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LES MILLIARDAIRES EMPOCHENT ET LES PROLÉTAIRES DÉCROCHENT (La crise économique perdure)

jeudi 20 juillet 2017, par Robert Bibeau

Les emplois implosent alors que les profits explosent. On s’étonne d’apprendre que le mode de production capitaliste est en crise systémique depuis le krach boursier de 2007-2008. La reprise promise se fait attendre disent les cambistes.

Pourtant, les profits sont en hausse – à des niveaux records – alors que le taux d’activité est en baisse – à des niveaux records. Faut-il en conclure que la reprise est réelle pour les riches et que la disette est concrète pour les salariés ? Examinons quelques chiffres de France ayant valeur d’exemples.

En deux ans, en France, 407 usines ont fermé (2014-2015), hécatombe qui rempile sur la destruction de 1,4 million d’emplois en 25 ans. En contrechamps, en 2017 les « Resto du Coeur » ont accueilli 926 000 personnes et distribué 136,5 millions de repas dans 2112 centres et antennes, apportant leur aide à 30 500 nourrissons de moins de 12 mois ; indice flagrant de la paupérisation de la population. (1)

Aujourd’hui la France compte 6 612 700 chômeurs et travailleurs occasionnels précarisés, auxquels il faut ajouter 4 800 000 chômeurs invisibles qui ne sont pas comptabilisés dans les statistiques officielles. Au total, on dénombre plus de 11 millions de chômeurs sur l’hexagone et autant de pauvres (11 millions). (2)

En apparence les profits explosent !

En 2016, 55,7 milliards d’euros ont été distribués sous forme de dividendes aux actionnaires du CAC 40. Une somme proche du record atteint en 2007 qui était de l’ordre de 57,1 milliards d’euros. Un montant important, en hausse de 32 % par rapport à celui de 2015. Près de la moitié des dividendes ont été versés à des investisseurs étrangers qui détiennent 45 pour cent des entreprises du CAC 40. Pour ceux qui ne l’aurait pas compris, c’est ça l’impérialisme économique, des actionnaires et des capitaux qui fusionnent et s’entrecroisent, indifférent aux frontières nationales et qui attestent que l’euro et l’Union européenne sont là pour rester, ou alors, le mode de production capitaliste devra être terrasser. Mieux : Les dividendes ont augmenté plus vite en France qu’aux États-Unis ou dans le reste de l’Europe. Ainsi en Allemagne les « coupons » ont rapporté 6,9 % seulement, alors qu’en France, le taux grimpait à 11,8 % en un an. (3)

« Les grandes entreprises françaises bénéficient d’un contexte favorable, explique Philippe Kubisa, un des associés du cabinet de conseil PwC. Elles peuvent emprunter à des taux d’intérêt historiquement bas pour financer des acquisitions, acheter de l’énergie à des prix toujours limités, et sont aidées par la faiblesse de l’euro par rapport au dollar. » Présente partout sur la planète, elles peuvent en outre capter une croissance mondiale toujours assez forte (+ 3 % à + 4 % attendus en 2017) malgré la langueur de l’économie nationale. Autre élément positif : la fin de la baisse des prix des matières premières, qui permet à des groupes comme Michelin ou Saint-Gobain de remonter leurs tarifs. (4) L’impérialisme c’est tout ce qui précède, un système d’abord économique et politiquement idoine.

La valse des milliardaires.

Alors que la pauvreté s’épand, la fortune totale des milliardaires français a bondi de 21 % par rapport à 2016, à 245 milliards de dollars, selon le magazine Forbes. En tête du palmarès, Bernard Arnault, le patron du groupe LVMH, avec ses 41,5 milliards de dollars, se hisse à la 11e place mondiale. Il détrône Liliane Bettencourt, l’héritière du groupe de cosmétiques L’Oréal, qui figure à la 14e place. Suivent Serge Dassault, le fondateur de Kering, François Pinault et le magnat des télécoms, Patrick Drahi. Les cinq plus grandes banques françaises –BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole, Crédit Mutuel SIC et Société Générale– « ont déclaré 5,5 milliards d’euros de bénéfices dans les paradis fiscaux ». Quatre d’entre elles sont notamment présentes aux Iles Caïmans, où elles ont réalisé « 174 millions d’euros de bénéfices bien qu’elles n’y emploient personne » (!) Où sont les réformes fiscales et l’efficacité de la guerre aux paradis fiscaux tant réclamés par Attac et les bobos réformistes ? (5)

La concentration du capital financier – les pôles financiers sous l’impérialisme.

