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Les municipales en "Israël", c’est-à-dire en Palestine occupée par les sionistes

jeudi 1er novembre 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 1er novembre 2018).

Municipales israéliennes : le candidat de Nétanyahou éliminé à Jérusalem

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31 octobre 2018

Assawra

Les Palestiniens de Jérusalem-Est ont massivement boycotté l’élection (moins de 2% de participation), conformément aux échéances précédentes.

Mardi, à l’occasion d’une journée chômée (une première) afin de booster la participation, les Israéliens se sont rendus aux urnes pour désigner les maires et conseillers municipaux des 251 villes et communautés du pays, à l’issue d’une campagne éclair marquée, entre autres tares démocratiques, par d’incessants SMS et appels automatisés, des clips humoristiques désolants et des fake news, des affiches racistes contre le « péril » de la mixité juive-arabe et de fols espoirs d’engagement des électeurs arabes et druzes dans les territoires occupés, ou annexés du point de vue israélien (plateau du Golan et Jérusalem-Est).

Sur les hauteurs du Golan, où l’on votait pour la première fois malgré la vigoureuse opposition des Druzes loyaux à la Syrie, l’entrée de bureaux de vote a été bloquée, des bagarres ont éclaté et une grenade assourdissante a même été lancée sur une poignée de votants. Quant aux Palestiniens de Jérusalem-Est, que certains observateurs pensaient prêts à élire leur premier représentant, ils ont massivement boycotté l’élection (moins de 2% de participation), conformément aux échéances précédentes.

Dans le reste du pays, la participation s’est élevée à 54%, à peine 3,1% de plus lors du précédent scrutin, en 2013. Pour les éditorialistes comme les leaders politiques en quête de leçons pour les élections générales à venir (que le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, pourrait déclencher dès février ou mars), les résultats s’apparentent à un test de Rorschach, où chacun se plaît à tirer les conclusions les plus arrangeantes, même si les réalités politiques hyperlocales, très liées au tribalisme israélien, dessinent difficilement un tableau généralisable.

Ainsi, Avi Gabbay, falot chef du parti travailliste au plus mal au niveau national, s’est gargarisé de la victoire inespérée de sa candidate à Haïfa (grande ville portuaire du nord), face à un cacique centriste à l’affût d’un quatrième mandat. Preuve, selon lui, que les sondeurs peuvent être défiés. Au passage, Einat Kalisch-Ramon devient la première femme maire d’une des trois grandes villes du pays, jalon historique remarquable étant donné le très faible taux de candidatures féminines.

A Tel-Aviv, l’indéboulonnable édile travailliste Ron Huldai, 74 ans, a résisté à la bonne campagne à la Brutus de son ancien adjoint Asaf Zamir, ainsi qu’à la candidature, plus anecdotique, du satiriste Assaf Harel, le Jon Stewart local. Une bagarre entre progressistes, le Likoud n’ayant même pas pris la peine d’envoyer un candidat au casse-pipe dans ce bastion de la gauche, qui débouche sur le renouvellement du mandat d’Huldai, en poste depuis deux décennies, alors que certains pensaient voir poindre une vague dégagiste.

Les yeux étaient néanmoins tournés vers Jérusalem, avec quatre candidats dans un mouchoir alors que le maire sortant, Nir Barkat (Likoud), avait décidé de ne pas se représenter, convoitant un fauteuil de ministre et une stature nationale. Le duo sorti en tête, qui s’affrontera lors d’un second tour mi-novembre (aucun n’ayant atteint le seuil des 40%), dessine une altérité claire.

D’un côté Moshe Lion, 33% des voix, candidat religieux ayant courtisé ardemment les rabbins ultraorthodoxes et reçu le soutien de l’étonnant attelage Lieberman-Dery (l’ultranationaliste et radicalement laïque ministre de la Défense et son homologue ultraorthodoxe séfarade à l’Intérieur). De l’autre, Ofer Berkovitch, 29% des suffrages, jeune centriste, seul candidat à ne pas porter la kippa, qui a réussi à la tête de son mouvement attrape-tout Hitorerut (« Le Réveil ») à fédérer les voix laïques et de quelques franges traditionalistes autour des questions sociales.

En revanche, Zeev Elkin, le candidat de Nétanyahou, est hors course. Un camouflet pour le Premier ministre, qui avait parachuté ce fidèle, ministre de Jérusalem et de l’Environnement, dans « sa » capitale avec pour mission d’en solidifier « l’unification ». Mais, sans ancrage local (il habitait une colonie il y a encore quelques mois et a été rejeté par la branche jérusalémite du Likoud partie soutenir Lion) et dénué de charisme avec sa silhouette voûtée à la M. Burn des Simpsons, Elkin n’aura pas été capable de faire fructifier la popularité du Premier ministre. Signe que la marque « Bibi » n’est pas transférable tant Nétanyahou a personnalisé le pouvoir à son usage unique.

Autre enseignement : Elkin a visé avec insistance l’électorat des colons de Jérusalem-Est (allant jusqu’à dire que ces derniers avaient rendu les quartiers arabes plus sûrs pour les touristes et les Juifs), alors que Berkovitch est le seul candidat à refuser de s’opposer à la division de la ville en cas d’accord de paix, se défaussant sur le gouvernement. Dans l’isoloir, la rhétorique nationaliste sur « l’indivisibilité » de la ville n’aurait donc pas tous les pouvoirs qu’on lui confère.

Si l’opposition à Nétanyahou se prend à rêver de voir Berkovitch arracher Jérusalem à la droite qui tient la ville depuis les années 90, la tâche du trentenaire sera ardue face au bloc ultraorthodoxe (un tiers de la population), jusqu’ici fragmenté mais qui devrait se reformer derrière Lion. De plus, le conseil municipal est d’ores et déjà assuré d’être dominé par une majorité d’haredim (les « craignants-dieux »).

Un point devrait néanmoins réconforter Benyamin Nétanyahou. Plusieurs maires embourbés dans des affaires de corruptions ont été confortablement reconduits. De bon augure pour le Premier ministre, dont la police a recommandé la mise en examen dans deux affaires.

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