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Noël en prison : pour combien de "Gilets Jaunes" et pour quel combat ?

mercredi 26 décembre 2018, par Luniterre (Date de rédaction antérieure : 26 décembre 2018).

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Si Eric Drouet a pu retrouver une liberté relative, en attendant son procès en Juin 2019, grâce à un nouvel élan de solidarité qui témoigne de la résistance latente et de la vitalité potentiellement intacte du mouvement, ce n’est pas le cas de dizaines d’autres GJ emprisonnés, et probablement même quelques centaines, semble-t-il, bien que l’on ne trouve évidemment pas de chiffres précis, à ce sujet.

Et certains GJ sont emprisonnés pour des peines allant jusqu’à deux ans, et ne verront donc ni ce Noël ni le suivant près de leurs proches.

Et bien évidemment, il ne faut pas oublier les victimes, une dizaine de morts, des centaines de blessés, certains mutilés à vie.

Il ne s’agit donc pas pour autant de gâcher les fêtes, ni même la « trêve » qu’elles représentent et qui n’avait pas aussi bien mérité son nom, en France, depuis longtemps.

Mais il reste utile non seulement de comprendre pourquoi tous ces gens se sont battus et donc parfois au prix du meilleur d’eux-même, mais de tenter de comprendre ce qu’est le bilan actuel du mouvement, au moment où le pouvoir tente de profiter de cette « trêve » pour étouffer ce qu’il espère en être les dernières flammes, quitte à les noyer à nouveau, comme il avait tenté de le faire au début, sous des tombereaux de mensonges et de calomnies (antisémitisme, xénophobie, homophobie, sexisme, etc…)

L’un des premiers mensonges médiatiques consistait à la fois à réduire le mouvement à sa dimension « automobilistes en colère » et à lui imputer une incohérence dans la diversité de ses revendications… En somme, vouloir tout et son contraire, et tout ramener à un problème de taxe sur les carburants…

A partir de ce moment, il y eut même des équipes de « chercheurs » pour se pencher gravement sur le phénomène « Gilets Jaunes »…

Pourtant, dès le 29 Novembre circulait une liste de 42 revendications qui reste toujours la référence la plus courante pour connaître l’historicité des revendications GJ…

Encore récemment republiée sur certains médias « mainstream »(1), en dépit d’un nouveau réductionnisme systématique, qui a remplacé la taxe des carburants par le RIC, elle fut, peu après son apparition, republiée ici même, et sur TML, également :

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/12/02/gilets-jaunes-un-cahier-de-revendications-adresse-a-lassemblee-nationale/

Un mois plus tard, elle peut donc encore fort bien servir de « grille de lecture » pour une ébauche de bilan, même sans le secours « éclairé » de l’Université…

La revendication pour l’annulation de la hausse de la taxe TICPE sur les carburants fut la première victoire officielle de ce mouvement, mais en fait, elle ne figurait pas au premier rang de la liste, et ne fut donc qu’une étape dans le développement du mouvement, au grand dam du pouvoir…

La liste exprime en peu de mots, en fait, un souci de justice sociale, en commençant simplement avec deux :

« Zéro SDF », et résume ensuite un souci de plus de progressivité dans l’impôt, manifestement non satisfait à ce jour.

En trois vient l’augmentation du SMIC, et c’est là que l’on comprend l’enjeu vital et socialement stratégique de ce mouvement.

Ce fut en effet le point qui a obligé le pouvoir à de multiples contorsions pour contourner l’obstacle et donner suffisamment le change pour désamorcer cette revendication sans réellement céder sur l’essentiel, à savoir une véritable augmentation du SMIC, qui en eut fait un salaire simplement « décent », à peine suffisant pour en vivre sans aide sociale « gouvernementale » supplémentaire, c’est à dire, prise sur l’impôt.

Sur la liste, la revendication du SMIC est exprimée à 1300 € nets. La question de savoir s’il faut revendiquer en net ou en brut pose implicitement la question du rôle des charges sociales et n’est donc pas secondaire, et surtout dans le contexte spécifique de ce mouvement.

Le SMIC, en 2018, est à 1145 € nets ( 2 ) et même en prenant pour « argent comptant », c’est le cas de le dire, l’effet d’annonce du gouvernement, avec les hypothétiques 100 € « nets » de plus, il n’atteindrait donc toujours pas cette somme en 2019…

De plus, comme on a déjà vu d’entrée de jeu ( 3 ), l’essentiel de la « rallonge » provient d’une énième re-mouture de la « prime d’activité » qui était loin, au départ, de concerner tous les Smicards…

Pour contrebalancer ce démenti potentiel de la parole présidentielle, le pouvoir annonce finalement une extension de la dite prime à toutes les personnes, même célibataires, dont le revenu n’excède pas 1560 €…

Au jour d’aujourd’hui, le « simulateur » de la CAF, déjà non fiable en temps ordinaire, en regard des décisions finales concrètes, ne « fonctionne » encore que selon les anciennes normes… L’administration de la CAF elle-même s’est dite tout à fait non-préparée à cette mutation et pense au mieux à être fonctionnelle sur ce sujet …vers fin Juin ! Une « prime de vacances » encore hypothétique, donc, et l’on a concrètement à ce sujet que les promesses du pouvoir, qui s’engage évidemment à y mettre de l’ordre vers Février, dixit Philippe.

