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BREXIT, l’échéance du « roman-savon » britannique approche

vendredi 15 février 2019, par Robert Bibeau (Date de rédaction antérieure : 15 février 2019).

La saga du Brexit britannique

La saga du Brexit s’achève (sortie du Royaume-Uni de l’UE ; 30 mars 2019). Cette joute de poker menteur n’en finit plus de tourner en rond – paralysée et paralysante – à l’image du grand capital britannique écartelé entre ses deux allégeances – l’Europe, à laquelle il est attaché par le commerce et les États-Unis d’Amérique – auxquels il est enchainé par la finance.

Jusqu’à la dernière heure, le grand capital britannique a cru pouvoir quitter l’Union, se délestant de ses contraintes, tout en conservant les avantages du marché commun européen. En période de croissance économique, la partie était jouable et l’Allemagne, arbitre de dernière instance, aurait pu concéder une sortie honorable à cet important marché de voitures allemandes. Mais, en contexte de crise systémique, préparatoire à une dépression économique majeure, nul partenaire n’a les moyens de renoncer à une partie de sa plus-value. Le Royaume-Uni devra donc abandonner les avantages du marché commun en même temps que les inconvénients…et le capital britannique se demande maintenant si le jeu en vaut la chandelle. D’autant plus que le tandem franco-allemand est en guerre commerciale ouverte contre Bruxelles et les États-Unis au sujet de la construction du gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à son client allemand. (1)

Résumant les dernières tractations, le journal conservateur "Die Welt", qui dépeint depuis deux mois la catastrophe britannique du Brexit sans accord, a interviewé un économiste influent au gouvernement :

« Les problèmes liés à la liquidation des échanges avec la Grande-Bretagne, c’est-à-dire avec un seul partenaire commercial, ne seront que temporaires et auront relativement peu d’importance. Je ne m’attends pas à un cout trop élevé pour l’économie allemande. La Grande-Bretagne et surtout l’Irlande paieront le prix fort. » (2)

Réalignement des blocs impérialistes

On pourrait résumer le drame britannique par cette formule : l’économie réelle – industrielle et commerciale – l’emportera-t-elle sur l’économie virtuelle – financière et monétaire – ? À la fin de la Première Guerre mondiale (1918) – le monde capitaliste connut le premier épisode du réalignement des blocs impérialistes internationaux – le Royaume-Uni étant alors la première puissance économique et financière de la planète, mais cela allait changer rapidement. Les États-Unis d’Amérique, prépondérant sur le marché des Amériques, s’imposaient déjà comme puissance industrielle et financière hégémonique. Le Royaume-Uni était alors confronté à l’alternative suivante : relancer la guerre contre les Étatsuniens, ou négocier sa sujétion au grand capital yankee, contre l’aménageant de sphères d’influence prépondérantes. Le grand capital de la perfide Albion opta pour le second choix et pour cette raison La City obtient la responsabilité de cogérer avec Wall Street la finance mondialisée. C’est cette entente que l’Allemagne hitlérienne tenta de briser en 1939-1945 ce à quoi l’Angleterre churchillienne s’opposa fermement préférant l’alliance avec le « totalitarisme » stalinien et avec le « libéralisme » étatsunien. On connait la suite de ce deuxième épisode du réalignement des blocs impérialistes, qui se termina en 1990 par l’effondrement du bloc soviétique et la victoire du camp occidental libéral (Amérique-OTAN).

L’article est disponible en CINQ langues sur le webmagazine http://www.les7duquebec.com

Troisième épisode du réalignement des grandes puissances

Le Brexit doit être vu comme un évènement s’inscrivant dans le troisième épisode du réaménagement des alliances impérialistes en cours de réalisation. La scène économique, politique, diplomatique, juridique et militaire internationale a beaucoup changé depuis 1990 (fin du 2e épisode). Le bloc occidental s’étiole, écarteler entre deux grandes puissances tendant naturellement à l’hégémonie. Les États-Unis – ce pays continent déclinant – allié à l’Union européenne – ce continent qui ne parvient pas à devenir un État-nation monolithique – face au bloc que nous appellerons « Asiatique » qui se forge autour de l’alliance Chine-Russie-Iran. Ce bloc a la particularité de regrouper des pays « émergents ».

La saga du Brexit est l’exact reflet politique des deux forces économiques qui s’équilibrent au Royaume-Uni entre les intérêts industriels et commerciaux d’une partie du grand capital britannique et les intérêts financiers (boursiers et monétaires) de La City. La population britannique ne compte pour rien dans cette équation et ne sert que de chair-à-voté entre les mains des démagogues politiques britanniques à la solde de l’un ou de l’autre camp.

Le pari des financiers londoniens

Dans un premier temps, la clique financière de La City a cru faire une bonne affaire en quittant l’Union européenne afin de rester enchainer à Wall Street, tout en conservant les avantages (espérait-elle) de la proximité commerciale et financière avec le continent européen (le meilleur des deux mondes clamait le banquier londonien). C’était sans compter avec le grand capital franco-allemand qui fourbissait ses armes face aux Américains protectionnistes et agressifs. Aussitôt, les entreprises industrielles allemandes et françaises (et mêmes britanniques), les banques, les compagnies d’assurances, les courtiers, les compagnies de crédit et de placement, amorcèrent leur migration de Londres vers le continent de manière à ne pas se retrouver du mauvais côté de la barrière tarifaire séparant prochainement les grandes puissances de l’Alliance atlantique (Washington-Londres contre Paris-Berlin).

La résistance européenne face au suzerain américain a surpris les courtiers londoniens qui n’avaient pas vu venir le train de la récession. Tout à coup le Brexit perdit beaucoup de ses attraits économiques, commerciaux et financiers – c’était comme si Londres, le Cheval de Troie étatsuniens, était expulsé manu militari hors de la citadelle européenne. Le grand capital britannique se retrouve aujourd’hui piégé par ses manigances au service de la haute finance internationale. Étant donné que le Royaume-Uni réalise plus de la moitié de ses échanges commerciaux avec l’Europe, il semble évident que la marche arrière s’impose pour les marchands de l’Ile esseulée… Mais comment « l’Albion prodigue » peut-elle, sans perdre son flegme et sa dignité, réintégrer le bloc impérialiste européen ? Les tribulations de ce roman-savon que l’on nous présente complexe et enchevêtré en sont là, et la question de la frontière entre les deux Irlande nationalistes n’est qu’un épouvantail que les anti-Brexit agitent à la face des lobbyistes. C’est le prolétariat britannique qui jouera sa peau si ces barricades nationalistes patriotiques reprennent feu. (3)

Aux prolétaires britanniques, irlandais et européens

Le prolétariat du Royaume-Uni doit démontrer au grand capital britannique que leur guerre patriotique-partitionniste il ne la fera pas et qu’il exige que le grand capital trouve la solution pour s’entendre avec le capital de l’Union (en attendant de se débarrasser de cette superstructure étatique d’asservissement continentale). Il est entendu que l’intérêt du prolétariat européen n’est ni à l’intérieur ni à l’extérieur de L’Union européenne du capital, dont il devra un jour abolir toutes les institutions gouvernementales.

NOTES

1. https://fr.sputniknews.com/internat…

2. https://nuevocurso.org/brexit-seaso…

3. https://nuevocurso.org/el-brexit-y-…

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