, tant la notion d’entreprise d’Etat est devenue vague, en Chine, avec leur transformation, en fait, en sociétés par actions cotées en bourse, même si majoritairement contrôlées par la bureaucratie du parti.

    Ce que nous rappelle cette étude, récente, 2017, en mentionnant en outre une donnée plus ancienne, montrant la réduction de la part du secteur public :

    "Le secteur public passe de 73% de la production industrielle en 1988 à seulement 35% en 1992. Cela a permis le passage d’une économie planifiée à une économie mixte et la redécouverte des fondements du libéralisme économique, tout en sauvegardant le communisme officiel du régime."

    https://major-prepa.com/geopolitiqu…


    La plupart des chiffres, que ce soit en part de PIB ou de production, tournent plutôt, en fait autour de 2/3, effectivement, mais pour le secteur privé !!

    http://www.journaldunet.com/managem…

    Ici, un optimiste, à 40% pour le public… :

    http://www.expert-comptable-interna…

    Et d’autres sources, concordantes autour de 1/3 pour pour le public, donc, déjà cités dans une précédente réponse à M. Drweski :

    https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/07/09/en-reponse-a-une-plume-rouge-du-capitalisme-chinois/

    Sur l’économie chinoise, et avec de nombreux liens à la suite sur le sujet, voir aussi :

    https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/06/24/comment-la-chine-pourrait-bientot-rafler-la-mise-au-casino-mondial/

    Luniterre

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    • Se baser sur Wikipédia, c’est un peu comme vouloir acheter de la haute technologie chez Wall Mart, c’est de l’à peu près à la carte. Quant à prendre le FMI pour …argent comptant …vu qu’il s’est régulièrement trompé depuis trente ans sur pratiquement tout, et en particulier sur ses analyses et prévisions pour le développement, en raison de ses oeillères dogmatiques et des intérêts économiques qu’il sert, c’est assez cocasse. Pour ce qui est de la Chine, Etat qui soulève tant de passions de nos jours des pro ceci comme des anti cela, c’est très certainement parce que ce n’est pas un Etat qui marche "comme il faut" …pour qui et dans l’intérêt de qui ? Voilà la seule question qui importe. Pour ce qui est de la rentabilité des entreprises publiques chinoises par rapport à celles du secteur privé, et sans se fier a priori plus aux sources du FMI qu’à celles du comité central du PCC, les sources économiques réellement indépendantes manifestent souvent leur étonnement devant les performances relatives du secteur public chinois. Cela sans aborder la question de la "rentabilité sociale" en terme de développement humain qui n’est pas prise en compte dans les critères du PIB, alors que quelqu’un de sain, de détendu, d’assuré de son avenir, de cultivé et capable de se déplacer grâce aux investissements publics est plus "rentable" que quelqu’un qui travaille sans avoir aucune sécurité. Cela étant, il s’agit du secteur public …à ne pas confondre avec le secteur d’Etat. 1/3 environ des entreprises chinoises appartiennent effectivement au secteur d’Etat, soit environ la moitié du secteur public, le second tiers, qu’on oublie souvent, ce sont les entreprises appartenant aux provinces, aux communes ou les coopératives qui font bien partie du secteur "public" mais qui ne sont pas gérées par l’Etat central et qui ne lui appartiennent pas. La terre en Chine par ailleurs reste propriété d’Etat et elle est mise en gérance au profit d’entrepreneurs individuels sous contrats plus ou moins longs. Par ailleurs, pour ce qui est du secteur privé, il est soumis au plan macro-économique de l’Etat par le biais de mesures incitatives. La bourgeoisie chinoise et la bourgeoisie étrangère investissant en Chine ne sont donc pas tout à fait libres de faire ce qu’elles veulent …même quand elles tentent de contourner les règles ou de corrompre. Tout cela rend le système chinois difficilement classable si nous nous référons aux critères capitalistes "purs" des libéraux ou aux critères socialistes "purs" de l’URSS des années 1930. C’est ce qui rend ce système intéressant et troublant pour tous les partisans d’une pensée unique et d’une idéologie dogmatique quelque qu’elle soit. Cela ne fait pas pour autant de la Chine un paradis mais une société diversifiée, marquée de la base au sommet par des contradictions de classe et qui expérimente en même temps des méthodes "capitalistes" et "socialistes". Cela permet de poser la question : pourquoi l’économie chinoise est-elle plus performante que les économies capitalistes occidentales ou capitalistes du tiers monde au regard des statistiques communément admises ? Car finalement, Chine, Vietnam et quelques autres pays ont des taux de croissance qui dépassent et ceux des pays occidentaux et ceux de pays comme l’Inde, le Pakistan, l’Asie du sud-est et bien d’autres. Pourquoi ? Tout en diminuant radicalement les taux de pauvreté d’année en année et en ayant assuré une couverture sociale universelle. Chose qu’on ne voit plus ni à l’Ouest ni à l’Est ni dans la plupart des pays du Sud d’orientation capitaliste "pure" où les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. La Chine est donc "impure" pourrait-on dire sur le plan du et des dogme(s), mais cet alliage donne des résultats déconcertant pour les partisans de la pureté quelqu’elle soit.

