Et si la « gauche militante »
arrêtait de se la raconter ?
Comme on l’a vu récemment (*), près de 50% de l’emploi salarié en France se trouve dans les PME.
Les TPE en emploient encore 20% de plus.
Soit un total de 70% pour les TPE-PME.
Et les 30% restants ???
La fonction publique, stricto sensu, représente 20% de l’emploi en France.
Et il y a encore près de 5% des salariés qui dépendent du secteur public sans être fonctionnaires stricto sensu. (**)
Autrement dit, le salariat des grosses entreprises, celles qui servent directement de base économique et sociale au capital financier, ne représentent au plus que 5 à 6% du total des salariés.
Pour affiner encore cette approche il faudrait encore préciser, dans ces 6%, combien se trouvent directement dans le secteur productif, combien sont payés au SMIC, productifs ou non, etc…
C’est probablement faisable, mais la disproportion des chiffres d’ensemble, par rapport au discours habituel de la gauche, « extrême » ou non, suffit à en comprendre la vacuité totale.
La très grande majorité des prolétaires, smicards et productifs, se trouvent dans les PME et les TPE.
La base économique et sociale des bureaucraties syndicales, y incluant, à quelques exceptions près, les sections anarcho-syndicalistes, se trouve dans les 30%, secteur public et grosses boites, qui ne sont pas majoritairement smicards, ni même concernés par ce niveau de rémunérations.
En promulguant sa prime d’activité qu’il faut individuellement aller quémander auprès de l’administration, Macron a parfaitement analysé la situation, suite au 17 Novembre, et, en tablant sur l’inorganisation du prolétariat smicard des TPE-PME, en le renvoyant à sa démarche habituelle de survie individuelle, il a tout simplement sapé potentiellement la base économique et sociale de l’unité populaire renaissant spontanément, le 17 Novembre, suite à l’aggravation des conditions sociales de la majorité prolétarienne de ce pays.
Vu la profondeur et la durabilité de la crise, le courant de sympathie demeure, vis à vis de la protestation sociale, mais la motivation immédiate du passage à l’acte, et notamment, à la grève générale et prolongée, a été à nouveau habilement remplacée par le pouvoir macronien par un retour à la « démerde » individuelle.
La « gauche » bureaucratique cégétiste et autre peut tranquillement « remobiliser » sa base sociale pour regagner le terrain perdu dans le partage des subventions et prébendes patronales et étatique, elle ne risque plus le « débordement » du prolétariat smicard qui eut réveillé le « démon rouge » d’une remise en cause du système.
S’il existait encore, dans ce pays, une gauche réellement prolétarienne, elle devrait (…ou aurait du), logiquement, adapter sa stratégie et sa tactique à cet état de fait, et réfléchir au moyen de remobiliser le prolétariat des TPE-PME, mais on constate donc qu’une telle gauche prolétarienne n’existe pas en France, à part quelques individus isolés et inorganisés.
Une « force » politiquement inexistante et donc actuellement dans l’incapacité de faire évoluer le rapport de force, qui, lentement mais sûrement, et avec la complicité, objective et de fait, de la gauche actuelle, même "extrême", se reconstitue en faveur du système.
Luniterre
( ** https://www.ouest-france.fr/economi… )
https://tribunemlreypa.wordpress.com/2019/02/10/et-si-la-gauche-militante-arretait-de-se-la-raconter/
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