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Gilets Jaunes : Ce que nous voulons ? Tout, Mais d’abord, l’essentiel !!

mardi 11 décembre 2018, par Luniterre (Date de rédaction antérieure : 11 décembre 2018).

Révolte « feux de palettes » ou Révolution ?

Le point après les grandes manœuvres d’enfumage social et fiscal du chef de l’État.

Même avec un peu de recul, il ne faut pas oublier le point de départ, le « détonateur » du mouvement GJ… Il exprimait effectivement un nouveau paradigme, au stade actuel de la crise : la simple possibilité de survie matérielle se trouve atteinte, sinon remise en cause, dans des conditions générales dégradées…

Même aller se faire exploiter au boulot devient problématique, pour beaucoup, avec le tarif prohibitif du carburant. Pour certains, retraités très modestes, et loin des centres et des commerces, par nécessité (loyers moins élevés), c’est même d’aller chercher du ravitaillement, qui devient problématique, sans même parler de l’isolement. Tous ces problèmes, carburant, bas salaires, bouffe mauvaise et/ou hors de prix, loyers inabordables, etc … Tout est lié et s’enchaîne…

L’extension des revendications, comme l’extension du soutien populaire au mouvement, se fait en fonction de la nécessité de devoir satisfaire des besoins sociaux primordiaux, réels et urgents.

…Et non pas en fonction de critères à priori politiques ou idéologiques !

…Et d’autant moins, dans un climat général de décrédibilisation de la classe politique dans son ensemble, gauche et droite confondues.

La problématique révolutionnaire ne consiste pas à redonner un lustre illusoire à telle ou telle faction, politique ou syndicale, mais à construire l’embryon d’une alternative.

Elle ne peut que se construire sur la base d’une réponse aux besoins sociaux exprimés et soutenus massivement.

Cela commence donc par l’élaboration d’une plate-forme revendicative.

La « gauche » militante a pris le train non seulement en marche, mais considérablement en retard à tous points de vue et reste incapable de formuler une approche massive et unifiée de ces besoins sociaux.

La « liste des 42 propositions », quelle que soit son origine, ( mais apparemment, d’une fraction relativement importante du mouvement), forme une sorte de « moyen terme » entre toutes les contradictions charriées par ce mouvement.

Même si par défaut, elle se trouve être l’expression de la partie la plus avancée du mouvement « spontané » né sur les réseaux sociaux. D’aucuns l’on qualifié de « vague fourre tout », hétéroclite, liste à la Prévert (…un peu de poésie, pourquoi pas ?)… En réalité, cette liste reflète donc la complexité du mouvement GJ, qui concerne effectivement des aspects très variés de la vie sociale, économique et politique. C’est ce qui en fait l’intérêt, et non pas un « fourre tout », et encore moins « vague » !!

Compte tenu de l’incapacité organisationnelle et de l’incapacité d’intervention significative récurrentes de la « gauche » militante, (même « extrême »), elle reste donc la référence sur laquelle il est peut-être encore possible d’avancer et de construire.

Bien entendu, elle est largement insuffisante et critiquable sur bien des points, mais une amélioration ne viendra que si le débat se noue et se construit autour, et avec le débat, l’organisation de masse, enfin.

Le temps passant, et l’incapacité de la « gauche extrême » restant ce qu’elle est, il est déjà trop tard pour espérer une initiative massive et cohérente de sa part. Il faut donc tenir ce fil et tisser avec.

La liste, actuellement, propose, par exemple, de remonter le SMIC à 1300 €uros… Effectivement cela peut légitimement paraître ridiculement bas, en comparaison des revendications « syndicales » diverses, sans parler des pseudos « partis de gauche », même « révolutionnaires », sur le papier de leurs proclamations et leurs « pages d’accueil » internet.