Mais on sait ce que vaut ce genre de parole…

Le président osait affirmer, au soir du 10 Décembre :

« Le salaire d’un travailleur au SMIC augmentera de 100 euros par mois dès 2019 sans qu’il en coûte un euros de plus pour l’employeur. » ( 4 )

C’était déjà, avant l’heure, la magie de Noël…

Éberlués par tant d’audace, il a fallu un temps aux téléspectateurs avant de reprendre leurs esprits…

Quelques trois heures avaient néanmoins suffi aux journalistes du « Parisien », pourtant pas forcément des aigles, à décrypter ce mensonge…( 3 )

Car une prime n’est pas juridiquement un salaire, et donc très formellement la parole du président ainsi prononcée constitue un mensonge pur et simple.

https://www.dictionnaire-juridique.com/definition/salaire.php

Et la « prime d’activité » est même encore d’autant moins un « salaire » qu’elle est et sera, même selon la nouvelle « formule promise », versée par le biais de la CAF et ne figurera donc évidemment pas sur la fiche de paye… !

Au jour d’aujourd’hui, le seul acquis concret, concernant le SMIC, se présente donc ainsi :

http://www.smic-horaire.com/

A comparer avec 2018 :

Soit une augmentation « royale » de 26 € !!!

Selon les promesses du pouvoir, toutefois, le chiffre en bas de la fiche de paye devrait se voir gratifié de 20 € supplémentaires, au titre d’un « allègement des cotisations sociales »…

Soit apparemment, une augmentation supplémentaire du « net », le portant ainsi à 1191 €, encore loin des 1300 revendiqués, donc…

Mais surtout, cela pose la question de l’origine réelle de ces 20 €…

« Mesures d’allègement des charges des entreprises » :

Usines à gaz en série… Qui les paye ?

Une énième « réduction » des charges sociales…

Comme le révèle assez ingénument un document d’ « information publique », ce ne sont pas moins de 82 mesures d’ « allègement » des charges sociales des entreprises qui se sont succédé, et souvent, cumulées, depuis les premiers pas d’Édouard Balladur sur cette voie, en 1993.( 5 )

Ici, avec ces 20 €, il s’agit donc d’une part d’allègement qui sera rétrocédée au salarié, sans pour autant que son salaire de base n’augmente donc réellement. Quelle est l’origine administrative précise de ces 20 € dans la litanie de ces mesures, mystère…

Mais tout comme le tour de passe-passe effectué avec la prime d’activité, et malgré la mise en scène « spectaculaire », au sens « debordien » du terme, de l’annonce du 10 Décembre dernier, ce n’était en rien une invention in extremis en réponse aux Gilets Jaunes, mais simplement une légère avance sur le calendrier macronien des promesses électorales, datant déjà de Février 2017 .

https://fr-fr.facebook.com/EmmanuelMacron/videos/1921229571442953/

« 13e mois. Une personne au SMIC pourra gagner 100€ net en plus chaque mois grâce à la réduction des cotisations salariales et à l’augmentation de la prime d’activité. »

La motivation rituellement invoquée pour chacune de ces nouvelles usines à gaz, c’est la compétitivité des entreprises françaises, c’est à dire le « coût » du travail, qui serait trop élevé, dans un environnement économique mondialisé…

Or le principe même du SMIC, à l’origine, le SMIG ( 6 ), c’est bien de correspondre au moins aux besoins sociaux incompressibles du salarié, et pas seulement en termes de pouvoir d’achat immédiat, mais aussi de prestations sociales, de santé, de retraite, etc..

Tous ces services indispensables au moins au maintien en l’état de la force de travail ont effectivement un coût, qui est donc lui-même incompressible, tout comme le coût des biens de consommation courante utiles à la survie du travailleur, et tout comme les transports, individuels (automobile) ou collectifs, qui lui permettent de se rendre à son travail, tout comme le logement, même le plus modeste qui soit.

Or toute la richesse nationale produite tant en termes de biens que de services l’est par la communauté des travailleurs de toutes catégories sociales.

Le produit global de ce travail vise-t-il à répondre ou non aux besoins sociaux de la dite communauté de travailleurs, telle est la question de fond et la seule qui vaille vraiment, d’une manière ou d’une autre, pour comprendre les problèmes sociaux de plus en plus insolubles qui se posent, et singulièrement depuis la crise de 2008.

Telle est, au fond, la question qui a créé ce sentiment d’unanimité populaire autour du mouvement des Gilets Jaunes.

Sans doute ne fut-elle pas toujours clairement exprimée comme telle, mais le sentiment de vouloir vivre de son travail sans précisément être dépendant des subsides éventuelles de l’État, tout comme sans être victime de ses ponctions abusives, cela était clairement le cri unanime des premiers Gilets Jaunes sur les ronds-points, dès le 17 Novembre… !

En point 16 de la liste on trouve cette revendication qui a interpellé les « commentateurs » de la presse « mainstream » incapables de comprendre ce mouvement :

« __Fin du CICE. Utilisation de cet argent pour le lancement d’une Industrie Française de la voiture à hydrogène (qui est véritablement écologique, contrairement à la voiture électrique.) »

La « fin du CICE » étant déjà officiellement prévue depuis plusieurs mois, cela ne leur paraît pas faire sens…

Or, qu’en est-il vraiment ?