Les USA restent largement en tête de la capitalisation financière avec 25 935 Milliards de Dollars (NYSE + Nasdaq, Nov. 2015). La Chine arrive en second, avec 11 050 MD (Shanghai + Shenzhen + Hong Kong, Nov. 2015 ). Loin derrière la première place européenne, Londres, qui, peu avant le « Brexit » et la dévaluation de la Livre, pesait environ 6 187 MD, incluant Milan, rachetée en 2007. Le rachat prévu de Francfort (1 738 MD en Nov. 2015) est remis en cause. Tokyo suit avec 4 910 MD (Nov. 2015), et devance Euronext (Paris + Amsterdam + Bruxelles + Lisbonne, 3 379 MD, Nov. 2015). Moscou bat la marche passant de 770 à 385 entre 2013 et 2014, après les sanctions relatives au conflit ukrainien. (6) Subodorant la fragilité de cet édifice spéculatif, rappelons cependant que lors du krach boursier de 2008, environ 25 000 milliards de dollars d’actifs parasites s’envolèrent en fumée en quelques journées.

L’État fétiche des riches au service du système capitaliste en phase impérialiste.

Malgré cette immense disponibilité capitalistique excédentaire – en partie inutilisée parce que ne trouvant pas à se valoriser – en France le gouvernement Macron, comme ses comparses ailleurs dans le monde, prépare une réduction du taux d’imposition au prétexte allégué de soutenir les investissements, fortifier la consommation et encourager la création d’emploi. Avant Emmanuel Macron, François Hollande, Nicolas Sarkozy, Richard Nixon, Ronald Reagan et Margaret Thatcher ont entonné cette antienne frauduleuse et le chômage saccage les États-Unis, la France et le Royaume-Uni depuis.

Soutenir l’investissement.

Selon l’OFCE sur les 9,15 milliards de baisses d’impôts prévues, 4,20 milliards bénéficieront aux 10 % les plus riches, soit 46 % du total. Leurs revenus annuels augmenteraient de 2,6 % (contre 1,4 % en moyenne pour l’ensemble des ménages. Les riches ont déjà trop de capitaux à leur disposition et le fait d’accroitre leur revenu et leur patrimoine financier ne créera pas d’occasions d’affaires ni de nouveaux marchés (7).

Encourager la consommation.

Au contraire, le dernier décile – les 10 % les plus pauvres de la population – sera celui qui bénéficiera le moins de ces baisses d’impôts : leurs revenus n’augmenteront que de 1 %, soit moins que la moyenne nationale. Un faible gain annuel donc, s’élevant à 81 euros. (8) Or, si la demande de consommation des riches est inélastique, étant souvent à la limite, celle des pauvres est très élastique et ce ridicule 81 euros annuel sera dépensé avant même d’être encaissé. Un gouvernement qui veut encourager la consommation augmente le pouvoir d’achat de ceux qui n’ont pas d’argent pour consommer, non pas de ceux qui disposent d’excédent de revenus.

Favoriser la création d’emploi.

Pour ce qui concerne la création d’emplois notons simplement que « Michelin, annonce un record de rentabilité avec un profit net de 1,66 milliard d’euros, en hausse de 43 % par rapport à 2015, mais avec des ventes en baisse et en supprimant 2000 emplois d’ici 2020. » (9) Elles sont nombreuses ces entreprises florissantes dont la hausse des profits s’accompagne de la suppression d’emplois, et malgré la diminution des ventes et la réduction de la production. Ce constat pose la question de la compréhension des lois marxistes de la baisse tendancielle du taux moyen de profit et de la transformation de la composition organique du capital.

La loi de la baisse tendancielle du taux moyen de profit.

