L’ancien président de la République Jacques Chirac est mort jeudi matin, 26 septembre 2016, à l’âge de 86 ans, a annoncé son gendre Frédéric Salat-Baroux.
Un ennemi de classe
Jacques Chirac a certes fait le discours suivant, le 19 juin 1991 :
« Comment voulez-vous que le travailleur français qui travaille avec sa femme et qui, ensemble, gagnent environ 15.000 francs, et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses et une vingtaine de gosses et qui gagne 50.000 francs de prestations sociales sans naturellement travailler. Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur, eh bien le travailleur français sur le palier, il devient fou. Et ce n’est pas être raciste que de dire cela »
Ce jour là, il avait été très mal conseillé. Il a regretté ce discours. Plusieurs mois après, il faisait un discours totalement inverse, qu’un anarchiste aurait pu signer, en disant que la France était un carrefour et que ce qui faisait la France était cette rencontre entre divers peuples venus de partout.
Beaucoup plus tard, pendant les émeutes de banlieues, en 2005, au bout de 3 semaines il a fait aussi un discours totalement antiraciste, disant que tous les enfants étaient les enfants de la France.
Il y a le Musée du quai Branly qui prouve qu’il aimait les "peuples premiers". On sait aussi qu’il aimait le Japon, qu’il avait un ami arabe qui s’appelait Hariri, qu’il aimait les Palestiniens..
Ce qu’il faut vraiment reprocher à Chirac, ce n’est pas son racisme.
Ce qu’il faut lui reprocher, c’est d’avoir été un ennemi de classe !
En 1986, Chirac était premier ministre de Mitterrand, Il avait prôné la réforme "devaquet" contre les jeunes qui lui répondirent « J’ai, J’ai, j’ai le projet Devaquet qui me rentre dans l’cul, qui m’empêche d’étudier ! » Ce projet prévoyait notamment de sélectionner les étudiants à l’entrée des universités, et de mettre celles-ci en concurrence. Mais, la mobilisation fut si forte que Mitterrand dut lui intimer l’ordre d’abandonner ce projet après la mort de Malik Oussekine :
http://mai68.org/spip/spip.php?article4787
Par exemple à l’époque de Juppé, en 1995, qui était "droit dans ses bottes", il a voulu détruire la sécurité sociale. « La sécu, on s’est battu pour la gagner, on se battra pour la garder ! » lui répondirent d’énormes manifs de prolos qui ont bloqué tous les centre-villes pendant un mois.
http://mai68.org/spip/spip.php?article1170
La sécu avait pu être sauvée à cette époque — ET Chirac avait dû dissoudre l’assemblée en 1997, sachant bien que tout était fini et qu’il ne pourrait plus faire passer lui-même aucune autre contre-réforme. Il confia donc cette tâche à Jospin du Parti "Socialiste" — ; mais, depuis, la sécu a été sacrément mise à mal, avec de plus en plus de médicaments déremboursés ou mal remboursés, etc.
Il faut se souvenir que la sécu avait été attaquée une première fois en 1968 et que la première manif massive de mai 68 portait sur la sécu. Ensuite, le premier qui osa toucher à la sécu fut Mitterrand qui imposa de mettre un timbre poste pour les lettres envoyées à la sécu (avant, pour écrire à la sécu, c’était gratuit). Mitterrand avait compris que pour attaquer un monument comme la sécu, il fallait commencer petit : seulement un timbre poste. Plus tard au lieu de rembourser les médicaments à 75%, ce taux fut porté à 65%. Ensuite, le 1er janvier 2008, Sarkozy nous a mis 50 centimes de pas remboursés sur chaque boite de médicament et 1 Euro à notre charge pour chaque consultation médicale. Puis, de plus en plus de médicaments furent dérembousés.
Le 2 avril 2006, Chirac publia au journal officiel la loi sur le CPE, un Contrat Premier Embauche qui instituait un sous-smig pour les jeunes de moins de 26 ans. La contestation fut si puissante, avec attaques contre la police, émeutes, pillages de magasins, etc. qu’il dut renoncer à promulguer la loi :
http://mai68.org/spip/spip.php?article6
Un Chirac bien sympathique
Chirac en Palestine occupée le 22 octobre 1996
Quand il était jeune, Chirac a milité au Parti Communiste.
Chirac refusait le blocus de Cuba.
Il avait refusé de participer à la guerre d’Irak en 2003, et il avait fait en sorte qu’il y ait un référendum sur la Constitution de l’Europe. Référendum qui avait eu lieu le 29 mai 2005 et auquel nous avions répondu : NON !
Il avait, en sous-main, soutenu le Hezbollah jusqu’à la victoire pendant la guerre d’Israël contre le Liban en 2006.
Ensuite, avec le sarkonazi, ce sont les sionistes qui ont définitivement pris le pouvoir sur la France, et ils ont fait comme si on avait voté Oui au référendum sur l’Europe.
Comment un ennemi de classe peut-il apparaître aussi sympathique ?
Il n’était pas européiste, il n’était pas mondialiste, il était antisioniste, il défendait encore une bourgeoisie nationale contre l’impérialisme américain, comme De Gaulle.
Cela aidé par beaucoup de démagogie en buvant, et mangeant avec de simples gens dans des foires devant les caméras de télé et en pratiquant la charité (clientélisme de la punaise des bonnes oeuvres) aide à comprendre qu’en cette époque d’impérialisme américain absolu, le tyran Chirac apparaisse aujourd’hui comme sympathique.
Savez-vous que, pour se protéger, il mettait du scotch au bout de ses doigts avant d’aller serrer toutes ces mains qui se tendaient vers lui ?