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Cette fois, il y a un vaccin contre le virus Ebola !

vendredi 7 septembre 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 7 septembre 2018).

Letemps.ch, 15 mai 2018 : Depuis la découverte du virus en 1976 au Zaïre, huit épidémies ont frappé ce pays devenu la République démocratique du Congo (RDC). Avec à chaque fois, dans les grandes lignes, le même scénario : face à l’effroyable spectacle des patients mis à l’isolement, des personnels en combinaison de sécurité, des morts de déshydratation ou d’hémorragie, des recherches scientifiques sont entreprises pour développer un vaccin mais sont finalement abandonnées faute de moyens.

Note de do : Bien entendu, il n’y a du fric pour un vaccin, pour des sales nègres désargentés, que quand l’épidémie risque de gagner les régions du monde qui sont riches.


Cette fois, il y a un vaccin contre le virus Ebola !

https://www.letemps.ch/sciences/cette-y-un-vaccin-contre-virus-ebola

Fabien Goubet
Publié mardi 15 mai 2018 à 19:46
Modifié mardi 15 mai 2018 à 21:23

Le vaccin rVSV-ZEBOV devrait faire ses débuts dans l’épidémie de virus Ebola qui sévit en RDC. A condition toutefois de vaincre les défis liés à son transport et à sa conservation dans des régions inaccessibles en avion ou en voiture, souvent sans électricité au milieu de la jungle

L’histoire se répète, et celle du virus Ebola en est la parfaite illustration. Depuis la découverte du virus en 1976 au Zaïre, huit épidémies ont frappé ce pays devenu la République démocratique du Congo (RDC). Avec à chaque fois, dans les grandes lignes, le même scénario : face à l’effroyable spectacle des patients mis à l’isolement, des personnels en combinaison de sécurité, des morts de déshydratation ou d’hémorragie, des recherches scientifiques sont entreprises pour développer un vaccin mais sont finalement abandonnées faute de moyens. La neuvième apparition documentée du virus, survenue ces dernières semaines auprès de 39 cas suspects et ayant déjà coûté la vie à 19 personnes, a donc un air de déjà-vu. Sauf que cette fois, différence notable, il existe un vaccin.

Les trois ronds en haut de gauche à droite :

1976 : Yambuku
318 reported cases and 280 deaths

2017 : Bas Uele Province
On 11 May 2017, the Ministry of Health informed WHO of an Ebola outbreak.

2012 : Isiro, Orientale Province
62 reported cases and 34 deaths

Le rond à peine plus bas. Deux cas :

1977 : Tandala, Equateur Province
1 reported case and 1 death

2014 : Equateur Province
66 reported cases and 49 deaths

Le rond en bas à gauche :

1995 : Kikwit, Bandundu Province
317 reported cases and 245 deaths

Le rond en bas à droite. Deux cas :

2007 : Kasai Oriental
264 reported cases and 187 deaths

2008-2009 : Kasai Oriental
32 reported cases and 15 deaths

Pour la première fois, les agences de santé de la RDC pourraient déployer un remède, le rVSV-ZEBOV (ou VSV-EBOV), initialement développé par l’Agence de la santé publique du Canada et dont la licence est détenue par les laboratoires Merck.

Ce vaccin a déjà fait parler de lui lors de la pire épidémie de maladie à virus Ebola connue à ce jour, celle survenue entre 2014 et 2016 en Afrique de l’Ouest (principalement en Guinée, Sierra Leone et Liberia), à plus de 3500 kilomètres de la RDC.

Vaccination en ceinture

Testé en plusieurs endroits dans le monde, notamment aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), il avait démontré sa capacité à déclencher, sans danger, la production par l’organisme d’anticorps dirigés contre le virus Ebola lors d’essais cliniques de phases I et II, effectués chez des volontaires sains. Des résultats encourageants qui avaient logiquement conduit à mener des essais de phase III, à plus grande échelle et chez des personnes en contact avec le virus. Le rVSV-ZEBOV avait alors démontré une efficacité de l’ordre de 75 à 100% chez 7651 personnes d’après la revue The Lancet. Des chiffres non pas obtenus contre placebo, pour d’évidentes raisons éthiques, mais lors d’une campagne de vaccination dite en ceinture, dans laquelle les personnes entrées en contact direct avec un malade diagnostiqué, ainsi que leurs propres contacts (soit deux degrés de séparation) étaient vaccinés.

