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De la « désolation » du social-chauvinisme en déroute…

samedi 20 octobre 2018, par Luniterre

La dernière « grande » conquête sociale en France remonte à 1998. Les « 35 heures » nous étaient présentées à la fois comme un nouvel aboutissement du progrès social et comme le remède miracle contre le chômage… Maladie endémique de la société française, devenue chronique depuis la crise du « premier choc pétrolier », en 1973. Elle l’est toujours, 20 ans après les « 35 heures »… !

En réalité, il y a déjà là une grande duperie politique, également entretenue par la gauche française. Le premier « choc pétrolier », tout comme les suivants, de fait, est la partie visible d’une crise profonde, celle du système impérialiste mondial. Il n’est essentiellement que la conséquence pratique la plus visible de la première crise mondiale du capitalisme financier, après guerre, dominé par les USA et leurs alliés, dont la France.

Sous la poussée des luttes de libération nationale, dont le Vietnam au premier rang, c’est l’équilibre financier de l’ensemble qui vacille, déjà à cette époque, entraînant la liquidation des accords monétaires de Bretton Woods, la désindexation du dollar à l’or et l’effondrement de son cours. Entraînant, par voie de conséquence, la chute brutale des revenus des pays producteurs, contraints de ce fait à réagir par des hausses brutales de compensation, également motivées par un souci de résistance face à l’interventionnisme US au Proche-Orient, en soutien du sionisme.

Dans la propagande idéologique du système, c’est le premier développement généralisé du thème de l’agressivité des pays orientaux contre l’Occident, la première mouture de ce que deviendra le prétendu « choc des civilisations », désormais le pseudo- « justificatif » des guerres initiées par l’Occident, en réalité !

Si ce thème est encore largement entretenu par la gauche française, c’est qu’il lui permet de masquer cette réalité : la « prospérité » économique et le « modèle social » français, dont elle s’attribue quasiment la paternité, reposaient donc, en réalité, sur la domination du capital financier US, et sur l’inféodation de la bourgeoisie monopoliste française au dollar, déjà consacrée par le Plan Marshall et avec la complicité du PCF pour sa réalisation. Le « modèle social » français est autant le fruit de la domination du capital financier US dès l’après-guerre que de la complicité de la gauche française avec la bourgeoisie française, à la fois inféodée et exerçant toujours sa propre exploitation impérialiste en Afrique et dans les vestiges de son empire colonial.

C’est essentiellement en ce sens que la gauche française a une « paternité » réelle sur le « modèle social ». Sans sa complicité pour reconstruire l’impérialisme français au lendemain de la deuxième guerre mondiale, y incluant son empire africain, il n’existait pas de base économique pour un tel modèle, fondé sur un prétendu « dialogue social », sur la « concertation », etc… C’est à dire, en réalité, sur la kollaboration de classe avec l’impérialisme.

Sans cette complicité pour la réalisation du Plan Marshall, y incluant celle du PCF, la seule issue des luttes sociales de l’après-guerre était, inévitablement, le passage au socialisme, tant en France qu’en Italie, et un bouleversement de l’équilibre géostratégique mondial en faveur du socialisme.

C’est clairement la complicité durable de la gauche à travers ce « modèle social » qui a constamment barré la route de l’accession au socialisme véritable, en réalité.

Aujourd’hui, le constat, amer pour elle, est que ce modèle social s’écroule un peu plus chaque jour, ou presque…

Et cet écroulement s’est évidemment encore accéléré depuis la crise de 2008… Et cette fois, il devient impossible de masquer les causes réelles de la crise derrière le rideau de fumée d’un prétendu « choc des civilisations » ! La cause du krach du capitalisme financier vient bien nettement de sa propre nature. C’est la crise du système impérialiste arrivé à un degré de décomposition sans retour en arrière possible et sans issue « régénératrice » autre que la guerre et la destruction. La violence et les guerres ne viennent pas de l’ « Orient », mais sont au contraire un réflexe de survie de l’impérialisme en crise.

Le « modèle social » concocté au lendemain de la guerre, en « concertation » entre les ailes gauche et droite de la bourgeoisie, avec la complicité du PCF, n’a déjà depuis longtemps plus de base économique sur laquelle reposer.

Avec la crise de 2008 et ses conséquences encore actuelles, le constat est encore plus flagrant : la bourgeoisie n’a tout simplement plus la possibilité, concurrence oblige, de « financer » les illusions sociales réformistes, nées au lendemain de la libération et encouragées par l’opportunisme thorezien…

L’évolution répressive du système est donc profonde et durable, sinon carrément irréversible ! La démocratie et le progrès social ne reviendront plus dans le cadre de ce système. Il est donc vain d’en appeler au « droit républicain » qui n’a tout simplement plus les moyens d’exister et sera inévitablement et inéluctablement réduit au maximum pour permettre au système de survivre.