La loi de la baisse tendancielle du taux moyen de profit est une loi fondatrice de l’économie politique marxiste (10). Cette loi d’économie politique explique la décrépitude du capitalisme qui voguant de baisse en diminution du taux moyen de profit en vient, malgré l’augmentation de la masse totale des capitaux circulant, à s’anémier. Cette baisse du taux moyen général de profit est la conséquence de l’augmentation de la composition organique du capital, que l’on peut ainsi résumer : la masse de capital constant (machineries, immobilisation, énergie et matières premières) écrase la masse de capital variable (salaires et avantages) engagé. À ce rythme de croissance du capital constant, il n’y aura bientôt plus de temps de travail ouvriers dans la composition organique du capital global, ce qui posera alors une énigme : d’où viendra la plus-value (…) qui produira de la valeur ? (11)

L’exemple de la société Michelin démontre que suite à des investissements technologiques importants la masse de profits produite a augmenté alors que le taux de profit a diminué entrainant des mises à pied. De ces mises à pied on peut déduire que le travail salarié (produisant de la plus-value) diminuant, alors que les profits augmentent, le taux d’exploitation de la main-d’œuvre s’est accru (ce que les capitalistes appellent une hausse de productivité). On peut enfin conclure que du point de vue de la création d’emploi la politique Macron est la garantie assurée d’une destruction d’emplois.

On nous rétorquera que c’est faux, que des emplois sont disponibles. Ici deux cas de figure se présente : A) l’employeur a déjà congédié un certain nombre d’employés pour les remplacés par une machine sophistiquée, pour laquelle une manœuvre techniquement formée est recherchée. Le poste sera pourvu et les employés jamais remplacés. B) L’augmentation des salaires pour les chanceux qui conservent leurs emplois entraine une hausse de la demande de consommation de biens et services qui créent des emplois si mal payés que les travailleurs hésitent sachant qu’il leur faudra deux ou trois emplois semblables pour boucler leur fin de mois. Le travail au noir et l’importation d’immigrés sous-payés sont alors organisés par le grand capital comme on peut l’observer sur la Méditerranée et à la frontière mexicaine aux États-Unis.

Conclusion.

Décidément, aucune réforme du mode de production capitaliste ne parviendra à sauver ce bateau ivre voguant à la dérive, même pas une nouvelle guerre thermonucléaire qui nous menace et dans laquelle ces criminels voudraient nous précipiter. Faut-il manifester notre désaccord et notre rejet de cette guerre en préparation ? Oui certainement ! Mais il faut comprendre que cela ne suffira pas. Seul le renversement de ce mode de production moribond sauvera l’humanité.

L’ARTICLE EST DISPONIBLE SUR LE WEBMAGAZINE

http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…

NOTES

(1) http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…

(2) http://www.les7duquebec.com/actuali…

(3) http://www.les7duquebec.com/actuali…

(4) http://www.les7duquebec.com/7-daill…

(5) http://www.les7duquebec.com/7-daill…

(6) https://fr.wikipedia.org/wiki/Ibex_35

(7) http://www.les7duquebec.com/7-de-ga…

(8) http://www.les7duquebec.com/7-de-ga…

(9) http://www.les7duquebec.com/7-daill…

(10) La définition même du taux de profit fait apparaître un phénomène paradoxal : l’accumulation du capital risque en permanence de le faire baisser.

Le capital constant © est présent uniquement au dénominateur. Cela signifie concrètement que plus un investissement est lourd en machines, nouvelles technologies, moins le taux de profit sera élevé. Source :

http://wikirouge.net/Baisse_tendanc…

(11) Cette grandeur est le rapport entre le capital investi dans la production (machinerie, locaux, électricité…) = c et le capital que représente la masse salariale avancée = v.

Marx lui a donné le nom de composition organique du capital en raison de son importance fondamentale pour expliquer l’état de l’économie capitaliste et sa dynamique. C’est le rapport entre ce qui ne fait que transmettre sa valeur et ce qui en crée une nouvelle, ou entre ce qui ne produit pas de plus-value et ce qui en produit. Ce rapport intervient au dénominateur dans la définition du taux de profit : quand il augmente, le taux de profit diminue.

Source : http://www.wikirouge.net/Compositio…

3 Messages de forum

  • Que M. Bibeau m’emprunte sans vergogne et sans référence mon petit récapitulatif des puissances financières en cours pour l’intégrer directement dans son article, pourquoi pas…
    Qu’il lui fasse subir une modification concernant le sort de la Russie me parait néanmoins douteux, surtout par l’interprétation qui en est fait, pour tenter d’amalgamer la Russie de Poutine aux grandes puissances impérialistes qui causent véritablement les malheurs de la planète.