A l’heure même où Macron entame une grande manœuvre d’enfumage pour tenter de sauver son pouvoir et le système avec lui, en « consultant » les « partenaires sociaux », les « partis représentés à l’Assemblée », etc…, la ministre du travail fermait d’emblée la porte au moindre « coup de pouce » donné au SMIC…

Dans ce contexte de mépris à l’égard des classes populaires, même la revendication du SMIC à 1300€ restait donc quasiment révolutionnaire, en ce qu’elle impliquait de poursuivre l’affrontement de classe avec détermination. De fait, la lutte, sur ce plan, a payé, vu que Macron a finalement désavoué ses collaborateurs, et notamment sur le SMIC, qui sera pratiquement à ce niveau, en fin de compte, mais par une "vraie-fausse augmentation" : en réalité, un retour à sa promesse de campagne, qui n’est donc pas une augmentation réelle du salaire, mais de la prime d’activité, assortie d’une baisse des charges sociales pour l’employeur : "13ᵉ mois. Une personne au SMIC pourra gagner 100€ net en plus chaque mois grâce à la réduction des cotisations salariales et à l’augmentation de la prime d’activité." (*). Autrement dit, un nouveau creusement du déficit de l’État, et le retour à une situation déficitaire de la Sécu, qui commençait à peine à s’en sortir enfin…!

Muriel Pénicaud n’aura donc pas vraiment à manger son chapeau, mais désaveu plus net sur la hausse de CSG, pour les retraites "moyennes".

Par contre, pas le moindre "coup de pouce" réel pour les retraites qui se situent autour du très théorique minimum (800€) ! Ni pour les autres "minima sociaux", du reste…

Et d’une manière ou d’une autre, il n’a, en réalité, rien lâché du tout, vu que ces "mesures" consistent à creuser les déficits, qui, au final, sont financés essentiellement par les contribuables !! Ce ne sont donc que des fausses solutions, destinées à repousser les problèmes, et non à les régler !

Dans une situation où le système ne peut toujours pas répondre concrètement et durablement aux besoins sociaux, définir démocratiquement, avec les masses en mouvement, une plate-forme revendicative réellement représentative de ces besoins, cela reste donc une nécessité urgente, et c’est déjà construire un élément de base d’une alternative, qui, de toutes façons, aura aussi pour but de les satisfaire !

La prise de conscience, au cours des luttes, de l’impasse dans laquelle le système se trouve face à ces revendications amènera, et surtout si ce qui reste de la gauche militante sur le terrain y contribue, les débats vers la recherche de solutions alternatives au système, et qui ne seront donc réalisables qu’à condition d’en finir avec lui…

Ce qui impliquera donc des avancées politiques possibles sur les questions de fond, et surtout si nous savons les faire fructifier. La question du socialisme réel, prolétarien, et non de sa caricature sociale-démocrate et/ou bureaucratique, se posera donc d’autant plus vite que nous saurons en poser les bases sur l’expression actuelle du mouvement, qui rassemble des gens de toutes origines sociales, mais motivés pour vivre de leur travail, et en vivre décemment, ce qui remet très concrètement et même littéralement, la valeur-travail au centre du débat.

Et des gens de toutes origines qui constatent donc que vivre du fruit de son travail, cela devient impossible… Idem pour les retraités modestes qui ne peuvent plus vivre décemment du fruit de leur travail passé.

Mais le problème est en même temps la solution. Remettre la valeur travail au centre du débat, actuellement, ce ne doit donc plus être une formule de style. Cela doit s’entendre au sens littéral de la valeur créée par le travail. C’est ce que la « gauche », même « extrême », a en réalité complètement évacué de son « logiciel » de pensée et d’action.

Dans l’espoir de désamorcer la fronde, Macron a déjà fait mine de « lâcher du lest » par quelques « mesures » qui ne sont qu’un délai à l’application de la même politique anti-sociale, accélérée depuis le début de son quinquennat. Ce Lundi 10 Décembre, il a donc ressorti une « prime » comme miette à grignoter, mais il semble logique que le peuple veuille, impérativement, le pain entier, qui est le fruit de son labeur… !