Un autre essai clinique d’envergure eut lieu plus tard en Guinée auprès de 5837 personnes répondant à ces critères de contact et conclut à un taux d’efficacité de 100%, aucun cas d’Ebola n’ayant fait surface dans les dix jours après la vaccination. Dans la foulée, un stock de 300 000 doses de rVSV-ZEBOV a été constitué en cas de nouvelle flambée épidémique grâce à l’appui de Gavi Alliance, organisation sise à Genève qui œuvre à faire bénéficier les pays les plus pauvres d’un accès rapide à des traitements onéreux.

Malgré l’efficacité et la disponibilité du vaccin, la prudence reste de mise. « Il reste à confirmer si ces 39 cas sont bien des cas d’Ebola », dit Laurent Kaiser, virologue aux HUG. Il existe dans la région de nombreuses maladies infectieuses entraînant des symptômes similaires. Et bien que les virus de 2014 et de 2018 appartiennent à la même souche « Zaïre », rien ne garantit pour le moment le succès du vaccin. « En 2015, les essais cliniques ont eu lieu lors d’une unique étude en Guinée, en fin d’épidémie et donc après l’urgence. Bien que tout porte à le croire, nous n’avons pas encore de certitude que ce vaccin fonctionnera aussi dans la présente situation », rappelle le médecin.

Stockage à -80°C

C’est pour cette raison que le rVSV-ZEBOV ne dispose pour le moment d’aucune autorisation de mise sur le marché au sens habituel du terme. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a élaboré un protocole expérimental que viennent de valider les autorités sanitaires et les comités d’éthique de RDC, écrit dans un email au Temps Tarik Jasarevic, porte-parole de l’OMS. Ce feu vert va aboutir à une autorisation temporaire de mise sur le marché du rVSV-ZEBOV, pour un usage dit compassionnel.

Mais une fois la paperasse en ordre, de nombreux obstacles demeureront. D’abord sur un plan logistique : en coopération avec divers partenaires tels que Merck et Médecins sans frontières, l’OMS devra assurer une logistique adaptée pour transporter et conserver le rVSV-ZEBOV, qui doit être stocké à -80°C. Dans des régions dépourvues de solides réseaux d’électricité et de télécommunications, lorsqu’il ne s’agit pas de routes, la tâche sera pour le moins ardue.

Véritable travail de détective

Exemple à Ikoko Ipenge, village où sont survenus deux cas le 13 mai, et qui n’est relié à Bikoro, où l’OMS a installé un centre de soins de 15 lits ainsi qu’un laboratoire mobile, qu’après un difficile trajet en moto d’un trentaine de kilomètres à travers la jungle. Quant à l’aéroport de Bikoro, il est trop mal entretenu pour l’utiliser. « Cela va être compliqué et coûteux », a assuré Peter Salama, le directeur du Programme de gestion des situations d’urgence de l’OMS, lors d’une conférence de presse à Genève le 11 mai.

Quand bien même la logistique serait idéale et le vaccin prêt sur le terrain, la campagne de vaccination en ceinture n’a rien d’une sinécure : les épidémiologistes, les spécialistes des données et autres personnels de santé doivent documenter la progression de l’épidémie, retracer tous les contacts du malade, à deux degrés de séparation, dans les trois semaines qui ont précédé le diagnostic. Un travail de détective délicat indispensable au succès d’une telle stratégie vaccinale. « Le vaccin peut changer la donne, mais il ne suffira pas à lui seul : il faut toute une mobilisation des communautés et des personnels de santé sans oublier d’instaurer des actions préventives », conclut Laurent Kaiser.


Le sang d’un rescapé d’Ebola comme remède

Fabien Goubet
Publié jeudi 6 septembre 2018 à 18:39

Des anticorps isolés à partir du sang d’un patient guéri en 1995 sont au cœur d’un traitement expérimental à l’essai au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, où sévit actuellement une épidémie. Dans cette zone de guerre, tester scientifiquement une nouvelle thérapie relève du défi

Alors que l’épidémie de maladie à virus Ebola dans le nord de la République démocratique du Congo (RDC) s’approche de la centaine de victimes, cinq traitements expérimentaux sont administrés aux personnes malades ou en passe de l’être. Parmi ces molécules candidates, le mAb114 a une histoire qui remonte à l’épidémie de 1995 dans ce même pays, qui s’appelait encore Zaïre.