    Il ne s’agit nullement, ici, de faire l’apologie de Poutine, mais simplement de parler de la nature réelle des choses, de rendre à César ce qui est à César, à Poutine, ce qui est à Poutine, et à l’impérialisme, comme domination du capital financier, la part majeur de responsabilité, décisive et essentielle qui lui revient !

    Le dernier post de ma part où il semble donc l’avoir trouvé est précisément une réponse à cette problématique :

    "Post-scriptum, à propos d’un de ces arguments « imparables » de M. Bibeau… :

    « 3) Cette société URSS devait s’effondrer face à la menace de l’impérialisme atlantique financier que le modèle soviétique était incapable d’affronter car il demande un contingent de grands capitalistes autonomes et interreliés sur les marchés boursiers mondiaux ce que la Russie Poutinienne a produit. »

    RÉCAPITULATIF DE L’IMPORTANCE RELATIVE
    DES PÔLES FINANCIERS DANS LE MONDE :

    Les USA restent largement devant, en termes de capitalisation financière, avec 25 935 Milliards de Dollars (NYSE + Nasdaq, Nov 2015),

    c’est désormais la Chine qui arrive nettement en second, avec 11 050 MD, ( Shanghai + Shenzhen + Hong Kong, Nov 2015 ), loin devant la première place européenne, Londres, qui, peu avant le « Brexit » et la dévaluation de fait de la Livre, pesait encore 6187 MD, incluant Milan, rachetée en 2007. (A noter que le rachat prévu de Francfort ( 1738 MD en Nov 2015) se trouve désormais remis en cause.).

    Derrière, Tokyo, avec 4910 MD (Nov 2015), devance encore Euronext (Paris + Amsterdam + Bruxelles + Lisbonne, 3379 MD, Nov 2015)

    A NOTER QUE MOSCOU, qui pesait encore près de 950 MD en 2010, est passé de 770 à 385 entre 2013 et 2014. Après les sanctions relatives au conflit ukrainien, la capitalisation boursière de la Russie est encore descendue. En Décembre 2016, elle était à 279 MD, SOIT UNE CAPITALISATION INFÉRIEURE A CELLE DE L’ESPAGNE …EN 2011, estimée à 350 MD ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Ibex_35 )

    Très puissante, la « finance Poutinienne » !!!

    (…et l’étude « financière » de M. Bibeau…)

    L’impérialisme russe fait donc à nouveau trembler le monde …des ignorants !"

    En fait il aurait fallu mettre "impérialiste" entre guillemets, car à ce niveau de puissance financière, la Russie de Poutine reste un état capitaliste "émergent" encore en voie de constitution, concernant le processus du capitalisme monopoliste d’État, et on ne peut pas réellement considérer que sa capacité d’exportation de capitaux, dérisoire, la place au rang des nations impérialistes.

    Luniterre

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    • Bilan place la Suisse en quatrième position en 2015, ce qui fait d’elle une puissance impérialiste majeure.

      Et selon l’étude 2015 du cabinet PwC baptisée Global market capitalisation vient à l’appui de ce constat : la Suisse se retrouve au 4e rang mondial pour la capitalisation de ses plus grandes entreprises.

      Avec trois entreprises dans le top 100 mondial (Novartis à 267 milliards de dollars, Roche à 264 milliards de dollars, Nestlé à 243 milliards de dollars), la Suisse atteint un total de 748 milliards de dollars et se situe derrière le Royaume-Uni (941 milliards de dollars), la Chine (1973 milliards de dollars) et les Etats-Unis (9322 milliards de dollars).

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  • Les chiffres cités par Bilan donnent, pour 2015, une capitalisation boursière par habitant de 90’316$ pour la Suisse, 29’050$ pour les USA, 14’448 pour l’Angleterre et 1,44$ pour la Chine.

    En regardant les chiffres du résumé de l’étude de PwC, nous constatons aussi que de 2014 à 2015, ces capitalisations boursières ont variés de +65% pour la Chine, +12% pour les USA, +2% pour la Suisse et -15% pour la GB.

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