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La bataille des régimes de retraite et des fonds de pension

vendredi 13 décembre 2019, par Robert Bibeau (Date de rédaction antérieure : 13 décembre 2019).

Partout, dans les pays occidentaux, le combat fait rage pour la défense des régimes de retraite et des fonds de pension des salariés, mis à mal par l’État employeur et l’État législateur ordonnateur des destinées de la société capitaliste en déconfiture financière. Cette guerre de tranchées – mondialisée – est la conséquence de la faillite du système économique. D’une part, les patrons (du gouvernement, des secteurs institutionnels et des entreprises) n’ont d’autre choix que de rogner dans les régimes de retraite (rallonge du temps de cotisation, réduction des prestations, augmentation des cotisations) ; alors que les travailleurs n’ont d’autres choix que de résister à ces compressions qui affligent déjà les retraités paupérisés et qui annoncent des retraites sous-payées pour ceux qui galèrent aux travaux forcés. De fait, bientôt, le combat sera clos, les travailleurs des pays développés ne pourront pas plus « retraité » que ceux des pays sous-développés. La question de l’âge de la retraite sera réglée, l’âge de la retraite sera la fin de la vie (!) C’est à cette sombre perspective que résistent les travailleurs français soumis aux assauts de l’État Macron après ceux de Hollande, Fillon, Sarkozy et les autres.

Deux catégories de régime de retraite collectif

En pays développés comme la France ou le Canada il existe deux catégories de régime de retraite collectif : le régime de retraite universel géré par l’État et destiné à supporter financièrement tout citoyen ayant atteint un certain âge et ayant rempli un certain nombre de conditions. C’est ce régime universel que l’État Macron souhaite transformer (réformer) en y instituant une comptabilité à « points » selon une formule où du temps de travail salarié permettra d’accumuler des « points » qui à la retraite détermineront le montant de la prestation du salarié retraité. Les travailleurs français ne sont pas dupes, l’État législateur et l’État employeur ordonnateur du grand capital n’auront qu’à jouer avec les points – réduisant leur valeur ou augmentant le temps d’attribution pour réduire d’autant les prestations de retraite. C’est la façon par laquelle l’État des riches fera main basse sur les fonds de pension.

Avec la complicité de la bureaucratie syndicale légale l’attaque de l’État Macron dissimule une arnaque encore plus sournoise. La seconde catégorie de régime de retraite : les régimes de retraite d’entreprise font partie intégrante des conventions collectives et sont le fruit de l’historique des négociations, des grèves et des lockouts, confrontant le salariat et le patronat de chacune des entreprises, peu importe que l’employeur soit l’État (enseignants, employés d’hôpitaux, policiers, fonctionnaires, etc.) ; les institutions parapubliques sous tutelles de l’État (RATP, SNCF, Air France, EDF, etc.) ; ou des entreprises privées (Alstom, Renault, PSA, Airbus, Sanofi, etc.). Chacun de ces régimes de retraite fruit de la lutte collective est particulier et « spécial », chacun résulte des combats de classe que le salariat a livrés à l’employeur, tantôt cédant sur les demandes salariales afin de maintenir les exigences pour les régimes de retraite, ou à l’inverse, dans les conditions de crise économique sévère et d’inflation galopante, les salariés exigeant de meilleurs salaires et abandonnant les demandes pour le régime de retraite, repoussant cette bataille à plus tard. Le gouvernement voudrait rayer d’un trait ces conquêtes ouvrières et tout remettre à plat sous prétexte de mettre de la « cohérence » (sic). L’État bourgeois n’a rien à faire dans les conventions collectives des travailleurs.

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Balayant du revers de la main cet historique de lutte épique, l’État Macron législateur voudrait arracher les acquis des travailleurs – leur convention collective, incluant leur régime de retraite – et faire main basse sur les fonds de pension –. L’État voudrait rejouer la partie sous prétexte d’abolir les soi-disant « régimes de retraite spéciaux » entendez, les régimes de retraite d’entreprise que les travailleurs ont arraché de haute lutte suite à des décennies de combat. Comme nous le disions plus haut, chaque convention collective de travail et donc chaque régime de retraite d’entreprise est unique et spécial (un peu comme l’échelle salariale dans l’entreprise) et ne constitue en rien une « injustice » -ou une « iniquité » envers les autres travailleurs salariés œuvrant dans d’autres entreprises publiques, parapubliques ou privées, qui ont toute latitude pour mener leur propre bataille pour un meilleur régime de retraite et de meilleurs salaires.

Cependant, jamais aucun travailleur salarié ne doit compter sur l’État des riches pour lui « donner généreusement » un bon régime de retraite sécurisé, bien rémunéré et financé. Il suffit d’enquêter autour de vous pour connaitre les prestations des retraités pour comprendre que l’État (français, canadien, italien ou allemand, etc.) en faillite et surendetté est partout en mode « sauf qui peut » avant le grand krach boursier appréhendé, et ne cherche qu’à faire main basse sur les fonds de pension des travailleurs afin de prolonger son agonie financière. Les travailleurs français doivent comprendre que la bataille pour la défense des régimes de retraite que mènent les cheminots, les employés des TGV, de la RATP et des raffineries sont une guerre pour la défense du pouvoir d’achat, pour la défense des conditions de vie et de travail de toute la classe des salariés, comme le fut la bataille des Gilets jaunes que cette grève prolonge (1).

La semaine prochaine : « La retraite : en aurons-nous les moyens ? »

1. AUTOPSIE DU MOUVEMENT DES GILETS JAUNES Par Robert Bibeau et Khider Mesloub. L’Harmattan. Paris. Septembre 2019, 188 pages.

Se procurer le volume en français chez AMAZON https://www.amazon.fr/Autopsie-du-m…

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1 Message

  • De toute façon, il n’y a aucun problème de retraites !

    Déjà, deux mois avant les Présidentielles de 2002, Jospin et Chirac avaient signé ensemble à Barcelone un accord européen pour privatiser EDF et pour augmenter de 5 ans l’âge de la retraite. Il ne faut donc pas s’étonner que le P"S" cherche à mettre en application ce projet de loi.

    Pourtant, en Juin 1999, un article du Monde diplomatique nous disait : « La capacité de financer tout prélèvement repose donc, en dernier ressort, sur le produit intérieur brut (PIB). Or, selon les projections du Commissariat général du Plan, celui-ci devrait augmenter de 9 600 milliards entre 1998 et 2040, ce qui représente plus de cinq fois l’augmentation de la charge des retraites, estimée à 1 837,6 milliards de francs. »

    La suite ici : http://mai68.org/spip/spip.php?arti…

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