Le CICE, ou « Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi », est initié sous Hollande, par le gouvernement Ayrault, à la jointure 2012-13, et il est déjà néanmoins une invention de Macron, alors encore en coulisses, dans l’ « ombre » de Hollande, qu’il n’allait pas tarder à « éclipser »…

Il se trouve néanmoins que c’est le cas typique d’une « usine à gaz », particulièrement monumentale, coûteuse et en fin de compte tout à fait inutile, en rapport de son but initial affirmé, la compétitivité…

En effet de l’avis de tous les analystes, et une de leurs rares certitudes sur le sujet, les entreprises exportatrices, à haute technologie et à main d’œuvre hautement qualifiée sont celles qui en ont le moins « profité », d’une manière comme d’une autre…

Quand à savoir son impact sur l’emploi, deux équipes d’experts, dès les premières années, se sont lancées dans des études savantes sur le sujet et sont carrément arrivées à des conclusions diamétralement opposées… « Diamétralement » étant du reste relatif, car l’équipe aux conclusions « optimistes » ne les mettait pas moins entièrement au conditionnel, autour de 100 000 emplois, et avec une « marge d’erreur », elle même au conditionnel, fluctuant entre 10 000 et 200 000 ! …Une troisième équipe, de l’INSEE, s’est donc lancée dans l’aventure, pour tenter de recoller les morceaux, sans parvenir, non plus, à un résultat réellement affirmatif…( 7 )

Dans l’intervalle, les années ont passé, et seul résultat net, le chômage a continué de croître, même s’il connaît, de temps à autres, quelques « paliers » qui semblent plus être, du reste, des effets d’arrangements « statistiques » bureaucratiques qu’une réalité vécue sur le terrain…

Le CICE apparaît donc comme un échec monumental, à moins de considérer que la situation eut été pire sans lui : c’est ce que tentent d’avancer quelques « sauveurs » de l’idée, en admettant néanmoins que chacun de ces hypothétiques « 100 000 emplois sauvés » par le CICE aurait donc coûté annuellement aux contribuables la bagatelle de 200 000 €, soit le coût annuel du CICE, 20 Milliards/100 000 « emplois », en réalité toujours indiscernables à ce jour… !

La seule chose réelle et certaine est donc le coût, pour l’État, c’est à dire pour nous tous, de cette fabuleuse et mythique « compétitivité » …20 Milliards par an !

Le seul avantage formel de cette « usine à gaz », par rapport aux autres, c’est que les employeurs continuaient donc de cotiser à la Sécu, pendant ce temps, sur les salaires servant d’ « assiette » au calcul de ce « crédit d’impôts »… Ce n’en était donc pas moins une nouvelle forme de financement de la Sécu par l’État, et donc toujours, par le contribuable, ce qui n’était du reste nullement un mystère de la chose :

« Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) est un avantage fiscal qui concerne les entreprises employant des salariés et équivaut à une baisse de leurs cotisations sociales. »

https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/F31326

Toujours est-il qu’il n’était assorti d’aucun contrôle réel de l’emploi des fonds et que les exemples de transferts quasi directs des poches de l’État, et donc des nôtres, vers les dividendes des actionnaires ont été nombreux et suffisamment documentés…

Mais à quoi bon en parler encore, qu’on soit GJ ou non, vu que le processus est déjà officiellement abrogé… ?

Juste un petit problème, ou plutôt deux, même en simplifiant, et qui s’ajoutent, particulièrement en cette période « charnière » :

__Le CICE est un processus fonctionnant pour chaque exercice sur plusieurs années, de sorte que les entreprises « ayants droit » en 2018 restent créancières pour 2019…

__Abrogé, il n’en est pas moins remplacé par un nouveau système, plus direct, celui-là, d’allègement des charges, pour le même coût global de 20 Milliards/an, toujours aux frais du contribuable, et attribuables aux entreprises à partir de 2019, et ce qui concerne donc, en fait, sensiblement, les mêmes entreprises !!!

Autrement dit, un des rares autres points qui mette tous les « experts » d’accord, c’est que l’ardoise totale, pour 2019, s’élèvera à la bagatelle de 40 Milliards d’euros…

Qui viennent évidemment s’ajouter à la ponction supplémentaire de 10 Milliards d’euros que Macron s’est vu obligé de faire pour « financer » son annonce télévisée mensongère mais astucieusement bricolée du 10 Décembre dernier, et sans oublier ce petit allègement de taxe de 4 Milliards de la TICPE justement honnie des GJ…

Ainsi rafistolé de tous les côtés, le mécano fiscal de Macron, même s’il ne s’enraye pas rapidement, ne peut évidemment plus rentrer dans les clous du déficit budgétaire « prévu », le « poids lourd » dans la balance étant encore bel et bien le CICE :

« Cette mesure, inscrite dans le PLFSS 2019, va obliger l’État à verser l’an prochain aux entreprises à la fois 20 milliards au titre du CICE, qui est remboursé au titre des années précédentes, et 20 milliards supplémentaires immédiatement au titre des baisses de charges de l’année en cours. Cela devrait peser à hauteur de 0,9 point sur les comptes publics, ce qui porterait le déficit à 3,4%, effectivement au-dessus du seuil. »

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2018/12/11/20002-20181211ARTFIG00085-les-annonces-de-macron-vont-plomber-le-deficit-public.php

…Contre les 2,8%, déjà initialement attendus en hausse par rapport à 2018 (2,6%). ( 8 )

Dans ces conditions, on comprend mieux la 16e revendication des GJ… Une véritable abrogation du CICE, sous quelque forme qu’il apparaisse encore, ce n’est pas du tout une exigence superflue, quant au fond. A tel point, du reste, que même une partie des députés de la majorité a envisagé sérieusement de se prononcer pour un « défaut » de remboursement de l’exercice 2018 aux entreprises, pour éviter le « doublon » et limiter la « casse budgétaire ». ( 9 )

Quant à son remplacement par un financement de l’industrie automobile française, en faveur de la « voiture à hydrogène (qui est véritablement écologique, contrairement à la voiture électrique.) », au delà de l’aspect purement technique, qui n’est évidemment pas le sujet du présent article, le principe même de financer une production utile et répondant manifestement à une bonne partie des besoins sociaux et écologiques actuels, cela va donc tout à fait dans le sens d’une réappropriation populaire et démocratique de la finalité du travail productif, à contrario de sa finalité actuelle, essentiellement financière et ne répondant qu’aux besoins des catégories les plus aisées. (10).