« Ce que nous voulons conquérir réellement c’est la valeur sociale intégrale de notre travail. »

C’est évidemment là l’idée à la base de l’initiative « Pour la valeur sociale du travail », mais là encore, il n’y a pas de « chauvinisme du sigle » à cultiver. L’essentiel est de regrouper nos forces et d’avancer en se renforçant.

Il doit donc être possible de mener, sur les bases actuelles du mouvement, et même en vue de les améliorer considérablement, un travail commun entre « dissidents » marxistes-léninistes ou non, rejetant la « gauche » bobocratique et/ou sociale-chauvine, sans que les divergences théoriques de fond ne soient nécessairement un obstacle à court terme.

Le fond idéologique actuel du mouvement, spontanément, rejette en pratique l’idée même d’une organisation de masse unifiée, par peur de récupération et de manipulations, tant venant de la classe politique honnie que des bureaucraties syndicales qui ont mené les précédentes vagues de luttes sociales à des échecs cuisants…

Qu’elle vienne de droite ou de gauche, la démagogie populiste « anti-système » du FN ou de la FI a fait miroiter depuis des années l’idée qu’une alternative était possible sur de simple bases réformistes, fussent-elles formellement « radicales », surtout dans le vocabulaire employé, afin d’attirer l’électorat populaire dans leurs filets…

Bien évidemment ces courants ont été incapable de transformer ce potentiel électoral en une solution politique crédible et n’ont donc fait qu’attiser la colère populaire, qu’ils sont incapables de « contrôler », aujourd’hui, en dépit de leurs « bonnes volontés », désormais affichées, de « sauver les institutions républicaines », c’est à dire le système qu’ils prétendaient combattre, en fait.

Ce sont leurs « troupes de base », celles précisément issues des classes populaires qu’ils ont tant voulu attirer vers leurs miroirs aux alouettes, que l’on retrouve en grande partie sur le terrain, mêlées malgré tout, également, à quelques « syndicalistes de base » qui souffrent du même syndrome vis à vis du double langage « confédéral ».

Mais la force du mouvement vient surtout de sa diversité sociale, encore bien davantage que de sa diversité « idéologique », qui se trouve en fait tout à fait diluée dans ce maelstrom.

Le point commun entre Mai 68 et les Gilets Jaunes, c’est l’aspect « bouillonnant » du mouvement, qui part effectivement un peu dans toutes les directions à la fois. Mai 68 a aussi cette image d’un mouvement "fourre-tout", et s’il l’a encore, c’est bien qu’il l’avait dès le départ, en fait, au point que certains, aujourd’hui kollaborateurs zélés du système, et particulièrement, du macronisme, avaient, à l’époque, cru bon de formuler ce phénomène par le slogan : "Ce que nous voulons, Tout !"

Un demi-siècle après Mai 68, et même indépendamment de ces revirements chroniques intéressés et méprisables, on peine encore parfois à analyser ce qu’il en est resté, ses conséquences réelles, etc…

Il y a donc le « bouillonnement » et l’ « écume »…

Bien malin qui peut parler de l’issue du mouvement GJ…

La différence, c’est que Mai 68 était encore une sorte de « crise de croissance », pour le système, malgré les premiers symptômes sérieux d’une crise structurelle qui allait déboucher sur la liquidation des accords monétaires de Bretton Woods, et ses conséquences sociales visibles une décennie plus tard, avec l’apparition des « nouveaux pauvres ».

Aujourd’hui, la crise, qui s’est creusée brutalement en 2008, est encore beaucoup plus profonde, et le système a déjà grillé de nombreuses cartouches politiques rien que pour en arriver là. Le personnage honni, Macron, c’est à la fois une tronche de premier de la classe et de dernière cartouche…

Après moins de 20 mois au pouvoir, il est déjà potentiellement grillé…

La mascarade politique habituelle est désormais impuissante à dissimuler la réalité brutale de la crise économique et sociale qui touche, on le voit bien, pratiquement toutes les catégories, sauf une minorité de bobos et de privilégiés.

