VIVE LA RÉVOLUTION

Le trait noir...

samedi 13 avril 2019, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 13 avril 2019).

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13 avril 2019

Assawra

Il fallait que mon refus soit marqué à vie.

Avant de quitter le Liban en 1975, cinq ans auparavant, j’avais commis un crime au regard de l’État. C’était donc en 1970. J’avais osé commettre un sacrilège.

Ce jour-là, je venais d’avoir 17 ans. L’âge où on n’est pas sérieux selon le poète aux semelles au vent. Sauf que mon acte était des plus sérieux. Il répondait à une question qui trottait dans mon esprit jusqu’au harcèlement.

Comment exprimer mon refus de continuer à vivre dans une société subdivisée en communautés confessionnelles ?

Il fallait que mon refus soit marqué à vie. Alors, je pris ma carte d’identité et d’un trait noir je barrais la motion indiquant ma confession.

Fini, plus personne ne pourra désormais savoir de quelle religion j’avais été marqué.

Je venais d’accomplir le premier pas sur un chemin qui allait me mener à l’exil. En effet, pour avoir sa place reconnue dans cette société-là, il fallait d’abord appartenir à une communauté religieuse. Sur le modèle de l’État juif d’à côté. Il y a eu dix-sept ans de guerre.

Aujourd’hui, en ce samedi 13 avril 2019, à l’heure où j’écris ces lignes, rien n’a changé.

Quarante quatre années sont passées et je garde toujours sur moi ma carte d’identité d’antan… avec dessus le trait noir de mon refus d’être ce que les seigneurs de la guerre veulent -encore- que je sois.

Al Faraby
Samedi, 13 avril 2019

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