Ce qui ressort déjà de cette première ébauche de bilan de la « Crise des Gilets Jaunes » et de son évolution telle que traitée par le gouvernement Macron, c’est la divergence des orientations concernant le rôle de l’État par rapport à l’économie. La réponse du gouvernement Macron ne va pas du tout dans le sens de soulager le contribuable, vu l’alourdissement du budget qui ressort de sa politique. Au lieu d’alléger le principe des ponctions, au delà de son recul bienvenu sur la TICPE, l’ensemble des mesures de Macron vise au contraire à transférer encore davantage vers les contribuables, et vers toutes les couches sociales populaires, en fin de comptes, via les impôts et taxes, une part toujours plus grande des charges incombant normalement aux groupes industriels et financiers les plus importants, et, en réalité, aux revenus du capital financier, ceux là même qui se sont vu augmentés, même si indirectement, par des manipulations grossières telles que le CICE.

C’est en ce sens que la revendication N°6 des Gilets Jaunes, « Que les GROS (Macdo, google, Amazon, Carrefour…) payent GROS et que les petits (artisans, TPE PME) payent petit. » , garde donc, elle aussi, tout son sens !

Pourtant, on ne peut pas dire que l’ « action » du Gouvernement, dans ce domaine, soit tout à fait inexistante, depuis l’annonce du projet de taxe visant les GAFA, les « géants du net », dont précisément Google et Amazon… :

« La taxe s’appliquera en tout état de cause au 1er janvier 2019 et elle portera donc sur l’ensemble de l’année 2019 pour un montant que nous évaluons à 500 millions d’euros », a affirmé Bruno Le Maire »

https://www.lesechos.fr/politique-societe/politique/0600360939843-la-france-prelevera-la-taxe-gafa-des-le-1er-janvier-annonce-bruno-le-maire-2230645.php

…500 millions d’euros, c’est évidemment beaucoup, pour vous et moi, et plus fort même que le « loto », mais comme on vient de le voir, ce modeste ½ Milliard est finalement à mettre en rapport avec le nouveau gouffre de plus de 50 Milliards que l’on vient juste d’évoquer ci-dessus, au compte de notre gouvernement…

…et avec les centaines de milliards brassés par ces parasites géants de l’économie mondiale… !

Donc il reste clair que les « efforts » ne sont pas répartis en proportion des parts de ressources que se sont attribuées les principaux acteurs de l’économie…

Quant au fond il est clair que c’est la répartition des ressources et des forces productives, en regard des besoins, qui est en cause, avec la domination du capital financier.

A très court terme, avec la fin nécessaire des « usines à gaz » de transferts fiscaux des citoyens vers le capital financier, c’est donc aussi la survie, déjà précaire, de nombreuses TPE et PME, qui est en cause, alors qu’elles sont aussi en partie à l’origine du mouvement GJ. Contrairement à une idée reçue, leur volonté d’embaucher à un niveau salarial plus élevé n’est pas forcément en cause, alors même qu’elles sont directement les plus impactées par une augmentation du SMIC, et même en proportion, davantage que les grandes entreprises. Dans un article nettement orienté contre une augmentation du SMIC, le journal « Le Parisien » du 28/11/2018 affirmait pourtant :

« Les artisans ne seraient pas contre

Une chose est certaine, une hausse du smic fait davantage souffrir les TPE PME que les grands groupes, puisqu’un quart environ de leurs salariés touchent le smic (contre 4,5 % dans les grands groupes). Alain Griset, le président de l’U2P qui défend les intérêts des artisans et des commerçants, n’y est cependant pas opposé : « Beaucoup de nos salariés sont des Gilets jaunes, ils ont besoin de plus de pouvoir d’achat. »

Un coup de pouce au smic alors ? « Je ne suis pas contre, poursuit-il. À condition que cette mesure ait un coût neutre pour les entreprises. Il faudrait donc l’accompagner d’une baisse des cotisations sociales en parallèle. » Bref, la note s’alourdirait encore pour les caisses publiques. De quoi faire s’étrangler Édouard Philippe, qui a déjà dit non. »

http://www.leparisien.fr/economie/pourquoi-le-gouvernement-ne-veut-pas-de-hausse-du-smic-28-11-2018-7956471.php

Évidemment, vu ainsi, cela paraît être un cercle vicieux…

Or, en reprenant logiquement les éléments essentiels de notre constat, on peut voir en réalité qu’il n’en est rien.

La seule absurdité consiste précisément à reporter sur l’ensemble des contribuables et taxes-payeurs la répartition des charges sociales qui devrait être faite stricto sensu en proportion de la taille des entreprises et du nombre de leurs salariés.

Comme on l’a vu dans un précédent article ( 11 ), il se trouve que la Sécu a enfin atteint, en 2018, l’équilibre budgétaire. Plutôt que de détruire ce fragile acquis par de nouvelles ponctions, comme il s’apprête à le faire, le gouvernement devrait logiquement remplacer l’ensemble de ses « usines à gaz » fiscales à prétentions « sociales » plus que largement usurpées par un seul et unique mode de répartition progressif des charges sociales, géré par la Sécu, sans effet de seuil, calculé sur la base du budget actuel des besoins sociaux à charge de la Sécu, et permettant donc aux TPE et PME de bénéficier d’un réel avantage « compétitif » en regard des plus grandes entreprises, et sans qu’il en coûte, tant qu’à faire, un seul euro à L’État, hormis pour ce qui concerne, évidemment, son propre personnel.

