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Le lien entre changements climatiques et canicule se précise

jeudi 25 juillet 2019, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 25 juillet 2019).

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Pascaline Minet

Publié mardi 7 août 2018 à 09:30.

Dans un rapport, un consortium de chercheurs a évalué l’influence du réchauffement sur la vague de chaleur qui sévit actuellement en Europe. Une illustration du progrès de la climatologie, qui s’attelle désormais à démêler les causes des phénomènes météorologiques extrêmes

Des températures dépassant les 45°C au Portugal. Au moins trois décès liés à des coups de chaud en Espagne. Une sécheresse inédite en Suède, où des incendies se sont propagés au-delà du cercle arctique. Depuis quelques semaines, l’Europe fait face à une vague de chaleur dévastatrice. La même question se pose à chaque survenue d’un phénomène météorologique extrême : à quel point est-il lié aux changements climatiques ?

Un début de réponse existe pour la canicule de cet été : elle aurait été rendue deux fois plus probable par l’action de l’humain sur le climat, d’après un rapport rendu public récemment par le consortium World Weather Attribution, un groupe de scientifiques qui s’est concentré sur la situation du nord de l’Europe. Ce résultat illustre les progrès des « études d’attribution », un domaine en plein essor en climatologie, qui consiste à évaluer la contribution du réchauffement aux canicules, pluies diluviennes et autres épisodes extrêmes qui se multiplient partout sur la planète.

Les climatologues ont longtemps répugné à s’exprimer sur des événements météorologiques particuliers, préférant rappeler les tendances lourdes liées au réchauffement climatique, telles que l’accroissement des températures globales. Mais depuis une dizaine d’années, les études d’attribution ont pris beaucoup d’ampleur. Entre 2004 et mi-2018, plus de 170 rapports portant sur quelque 190 événements météorologiques précis ont été publiés dans la littérature scientifique, d’après une analyse de la revue Nature.

Modèles numériques sophistiqués

Pour réaliser ce type de travaux, les scientifiques ont recours à des modèles numériques très sophistiqués. « L’événement d’intérêt, par exemple une canicule, est simulé dans différentes conditions, en comparaison avec ce qui se passerait dans une atmosphère qui contiendrait des concentrations en gaz à effet de serre analogues à ce qui existait avant la révolution industrielle », explique Claudia Volosciuk, experte de la recherche atmosphérique à l’Organisation météorologique mondiale. Cela permet d’évaluer la probabilité qu’un aléa climatique se produise dans le contexte actuel, par rapport à sa probabilité si la Terre n’était pas soumise au réchauffement.

Des études similaires estiment à quel point l’intensité d’un événement extrême a été renforcée par les changements climatiques. « En revanche, ces travaux ne permettent pas de dire si un phénomène particulier a été directement déclenché par le réchauffement », souligne Pascal Yiou, climatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement de Gif-sur-Yvette près de Paris. A la question : telle canicule ou telle tempête ont-elles été causées par les changements climatiques, la réponse des scientifiques restera donc : « On ne peut pas l’affirmer. »

Les études d’attribution nécessitent de faire tourner de lourds programmes informatiques et prennent du temps, si bien qu’elles sont souvent publiées dans les journaux spécialisés plusieurs mois après la survenue de l’épisode en question. Soit à un moment où l’intérêt du grand public et des médias a largement reflué. C’est pour cette raison que certains groupes de recherche tentent désormais d’accélérer la cadence. Le rapport sur la canicule actuelle publié par le consortium World Weather Attribution a été réalisé en seulement trois jours.

Prise de conscience du public

Pour Reto Knutti, climatologue à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, cette rapidité est précieuse. « Les gens ont du mal à réagir à des données, ils sont plus sensibles à ce qui se passe autour d’eux. Pouvoir apporter rapidement des renseignements sur des événements météo précis devrait renforcer la prise de conscience de la problématique climatique », estime-t-il. Plus nuancé, Pascal Yiou souligne que ce rapport est préliminaire et qu’il faudra attendre plusieurs mois pour bénéficier d’une analyse plus approfondie de la canicule de cet été.

Quelques progrès devront encore être réalisés avant que les études d’attribution ne rentrent dans la routine de la climatologie. « Elles donnent des résultats très robustes pour les canicules et dans une moindre mesure pour les fortes précipitations, mais fonctionnent moins bien pour les tempêtes, qui sont des phénomènes plus locaux », souligne Reto Knutti. Les modèles numériques de simulation du climat nécessitent par ailleurs d’abondantes données météorologiques rétrospectives qui ne sont pas disponibles partout. Enfin, les modèles eux-mêmes demeurent perfectibles.

Ces travaux sont pourtant bien en train de se diffuser en dehors de la recherche pure : dès l’année prochaine, l’agence météorologique allemande compte offrir de manière routinière des évaluations du rôle du réchauffement dans divers types d’événements météorologiques, une à deux semaines après leur apparition. Outre leur intérêt en termes de communication, ces informations devraient servir à guider les mesures d’adaptation aux changements climatiques, en identifiant le type d’événements appelés à se répéter. Elles pourraient aussi être utilisées dans le cadre de procédures de justice, telles que celles qui sont entreprises par des associations à l’encontre des Etats, pour les contraindre à prendre des mesures en faveur du climat.

L’homme a créé un « monstre climatique »

http://mai68.org/spip2/spip.php?article4060

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