Ce que Marx et Lénine nous enseignent à travers le matérialisme historique et le matérialisme dialectique, c’est précisément le contraire de principes figés, fussent-ils « républicains » ou autres…

Ce qui meurt, avec la crise systémique du capitalisme, et qui est donc amené à disparaître irréversiblement, c’est le droit « républicain » bourgeois. Ce qui doit naître dans la lutte, c’est le droit du prolétariat et du peuple, basé sur une correspondance entre le développement des forces productives et la satisfaction des besoins sociaux les plus urgents, ce que le capitalisme est effectivement incapable de réaliser.

Se battre pour défendre ce qui est irrémédiablement en train de mourir, c’est entretenir les illusions sur la pérennité du système, et donc, voler à son secours, en réalité. Défendre des « acquis » condamnés n’a aucun sens sans proposer une alternative réelle au système en train de s’effondrer.

C’est pourquoi la « gauche » française continue de reculer, pas à pas, au quotidien, ou à vitesse grand V, comme lors des luttes sociales de ces derniers mois et de ces dernières années.

Proposer une alternative crédible, cela implique de reconnaître que le « modèle social » actuellement en voie de désagrégation ne pourra plus être reconstruit, qu’il est effectivement voué à disparaître inexorablement avec la crise et que la seule issue permettant de retrouver un peu de justice sociale est le passage au socialisme réel, fondé sur la correspondance entre forces productives et besoins sociaux réels.

Au lieu de cela, la gauche française s’accroche désespérément aux illusions qu’elle a semé depuis des lustres dans la classe ouvrière et prétend toujours « défendre les acquis sociaux », sur lesquels elle recule inexorablement, lutte après lutte, continuant de perdre toute crédibilité, en fait.

Le PCF, principal tenant de ce modèle social, et premier parti politique de France, après guerre, est passé de 28,2%, aux législatives de 1946, à 2,7% à celles de 2017… !

Récemment, un correspondants, s’exprimant au nom du PRCF, a tenu à se fendre de quelques lignes, trouvant « désolants les commentaires sur le « révisionnisme » du PCF au moment du CNR et consternants les guillemets à Libération. »

Il s’agissait d’un bref article de promotion d’un film évoquant la lutte de libération algérienne (1). Alors que c’était aussi pour nous une occasion de rappeler les massacres colonialistes commis sous l’égide du gouvernement CNR, dès le 8 Mai 1945. Le fait que le CNR était l’accord de kollaboration de classe qui a permis la reconstruction de l’impérialisme français, avec son cortège de crimes et de massacres, c’est là la réalité historique que non seulement il défend, mais dont il fait encore la promotion actuelle, sous la forme d’un « nouveau CNR » comme perspective politique !

Est-il « désolé » des crimes et des massacres faits par l’impérialisme français ? On n’en sait rien, d’après sa réaction, mais de toutes façons, s’affirmer « désolé » en la circonstance et tout juste trois quarts de siècle après les accords du CNR, cela serait vraiment se moquer du monde et des victimes de l’impérialisme en premier, et cyniquement, en réalité, vu qu’il s’agit en fin de compte de faire ouvertement et à nouveau la promotion des causes de cette violence, la politique de kollaboration de classe du CNR !!!

Ces derniers jours les pitreries politiciennes du social-chauvinisme se sont également largement déployées autour de la personne de Jean-Luc Mélenchon, autre grand défenseur du « modèle social à la française » actuellement en déroute, tout comme notre correspondant du PRCF, du reste, qui se compte parmi ses alliés.

Cette comédie médiatique amène à deux constats :

__1_ Effectivement, la « justice » du système en place permet à la bourgeoisie de régler ses comptes, internes ou non, sans trop s’embarrasser du respect de la personne humaine.

__2_ La personne Jean-Luc Mélenchon, pour sacrée qu’elle se considère elle-même, n’a pas réussi à mobiliser les foules autour d’elle, au delà d’une vaguelette de protestations formelles… Pour JLM la « marée » continue de baisser, en réalité, et le temps politico-médiatique de sa « France Insoumise » semble bel et bien passé…

Si la « restructuration » du pouvoir en place continue de s’effectuer « par défaut », et grâce au vide de toute opposition crédible, la comète Mélenchon est elle-même déjà en train de se désagréger dans ce vide…

Au mieux peut-il espérer un petit regain d’intérêt de la part des spectateurs-électeurs, si Macron veut bien lui faire la grâce de prolonger le spectacle de son « martyr » jusqu’aux prochaines élections, avec, en fait, l’espoir de regonfler une « participation » électorale anticipée comme gravement défaillante.