En fonction des nouvelles ressources qu’il serait ainsi possible de dégager, et évidemment nettement plus importantes que le pathétique ½ Millard que Le Maire espère obtenir des GAFA, il deviendrait alors possible de remonter réellement le SMIC sans détruire des milliers d’emplois dans les TPE et PME, et même de revaloriser les minima sociaux les plus incontournables, tels que la revendication N°10 des GJ :

« Pas de retraite en dessous de 1 200 euros. »

Et d’autres, notamment en faveur des familles monoparentales, par exemple, pour lesquelles le niveau actuel du SMIC se situe carrément en dessous du seuil de pauvreté :

Quelle que soit la situation sociale et familiale, il est important, tant pour la motivation du travailleur que pour la justice sociale la plus élémentaire, que ceux qui travaillent puissent vivre de leur travail décemment, et non pas dépendre d’aides à quémander à l’État et à l’administration.

Incidemment et en toute logique se trouve ainsi résolue une des premières questions posée dans cette ébauche de bilan : faut-il revendiquer en « net », comme c’est déjà le cas dans la liste revendicative GJ ou en « brut », comme le fait traditionnellement la gauche bureaucratique ?

Assurément, la revendication actuelle en net est donc bien celle qui est adaptée à un pas en avant vers la justice sociale.

En effet, dans le système ancien, les travailleurs acquéraient des droits sociaux égaux par des cotisations inégales, fixées au prorata de leurs salaires. Jusqu’à un certain point cela a donc fonctionné, comme principe de justice sociale, même si approximative, in fine. A mesure que l’État s’est transformé de plus en plus en pompe fiscale pour transférer le fruit du travail de tous vers les dividendes du capital financier, cela a donc cessé de fonctionner, au point de générer la crise actuelle et la juste révolte qui en résulte.

Dans une répartition progressive des charges, les travailleurs acquièrent toujours des droits égaux, quel que soit leur rémunération en salaire net. Par contre le montant des charges varie, lui, non seulement en fonction du salaire, mais aussi de la taille de l’entreprise et du nombre de salariés qui y travaillent.

Il est donc important que le salaire de base soit défini en net et que le montant des charges, au prorata à la fois du salaire, de la taille de l’entreprise et du nombre de salariés soit calculé selon une formule identique et intangible pour toutes les entreprises, mettant fin aux « usines à gaz » des passe-droits, dérogations, etc…

Bien entendu, dans un premier tour d’horizon tel que celui-ci, il n’est pas possible de faire une revue exhaustive de toutes les revendications GJ, qu’elles soient déjà dans la liste ou non. Il s’agit simplement d’apporter quelques éléments au débat utiles pour souligner l’importance et la justesse fondamentale de ce combat.

La première revendication à ajouter à cette liste est donc désormais l’exigence d’une amnistie totale, non seulement pour Eric Drouet, mais pour l’ensemble des GJ condamnés et emprisonnés.

La cause de la violence actuelle réside dans l’injustice sociale instituée de longue date par le système et poussée à un point de plus en plus insupportable par les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, et particulièrement par celui de Macron, qui rassemble les tares bureaucratiques et prédatrices des deux bords politiques.

La cause de la violence sociale réside donc dans le système actuel et singulièrement dans son pouvoir étatique actuel. Elle ne peut disparaître qu’avec la fin de l’injustice qu’il engendre, et donc avec la satisfaction des justes revendications des « Gilets Jaunes ». C’est pourquoi la lutte pour l’amnistie des GJ condamnés et emprisonnés et la lutte pour les revendications sociales sont un seul et même combat !

Luniterre

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https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/12/26/noel-en-prison-pour-combien-de-gilets-jaunes-et-pour-quel-combat/

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NOTES :

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( __1 https://www.cnews.fr/france/2018-12-18/la-liste-des-revendications-des-gilets-jaunes-801586 )

( __2 https://www.net-iris.fr/indices-taux/paye/1-salaire-minimum-smic-horaire-smic-mensuel

__ https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A13113 )

( __3 https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/12/11/non-le-smic-ne-va-pas-augmenter-de-100-euros/ )

( __4 https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/10/le-verbatim-de-l-allocution-televisee-du-president-de-la-republique_5395523_823448.html )

( __5 http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/finances-publiques/approfondissements/allegements-charges-sociales-manque-gagner-pour-securite-sociale.html )

( __6 https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/12/21/du-smig-au-smic-en-passant-par-tonton-ou-la-vraie-mort-de-mai-68/ )

( __7 https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-_rapport_cice-2018-02-10.pdf )

( __8 https://investir.lesechos.fr/marches/actualites/france-deficit-budgetaire-de-98-7-milliards-d-euros-attendu-en-2019-1793725.php

__ https://www.challenges.fr/economie/budget-le-deficit-de-l-etat-attendu-en-hausse-en-2019-a-98-7-milliards-d-euros_614880 )

( __ 9 http://www.francesoir.fr/politique-france/cice-des-deputes-lrem-et-modem-vont-ils-sopposer-au-gouvernement

__ https://www.atlantico.fr/decryptage/3560896/pas-verser-le-cice-2018-pour-retrouver-oxygene-budgetaire-quel-impact-tresorerie-tpe-pme-eric-verhaeghe )

( __10 https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/11/20/ghosn-lantithese-du-gilet-jaune/ )

( __11 https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/11/30/et-la-marquise-dansait-sur-les-champs-elysees-en-flammes-explication-de-texte/ )

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8 Messages de forum

  • @ l’auteur

    En somme et au total - votre exposé démontre que l’État bourgeois - l’État des riches capitalistes est en faillite et n’a pas de marge de manoeuvre - pas même les moyens d’accorder quelques miettes pour apaiser la population et encore moins les ouvriers…
    Incidemment, la revendication des baisses de taxes à la consommation (essence ou autre) étaient plus rassembleuses - unificatrices - que la revendication de la hausse du SMIC - minimum salarial que nombre de travailleurs ont dépassé.