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      • Ce que pointe mon post, c’est effectivement la difficulté de cerner la notion de secteur économique d’Etat en Chine, et d’autant plus qu’il n’en existe pas, comme vous le soulignez vous-même, de "chimiquement pur", en quelque sorte, c’est à dire de secteur économique d’Etat qui soit réellement indépendant du capital financier. Les entreprises d’Etat sont aussi des sociétés par actions dont les parts essentielles, en termes de contrôle, sont détenues par les caciques du parti. En Chine comme ailleurs, le capital financier permet le contrôle d’une société avec un paquet d’actions relativement minoritaire, mais suffisant en regard de la division des autres détenteurs, et d’autant plus, en Chine, que les parts restantes sont diluées dans l’épargne de la classe moyenne, et cela beaucoup plus qu’en France, par exemple, où le boursicotage ne concerne pas autant les classes moyennes.

        Alors que le boursicotage est vital, en Chine, pour la nouvelle classe moyenne, ce qui paralyse, du reste, l’essor du marché intérieur, en termes d’activité économique endogène. L’un des principaux problèmes structurels du capitalisme chinois.

        Le capital financier chinois est donc effectivement contrôlé par les différentes factions qui se disputent le pouvoir au sein du PCC. Parler de "lutte contre la corruption", dans ce contexte, c’est simplement parler des règlements de compte internes de la bourgeoisie financière chinoise, et c’est un langage fleuri de vocables "de gauche" qui permet tour à tour à l’une ou l’autre de gagner en popularité dans les classes sociales moyennes et ouvrières.

        Dans les années 60-70 on avait le même phénomène entre factions du capital national bureaucratique maoïste, en termes seulement formellement plus "marxisants", au temps de la prétendue "révolution culturelle", et où la jeunesse de la nouvelle classe moyenne "nationale" avait servi, à ses dépends, de masse de manœuvre, et à l’occasion, de chair à canons.

        Aujourd’hui, de bourgeoisie nationale en Chine, même bureaucratique, il n’en existe plus, tant est grande, comme on l’a vu, l’emprise du capital financier, jusqu’aux classes moyennes.

        L’intérêt d’étudier l’évolution du capital financier chinois est précisément l’importance grandissante qu’il a pris dans la structuration des flux mondiaux de capital financier, et notamment, en interaction et interconnexion avec le capital financier US, et cela dès le début des années 70, en fait, et sous l’influence de Mao, du reste, qui avait noué les premières liaisons,non seulement "diplomatiques", mais aussi financières, entre les deux Etats.

        https://tribunemlreypa.wordpress.com/2015/09/01/de-la-structuration-maoiste-de-la-bulle-chinoise/

        Cette interaction reste donc cruciale pour comprendre l’évolution de la crise et les facteurs de krachs récurrents qu’elle sous-tend.

        Dans d’autres régions du monde il reste encore quelques factions de bourgeoisies nationales qui ne sont pas encore complètement intégrées dans les flux dominants de capitaux financier.

        Elles jouent naturellement des contradictions entre Chine et USA et se tournent logiquement vers le "moins dominant", sans que pour cela ne change sa nature intrinsèque de capital financier…

        En l’état actuel d’extrême faiblesse du mouvement ouvrier il me parait donc juste de soutenir, tactiquement mais sans illusions, ces factions nationales bourgeoises en lutte pour leur indépendance. Sans illusions, cela veut dire que la priorité reste à la réorganisation de partis prolétariens indépendants, y compris de ces factions nationales bourgeoises, qui n’ont que le mérite d’aiguiser les contradictions interne du capitalisme et d’ouvrir, incidemment des brèches locales où ces factions relâchent momentanément la pression sur les couches populaires, en vue de faire face, provisoirement, à la menace extérieure.

        C’est dans ces circonstances que les partis prolétariens locaux peuvent utiliser des tactiques de front uni, mais donc sans illusion et surtout, sans brader leur indépendance et leur forces propres.

        Est-il besoin de rappeler qu’en France, comme en Chine, il n’existe plus, et depuis bien plus longtemps encore, de factions de bourgeoisie nationale ?

        En fait, ce rappel est donc encore nécessaire, même s’il n’a qu’un rapport très indirect avec notre débat.

        A 22%, le chiffre de Wikipédia, origine "Hiault", est probablement sous-estimé, ce que mon post sous-entendait, de toutes façons, et une fourchette autour d’un tiers devrait nous mettre d’accord, tout en considérant, à mon avis, que le fond du problème est ailleurs, comme je viens de tenter de l’ébaucher ci-dessus.

        Luniterre

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