Quoi qu’il en soit de son avenir de politicien comme roue de secours « de gauche » du système, il peut, à court terme, compter sur le soutien indéfectible d’une bonne partie des autres factions du social-chauvinisme, dont le PRCF et d’autres pseudos « marxistes-léninistes », autour du thème de la défense d’un « droit républicain » tout aussi moribond que son « modèle social à la française ». Et tout cela en agitant l’épouvantail de la « fascisation » du système, tentant de ramener aussi par là le thème de la kollaboration de classe à la mode CNR, avec une hypothétique « bourgeoisie démocratique » qui s’opposerait encore au fascisme…

Alors que la lutte contre le fascisme, ou même contre la « fascisation », dans la mesure où elle est une évolution incontournable du capitalisme en crise, implique, et même exige, l’organisation de la résistance prolétarienne et non la collaboration avec telle ou telle fraction de la bourgeoisie.

Dans la France impérialiste de notre début de 21e siècle il n’existe plus aucune fraction réellement significative de bourgeoisie « nationale » susceptible d’être un allié contre l’impérialisme et le fascisme.

Ce n’est plus le cas, et même s’il se trouvait telle ou telle catégorie sociale « moyenne » mais « progressiste », cela ne changerait pas la priorité concernant la nécessité d’organiser une résistance autonome prolétarienne.

C’est le rapport de force ainsi créé qui peut éventuellement faire basculer telle ou telle catégorie dans le camp de la résistance, et non la mise en remorque du prolétariat après telle ou telle faction bourgeoise, fut-elle formellement « de gauche » !

Quand les conditions de la lutte changent, ses méthodes doivent changer aussi.

En 1940, certains « grands dirigeants » du PCF ont essayé de négocier la parution de l’Humanité avec l’occupant…

Ils étaient sur le point d’y arriver, s’il n’y avait eu l’intervention des kollabos de droite, outrés par cette « concession » allemande !

Au même moment, d’autres communistes, vraiment marxistes-léninistes, ceux là, avaient compris l’enjeu et commençaient à organiser la résistance…

La vraie résistance, c’est toujours repartir à zéro, à la base, avec un journal réellement indépendant, et donc autonome, à tous points de vue.

C’est une question de choix, une question de volonté politique réelle.

« Là où il y a une volonté, il y a un chemin ! » V. I. Lénine

Si un journal a un rôle historique dans ce genre de circonstances, c’est au contraire là qu’il commence réellement, et c’est précisément à propos d’un journal de combat utile pour ce type de lutte que Lénine nous parle, dès 1901…

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/10/17/par-ou-commencer-lenine-sur-le-role-du-journal-nouvelle-traduction/

C’est aussi ce qu’en pensait la grande Résistante Mounette Dutilleul, en temps réel, de 1939 à 1945…

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/02/11/mounette-dutilleul-ou-la-memoire-effacee-comment-appeler-les-choses-par-leur-nom/

C’est ce qu’elle nous explique dans ses mémoires, et toutes les sources historiques montrent précisément que sa mémoire n’était pas du genre « qui flanche », contrairement à celle de la chanson de Jeanne Moreau… !

Il n’y a donc pas vraiment de débat utile, à ce sujet, entre « Alexandre Courban Historien », longuement cité en réponse par la FI (2), et le blogueur autodidacte « Luniterre », mais éventuellement entre les mémoires de Mounette Dutilleul et « Alexandre Courban Historien »… !

Et là, ça va être difficile…

De là où elle est, elle n’y changera pas une ligne, de toutes façons, et c’est aux modestes combattants d’aujourd’hui de défendre sa mémoire et celle de tous ceux qui se sont battus en ces époques terribles, et dont elle parle avec tant de justesse et d’humanité, précisément !

En espérant y contribuer, modestement.

Le combat continue !

Luniterre

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https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/10/20/de-la-desolation-du-social-chauvinisme-en-deroute/

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( __1 https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/10/18/algerie-un-siecle-de-resistance-republication-avec-une-polemique-engagee-par-le-prcf/

( __2 https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/10/18/perquisition-chez-melenchon-debat-a-la-fi/

Voir aussi, sur le même thème, cet échange avec le RCC :

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/10/18/solidarite-avec-melenchon-contre-la-repression-politique-quelle-signification/

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