Le système est en train de s’effondrer sur lui-même comme un immeuble dont on a miné tous les étages…

Du « beau travail » de démolition, opéré, en réalité, par le capital financier lui-même, incapable de surmonter sa crise, incapable de relancer réellement une économie certes « mondialisée » mais en guerre potentielle…

La question est désormais de penser à la reconstruction, sur des fondations entièrement nouvelles, évidemment !!

Le mouvement GJ est parti de la révolte contre une « taxe verte » qui servait en partie, en fait, à payer les intérêts de la dette. La remise en cause du principe même de la dette reste une préoccupation constante du mouvement GJ. Ce n’est que par la correspondance entre ce qui est créé par le travail et les besoins sociaux réels que pourra se retrouver un équilibre budgétaire sur lequel aligner, concrètement, un nouveau système monétaire, ainsi libéré de la dette, après moratoire, et même « défaut », si nécessaire.

Certains manipulateurs sociaux-chauvins tentent d’aiguiller le mouvement GJ vers une revendication de « frexit », qui ne figure pas dans la liste des 42… Le mouvement des Gilets Jaunes ne doit pas être réductible à cette revendication, qui n’a pas de portée sociale par elle même, contrairement à ce que les sociaux-chauvins prétendent. En réalité, ce ne serait évidemment pas un « élargissement », mais bien un retour à la politique politicienne intégrée au système, ce que le mouvement des GJ rejette précisément, et avec juste raison.

La « liste des 42 propositions » reste donc le plus grand dénominateur commun actuellement possible

La question du « frexit » est connexe, en un sens, mais secondaire : elle viendra inévitablement si une alternative économique et sociale se construit, car une telle alternative répondant réellement aux besoins sociaux sera nécessairement incompatible avec l’UE.

Alors que le « frexit », en tant qu’objectif politique en soi, n’est nullement incompatible avec la continuation de l’exploitation capitaliste, comme le prouve le « brexit ». Mettre le « frexit » en avant comme revendication sociale, ce n’est pas seulement prendre le problème à l’envers, c’est carrément un piège politique, et particulièrement contre-productif, actuellement.

Les « taxes vertes », tout comme le reste de la nouvelle « économie verte », ce n’est également qu’une mascarade pour culpabiliser les classes sociales populaires et leur faire payer le poids de la crise. Dans le système actuel ce qui est labellisé « vert », efficace ou non, n’est sur le marché que pour faire du fric en plus, et non pour répondre aux besoin des gens qui ont peu de moyens financiers et de plus en plus de mal à survivre.

Répondre aux besoins sociaux réels tout en respectant la planète, cela exclut de faire du bénéfice financier, de par le fait, et n’intéresse nullement le système actuel.

Alors qu’un équilibre économique en valeur-travail peut le faire. C’est donc la seule voie d’une transition à la fois nécessairement écologique, économique et sociale, et qui exclut le principe même d’accumulation du capital, et en premier lieu, du capital financier. C’est, concrètement et littéralement, ce que veut dire remettre la valeur-travail au centre du débat et du combat social.

Pour finir le travail de démolition, il y a toujours, malgré la répression de plus en plus violente, beaucoup de monde à l’œuvre, sur le terrain, où c’est encore le sentiment de colère et de rejet qui domine.

Et donc l’essentiel, pour avancer réellement, désormais, c’est de comprendre, dans ce bouillonnement, la dynamique reconstructive qui pourrait en sortir.

Pour l’instant, elle s’ébauche à peine.

Luniterre

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SOURCE :

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/12/10/gilets-jaunes-ce-que-nous-voulons-tout-mais-dabord-lessentiel/

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( * https://fr-fr.facebook.com/Emmanuel…

https://www.lesechos.fr/economie-fr…

"Les Echos" en doc PDF :

Macron promet 100 euros de plus au niveau du SMIC )

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