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Palestine - Liban - Syrie - Hassan Nasrallah, un discours qui annonce la fin d’une époque

mardi 23 juin 2020, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 23 juin 2020).

Nasrallah, un discours qui annonce la fin d’une époque…

http://www.france-irak-actualite.co…

Publié par Gilles Munier sur site le 21 Juin 2020, 14:54pm

Par Scarlett Haddad (revue de presse : Afrique Asie/OLJ - 21 juin 2020)

Pour les arabophones, le discours intégral de Nasrallah :

http://program.almanar.com.lb/episo…

Hassan Nasrallah, 16 juin 2020 : « À ceux qui veulent nous placer devant le choix d’être tués par les armes ou de mourir de faim, nous disons que nous ne déposerons pas nos armes et nous ne mourrons pas de faim. Mais c’est nous qui tuerons ceux qui veulent nous tuer. »

C’est sans doute un des plus importants discours du secrétaire général du Hezbollah que celui qu’il a prononcé mardi soir. Non seulement parce que le Liban traverse une période particulièrement délicate, mais aussi parce que Hassan Nasrallah a été d’une grande franchise, mettant l’accent sur le fait que le pays est véritablement à la croisée des chemins. Il a ainsi évoqué beaucoup de pistes qui circulaient discrètement dans les milieux politiques, comme la nécessité de se tourner vers l’Est et de procéder à des échanges commerciaux avec certains pays, voisins ou non, sans utiliser le dollar américain.

Par Scarlett Haddad (revue de presse : Afrique Asie/OLJ - 21/6/20)

Même si les propositions du secrétaire général du Hezbollah ne seront pas retenues ni même officiellement discutées, elles montrent en tout cas que le Liban pourrait chercher d’autres voies qui pourraient constituer une rupture avec son passé. Mardi soir, Nasrallah a pris soin de faire assumer la responsabilité d’un éventuel tel changement à l’actuelle administration américaine qui veut étouffer, affamer et détruire, selon lui, les peuples de la région pour servir les intérêts israéliens.

C’est ainsi que, selon lui, la demande de fermer les frontières avec la Syrie, dans le cadre de la loi César, qui vise à étouffer le régime syrien et empêcher toute partie, toute personne ou même tout État à procéder à des échanges avec lui, vise en réalité à pousser le Liban à ouvrir ses frontières avec Israël, dans la foulée de ce qui se passe actuellement avec certains pays arabes.

Pour Nasrallah donc, les choses sont claires : l’ennemi est identifié et les Libanais n’ont pratiquement d’autre choix que celui de réagir. Ce serait donc en quelque sorte, pour eux, une question de survie.

« À ceux qui veulent nous placer devant le choix d’être tués par les armes ou de mourir de faim, nous disons que nous ne déposerons pas nos armes et nous ne mourrons pas de faim. Mais c’est nous qui tuerons ceux qui veulent nous tuer. » Cette phrase-clé, dont Nasrallah a répété à trois reprises la dernière partie, résume tout son discours. Pour le secrétaire général du Hezbollah, il ne s’agit donc plus d’une crise économique, ni d’un problème de corruption ni même de questions structurelles dans le système. Il s’agit bel et bien d’une guerre totale qui ne laisse au Liban d’autre choix que celui de se battre en essayant de creuser de nouvelles pistes, lesquelles n’avaient pas été jusqu’à présent prises au sérieux, le Liban étant traditionnellement considéré comme un pays arabe « à visage occidentalisé ». D’ailleurs, c’est l’un des pays du monde dont l’économie est la plus « dollarisée », et les enseignes de luxe y sont nombreuses et attiraient, pendant les années de prospérité, les clients venus de l’ensemble du monde arabe. Autres temps, autre époque. Car dans son dernier discours, Nasrallah a placé le Liban face à de nouvelles réalités.

Le secrétaire général du Hezbollah a pratiquement sonné le glas des méthodes traditionnelles pour sortir de la crise, en préconisant des changements radicaux. Nasrallah a ainsi clairement parlé de la possibilité de se diriger vers l’Iran et la Chine pour contourner ce qu’il considère comme un blocus américain imposé au Liban. Il a aussi parlé d’autres pays, sans les nommer, poussant le gouvernement à ne plus hésiter à étudier ces possibilités. Il faut préciser que depuis des semaines, certains médias avaient évoqué une proposition chinoise pour le secteur de l’électricité et celui des transports en commun au Liban (notamment la réhabilitation et la mise en service du secteur ferroviaire), mais il n’y avait eu aucune confirmation officielle, les ministères concernés continuant à parler de tractations avec des compagnies principalement occidentales.

Pour Nasrallah, les dernières mesures américaines sont en quelque sorte une aubaine. En poursuivant sa politique de sanctions très sévères contre le Liban, qui visent en principe à asphyxier le Hezbollah, mais qui ont des répercussions dramatiques sur l’ensemble du pays, l’administration américaine a quelque part, et peut-être sans s’en rendre compte, rendu service à cette formation. Les mesures américaines, doublées du manque d’enthousiasme d’autres pays qui avaient l’habitude de se tenir aux côtés du Liban, alimentent la thèse du Hezbollah sur la nécessité d’aller chercher de l’aide ailleurs.

Dans son développement, Nasrallah a d’ailleurs clairement rendu les Américains responsables de « la crise du dollar » que traverse actuellement le pays, et il l’a dit dans un langage simple, accessible à ses auditeurs, parlant même d’une fuite de quatre milliards de dollars du Liban entre août 2019 et février 2020.

En tant que composante importante du tissu politique et social libanais, le Hezbollah a certes son mot à dire sur les options du pays. Mais mardi soir, il ne s’agissait plus de le faire dans le cadre des réunions discrètes. Hassan Nasrallah a dressé le tableau général et l’a ouvertement exposé aux Libanais en leur disant que l’équation « déposer les armes ou mourir de faim » n’est pas acceptable et qu’il existe de nouvelles options pour y faire face. S’adressant aux Américains, Nasrallah a dit : « Si vous misez sur le fait que nous aurons faim et que nous partirons, cela ne se produira pas. » En même temps, il s’est voulu rassurant au sujet du gouvernement, surtout après des rumeurs sur sa chute prochaine. Enfin, il a tendu la main à une coopération avec toutes les parties internes, saluant, dans la foulée, les efforts visant à rassembler tous les protagonistes dans le cadre de la réunion élargie qui doit se tenir à Baabda le 25 juin. Son discours a surtout résonné comme l’annonce de la fin d’une époque et l’ouverture d’une nouvelle…

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