    Pour ma part, je crois que nous prolétaires révolutionnaires devrions porté notre attention sur la globalité du mouvement - et sur son évolution - et potentiellement son devenir en identifiant le ou les objectifs stratégiques du mouvement et les différentes tactiques AFIN de porter notre influence OU ACTION sur ce qui est ESSENTIEL - et FONDAMENTAL pour l’avenir

    Une suggestion de lecture allant dans ce sens : http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…

    Répondre à ce message

    • La crise est une idéologie

      L’État n’a peut-être plus de fric, mais les riches en ont plein bien planqué dans les "paradis fiscaux".

      La classe dominante veut nous faire croire que c’est "la crise", et qu’il n’y a plus de fric. Nous sommes dans la société de l’arnaque : la classe dominante fait une énorme propagande pour l’idéologie de "la crise".

      L’idéologie dominante est l’idéologie de la classe dominante. Aussi, bien des révolutionnaires tombent dans le panneau et croient à "la crise". Mais…

      Les riches sont riches

      Mais, alors qu’un ou deux mois avant "on" nous disait qu’il était absolument impossible d’augmenter les ouvriers de 2 ou 3% (d’où sortirait-on l’argent ?), en mai 68 le SMIG fut augmenté de 35%, et les autres salaires de 10%.

      Pourtant, même après cela, les richesses n’avaient pas semblées beaucoup mieux réparties : les riches n’ont pas semblés moins riches. Leur richesse était donc infiniment plus grande que l’équivalent de ces misérables augmentations.

      http://mai68.org/spip/spip.php?arti…

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  • __M.Bibeau : « En somme et au total - votre exposé démontre que l’État bourgeois - l’État des riches capitalistes est en faillite et n’a pas de marge de manoeuvre - pas même les moyens d’accorder quelques miettes pour apaiser la population et encore moins les ouvriers… »

    __Camarade Do : « L’État n’a peut-être plus de fric, mais les riches en ont plein bien planqué dans les "paradis fiscaux". Et… « Les riches sont riches » !

    Encore une fois, ici, le point va plutôt au camarade Do, bien qu’il ne comprenne toujours pas que la richesse des riches n’est pas incompatible avec la réalité de la crise, qui n’est pas une crise de manque de fric, mais presque quasiment de surabondance de fric accumulé, précisément.

    Ce n’est pas tant le tas de fric amassé qui fait le pouvoir du capitaliste, que sa manière de l’utiliser.

    Le pouvoir est plus dans le contrôle des tuyaux et de la pompe que dans le réservoir, fut-il plein à craquer, ce qui est effectivement le cas.

    En simplifiant, l’Etat est devenu essentiellement une de ces pompes, et non un réservoir. Il l’a toujours été, et à un degré de plus en plus intense, mais rarement, sinon jamais, à ce point. En comparaison, même l’Etat hitlérien avait conservé sa fonction bismarckienne corporatiste d’intégration sociale, ce qui explique sa relative solidité.

    En France, cette fonction bismarckienne ne s’est vraiment constituée qu’avec le CNR, quoi qu’en pensent ses thuriféraires « de gauche »… (sociaux-chauvins, néo-thoreziens, etc…)

    C’est le mythe de l’État arbitre, qui n’est pas entièrement dissipé, loin de là, et même parmi les GJ, et qui, de plus, reflétait, même si au sens littéralement évanescent du « reflet », un certain aspect de la réalité qui consistait à établir une « règle du jeu » entre capitalistes, où tous les coups n’étaient pas forcément permis, un peu à l’instar du « code d’honneur » des milieux maffieux : on en connaît les limites…

    Elles sont aujourd’hui carrément « explosées », et souvent au sens littéral (terrorisme)…

    C’est le résultat incontournable de la mondialisation, elle même une évolution incontournable du système. ( Cf Marx, Lénine…)

    De « protecteur », même très illusoire, l’État est devenu racketteur au premier degré, pour le compte direct du capital financier. Il n’a donc pas à être « riche » ou « pauvre », mais à faire circuler la monnaie, et avec évidemment un courant fortement dominant, sinon un sens unique…

    Le capitaliste vainqueur de ce règlement de comptes débridé et mondialisé est celui qui est déjà capable de mieux pressurer son propre peuple que les autres. La bourgeoisie française a pris du retard et tente de le rattraper…

    Pour l’instant, si l’on fait le compte, stricto sensu, « financièrement », ce que montre l’article, c’est que Macron a réussi son coup, sauf en matière de popularité, mais ce n’est probablement pas ce que le système attendait de lui…

    Le « trou » dans les finances de l’État lui sera certainement « pardonné », vu que le bilan global apporte le « plus » de fric du côté du Capital financier, de toutes façons, pour l’instant… ( Cf l’article)

    La grosse problématique du système c’est que pour installer ce pantin au pouvoir il lui a fallu griller un maximum de cartouches et qu’il est carrément en manque de roues de secours suffisamment « crédibles ».

