Bonjour, camarades
Ce n’est qu’à posteriori que l’on a pu réinterpréter ce texte, dit « du 10 Juillet 1940 » comme un appel à la résistance…
Et encore, suite à différentes republications « retouchées » au gré des circonstances…
Ici, néanmoins, il semble qu’on ait le texte original.
La date réelle de publication fait débat, mais le fait est bien établi qu’il a été rédigé dans la foulée des « négociations » tout à fait kollabos de Tréand, soutenu directement par Duclos. Et « de loin » par Thorez, selon toute vraisemblance. ( Mounette Dutilleul >>> http://trcamps.free.fr/Mounette%201939.html )
La question de fond réside, à mon avis, dans l’interprétation qu’il fallait faire des accords « Ribbentrop-Molotov ».
Le PCF de l’époque était tout à fait dans l’incapacité d’en faire une analyse dialectique et d’en tirer les conséquences.
Il se contentait donc, au jour le jour, de ménager la chèvre et le chou… C’est à dire à peu près tout et son contraire, tout en essayant de coller formellement aux directives de l’IC, qui n’était déjà plus que l’ombre d’elle même et largement gangrenée par l’opportunisme, du à l’influence des PC occidentaux.
Si l’on lit simplement au premier degré, comme devaient évidemment le faire les lecteurs de l’époque, on ne voit pas où est l’appel à résister, dans un tel passage, par exemle :
« En défendant le pacte germano-soviétique, en août 1939, nous avons opposé à la politique des fauteurs de guerre, la politique stalinienne de paix et aujourd’hui, nous avons conscience de servir la cause de la paix et de l’indépendance de notre pays en demandant la conclusion d’un pacte d’amitié franco-soviétique.
Un gouvernement du Peuple
Pour relever la France, pour remettre la France au travail, pour assurer son indépendance dans la Paix, pour assurer la sauvegarde des droits du Peuple, pour libérer notre pays des chaînes de l’exploitation capitaliste et de l’oppression il faut chasser le gouvernement de traîtres et de valets dont le chef Pétain a dit cyniquement aux blessés, aux réfugiés, à ceux qui ont tout perdu « l’Etat ne pourra rien pour vous ».
Comment cela pouvait il être compris des masses populaires, dans le contexte ?
Assurément il s’agissait de remplacer un gouvernement incapable de signer une « paix juste » par un autre, qui aurait eu en outre « l’autorité » du pacte « Ribbentrop-Molotov » pour une paix « franco-germano-soviétique »…
Les dirigeants du PCF de l’époque n’avaient-ils donc à ce point « rien compris », ou bien louvoyaient-il simplement en attendant la suite des événements et en ménageant toutes les portes de « sortie »… de leur propre incurie, en fait ?
De plus, ils avaient malencontreusement déjà fermé une porte, celle du gaullisme naissant, en dénigrant l’attitude « guerrière » du général De Gaulle (« …à particule »), et de ses partisans « liés à l’impérialisme britannique », etc… ( Évidemment, cela ne les a pas empêché, non seulement de faire volte-face rapidement, peu après, mais même d’en remettre une couche, en termes de collaboration de classe, avec le « programme du CNR », qu bradait complètement l’autonomie de la Résistance prolétarienne…)
Quantité de documents historiques de l’époque, 1939-41, confirmant bien que la lecture « pacifiste »-collabos de secours de cet « appel » de Juillet 40 était délibérément voulue sont regroupés ici :
http://pcf-1939-1941.blogspot.fr/2013/12/appel-au-peuple-de-france-de-juillet.html
Et même si l’intention n’est guère « charitable » à l’égard du PCF, elle n’en révèle pas moins une réalité aux multiples facettes, mettant en lumière l’opportunisme total des dirigeants du PCF.
La Résistance prolétarienne en France doit tout à la base et à une poignée de cadres « récalcitrants », et rien à la direction thorézienne, qui n’a fait que récupérer l’affaire et tenter, efficacement, malheureusement, de la contrôler, avant de l’étouffer, pour finir, au sortir de la guerre, et tout cela uniquement en fonction de ses propres intérêts comme clique bureaucratique révisionniste, et nullement en fonction de ceux du prolétariat, ni même d’une ligne politique internationaliste, loin s’en faut !
Un parti marxiste-léniniste se détermine par sa propre analyse de la situation dans laquelle il se trouve et prend ses décision et orientations en fonction de la nécessité de défendre au mieux les intérêts et les objectifs politiques du prolétariat qu’il dirige. Point barre.
Ce que Staline a remarquablement confirmé lors d’un entretien tripartite entre les dirigeants du PC(b) de l’URSS, les dirigeants du PC grec et du PC albanais, lors de la crise causée par l’échec de la stratégie ambiguë du PC grec.
_ https://tribunemlreypa.files.wordpress.com/2015/06/enver-hoxha_1950_rencontre-chez-j-staline-avec-les-dirigeants-du-pc-grec.pdf
Ce n’est que depuis peu que le PC grec commence à réhabiliter Aris Velouchiotis.
https://tribunemlreypa.wordpress.com/2015/07/08/grece-rehabilitation-daris-velouchiotis/
Les entretiens Staline-Thorez, par comparaison, ne révèlent que mensonge et fayotage de la part de ce dernier. Une vraie couleuvre…
Et un autre sujet d’histoire, de par le fait, même si tout fait connexe…
Un parti marxiste-léniniste n’a pas à se justifier de telle ou telle « directive internationale » ou « stratégie diplomatique » pour se défausser de ses propres responsabilités.
Assumer ses propres responsabilités, assumer ses propres décisions et leurs conséquences, en tirer des leçons pour avancer, telle sont les qualités de base évidentes d’un parti ML, d’un militant ML.
Elles ont totalement déserté la gauche française, aujourd’hui et depuis longtemps, semble-t-il !
La constitution d’un noyau revenant à ces fondamentaux serait déjà presque une « révolution », dans le contexte actuel. On en est loin.
Luniterre
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