Cette année-là, un homme attira l’attention des médecins. Surnommé Sujet 1 et domicilié à Kikwit dans le sud-ouest du pays, il parvint à combattre la maladie seul ou presque. Après avoir affronté de terribles fièvres pendant plusieurs semaines, il finit par se rétablir et s’occupa d’autres malades. Vingt ans plus tard, le sang du Sujet 1 est au centre de travaux scientifiques qui ont débuté en Suisse et aboutiront peut-être à l’élaboration d’un nouveau traitement, le mAb114.

En survivant sans traitement à cette maladie mortelle, le Sujet 1 a produit dans son sang des anticorps dirigés contre le virus Ebola. Onze ans plus tard, en 2016, une équipe internationale menée par Davide Corti, de l’Université de Suisse italienne à Bellinzone, a obtenu l’autorisation de prélever le précieux fluide du Sujet 1. Le biologiste expliqua la même année dans la revue Science avoir purifié les anticorps de cet échantillon. Ainsi armés des anticorps anti-Ebola du Sujet 1, les scientifiques parvinrent à sauver la vie de trois macaques infectés par le virus.

Cocktail moléculaire

Depuis mai, le mAb114, dont le développement réunit notamment l’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses et Humabs BioMed, entreprise de biotechnologies sise à Bellinzone, est testé chez l’être humain aux Etats-Unis dans le cadre d’essais cliniques de phase 1. Ces essais menés auprès d’une vingtaine de volontaires sains devront déterminer l’innocuité de la molécule, son seuil de tolérance ainsi que ses éventuels effets indésirables.

Le mAb114 n’est pas un vaccin à proprement parler, mais un cocktail moléculaire contenant l’anticorps éponyme. Il se fixe sur une glycoprotéine à la surface de la coque protéique du virus Ebola avec une affinité particulièrement efficace puisqu’elle serait de 25% supérieure à celle de l’autre principal traitement curatif à l’étude, le ZMapp.

Autre avantage par rapport au ZMapp, « le mAb114 est administré en dose unique alors que le ZMapp est un un cocktail de 3 anticorps monoclonaux qu’il faut injecter plusieurs fois par jour pendant plusieurs jours dans l’organisme, précise Eric D’Ortenzio, coordinateur scientifique de REACTing-Inserm, consortium multidisciplinaire de recherche sur les maladies infectieuses émergentes. En outre, il peut être conditionné et envoyé lyophilisé et ne nécessite pas une chaîne de froid aussi stricte que pour le ZMapp ou le vaccin expérimental. »

Usage compassionnel

En parallèle des essais cliniques, une centaine de doses du mAb114 ont été envoyées en RDC pour un usage dit compassionnel, c’est-à-dire sans visée expérimentale ni mise sur le marché. Fin août, 13 personnes avaient reçu ce médicament. Deux ont été guéries.

Outre le mAb114, quatre autres traitements expérimentaux ont été approuvés pour usage compassionnel dans les centres de traitement d’Ebola. Fin août, trois patients avaient ainsi bénéficié du Remdesivir, un médicament antiviral développé par le laboratoire Gilead Sciences. Les autres candidats – le Favipiravir, le REGN-EB3 et le ZMapp – font l’objet de discussions préalables entre les parties prenantes et le Ministère de la santé de RDC afin de baliser leur usage. Enfin, en parallèle de ces traitements curatifs coexistent deux vaccins préventifs, le rVSV-ZEBOV et le Ad26.ZEBOV.

Impossible de dire pour l’heure si un de ces candidats se détache des autres. « Si le ZMapp et le Remdesivir ont de meilleures indications de sécurité et d’efficacité, ils sont également les plus complexes à administrer et font l’objet d’un lourd suivi. Lorsqu’il s’avère impossible pour le personnel clinique d’administrer l’un de ces deux médicaments, le mAb114 est le choix suivant sur la liste », précise Annick Antierens, du département médical de MSF à Bruxelles.

La réalité du terrain, un frein

Pour en avoir le cœur net, il faudra des essais comparatifs. Or ceux-ci nécessitent que les patients soient répartis aléatoirement dans des groupes correspondant chacun à une thérapie. Mais la réalité du terrain complique la donne. La province du Nord-Kivu est en guerre, avec d’importants mouvements de population. Et obtenir toutes les autorisations nécessaires pour mettre en œuvre des essais en bonne et due forme prend du temps, si bien que les épidémies s’éteignent souvent avant que de tels essais n’aient pu démarrer.

Si les nouveaux cas se raréfient en RDC, comme cela semble se confirmer ces derniers jours, alors il faudra sans doute attendre la prochaine épidémie pour mener un essai comparatif. Et ainsi, peut-être, disposer d’un traitement sûr et efficace.

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