    Aux révolutionnaires d’en profiter pour décaper ce qui reste d’illusions…

    Mais il en reste beaucoup, et aussi, beaucoup de gens « de gauche » pour les entretenir, et le plus souvent, délibérément.

    Luniterre

    PS : C’est pourquoi il ne suffit donc pas d’obliger le système à « réduire les taxes », car l’une chassant l’autre, il s’en sort quand même à notre détriment, au final, et c’est ce que l’article tente d’expliquer, et qui semble avoir échappé à M. Bibeau.

    Remettre la pression sur les « charges sociales », directement prises sur le chiffre d’affaires, c’est nécessairement un levier relativement plus efficace, pour le prolétariat. Moduler en rapport des TPE et PME est donc une tactique utile dans le contexte actuel, une tactique qui cerne la cible stratégique, le capital financier. Le petit capital productif n’a de toutes façons plus aucune capacité à constituer une force politique autonome. Bien évidemment, une tactique elle-même à « moduler » en fonction de l’évolution de la situation.

    **********************

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    • Salut Luniterre,

      Tu dis : « C’est le mythe de l’État arbitre, qui n’est pas entièrement dissipé, loin de là, et même parmi les GJ, »

      Je me fais peut-être des illusions, mais tout de même, je pense que les Gilets Jaunes ont bien compris que l’État était contre eux, vu le nombre de blessés graves (et même un mort) qu’ils ont eu dans les bagarres avec les agents de l’État.

      Que l’État était dans le camp des riches, et pas un arbitre entre les riches et les pauvres. Je pense tout de même que la suppression de l’ISF est claire pour eux.

      Tu dis aussi : « la crise, qui n’est pas une crise de manque de fric, mais presque quasiment de surabondance de fric accumulé, précisément. »

      Là, je comprends pas du tout, mais alors pas du tout ce que tu veux dire.

      Ne ferais-tu pas la confusion avec les "crises de surproduction" ? Il me semble tout de même que si l’on peut peut-être parler en 2007 d’une crise de surproduction de maisons aux USA ; par contre, le but d’un capitaliste étant d’amasser le plus de fric possible, je ne vois pas en quoi c’est la crise s’il a une surproduction de revenus !

      A+
      do
      http://mai68.org

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      • Effectivement, camarade, il me semble que tu te fais beaucoup d’illusions… Autant la révolte est radicale et profonde, du fait des conditions de vie depuis longtemps dégradées et qui ont atteint un point limite dans le contexte français, autant le niveau de conscience reste très bas du fait de décennies de révisionnisme à gauche, et aussi à cause de la démagogie sociale-fasciste et sociale-chauvine qui en sont les filles naturelles, en quelque sorte…

        En tous cas, pour la sociale-fasciste, la voici prise à son propre piège, et c’est tant mieux, mais cela nous fait une difficulté de plus à surmonter, néanmoins, tant ses idées ont eu le temps de s’enraciner dans les couches populaires.

        Tu écris : « Je pense tout de même que la suppression de l’ISF est claire pour eux. »

        Justement, si la revendication de rétablissement de l’ISF a pu prendre une telle importance, c’est bien parce que l’illusion d’un État qui « devrait » être une sorte de régulateur entre riches et pauvres est encore largement persistante, ainsi que d’autres illusions du même genre, qui soutiennent encore évidemment le drapeau tricolore et ses réminiscences de 1789…

        Pour ce qui est des subprimes, je te recommande cet excellent article, quoi que non marxiste,

        https://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/crise-financiere-2007-2008/crise-subprimes.shtml

        qui a le mérite d’être écrit quasiment au moment historique charnière, novembre 2008, ou la crise a en quelque sorte « touché le fond », mais où la « solution » pour en « sortir » n’est pas encore évoquée.

        Il est donc remarquable qu’il parle d’une surabondance de liquidités dans la période précédent la crise…

        Provisoirement « tarie » à ce moment, Novembre 2008, elle ne tarde pas à revenir après, et même décuplée, avec la « solution » du QE :

        https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/10/07/2008-2018-situation-internationale-10-ans-de-crise-quel-remede/

        Il n’y a donc pas nécessairement de relation entre crise et manque ou abondance de capitaux et/ou de liquidités disponibles.

        L’accumulation est bien une caractéristique fondamentale du capitalisme, mais l’accumulation capitaliste n’est pas une simple thésaurisation.

        Pour Marx, Harpagon n’est pas réellement un capitaliste. L’argent ne devient vraiment capital qu’en circulant sur les marchés financiers et en essayant d’en contrôler une partie de plus en plus importante. C’est en ce sens que « Monopoly » et capitalisme se ressemblent réellement : le joueur qui sort du jeu cesse d’être un capitaliste au sens propre du terme. Même s’il se tire avec la caisse et planque les billets dans son grenier : monnaie de singe ou non, ils cessent alors d’être capital à proprement parler.

        Ceci dit, si l’on peut filer la métaphore, il faut bien comprendre cette différence essentielle que d’une crise à l’autre, d’une « partie » à l’autre, d’un cycle à l’autre, en quelque sorte, le capital ne ne cesse malgré tout de se concentrer et de s’accumuler. Le nombre de « joueurs » diminue, mais leur rapacité augmente d’autant plus que la « rentabilité » du capital productif diminue (Baisse tendancielle). Le rôle du capital fictif devient de plus en plus important, mais il cherche néanmoins à contrôler toujours davantage de capital productif, tant qu’il y en a, et jusqu’à la limite de la robotisation totale.

        A chaque crise, il y a donc, simplement, quelques perdants… Le fait qu’ils sortent ou non du jeu n’empêche pas une nouvelle partie de reprendre… comme le montre exactement 2008.

        Mais les parties se suivent sans se ressembler complètement. Il reste toujours les caractéristiques fondamentales du capitalisme, mais les effets se complexifient. Ce n’est pas un processus cyclique au sens idéaliste du terme, mais bien un processus dialectique « en spirale ». Les conditions de l’accumulation, de la rentabilité du capital, de la concurrence, etc… ne sont plus les mêmes après 2008.

        La caractéristique de surabondance de liquidités, elle, n’a fait qu’empirer dans des proportions jusque là inconnues dans toute l’histoire économique et constitue l’un des facteurs essentiels du prochain krach, déjà quasiment considéré comme inévitable par tous les experts, dans les trois ans à venir, et peut-être même avant, au train où vont les choses !

        Son issue n’est pas pour autant prédictible de manière mécaniste, contrairement aux affirmations de M. Bibeau et de quelques crétins pseudos- « marxistes » qu’il prétend pourtant critiquer…

        Comme tu peux déjà le comprendre en lisant l’article de 2008, la crise des subprime n’est que le symptôme et le révélateur d’une crise plus profonde, qui a déjà ses racine dans la période 2001, qui elle-même découle d’autres, etc… Je ne vais pas ici refaire l’historique, mais même dans la période « euphorique » d’après guerre se dessinent déjà les linéaments de la structure actuelle du capital financier, et de sa crise potentielle, réellement évidente avec le crash de Bretton Woods, pourtant resté ignoré du grand public, même à l’époque, grâce à la période de croissance inflationniste qui s’est encore prolongée quelques années.

        Ces linéaments sont étudiés ici, dans la thèse, non marxiste, de Flora Sfez, mais de très haute qualité, également :

        https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00923001/document

        Récemment, un de mes lecteurs sur Agoravox, plutôt keynésien que marxiste, apparemment, remarque fort justement que les capitalistes, avec leurs crises, semblent s’acharner à vouloir donner raison à Marx… Ce à quoi je ne peux que lui répondre que les prétendus « marxistes », eux, semblent s’acharner à vouloir lui donner tort… Mais il est vrai que la plupart n’ont jamais réellement lu Marx, et que la majorité des rares qui l’ont réellement fait, forts de leur science, sont passés de l’autre côté de la barricade, d’une manière ou d’une autre… Parcours bien connu de la plupart des anciens « leaders » de Mai 68…

        Luniterre

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        • Salut Luniterre,

          Autrement dit, les capitalistes ont tellement de fric qu’ils ne savent pas quoi en faire, ce serait ça "la crise". C’est tout simple, ils n’ont qu’à acheter la paix sociale en redistribuant leur pognon à tous ceux qui n’en ont pas assez. Mais, ça leur ferait bien mal ! ils préfèrent les voir crever la bouche ouverte ! Comme ça, ils ont l’impression d’être des êtres supérieurs. Quand je dis impression… c’est un euphémisme. Je ne trouve pas le mot qui convient. Mais dans leurs têtes, ils se disent vraiment qu’ils ont la classe. Ils sont des dieux et nous sommes des vermisseaux qu’on écrase négligemment en se promenant dans la forêt.

          A+
          do
          http://mai68.org

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          • URGENT !!!

            Re-bonjour, camarade

            Effectivement ce système est ignoble et machiavélique et il nous faut continuer d’organiser la résistance, et tout de suite, la solidarité avec les GJ emprisonnés.

            Cet article ci-dessus vient d’être republié sur Agoravox et a suscité cette réaction intéressante :

            https://www.agoravox.fr/commentaire5392032

            Serge ULESKI 28 décembre 14:50

            "Votre billet tombe à pic ; ce matin je me posais les questions suivantes :

            Mobilisations après mobilisations, qui se soucie des GJ qui ont été condamnés à des peines de prison ferme (parce qu’ils ne couraient pas assez vite ou bien parce qu’ils se trouvaient au mauvais endroit) ? Qui se soucie de savoir combien de GJ sont concernés ? Parmi ceux qui ont une famille à charge, qui se soucie des conditions dans lesquelles cette famille va pouvoir faire face ? Les GJ ont-ils contacté des avocats (militants) susceptibles de les conseiller gracieusement ? Ils sont nombreux à pouvoir le faire ! Pourquoi ne pas créer via internet un fonds de soutien aux familles qui devront fonctionner sans salaire ? Voir sur un plan juridique comment cela peut s’organiser ! Car, sachez que nous sommes nombreux à vouloir et à pouvoir les aider. Il faut vraiment que les Gilets Jaunes s’organisent ! Qui plus est… ailleurs que sur une liste électorale sans avenir pour une élection dont le premier parti sera l’abstention à 60% : les Européennes !"
            (fin de citation)

            ********************

            De mon côté j’ai déjà contacté quelques amis et camarades de différents horizons idéologiques qui sont OK pour démarrer une sorte de "Comité GJ Amnistie" ou autre nom que nous lui donnerons.

            Qu’en penses-tu ? Souhaites-tu y participer ?

            Je pense qu’il y a une certaine urgence à cristalliser concrètement ce truc, qui reviendrait en quelque sorte aux fondamentaux du mouvement GJ, mais avec une cohérence revendicative et organisationnelle qui lui manquait au départ, même si ce fut aussi une de ses forces initiales.

            Ce devrait être à la fois un lieu de solidarité et de débat élargi sur tous les sujets sociaux urgents.

            Je t’envoie copie par mail, où tu pourras me répondre directement.

            Je pense qu’il y a urgence…

            Luniterre

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